19 mars 2009 - Fête de saint Joseph
2Sam 7, 4...16; Rom. 4, 13...22; Mat 1, 16-24

 

H O M É L I E

            L’Évangile que nous venons de lire se termine par les mots : « Lorsque Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit. »  Joseph n’est pas un homme de parole, il est un homme d’action.  Les Évangiles ne rapportent de lui aucune parole, mais ils parlent de son activité. 

            Les destinées de Marie et de Joseph dans l’économie de l’Incarnation du Verbe sont étroitement liées. Tous les deux manifestent une très grande humilité, mais de façon différente.  Le récit de l’annonciation de Marie se termine par le mot « Fiat » -- « qu’il me soit fait selon ta Parole ».  Mais le récit de l’annonciation de Joseph se termine simplement par « il fit ». Cette annonciation lui avait révélé qu’il devait prendre chez lui son épouse, Marie.  C’est ce qu’il fit.  On le retrouvera aux côtés de Marie au moment de la naissance de Jésus, de la venue au Temple au huitième jour, de la montée au Temple douze ans plus tard.  Marie dira alors à Jésus : « Pourquoi nous as-tu fait cela ?  Ton père et moi t’avons cherché durant trois jours... » Et puis ce seront plusieurs années sur lesquelles nous ne savons rien sauf que Jésus « leur » était soumis – à Marie et à Joseph. Jusqu’à ce que Jésus commence sa vie publique et qu’on le reconnaisse comme « le fils du charpentier ». 

            Joseph était donc non seulement un homme d’action, mais un homme de métier.  Il apparaît surtout, pour utiliser une expression contemporaine, comme le gestionnaire de la famille qu’il constitue avec Marie et Jésus.  Lorsque Jésus dira « Mon père travaille sans cesse et je fais de même », nous comprenons spontanément qu’il parlait de son Père céleste ;  mais peut-être parlait-il en même temps aussi de Joseph.  Sa solennité, que nous célébrons aujourd’hui, est donc pour nous une occasion de méditer encore une fois sur la dignité du travail humain, de toute forme de travail. 

            Dieu a voulu associer sa créature humaine à sa création.  Dieu fait croître les arbres, mais il ne construit pas lui-même les maisons.  Il fait couler dans les fleuves une eau porteuse d’une énorme énergie ; mais il laisse l’homme construire les aqueducs et élever des barrages pour domestiquer cette énergie.  Il fait germer le blé et le maïs, mais il ne cuit pas lui-même le pain.  Il fait croître la vigne, mais il ne fait pas le vin qui réjouit le coeur de l’homme et sert à l’Eucharistie.  Il a fait des humains des être sociaux, mais il les laisse gérer leurs sociétés. 

            Toute activité humaine, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle, ou une activité de gestion de l’ensemble de la réalité humaine est une participation à l’activité créatrice de Dieu.  Nous savons cependant que le pouvoir que Dieu a donné à l’homme sur la nature, l’homme peut s’en servir pour la bien gérer ou peut s’en servir pour la détruire en en abusant.  C’est là que la grande humilité de Joseph est un appel à un constant discernement de toute notre action sur la nature.

             Au cours des siècles, beaucoup de fondateurs et de fondatrices d’instituts religieux ou de services de la Société et de l’Église, se sont confiés dans la prière à saint Joseph pour la solution de leurs problèmes matériels et on en général été largement exaucés.  Au moment où une crise économique presque sans précédent est en train d’affecter des millions et même quelques milliards de personnes sur la planète, pourquoi ne pas prier Joseph d’obtenir pour tous les dirigeants la grâce des lumières nécessaires pour rétablir une gestion de la grande famille humaine qui soit plus respectueuse à la fois des personnes – surtout des plus fragiles – et de la planète elle-même.

 

Armand VEILLEUX

 

 

 

 

 

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