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3
avril
2010
-
Vigile
pascale
"
C
"
H
O
M
É
L
I
E Chers
Frères
et
Soeurs Nous vivons dans un monde étrange.
Et
le
grand
écrivain
et
dramaturge
Ionesco
avait
sans
doute
raison
de
dire
que
« ce
sont
nos
habitudes
et
notre
paresse
mentale
qui
nous
cachent
l’étrangeté
de
ce
monde
dans
lequel
nous
vivons ».
Je suppose que la plupart d’entre nous
avons
été
un
jour
ou
l’autre
au
bord
de
la
mer,
au
moment
où
la
marée
est
très
basse.
Je
ne
parle
pas
d’une
grève
de
sable
doux
où
l’on
va
pour
se
faire
griller
au
soleil. Je pense au littéral rocailleux et rugueux de
l’océan,
où
l’on
peut
marcher
entre
des
rochers
ou
de
grosses
pierres,
lorsque
la
marée
se
retire.
Ce
qu’on
découvre
alors
de
merveilleux
c’est
qu’entre
ces
rochers
ou
même
sur
ces
rochers
sculptés
durant
des
millénaires
par
le
mouvement
quotidien
des
marées
qui
montent
et
se
retire,
il
y
a
une
infinité
de
petites
nappes
d’eau ;
et
ces
petites
nappes
d’eau
hébergent
un
nombre
extrêmement
grand
d’êtres
vivants,
à
la
fois
du
monde
végétal
et
du
monde
animal.
La
vie,
dans
cet
environnement
d’entre
deux
marées
est
caractérisée
par
une
extrême
précarité
et
en
même
temps
par
un
sens
extraordinaire
d’adaptation
aux
conditions
de
l’environnement.
La
vie
de
ces
petits
animaux
et
ces
petites
plantes
est
toujours
menacée. S’ils s’établissent trop proche du littoral
ils
seront
exposés
à
trop
de
chaleur
et
de
sécheresse
et
mourront. Et la plupart se déplacent très lentement.
Ils
doivent
faire
bien
attention
à
l’endroit
où
ils
mettent
leur
pied
–
si
l’on
peut
dire,
ou
encore
à
l’endroit
où
ils
s’accrochent. Vous vous demandez évidemment qu’est-ce
que
cela
peut
bien
avoir
à
faire
avec
la
Résurrection.
Eh
bien,
je
crois
qu’on
peut
voir
en
cela
une
analogie
avec
notre
vie
spirituelle. Nous pensons sans doute trop facilement à la
Résurrection
uniquement
comme
à
un
mystère
de
lumière,
comme
la
lumière
qui
se
reflète
sur
la
mer
un
beau
matin
d’été.
Nous
croyons
parfois
pouvoir
vivre
dès
ici-bas
dans
la
pleine
lumière
de
la
résurrection,
loin
de
tout
ce
qui
est
ténèbre,
pensant
que
notre
transformation
ou
notre
conversion
peuvent
déjà
nous
introduire
dans
la
lumière
divine,
sans
danger
d’être
consumés
par
elle. En réalité le littoral du salut sur
lequel
nous
vivons,
est
un
littoral
rugueux
parsemé
de
petites
nappes
d’eau
où
nous
pouvons
planter
provisoirement
nos
racines. La lumière et les ténèbres sont indissociables.
Il
y
a
quelques
jours,
le
Jeudi
Saint,
nous
avons
lu
le
récit
de
la
Dernière
Cène. Lorsque l’Évangéliste Jean mentionne le départ
de
Judas
de
la
salle
à
manger,
il
dit
« il
faisait
nuit ».
Lorsque
Jésus
est
arrêté,
c’est
aussi
en
pleine
nuit.
Lorsqu’il
meurt,
l’obscurité
couvre
la
terre ;
et
lorsqu’il
ressuscite
des
morts,
il
jaillit
comme
un
rayon
de
lumière
de
l’obscurité.
Le Christ ressuscité montrait aussi
constamment
ses
blessures
à
ceux
à
qui
il
se
manifestait.
Et
le
cierge
pascal
que
nous
avons
béni
au
début
de
cette
célébration
porte
l’image
de
la
croix,
nous
rappelant
ainsi
que
le
Christ
crucifié
et
le
Christ
ressuscité
sont
la
même
personne. Lorsqu’il pria pour nous, au cours
de
son
dernier
repas,
il
dit
à
son
Père :
« Je
ne
prie
pas
pour
que
tu
les
retires
de
ce
monde,
mais
pour
que
tu
les
protèges
du
monde ».
Nous
faisons
donc
tous
partie
de
ce
monte
–
un
monde
à
la
fois
beau
et
étrange,
que
nous
devons
aimer
comme
tel.
Notre
vie
est
constamment
menacée.
Il
nous
faut
savoir
où
nous
mettons
les
pieds
ou
encore
où
nous
plantons
nos
racines,
afin
d’être
toujours
irrigués
par
les
vagues
de
la
mer
du
monde
d’où
nous
sommes
nés,
mais
aussi
réchauffés
par
la
lumière
du
Ressuscité.
Cette lumière transforme tout ce qu’elle
touche.
Lorsque
nous
sommes
entrés
tout
à
l’heure
dans
l’église,
à
la
lumière
de
nos
cierges
–
qui
représentent
symboliquement
la
lumière
du
Christ
,
cette
église
avait
une
beauté
autre
que
celle
qu’elle
a
à
la
clarté
du
jour.
Peut-être
avez-vous
aussi
remarqué
que
les
personnes
autour
de
vous,
même
celles
qui
vous
sont
le
plus
familières,
avaient
un
nouvel
aspect
et
une
nouvelle
beauté
à
la
lumière
du
petit
cierge
qu’elles
portaient. Par la Lumière du Christ, nous ne sommes
pas
retirés
de
notre
océan
d’humanité,
avec
sa
beauté,
sa
fragilité,
et
même
ses
péchés.
Notre
Église
fait
partie
de
cette
humanité,
avec
elle
aussi
ses
ténèbres
comme
ses
lumières. Mais à la lumière du Christ nos visages brillent
d’une
touche
nouvelle.
Il
y
a
une
nouvelle
genèse,
une
nouvelle
création,
une
nouvelle
libération
–
rendant
caduques
celles
dont
nous
avons
lu
le
récit
dans
la
longue
série
de
lectures
bibliques
de
cette
Veillée
Pascale.
Ce
soir
nous
sommes
assemblés
à
le
porte
du
tombeau,
dans
le
jardin,
avec
toute
l’Église,. De ce tombeau le jardinier, le véritable Adam
est
sorti.
Demandons-lui
de
nous
révéler
à
chacun
de
nous
les
richesses
souvent
insoupçonnées
que
nous
portons
et
qui
n’attendent
que
le
moment
d’éclore
et
de
mûrir.
Sa
propre
résurrection
acquiert
son
sens
plénier
dans
la
nôtre.
Puisse-t-elle
se
réaliser
aujourd’hui
et
tous
les
jours
de
notre
vie.
Amen
Armand
Veilleux
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