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30 mai 2010
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Fête
de
la
T.S.
Trinité
(année «
C
») Proverbes 8, 22-31 ; Romains 5, 1-5 ; Jean 16,12-15 Homélie Si Dieu s’est incarné, s’il s’est fait l’un d’entre nous,
ce
n’est
pas
pour
nous
révéler
des
vérités
abstraites
sur
lui-même,
mais
pour
nous
montrer
à
vivre
notre
vie
humaine,
nous
aider
à
découvrir
le
sens
de
notre
existence
humaine.
Ne
cherchons-donc
pas
dans
les
lectures
de
la
Messe
d’aujourd’hui
un
enseignement
théorique
sur
le
mystère
de
la
Trinité,
mais
bien
une
invitation
à
incarner
dans
nos
vies
ce
qui
nous
est
révélé
du
Père,
du
Fils
et
de
l’Esprit. Il y a dans l’Ancien Testament une
série
de
Livres
qu’on
appelle
les
Livres
de
Sagesse. Ils nous livrent une doctrine de sagesse attribuée
littérairement
au
roi
David
et
surtout
à
son
fils
Salomon,
mais
enracinée
dans
les
grandes
traditions
orientales,
aussi
bien
sumériennes
que
babyloniennes
et
égyptiennes.
Ces
écrits
nous
présentent
le
personnage
mystérieux
de
la
Sagesse,
dans
lequel
aussi
bien
la
tradition
juive
que
la
tradition
chrétienne
ont
vu
une
préfiguration
de
l’Esprit
de
Dieu.
Dans la première lecture de notre Eucharistie,
tirée
d’un
de
ces
Livres,
le
Livre
des
Proverbes,
la
Sagesse
se
manifeste
d’une
façon
enjouée
comme
présente
au
moment
de
la
création,
jouant
devant
Dieu
et
trouvant
ses
délices
avec
les
fils
des
hommes.
C’est
sans
doute
de
ce
texte
que
s’est
inspiré
Christian
de
Chergé,
le
prieur
de
Tibhirine,
lorsque,
dans
son
Testament,
il
décrit
Dieu
prenant
plaisir
à
rétablir
l’unité
entre
tous
ses
enfants,
qu’ils
soient
Musulmans
ou
Chrétiens,
en
jouant
avec
leurs
différences.
Le
premier
enseignement
pour
nous
est
donc
celui
du
respect
de
la
différence
entre
les
êtres
et
entre
les
personnes.
Ces
différences
font
partie
essentielle
de
notre
beauté
en
tant
que
créatures.
L’œuvre de la création, dans la Genèse,
n’est
pas
conçue
et
décrite
comme
une
création
ex
nihilo,
ou
à
partir
de
rien,
selon
la
conception
philosophique
bien
connue. L’œuvre du Créateur est plutôt conçue comme
un
travail
d’ordre,
d’unité,
de
diversification
et
d’harmonisation
des
différences.
Notre
participation
à
l’activité
créatrice
du
Père
consiste
donc
dans
ce
respect
des
différences.
Nous
devons
nous
aussi,
d’une
façon
enjouée,
en
union
avec
l’Esprit
de
Sagesse,
prendre
plaisir
à
rétablir
la
ressemblance
originelle
en
jouant
avec
nos
différences.
Malheureusement nous avons souvent
une
fausse
image
des
autres
et
aussi
de
Dieu
et
même
de
nous-mêmes. Nous avons besoin que l’Esprit de Dieu nous
conduise
vers
la
vérité
tout
entière :
la
Vérité
que
Jésus
incarne
(Je
suis
la
Vérité,
dit-il),
mais
aussi
la
vérité
sur
les
autres
et
sur
nous-mêmes,
afin
que
nous
soyons
capables
de
vivre
en
harmonie
en
et
communion
avec
tous
nos
frères
et
sœurs
à
l’image
de
l’union
qui
unit
entre
eux
le
Père,
le
Fils
et
l’Esprit
Saint. Dans sa Lettre aux Romains (2ème
lecture),
saint
Paul
nous
rappelle
que
malgré
tout
ce
qui
pourrait
nous
diviser
à
cause
de
nos
différences,
nous
pouvons
toujours
aimer
parce
que
« l’amour
de
Dieu
a
été
répandu
en
nos
cœurs
par
l’Esprit
Saint
qui
nous
a
été
donné ».
Cet
amour
répandu
en
nos
cœurs,
c’est
l’amour
que
Dieu
a
pour
nous,
comme
pour
son
propre
Fils,
et
cet
amour
c’est
l’Esprit
Saint
lui-même,
qui
est
« nôtre »,
puisqu’il
nous
a
été
donné.
C’est
donc
du
même
amour
dont
Dieu
nous
aime
que
nous
pouvons
aimer
les
autres,
même
lorsque
l’amour
ne
semble
ni
logique,
ni
raisonnable
ni
même
possible,
parfois. Cette Fête liturgique de la Trinité,
n’est
donc
pas
une
occasion
de
faire
de
grandes
réflexions
théologiques
sur
ce
mystère,
mais
plutôt
une
invitation
à
vivre
ce
mystère
dans
une
vie
de
communion
entre
nous
et
avec
Dieu.
Armand Veilleux |
1999
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2005 - français
2009 - français
2007
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