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12 avril 2009 - Vigile pascale
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B
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La longue série de lectures que nous venons d’entendre, et non seulement
le
récit
que
nous
donne
Marc
de
la
venue
des
femmes
au
tombeau
le
matin
de
Pâques
sont
autant
de
formes
d’expérience
de
Dieu
faite
par
des
hommes
et
des
femmes
comme
chacun
de
nous.
Cela
doit,
me
semble-t-il,
nous
encourager
à
faire
confiance
à
notre
propre
expérience
de
Dieu,
et
à
la
prendre
au
sérieux. Que nous le voulions ou non, Dieu habite
en
nous.
Il
pénètre
toutes
les
fibres
de
notre
être.
Il
nous
est
toujours
totalement
présent,
même
lorsque
nous
l’ignorons.
Apprendre
à
le
connaître
c’est
l’ouvrage
de
toute
une
vie,
c’est
l’ouvrage
de
l’histoire
de
tout
un
peuple ;
c’est
l’ouvrage
de
l’histoire
humaine
tout
au
long
de
ses
millénaires.
C’est
cette
découverte
progressive
que
nous
raconte
la
Bible. Toutes ces histoires – parfois édifiantes
et
parfois
pas
édifiantes
du
tout
–
de
l’Ancien
Testament,
tous
ces
récits
de
guerres,
toute
cette
relation
difficile
entre
le
peuple
juif
et
ses
prophète
–
tout
cela
ne
nous
raconte
pas
ce
que
Dieu
a
fait
–
ou
ce
qu’il
est
--
mais
bien
comment
les
hommes
et
les
femmes
de
la
Bible
en
ont
fait
graduellement
l’expérience. Quelle image ils se sont faite
de
Lui,
et
comment
cette
image
s’est
peu
à
peu
purifiée.
Très tôt les hommes ont pris conscience
que
tout
l’univers
--
et
eux-mêmes
en
particulier
--
devaient
leur
existence
à
une
réalité
plus
grande.
Ils
ont
exprimé
cette
conscience
dans
des
récits
comme
celui
de
la
création,
que
nous
avons
entendu
tout
à
l’heure. L’essentiel du message de tels récits ne réside
pas
dans
les
détails
symboliques
et
parfois
hautement
fantaisistes
qu’ils
contiennent,
mais
dans
leur
expérience
d’un
Dieu
créateur
de
qui
ils
avaient
reçu
leur
existence.
Puis ils perçurent graduellement ce
Dieu
non
plus
comme
un
être
lointain
mais
comme
quelqu’un
participant
à
leur
vie
collective,
á
côté
d’eux
dans
leurs
combats.
Évidemment
Dieu
ne
livre
de
guerre
à
personne,
et
Dieu
n’a
pas
tué
les
fils
des
Égyptiens,
ni
aucun
autre
ennemi
d’Israël. Mais ces récits nous révèlent chez ceux qui
les
ont
transmis,
une
expérience
nouvelle
de
la
proximité
de
Dieu
–
un
Dieu
allant
jusqu’à
faire
des
alliances
avec
ses
créatures.
Ils
voient
alors
les
revers
politiques
de
la
nation
et
l’exil
en
particulier
comme
des
punitions
divines. À l’époque des prophètes la conscience
se
purifie
davantage
et
ils
perçoivent
Dieu
comme
un
amant
–
quelqu’un
qui
aime
et
qui
désire
être
aimé
en
retour.
Ce
n’est
plus
un
Dieu
qui
punit ;
les
hommes
se
rendent
maintenant
compte
que
lorsqu’ils
sont
infidèles
à
son
amour
ils
se
punissent
eux-mêmes
en
se
coupant
de
la
source
de
leur
bonheur. Et puis, à la fin de cette très longue
évolution,
est
apparu
Jésus
de
Nazareth.
Dieu
s’est
lui-même
incarné
dans
un
être
humain
qui,
à
travers
tout
son
enseignement,
nous
a
partagé
son
expérience
d’être
le
Fils
du
Dieu
Très
Haut.
Il
n’a
pas
écrit
de
livres.
Il
n’a
rien
publié.
Tout
ce
que
nous
savons
de
lui
est
à
travers
le
témoignage
de
ses
disciples
qui,
dans
leurs
écrits,
nous
ont
raconté
l’expérience
qu’ils
ont
eue
de
lui.
Ils
ont
marché
avec
Lui
sur
les
chemins
de
Galilée
et
de
Judée. Ils l’ont entendu parler de son Père dans de
superbes
paraboles
–
qu’ils
nous
ont
rapportées,
chacun
à
sa
façon :
ils
l’ont
vu
toucher
les
lépreux,
guérir
les
malades,
pardonner
les
péchés.
Ils
l’ont
vu
vivant
et
ont
fait
l’expérience
de
sa
présence
parmi
eux
après
sa
mort.
Ils
ont
fait
l’expérience
de
quelqu’un
de
vivant
après
avoir
passé
par
la
mort. Et c’est à travers deux millénaires
de
témoins
se
transmettant
leur
expérience
de
Dieu
fait
homme,
que
nous
avons
reçu
nous-mêmes
notre
foi
en
Jésus
de
Nazareth,
Fils
de
Dieu,
mort
pour
nous
mais
toujours
vivant
en
nous
et
au
milieu
de
nous. Faire l’expérience de Dieu n’est pas
le
fait
de
quelques
personnes
privilégiées
qu’on
appelle
des
mystiques.
Tous,
nous
avons
fait
de
mille
et
une
façons,
probablement
déjà
dans
notre
enfance,
mais
surtout
à
l’âge
adulte,
l’expérience
de
notre
relation
avec
Dieu. Au delà de tout ce qu’on a pu nous enseigner
de
vrai
ou
de
faux
sur
Dieu,
c’est
cette
expérience
intime,
indéfinissable,
de
Dieu
qu’est
la
foi.
Cette
conscience
de
la
présence
divine
peut
être
parfois
très
vive,
et
sembler
la
plupart
du
temps
presque
inexistante ;
chez
certains
elle
peut
être
à
peu
près
permanente.
Chez
quelques-uns
elle
peut
avoir
des
effets
sur
leur
sensibilité
et
sur
les
sens
–
par
exemple
sous
formes
de
visions
ou
encore
de
stigmates. Ces effets extraordinaires, s’ils se produisent,
ne
doivent
pas
automatiquement
être
niés
comme
des
imaginations,
mais
ils
n’ajoutent
rien
à
la
qualité
spirituelle
de
l’expérience. Dans notre Église, il y a toujours eu, et c’est
normal,
des
sensibilités
différentes
face
aussi
bien
aux
réalités
divines
qu’aux
réalités
humaines.
Certaines
différences
se
sont
exacerbées
ces
derniers
temps.
Au
fond,
elles
ne
touchent
aucunement
à
la
foi,
mais
à
des
sensibilités
humaines
différentes
concernant
soit
les
exigences
morales
découlant
de
notre
foi,
soit
concernant
l’attitude
humaine
face
à
Dieu.
Elles
font
partie
de
la
diversité
des
êtres,
qui
est
une
des
richesses
de
la
création.
C’est l’occasion pour nous, au sein
même
de
notre
communion
ecclésiale,
de
nous
interroger
sans
cesse
sur
l’intensité
de
notre
expérience
personnelle
de
Dieu.
Il
serait
bon
pour
chacun
de
nous
de
faire
de
temps
à
autre
un
exercice
de
mémoire
semblable
à
celui
que
nous
avons
fait
cette
nuit
dans
cette
longue
série
de
lectures :
Quels
sont
les
moments,
tout
au
long
de
ma
vie,
où
la
présence
de
Dieu
en
moi
s’est
manifestée
le
plus
clairement,
et
quelles
traces
indélébiles
ces
expériences
ont-elles
laissées ? Armand VEILLEUX |
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