25 avril 2010 – 4ème dimanche de Pâques "C"

Ac 13, 14...52; Ap 7, 9...17; Jn 10, 27-30

 

H O M É L I E 

 

            Le peuple d’Israël, après avoir été une petite tribu nomade, était devenu un peuple sédentaire.  Dans cette culture sédentaire, le rôle du pasteur protégeant son troupeau contre les attaques des bêtes sauvages et le guidant à la recherche de nourriture et de points d’eau était très important.  Aussi les prophètes de l’Ancien Testament utilisèrent souvent cette image du « pasteur » pour décrire l’attention de Dieu à l’égard de son peuple.  Dans le bref passage d’Évangile que nous venons de lire, la phrase principale, celle qui donne la clé de compréhension de tout ce qui précède est la dernière : Le Père et moi, sommes UN, dit Jésus. C’est lui le vrai berger.  

            Même si nous ne vivons plus dans une culture où il est courant de voir un berger guider son troupeau de brebis, il ne nous est pas difficile de comprendre le message que véhicule l’utilisation de cette image.   

            L’Église est la communauté de tous ceux qui ont mis leur foi dans le Christ – ceux qui ont entendu sa voix et qui veulent le suivre.  Le pasteur de l’Église, c’est Lui, Jésus de Nazareth, toujours vivant au milieu de nous parce que nous somme réunis en son nom. C’est sa Parole que nous écoutons, c’est lui que nous suivons.  Nous sommes sous sa protection.  Cela est vrai de l’Église universelle, comme de chacune des communautés locales qui, ensemble, dans leur communion entre elles, constituent le Mystère universel de l’Église.  Cela est vrai d’un diocèse, d’une paroisse, ou d’une communauté monastique, par exemple. 

            L’Église c’est donc nous tous et tous ceux qui, de par le monde, ont mis leur foi en Jésus de Nazareth. Au sein de cette Église il y a, bien sûr, des personnes qui ont reçu diverses responsabilités et divers ministères ; il y a, par exemple, le pape, les évêques et les prêtres.  L’Église ce n’est pas eux ; l’Église c’est nous tous -- y compris ces responsables.  Certains, à cause du ministère qu’ils ont à remplir, reçoivent le titre de « pasteurs ».  Mais l’unique « vrai pasteur » c’est celui qui dit, dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Je suis le vrai pasteur. »  Il me semble que cette parole est de nature à nous encourager et à nous empêcher de perdre confiance. 

            Nous avons tous nos péchés ; et nous sommes l’Église.  Ceux qui ont des ministères importants dans l’Église sont aussi des personnes qui ont souvent à demander pardon à leurs frères et à Dieu.  Il peut arriver que certains de ces responsables commettent des fautes particulièrement graves. Il est normal que nous nous sentions affligés et même écrasés, tout d’abord par la révélation de ces fautes – et même de ces crimes parfois – mais aussi par l’insistance malsaine et même maladive avec laquelle une certaine presse tient les réflecteurs braqués sur ces situations. 

            Ce serait merveilleux si aucun des évêques, et aucun des prêtres et des religieux ne commettait de fautes graves.  Ce serait encore plus merveilleux si aucun d’entre nous n’en commettait. Au delà de toutes nos déceptions, de toutes nos surprises et de toute notre douleur, il y a un espace énorme pour la confiance et le désir de continuer à « être Église », à construire le peuple de Dieu avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté : cet espace c’est celui où retentit sans cesse les deux paroles de Jésus dont l’une ouvre et l’autre ferme l’Évangile de ce matin : « Je suis le vrai pasteur » et « Mon père et moi sommes UN ». 

            C’est aujourd’hui la Journée Mondiale de prière pour les vocations. Dans cette prière, nous devons nous souvenir de deux choses.  La première est qu’une Église a les vocations qu’elle est capable d’engendrer.  Et puisque l’Église c’est nous, la capacité de notre Église d’engendrer des vocations dépend de la qualité de notre vie chrétienne à chacun d’entre nous.  La deuxième chose à ne pas oublier c’est que lorsque nous parlons de vocations il ne faut pas penser simplement aux vocations sacerdotales, religieuses ou monastiques.  Il faut penser à la vocation dans sa réalité la plus fondamentale.  Chacun de nous est appelé, de par son baptême, à vivre à la lumière de l’Évangile de Jésus-Christ.  C’est là notre vocation première et commune à tous. C’est dans la mesure où chacun de nous vivra fidèlement sa vie chrétienne selon sa vocation propre que tous les autres membres de l’Église se sentiront appelés à vivre eux aussi la vocation à laquelle ils sont appelés.

 

 

Armand VEILLEUX

 


Autres homélies pour le même dimanche, au cours des années précédentes :

 

Pour l’année 2007 :

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