25 mars 2010 – Annonciation du Seigneur
Isaïe 7,10-14; Hébreux 10,4-10; Luc 1,26-38

 

Homélie 

            À la réunion communautaire de ce matin, je commentais le chapitre 5 de la Règle de saint Benoît, sur l’obéissance. Or, il se fait que le mystère que nous célébrons dans la fête d'aujourd'hui est précisément celui de l'obéissance chrétienne.   

            Un des fruits amers du péché originel a été que la relation entre les hommes soit devenue une relation d'exploitation, de domination et donc de servilité.  L'incarnation de Dieu nous a révélé que l'obéissance est, au contraire, une expression d'amour.  C'est l'unique forme d'amour qui soit totalement libre et pur, parce qu’il n’attend rien en retour. 

            Il y a trois mois nous célébrions la Naissance de Dieu.  Aujourd'hui, à neuf mois de la prochaine célébration de la Nativité, nous faisons mémoire de l'Annonciation faite à Marie et donc de la conception de Jésus dans son sein.  Or, cet enfant est né pour manifester son amour dans un geste suprême d'obéissance et d'amour, sur la croix.  

            Nous pourrions dire que c’est aujourd’hui la fête du "me voici" (ce qui est la traduction la moins mauvaise du petit mot grec idou, beaucoup plus expressif) ! Avant tout, c'est le "me voici" de Dieu qui, dans son grand amour, décide d'établir une relation avec sa créature.  Puis, c'est le "me voici" du Fils, qui nous est envoyé par le Père et qui dit: "me voici, je viens, pour faire Ta volonté".  Et, finalement, c'est le "me voici" de Marie, qui dit au nom de toute l'humanité: "me voici, je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait comme tu l'as dit."   

            Tout commence avec un geste de Dieu qui se propose, et qui le fait d'une manière très délicate.  Il utilise un messager, pour laisser à la créature toute sa liberté de répondre comme elle veut.  Le messager salue Marie:  "Je te salue... tu es pleine de grâce... Le Seigneur est avec toi... Ne crains pas..."  Le messager de la proposition d'amour laisse un espace pour la question et y répond... Il parle des manifestations d'amour adressées à d'autres:  "vois, ta parente, Élizabeth, elle aussi..."  Et quand Marie exprime son acceptation, l'ange s'en va... Sa mission est terminée.  La proposition a été acceptée; les amants peuvent se rencontrer.  L'union entre Dieu et l'humanité peut avoir lieu.  De cette union naîtra l'homme-Dieu. 

            Avant cette union et avant cette naissance, les humains comprenaient leur relation à Dieu et à la nature en termes de domination.  Ils percevaient Dieu comme un maître puissant et dangereux, qu'il fallait apaiser avec des sacrifices d'objets, d'animaux et même de personnes humaines, sur qui l'homme exerçait son domaine.  Avec l'Incarnation, le fils de Dieu a mis fin à cette économie des sacrifices. "Tu n'as pas voulu ni sacrifice, ni offrande... Me voici, je viens pour faire ta volonté." 

            Et le Fils, au moment suprême de son obéissance, nous a dit:  "Faites ceci vous aussi en mémoire de moi".  Il nous a invités à nous donner, comme Lui s'est donné. 

            Dans notre vie, nous avons nous aussi nos annonciations.  Un jour nous avons entendu Dieu qui nous invitait à l'aimer et à le servir dans la vie monastique.  Et puis, nous avons nos innombrables annonciations quotidiennes.  Demandons la grâce de savoir toujours dire, comme le Fils bien-aimé et sa Mère:  « Me voici, pour faire ta volonté ».

 

Armand Veilleux

 

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