1 janvier 2008
Solennité de Marie, Mère de Dieu / Journée mondiale pour la paix
Nb 6,22-27; Ga 4,4-7; Lc 2,16-21


H o m é l i e


Le titre de " Marie, Mère de Dieu ", bien qu'il ne se trouve pas dans les Évangiles, est très cher à la Tradition chrétienne depuis l'époque des premiers Conciles œcuméniques. Le Nouveau Testament, très sobre dans les titres qu'il donne à Marie, l'appelle plutôt " Mère de Jésus ". Évidemment les deux titres sont complémentaires, puisque Jésus, fils de Marie est aussi le Fils de Dieu, le Premier Né du Père Éternel.

Le langage utilisé dans les formes de dévotion à Marie et dans la théologie mariale a grandement évolué au cours des siècles : très sobres à certaines époques ; très développé à d'autres. En réalité la façon de parler de Marie dépend de la façon de parler de Jésus. Comme par le passé, mais probablement de façon plus explicite de nos jours, deux approches s'offrent aux théologiens qui veulent faire de la christologie. L'une part de tout ce qu'on sait sur Dieu, de tout ce qu'on peut dire de Dieu, de toutes les façons d'en parler que les théologiens ont développées au cours des âges et de dire que Jésus est tout cela, puisqu'il est Dieu. L'autre approche part de Jésus de Nazareth, de l'homme Jésus, et cherche à savoir qui est Dieu à travers ce qu'il en a révélé dans sa personne, dans ses actes et dans ses paroles. Il est permis de penser que cette deuxième approche est plus proche des Évangiles, spécialement des évangiles synoptiques. Le récit de Luc que nous venons de lire en est un bel exemple.

Un groupe de bergers, qui ne sont pas nommés par leur nom, et qui représentent donc toute l'humanité - en tout cas l'humanité des pauvres et des petits, ouverts à la Bonne Nouvelle - ont reçu un message merveilleux : " un sauveur vous est né dans la ville de David, qui est le Christ Seigneur. Et voici le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ". Ils viennent donc à Bethlehem pour voir ce qui est arrivé.

Ils ne trouvent aucune théophanie, aucune grande manifestation de la divinité telle que l'homme s'est habitué à se l'imaginer dans le langage coloré de la Bible (comme d'ailleurs des livres sacrés des autres traditions religieuses). Ce qu'ils trouvent est, on ne peut plus, humain : une jeune couple, dont les noms sont donnés, Marie et Joseph, et le nouveau-né, qui n'a pas encore de nom, car il ne le recevra que huit jours plus tard, et qui est déposé dans une mangeoire.

Rien ne distingue extérieurement ce petit d'homme des autres enfants. Les bergers rapportent la révélation qu'ils ont reçue d'un messager divin, selon laquelle cet enfant est un sauveur, le Messie. Et Marie pour qui tout cela est mystérieux, conserve en son coeur ces événements et ces paroles, et les médite. Son expérience est tout simplement celle d'être la mère de cet enfant. Cet enfant révélera graduellement à sa mère d'abord, puis à tout le peuple, que Dieu est son père, qu'il ne fait qu'un avec son père, qu'habite en lui la plénitude de la divinité.

Marie n'est pas une déesse ayant enfanté un dieu qui a pris une forme humaine. Non, elle est merveilleusement humaine. Elle est la mère d'un petit enfant, Jésus, qui révélera tout au long de sa brève vie, et à travers son comportement humain et ses paroles humaines, qui est Dieu.

Si Marie est appelée " Mère de Dieu ", c'est précisément parce qu'elle est la Mère de l'homme Jésus de Nazareth en qui habita la plénitude de la divinité.

 

Armand Veilleux




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