7 juin 2009 – Solennité de la Trinité "B"

Dt 4, 32...40;  Rm 8, 14-17; Mt 28, 16-20 

 

Homélie 

            Selon le Livre de la Genèse, nous avons été créés à l’image de Dieu. Il est donc tout à fait normal que nous nous préoccupions de connaître la nature de Dieu, pour comprendre la nôtre. Pour quiconque a la Foi, les deux questions « Qui est Dieu ? » et « Qui suis-je ? » sont inséparables.  Déjà dans l’Ancien Testament, lorsque Moïse, s’aventurant un peu plus loin que d’habitude dans la solitude du désert vit une expérience spirituelle profonde, près du buisson ardent, et qu’il entend la voix de Dieu lui donnant la mission de libérer son peuple, il pose à Dieu ces deux questions : D’abord, « Qui es-tu ? » pour que je sache quoi répondre au peuple lorsqu’il me demandera « Qui est ce Dieu qui t’a envoyé à nous ? » et puis « Qui suis-je ? – qui suis-je pour accomplir une telle mission ? ».  À la première question Dieu répondit simplement : « Je suis ». 

            Dans la personne de Jésus, Dieu nous a révélé à la fois qui il est et ce à quoi est destinée notre humanité.  Jésus nous a parlé de Dieu, non pas avec le langage abstrait qu’utilisent souvent les théologiens et qui ressemble parfois plutôt à des formules mathématiques, mais dans un langage très concret.  Il était un conteur extraordinaire ; et à travers plusieurs paraboles, il nous a présenté Dieu comme un père, un père aimant, compréhensif, attentif et toujours près à pardonner. Surtout un père capable de se réjouir et de faire la fête chaque fois qu’un de ses fils revient à lui, même après avoir fait plusieurs bêtises. Et puis Jésus nous a présenté sa relation à Dieu comme celle d’un fils à son père. Or nous savons tous que la relation d’un fils à son père peut prendre bien des formes et qu’elle peut devenir insupportable si l’amour ne s’y trouve pas.  Or Jésus nous a dit que lui et son père sont unis par un lieu d’amour -- et un lien d’amour si fort que tous les deux ne forment qu’UN et que, par conséquent, l’amour qui les unit ne forme aussi qu’un avec chacun d’eux.  C’est cette réalité qu’ on désignera plus tard par le mot abstrait de « Trinité » et qu’on essaiera d’exprimer dans des formules qui apportent d’autant moins de lumière qu’elles sont compliquées.  La réalité vécue et exprimée par Jésus est d’une simplicité absolue. 

            Dans l’Évangile de saint Matthieu l’ange qui apparaît aux femmes près du tombeau le matin de Pâques, leur demande d’aller dire aux disciples qu’il est ressuscité et qu’il les précède en Galilée, où ils le verront (Mat 28,7).  Tout de suite après,  Matthieu raconte la seule apparition qu’il a retenue de Jésus à ses disciples après sa résurrection.  C’est l’apparition en Galilée que nous venons de lire dans l’Évangile d’aujourd’hui et elle termine l’Évangile de Marc.  Lorsque Jésus apparaît aux disciples, ceux-ci se prosternent, mais certains doutent.  Il est intéressant de remarquer que le mot utilisé ici dans le texte grec, pour désigner le doute ne se retrouve que deux fois dans l’Évangile – ici et en Mat 14,31, où l’on voit Pierre qui marche sur les eaux à l’appel de Jésus, mais qui commence à couler dès qu’il se met à douter. C’est sans doute une expérience que nous faisons de diverses façons dans nos vies... 

            En demandant à ses disciples de quitter Jérusalem, le centre du Judaïsme, dont les autorités l’ont fait mettre à mort, et de partir vers la Galilée, à la frontière nord d’Israël et aux confins des régions païennes, Jésus les oriente déjà vers la mission universelle.  Cette mission consistera à transmettre, à travers le baptême, leur foi au Dieu Père, Fils et Esprit d’amour.  Il ne les exhorte pas à transmettre une doctrine, mais un mode de vie : « Apprenez-leur, dit-il, à garder tous les commandements que vous ai donnés. » Et le mot grec utilisé pour désigner les « commandements » renvoie non seulement au « commandement nouveau » de s’aimer les uns les autres, mais aussi à la « loi nouvelle » contenue dans les Béatitudes : « Bienheureux les pauvres, les coeurs purs, ceux qui sont assoiffés de justice, les pacifiques, etc. »            

            Ce bref discours de Jésus se termine par une affirmation à laquelle il faut faire une très grande attention : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des âges ». « Je suis », c’est le nom de Dieu révélé à Moïse, comme je l’ai rappelé au début de cette homélie.  Jésus se présente donc comme ne faisant qu’un avec Dieu le Père. Mail il y a plus.  Il inclut ses disciples et il nous inclut aussi dans cette unité. En effet, dans le texte grec, d’une extrême densité, les mots « avec vous » sont insérés entre le « Je » et le « suis » de la formule « Je... suis » (Ego met’umôn eimi).  

            La Trinité n’est donc pas simplement un mystère que nous devons célébrer et sur lequel nous devons méditer, mais une réalité de vie et d’amour dans laquelle nous sommes appelés à entrer.

 

Armand VEILLEUX

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