29 avril 2007 – 4ème dimanche de Pâques "C"

Ac 13, 14...52; Ap 7, 9...17; Jn 10, 27-30

 

H O M É L I E

 

            Tout au long du temps de Pâques, la première lecture est tirée des Actes des Apôtres, où l’Évangéliste Luc nous décrit les débuts de l’Église, au cours des premiers mois, puis des premières années qui suivirent la mort et la résurrection de Jésus.  En écoutant ces lectures, au cours des dernières semaines nous avons vu comment les Apôtres, après avoir été confirmés par la force de l’Esprit Saint, ont d’abord témoigné courageusement de Jésus à Jérusalem, puis comment, après la mort d’Étienne, la Bonne Nouvelle avait été prêchée jusqu’à Antioche, d’où Barnabé était allé chercher Paul à Tarses. Les deux sont envoyés en mission par les frères ;  et lorsqu’ils arrivent à Antioche de Pisidie, ils vont, le jour du sabbat, selon leur coutume, prêcher la Bonne Nouvelle dans la synagogue.  Leur message étant repoussé par les Juifs, ils se tournent vers les païens, et c’est le début d’une mission qui portera l’Évangile jusqu’aux confins du monde et jusqu’à nous.

            Quel était leur message ?  L’essentiel de ce message nous est donné dans le très bref texte de l’Évangile de Jean que nous venons de lire, et spécialement dans l’affirmation de Jésus qui clôt cette citation : « Le Père et moi, nous somme UN ». Et c’est dans ce contexte que Jésus se présente comme le Bon Pasteur, utilisant une image qui parlait sans doute plus immédiatement à ses concitoyens qu’à nous, mais qui n’a quand même pas perdu, même de nos jours, sa valeur évocatrice.

            Dans le passage qui précède, Jésus avait utilisé cette figure du pasteur, dans un contexte polémique, pour reprocher aux Pharisiens, aux scribes et aux chefs du peuple de dominer et d’opprimer ce peuple par lequel ils se font servir et qu’ils exploitent, alors qu’ils devraient eux-mêmes être au service du peuple.  Il les oppose au bon pasteur, qui est prêt à risquer sa vie pour défendre ses brebis contre les loups, et qui va à la recherche de la brebis perdue.  Ses interlocuteurs deviennent de plus en plus inquiets.  Les uns disent simplement : « il déraisonne, pourquoi l’écouter encore ? » Mais d’autres viennent le trouver au Temple et lui disent : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement ».  Et la réponse de Jésus consiste d’abord à dire : « Je suis le Bon Pasteur », indiquant qu’il incarne dans son être et sa vie l’amour de Dieu pour tous ses enfants.  Et il conclut par cette affirmation plus claire que jamais : « Le Père et moi sommes UN ».  Les Juifs comprennent fort bien ce qu’il vient d’affirmer et veulent le tuer parce qu’il s’est fait l’égal de Dieu.

            Dans toute une série d’affirmations lapidaires, Jésus décrit alors ce que signifie cette image du pasteur et des brebis ; il décrit ainsi la nature des relations entre Lui et ses disciples.  Il s’agit d’une relation personnelle de connaissance et de confiance, d’écoute et d’appartenance.  Jésus appelle et ses disciples écoutent. Il les connaît et eux le reconnaissent et le suivent.  Il leur donne la vie éternelle, si bien qu’ils ne périront jamais.  Personne ne pourra les arracher de sa main car c’est du Père qu’il les a reçus.  C’est cette relation d’amour et de confiance qu’il faut lire dans l’image du berger et de la brebis, et non une relation anonyme de marche aveugle derrière un guide quelconque.  D’ailleurs dans la lecture de l’Apocalypse (2ème lecture), Jésus est présenté à la fois comme l’agneau et comme le Pasteur conduisant vers les eaux de la vie et essuyant toutes les larmes des yeux de ceux qui pleurent. C’est dire qu’aucune de ces images ne doit être prise à la lettre et interprétée de façon fondamentaliste.

            En réalité, aujourd’hui comme du temps où Jésus parlait au peuple des Juifs, ses paroles n’ont pas pour but d’engendrer la foi en ses auditeurs, mais de donner à cette foi des formes d’expression ; car ces paroles n’ont vraiment de sens que pour ceux qui croient.  Si nous n’avons pas encore établi une relation personnelle avec Jésus ou bien si après l’avoir établie nous l’avons perdue, il est probable que cette image du pasteur et de la brebis nous laissera indifférent ou même nous agacera.  Mais si, au contraire, une telle relation s’est établie et se vit tout au long des mille et unes occupations de notre vie quotidienne, il est probable que ce langage poétique et imagé de Jésus et de l’Évangéliste Jean qui nous rapporte à sa façon ses propos, nous aidera à nous dire à nous-mêmes ce que nous vivons. 

            En cette Journée mondiale de prières pour les vocations, ne prions pas simplement pour que Dieu suscite des vocations sacerdotales et religieuses – ce que nous devons évidemment faire – mais prions d’abord et surtout pour que chaque être humain, et plus particulièrement chaque Chrétien et Chrétienne découvre sa propre vocation.  En réalité nous sommes tous appelés à être les pasteurs les uns des autres et les pasteurs de toute l’humanité.  Et surtout nous somme tous appelés à être UN avec Jésus et son Père comme Lui est Un avec son Père.

            L’Eucharistie que nous allons maintenant poursuivre sera à la fois la source et l’expression de cette unité.

 

Armand Veilleux

 

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Autres homélies pour le même dimanche, au cours des années précédentes :

Pour l’année 2004 : en français  /  in italiano

Pour l’année 2001 : en français

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