24 juin 2009–Solennité de saint Jean-Baptiste

Is 49, 1-6 ; Actes 13, 22-26 ; Luc 1, 57---80 

 

H O M É L I E

 

            La semaine dernière, au cours d’un bref voyage en train, il y avait devant moi, dans le compartiment du train, une dame qui tricotait quelque chose en laine.  Ses mains se déplaçaient avec agilité alors qu’elle regardait à l’extérieur par le fenêtre et semblait admirer le paysage.  Me sont alors venus à l’esprit les mots du psaume : « [Seigneur]... c’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère ».  Une ancienne traduction disait d’ailleurs : « tu m’as tricoté dans le sein de ma mère ».  

            C’est le psaume que nous le soliste a chanté après notre première lecture, qui était ce beau texte où Isaïe témoigne de sa vocation : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé.  J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. »   

            Les auteurs bibliques n’ont aucune hésitation a utiliser un langage symbolique et tout à fait anthropomorphique pour exprimer leur conviction que nous sortons des « mains de Dieu », à commencer par le texte de la Genèse qui nous montre Dieu façonnant le premier homme de la glaise avec ses mains, et formant aussi la première femme de ses mains à partir de la côte d’Adam.  À l’un et à l’autre il donne un nom qui exprime son être et sa mission. Jean-Baptiste et Jésus reçoivent aussi leur nom de Dieu, avant même leur naissance. Lorsque Jean reçoit le sien, les gens du voisinage et toute la Judée se demande « Que sera donc cet enfant ? » car, nous dit l’Évangéliste Luc, « la main du Seigneur était avec lui ». 

            Ce qui vaut pour Adam, pour Isaïe et pour Jean-Baptiste, vaut aussi pour chacun de nous.  Nous avons tous été façonnés par la main de Dieu dès le sein maternel.  De chacun de nous, comme de Jean, on peut dire : « la main de Dieu est sur lui ».  Chacun de nous peut dire aussi, comme Isaïe : « J’ai du prix aux yeux du Seigneur ». .À chacun de nous Dieu a donné un nom : c’est-à-dire qu’il nous a donné un être propre et totalement distinct de tous les autres à réaliser.  C’est là notre vocation.  Celle-ci n’est pas inscrite quelque part dans les cieux ; elle est inscrite dans toutes les fibres de notre être corporel et spirituel.  Elle n’est pas quelque chose qu’il nous a fallu découvrir une fois pour toutes.  Elle est à découvrir chaque jour de notre vie.           

            Nous sommes nés avec des caractéristiques propres – physiques, psychologiques, affectives – et avec des limites qui nous sont aussi propres.  C’est dans la mesure où nous devenons chaque jour un peu plus « nous mêmes », dans la mesure que nous assumons notre identité personnelle qu’il nous est possible d’entrer en relation avec les autres et avec Dieu. Si nous n’assumons pas vraiment et consciemment notre identité, nous ne sommes que des robots.  Nous pouvons être des robots agréables ou désagréables,  nous pouvons être des robots qui pratiquent à la perfection toutes les règles morales et religieuses.  Mais nous ne sommes que des robots.  D’où l’importance de nous tenir debout devant Dieu et devant les hommes, humblement mais avec toute notre dignité d’enfants de Dieu, engendrés à son image. 

            Parmi les participants à cette eucharistie, il y a un groupe de séminaristes du Séminaire Saint Paul de Louvain-la-Neuve, qui se préparent à devenir prêtres et dont quelques-uns seront d’ailleurs ordonnés au cours des prochains jours et des prochains mois.  Notre prière les accompagnera, non seulement pour qu’ils soient fidèles à la vocation entendue un jour au fond de leurs coeurs, mais aussi pour qu’ils ne cessent jamais d’écouter la voie de Dieu prononçant leur nom.

 

Armand VEILLEUX

 

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Autre homélie pourla même solennité

 

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