15 août 2010 -- Solennité de l'Assomption de Marie
Apoc 11,19; 12, 1...10; 1 Cor 15, 20-26; Luc 1, 39-56

 

 

Homélie

 

Chaque dimanche nous célébrons le mystère de la Résurrection du Seigneur Jésus  -- mystère que nous célébrons d’une façon encore plus solennelle le jour de Pâques. Le fait que la fête de l’Assomption de Marie tombe, cette année, un dimanche, nous permet d’en saisir tout le sens d’une façon particulière. En effet, l’Assomption de Marie n’est rien d’autre que sa résurrection, c’est-à-dire sa pleine participation à la résurrection de son Fils.

Dans les premiers chapitres de son Évangile, que nous avons lus à l’occasion de la fête de la Nativité du Seigneur, saint Luc dit que Marie, lorsque les temps furent accomplis, mit au monde le « Premier Né » -- non seulement « son » fils premier né, mais « Le » Premier Né par excellence, le Premier Né du Père éternel – premier né d’une multitude de frères et de soeurs.

Dans le bref passage de sa Lettre aux Corinthiens, que nous avons entendu comme deuxième lecture de cette Messe, saint Paul parle précisément de la Résurrection et nous dit que le Christ est le premier ressuscité.  Sa résurrection nous révèle ce à quoi nous sommes nous-mêmes appelés.  Nous sommes appelés à être « assumés » tout entiers, corps et âmes, dans la plénitude de Vie.  Marie, qui avait donné naissance, dans son corps, au Fils de Dieu, a été la première à être ainsi « assumée » -- c’est ce que signifie le mot « assomption – la première à participer pleinement à la résurrection de son Fils.

            De ce mystère nous pouvons évidemment déduire de nombreuses leçons.  La leçon peut-être la plus importante que nous pouvons en tirer pour nous, de nos jours, est un rappel de la dignité de la nature humaine, de la vie humaine, du corps humain.  Et cela est d’autant plus important que le mépris de la personne humaine, de la vie humaine et du corps humain semble avoir pris de nos jours des proportions tout à fait extrêmes.

            Il suffit d'ouvrir les pages d'un journal quotidien pour voir des corps détruits ou mutilés par la guerre; pour lire des récits de nettoyage ethnique pratiqué en plusieurs parties du monde, ou de destruction du corps humain par la drogue, ou encore de l’abus du corps par la prostitution y compris celle d'enfants. 

            L'Assomption de Marie, corps et âme, au ciel nous rappelle que notre corps, parce qu'il est appelé à la gloire même dans laquelle se trouve déjà Marie, est digne du plus grand respect.  Il s'agit là sans doute d'une question de morale personnelle, mais aussi d'une question de moralité publique, politique et sociale.

            Lorsque Marie, chantant les louanges de Dieu, s'exclame "il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles; il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides", elle décrit des situations sociales guère différentes de celles qui créent de nos jours tant de millions de personnes déplacées, réfugiées, opprimées et affamées, à travers le monde entier.   

Dans le Nouveau Testament, Marie apparaît avec les Apôtres le jour de la Pentecôte.  Après cela il n'est plus fait mention d'elle.  Elle se fond avec l'Église.  Celle-ci lui donnera par la suite divers titres.  Elle est la Mère de Dieu (la Theotokos), et la Mère de l'Église.  À partir de la fin du 7ème siècle on célèbrera le 15 août la fête de la Dormition de Marie, qu’on appellera ensuite son Assomption, que nous célébrons aujourd'hui.  Même si l’iconographie a souvent vu dans l’Assomption la montée du corps de Marie vers les hauteurs du ciel, ce n’est pas là le sens premier et profond du mot.  Assomption signifie d’abord, comme je l’ai expliqué, le fait que Marie, avec tout son être – corps, âme et esprit – est assumée dans la plénitude de la vie trinitaire : vie de son Fils, du Père éternel et de l’Esprit Saint.

Demandons à Marie la grâce de toujours vivre avec la conscience de la dignité de notre nature humaine et avec le plus grand respect de celle-ci en nous et dans tous nos frères et nos soeurs en humanité.

 

Armand VEILLEUX

 

 

 

Homélies des autres années pour la même solennité:

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