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24 juin 2010 –Solennité
de
saint
Jean-Baptiste Is
49,
1-6 ;
Actes
13,
22-26 ;
Luc
1,
57---80 H O M É L I E L’iconographie traditionnelle nous présente souvent un Jean-Baptiste
sévère,
souvent
hirsute
et
à
l’allure
plutôt
rébarbative. Une telle présentation peut évidemment s’inspirer
de
quelques
passages
des
Évangiles
nous
rappelant
sa
prédication
et
ses
appels
à
la
conversion
et
à
la
pénitence.
Et
pourtant,
le
thème
qui
revient
sans
cesse
dans
tous
les
récits
relatifs
à
sa
naissance
est
celui
de
la
joie. Lorsque l’ange Gabriel annonce à Zacharie qu’il aura un
fils,
il
lui
prédit
que
« beaucoup
se
réjouiront
de
sa
naissance ».
Lorsque
Marie,
qui
vient
de
concevoir
un
fils,
vient
visiter
sa
vieille
cousine
Élisabeth,
elle-même
enceinte
depuis
six
mois,
non
seulement
Élisabeth
est
elle-même
remplie
de
joie,
mais
l’enfant
qu’elle
porte
bondit
de
joie
en
son
sein.
Et
lorsqu’elle
met
au
monde
son
fils,
toute
sa
famille
et
ses
voisins
se
réjouissent
avec
elle. C’est donc à juste titre que Jean-Baptiste est le seul saint,
à
part
le
Christ
et
sa
Mère,
dont
on
célèbre
liturgiquement
la
naissance.
De
tous
les
autres
on
célèbre
leur
entrée
dans
la
gloire
céleste
au
moment
de
leur
mort. Tous les textes qui entourent la naissance de Jean-Baptiste
nous
parlent
de
la
joie
de
ceux
et
celles
qui
sont
affectés
par
cette
naissance.
Mais
Jean-Baptiste
lui-même
nous
apparaît
comme
un
homme
profondément
heureux,
d’une
joie
paisible,
parce
que
c’est
un
homme
unifié,
entièrement
consacré
à
sa
mission.
Un
homme
totalement
libre. Parce qu’il est libre, qu’il n’a rien à prouver et rien
à
préserver,
il
peut
parler
sans
crainte
à
ses
contemporains,
qu’ils
soient
des
soldats
ou
des
gens
ordinaires,
des
princes
ou
des
rois. Il peut s’effacer devant celui dont il a annoncé
la
venue,
et
même
lui
envoyer
ses
disciples. Nous savons tous par expérience que lorsque nous sommes
tristes
ou
malheureux,
c’est
lorsque
nous
avons
perdu
quelqu’un
ou
quelque
chose
qui
nous
était
cher,
ou
bien
lorsque
nous
ne
savons
pas
réaliser
certains
de
nos
désirs.
Nous
n’avons
pas
tous
les
succès
que
nous
aimerions
avoir ;
nous
avons
des
échecs
dont
nous
nous
passerions
bien.
Nous
ne
sommes
pas
appréciés
comme
nous
croyons
que
nous
devrions
l’être ;
nos
idées
chères
ou
nos
projets
sont
peut-être
combattus
par
d’autres.
Nous
ressentons
des
tensions
entre
la
personne
que
nous
voudrions
être
et
les
missions
ou
responsabilités
qui
nous
sont
confiées.
Nous
sommes
tristes,
ou
en
tout
cas
notre
joie
n’est
pas
parfaite,
parce
que
notre
cœur
est
divisé. Chez Jean-Baptiste on ne voit aucun de ces tiraillements. Sa mission est de préparer la venue du Messie. Il s’identifie pleinement à cette mission. Il
n’aspire
à
rien
d’autre.
Il
est
donc
un
homme
totalement
libre
parce
que
totalement
unifié. Et, parce qu’il est libre, sa vision des personnes
et
des
choses
n’est
jamais
déformée.
Quand
le
Messie
apparaît,
il
le
reconnaît
tout
de
suite.
Et
il
sait
que
sa
mission
est
terminée.
Il
peut
disparaître.
« Il
est
temps
qu’il
croisse
et
que
je
diminue ».
Quelle
parole
surprenante,
dans
un
monde
où,
alors
comme
aujourd’hui,
chacun
veut
croître
en
importance,
en
fonction,
en
reconnaissance
par
les
autres,
etc.
On sait à quel point un maître qui a des disciples qui lui
sont
fidèles
et
dévoués
peut
s’attacher
à
ces
disciples,
qui
deviennent
facilement
pour
lui
comme
une
possession.
Jean-Baptiste
au
contraire
envoie
ses
disciple
à
Jésus.
« Voici
l’agneau
de
Dieu,
dit-il ».
Son
rôle
auprès
d’eux
est
terminé.
Comme il n’a rien à perdre, n’étant attaché à rien, il peut
aussi
avoir
une
parole
libre.
Il
peut
donc
dire
au
monarque
qu’il
ne
lui
est
pas
permis
de
prendre
la
femme
de
son
frère. Peu importe si cela le conduit en prison et,
éventuellement,
à
la
mort. Dans sa prison, il se met à douter. Se serait-il trompé ?
Celui
qu’il
a
reconnu
comme
le
Messie
n’agit
vraiment
pas
comme
le
Messie
qu’on
attendait.
Est-ce
vraiment
lui ?
Jean
est
alors
assez
libre
pour
assumer
ses
doutes
sans
en
être
déstabilisé
et
envoyer
ses
disciples
demander
à
Jésus :
« Es-tu
vraiment
celui
que
nous
attendions ? »
Et
nous
connaissons
la
réponse
de
Jésus. En cette solennité de Jean le Baptiste, demandons pour nous
aussi
la
grâce
d’une
grande
humilité,
d’un
détachement,
d’une
liberté
intérieure
qui
nous
ouvrent
à
la
vraie
joie
–
cette
joie
qui
peut
demeurer
intacte
au
fond
de
nos
cœurs
malgré
toutes
les
épreuves
et
les
difficultés
de
la
vie
–
malgré
le
remous
des
eaux
à
la
surface
de
notre
existence. * * * Nous avons en retraite parmi nous depuis le début de la
semaine
un
groupe
de
séminaristes
qui
se
préparent
–
à
des
échéances
plus
ou
moins
brèves
–
à
assumer
un
ministère
dans
l’Église. Demandons pour eux la grâce de se donner si
totalement
à
cette
mission,
à
l’image
de
Jean-Baptiste,
qu’ils
puissent
y
trouver
la
même
liberté,
le
même
courage
et,
finalement,
la
même
joie. Et pour nous, qui habitons le diocèse de Tournai, nous nous
unirons
tout
spécialement
à
la
joie
de
notre
Église
locale
lors
de
l’ordination
sacerdotale
de
Cédric
Lemaire
dans
deux
jours. Armand VEILLEUX
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Autre homélie pourla même solennité 2001 : français
2005 : français
2008 : français
2009 : français |
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