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Solennité
de
la
Pentecôte
2009 Jésus dit à ses disciples que lorsqu’ils
auront
reçu
l’Esprit
de
Vérité,
ils
seront
ses
témoins
–
littéralement,
ses
martyrs.
Il y a quelques jours à peine, nous
fêtions
le
13ème
anniversaire
du
témoignage
–
du
martyre
–
donné
par
nos
frères
de
Tibhirine,
en
Algérie.
L’une
des
raisons,
peut-être
la
principale,
qui
les
avait
poussés
à
demeurer
en
Algérie
malgré
le
danger
était
la
nécessité
qu’ils
percevaient
d’affirmer
ce
que
Christian
de
Chergé
appelait
le
« respect
de
la
différence »,
et
même
le
« droit
à
la
différence ».
L’une des caractéristiques de toutes
les
formes
de
totalitarisme,
qu’il
soit
politique
ou
religieux,
est
précisément
de
nier
ce
droit
à
la
différence
–
de
vouloir
exiger
de
tous
qu’ils
pensent
et
agissent
de
la
même
façon.
Cela
conduit
graduellement
au
mépris
et
au
rejet
de
ceux
qui
sont
différents :
d’une
autre
langue,
d’une
autre
ethnie,
d’une
autre
nationalité,
d’un
autre
continent.
Ce
refus
de
l’autre
–
qui
conduit
au
refus
de
l’Autre
–
semble
une
tentation
particulièrement
grande
ces
dernières
années
dans
notre
monde,
sous
toutes
les
latitudes. Aussi, le message de la Pentecôte est particulièrement
d’actualité.
Jésus avait promis á ses disciples de
leur
envoyer
l’Esprit
qui
les
conduirait
à
la
Vérité
tout
entière. Il ne leur promet pas que l’Esprit leur enseignera la Vérité, mais qu’il les conduira
à
la
Vérité.
C’est
ce
que
nous
avons
lu
dans
l’Évangile. Et, dans le récit des Actes des Apôtres que
nous
avions
comme
première
lecture,
saint
Luc
décrit
de
façon
symbolique
l’effet
de
cette
venue
de
l’Esprit
sur
eux.
Derrière
son
récit
se
trouve,
comme
en
filigrane,
celui
de
la
tour
de
Babel.
Dans
ce
récit
de
l’Ancien
Testament,
la
construction
d’une
tour
qui
avait
la
prétention
d’atteindre
le
ciel
représentait
l’effort
du
pouvoir
politique
et
militaire
des
Assyriens
d’imposer
une
autorité
unique
à
toutes
les
populations
du
monde
connu
et
de
leur
imposer
l’uniformité
des
coutumes
et
de
la
langue.
Dieu
intervient
alors
pour
assurer
la
diversité
des
langues. Dans ce récit, encore ambigu, cette diversité
peut
cependant
apparaître
aussi
bien
comme
une
punition
que
comme
une
faveur. Dans le récit de Luc dans les Actes
des
Apôtres,
par
ailleurs,
la
diversité
apparaît
au
contraire
comme
une
richesse.
Les
Apôtres
ne
parlent
pas
une
langue
que
tous
comprendraient.
Ils
parlent
leur
propre
langue
de
Galilée ;
mais
tous
les
entendent,
chacun
dans
sa
langue. Les Juifs présents, qui sont venus de la diaspora
pour
célébrer
la
Pâque
à
Jérusalem,
représentent
toutes
les
cultures
et
toutes
les
races
connues
à
l’époque.
Tous
entendent
le
message
des
Apôtres
chacun
dans
sa
langue. Déjà dans le récit de la création dans
le
Livre
de
la
Genèse,
l’Esprit
–
ou
le
Souffle
--
de
Dieu
engendre
la
vie
à
travers
le
processus
de
la
diversification.
C’est
lorsque
l’Esprit
de
Dieu
plane
sur
le
chaos
initial,
que
la
lumière
se
sépare
des
ténèbres,
les
eaux
de
la
terre,
que
la
vie
animale
se
distingue
de
la
vie
végétale
et
qu’apparaît
l’être
humain,
homme
et
femme. Ce que décrit Luc dans le récit des
Actes
que
nous
avons
lu,
c’est
la
naissance
de
l’Église Celle-ci est la communauté de tous ceux qui
ont
mis
leur
foi
dans
le
Christ
et
son
message.
Le
fondement
ultime
de
leur
unité
est
cette
foi
commune. Il n’y a de véritable unité qu’entre des personnes
différentes.
Le
respect
de
la
différence
est
donc
une
dimension
essentielle
de
l’unité. L’approche des élections européennes
nous
rappelle
que
c’est
là
le
grand
défi
de
l’Europe,
comme
c’est
le
défi
de
chacun
des
pays
qui
la
composent
et
aussi
de
chaque
pays
de
notre
planète. C’est aussi le défi de notre Église universelle
et
de
chaque
Église
locale,
comme
de
chaque
communauté
et
de
chaque
famille. Demandons à l’Esprit que Jésus nous
a
envoyé
de
nous
rendre
capables
de
porter
tout
ce
qu’il
a
à
nous
enseigner.
Demandons-lui
surtout
de
nous
ouvrir
aux
autres
–
qu’ils
nous
soient
proches
ou
lointains
–
et
de
nous
rendre
respectueux
à
l’égard
de
toutes
leurs
différences.
Qu’il
nous
rende
respectueux
de
toutes
nos
différences,
au
sein
de
nos
familles,
de
nos
communautés,
de
nos
pays
et
de
notre
humanité
tout
entière. Armand VEILLEUX |
Autre homélie pour la même solennité 1999
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