7 janvier 2007 – Épiphanie du Seigneur

Is 60,1-6 ; Ép 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

 

Homélie

 

            À Rome on célébrait l’Épiphanie hier, 6 janvier ; et le Saint Père Benoît XVI, dans son homélie, s’adressait à ceux qu’il appelait les « Mages d’aujourd’hui »,  à savoir les politiciens, les hommes de sciences et les représentants des religions non-chrétiennes.  Il les appelait, à la suite du Concile Vatican II, à ne pas craindre la lumière apportée au monde par le Christ et qui est destinée à tout être humain, de tous les temps, de toutes les races, langues et religions.

 

            La leçon de l’Évangéliste Matthieu, qui est le seul des quatre Évangélistes à nous raconter, au début de son Évangile, le récit de la visite des Rois Mages, est que le message de Jésus qu’il va transmettre dans le reste de son Évangile est pour toute personne de bonne volonté.  Jésus est apparu à un moment bien précis de l’histoire et dans un contexte social et politique bien précis.  Matthieu le redit en quelques mots : « à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand ».  Mais ce qui se manifeste en lui, le Fils de Dieu fait homme, est la dignité de la nature humaine tout entière, telle que Dieu l’a voulue, faite à son image.

 

            Dans l’Évangile, les messagers de Dieu arrivent et partent.  Ainsi l’ange Gabriel fut envoyé à Marie.  Il la salue avec un profond respect (Je te salue, Marie, pleine de Grâce...) il lui annonce qu’elle sera Mère de Dieu. Ensuite, dit Luc « l’ange la quitta ».  De même Marie vient trouver sa cousine Élizabeth, qui est enceinte de Jean Baptiste.  Elle demeura avec elle environ trois mois puis « elle retourna chez elle ».  Au moment où Jésus naît à Bethléem, des anges apparaissent aux bergers qui paissent leur troupeau dans la montagne pour leur annoncer qu’un Sauveur leur est né (« il vous est né aujourd’hui un sauveur ». Et puis les anges les quittent..  Ainsi les Mages, lorsqu’ils trouvent Jésus, le roi des Juifs qu’ils cherchaient, ils lui offrent des présents et lui expriment leurs hommages, puis ils retournent chez eux.

 

            Ces Mages n’étaient pas des membres d’une secte religieuse lancés dans une recherche spirituelle.  C’étaient simplement des humains, intéressés aux mystères de la nature, intéressés surtout à la nature humaine ; qui, dans leurs observations des astres, avaient cru percevoir la naissance d’un nouveau roi dans un tout petit peuple, le peuple juif. Ils ne cherchent pas le Messie, dont ils ne savent sans doute rien.  Ils cherchent tout simplement un roi nouveau né.  Lorsqu’ils le trouvent, ils lui présentent leurs hommages et repartent.  Ce fut sans doute leur unique contact avec Jésus et son message.  Ils ne sont pas devenus ses disciples.  Ils étaient des hommes droits, honnêtes et sincères.  Le salut était pour eux.

 

            Ce sera là le message essentiel de Jésus : que son Père veut que tout être humain ait la vie et qu’il l’ait en plénitude.  Jésus a envoyé ses disciples, son Église,  partout dans le monde, non pas pour recruter des membres de plus en plus nombreux pour cette Église mais pour faire connaître à tous les humains le message que Dieu les aime et qu’il veut leur apporter le salut, c’est-à-dire le bonheur.  Et la seconde leçon de cet Évangile, qui découle de la première, c’est que tout être humain est digne de respect, quels que soient sa nationalité, sa provenance, sa couleur ou sa religion.  Ce respect, comme celui manifesté par les Mages à l’enfant de Bethléem, n’attend aucune réciprocité.  Pour être vrai il doit être gratuit.

 

            Pour entrer en dialogue avec nous Dieu n’a pas attendu que nous soyons à la hauteur de la situation.  Il nous a envoyé son Fils, son Verbe, sa Parole, alors que nous étions pécheurs.  De même il nous demande d’aller vers toute personne de notre entourage, qu’elle vienne à nous ou non, qu’elle nous soit sympathique ou non, qu’elle ait les même idées ou non.  Il nous demande aussi de respecter tout être humain – tout simplement parce qu’il est humain – qu’il ait une appartenance religieuse différente de la nôtre, ou même qu’il n’en ait pas du tout, et quels que puissent être les crimes qu’il peut avoir commis ou dont il a pu être accusé.

 

            Avant d’être croyants ou athées ; orthodoxes, catholiques ou protestants ; chrétiens ou musulmans, sunnites ou shiites ; chinois, japonais ou occidental ; les hommes et les femmes sont tout d’abord des « humains » créés à l’image de Dieu et également dignes du plus profond respect.  C’est ce que Dieu a voulu nous enseigner en se faisant l’un de nous.

 

Armand Veilleux

 

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Armand VEILLEUX

 

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