Homélie d'une année antérieure pour le même dimanche

 

14 décembre 2003 – 3ème dimanche de l'Avent "C"

So 3, 14-18; Ph 4, 4-7; Lc 3, 10-18 

 

H O M É L I E

 

            Dans le texte lu à l’Évangile de dimanche dernier, nous entendions Jean-Baptiste dire aux foules : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.  Tout ravin sera comble, toute montagne et toute colline seront abaissées. »  Les foules semblent avoir compris son message car elles lui demandent – comme nous venons de l’entendre, -- «  Que devons-nous faire ? »

            En réalité il y a trois groupes distincts qui posent la même question à Jean-Baptiste.  Luc veut sans doute montrer par là le caractère universaliste de l’appel à la conversion :  Il y a tout d’abord les Juifs de race et de religion, qui constituent évidemment la majeure partie de cette foule ;  puis, il y a les publicains qui sont des Juifs de race, mais qui sont marginalisés par leur compromission avec le pouvoir étranger qui occupe la Palestine ;  enfin il y a des soldats qui ne peuvent être que des soldats romains (recevant leurs ordres directement du gouverneur Pilate), et qui ne sont donc pas des Juifs, mais sont quand même venus écouter le message de Jean et sans doute se faire baptiser par lui. 

            À toutes ces bonne gens, Jean-Baptiste répond de façon concrète à la question toute pratique qu’ils posent et qui est : « Que devons-nous faire ? ».  Il ne s’agit donc pas de savoir quoi penser ou quoi croire.  Il s’agit de savoir quoi « faire ».  Tout le message de Jésus ira dans le même sens.  La question ultime, ici-bas comme au jour du jugement, sera toujours « Comment as-tu agi ? »  et plus précisément « Comment as-tu agi à l’égard de ton prochain ? ».   

            Dans les trois réponses de Jean aux divers groupes, il ne mentionne aucune pratique religieuse, mais il souligne plutôt les exigences de la justice et tout particulièrement du partage, à commencer par le partage des choses les plus essentielles à la vie : le vêtement et la nourriture.  Cette attitude de partage exige évidemment tout d’abord qu’on ne pratique pas le vol comme Jean le rappelle aux publicains et qu’on ne fasse violence à personne, comme il le rappelle aux soldats. 

            Traditionnellement, ce troisième dimanche de l’Avent est appelé « dimanche de la joie » (« dimanche Gaudete » disait-on à l’époque du grégorien).  C’est de joie que parlent les deux premières lectures, celle du prophète Sophonie et celle de l’apôtre Paul aux Philippiens. L’un et l’autre invitent à surmonter la peur, à ne pas craindre.  Sophonie, qui écrit en temps de guerre, annonce non pas la victoire sur l’ennemi, mais bien que le Seigneur fera rebrousser chemin à l’ennemi.  La joie ne sera pas dans la victoire ou l’écrasement de l’ennemi, mais dans le renoncement à la guerre. 

            Quant à l’Évangile d’aujourd’hui, il nous rappelle que la vraie joie ne vient pas du fait de posséder la plus grande quantité de bien possible, mais de la communion qui s’incarne dans le partage et dans le respect de la  justice, qui est le respect de chaque personne perçue comme enfant de Dieu.  Ainsi, dès le début de l’Évangile est affirmé le principe – qui sera rappelé par la suite de multiples façons : qu’une communion avec Dieu est impossible sans la communion avec notre prochain.  Quant à cette communion avec notre prochain elle ne peut se ramener à de vagues sentiments de sympathie ou de gentillesse, mais elle implique le respect total de la justice et même le partage des biens matériels lorsque ce partage est nécessaire pour faire disparaître les déséquilibres.

 

Armand VEILLEUX

           

 

           

 

 


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