19 mars 2007 - Fête de saint Joseph

Dan 7, 4...16; Rom 4, 13...22: Luc 2, 41-51

 

H O M É L I E

 

            Des trente premières années de la vie de Jésus, nous ne savons presque rien sinon la remarque que firent les gens de Nazareth lorsque Jésus vint y prêcher pour la première fois à la synagogue au début de sa vie publique.  Ils dirent alors: «Mais d'où lui vient cette sagesse? N'est-il pas le fils du charpentier?".  Dans le récit de l’Évangile de Luc que nous venons de lire, une fenêtre nous est brièvement ouverte sur le mystère de ces trente années de vie cachée.

            Nous y apprenons, par Luc, que Marie et Joseph montaient à Jérusalem pour la Pâque chaque année.  C'était donc une famille juive normale, fidèle aux coutumes et aux prescriptions de la Loi.  Lorsque Jésus atteint l’âge de douze ans, son père et sa mère commencent à l'amener avec eux.  Les années précédentes il restait sans doute à Nazareth avec les jeunes de son âge.  Ils font le voyage avec des personnes de leur parenté et leurs connaissances;  et il y a entre eux tous suffisamment de liens étroits et de confiance pour que Marie et Joseph ne se préoccupent pas de ne pas voir Jésus durant toute la première journée du voyage de retour et même la première nuit.  Mais le deuxième jour, se surprenant de ne pas le voir, ils le cherchent et, ne le trouvant pas, ils reviennent à Jérusalem et le cherchent par toute la ville durant trois jours. 

            Lorsqu'ils le trouvent, au Temple, c'est à Marie, en tant que mère, qu'il revient d'exprimer leur surprise, leur reproche et surtout leur douleur.  Dans la toute petite phrase de Marie, il y a plusieurs éléments.  Il y a tout abord la tendresse avec laquelle elle s'adresse à Jésus: "Mon enfant".  Puis vient un reproche sous forme d'interrogation, qui laisse donc la place à une explication possible: "Pourquoi nous as-tu fait cela?"  L'attitude de Jésus semble inexplicable, mais Marie ne la qualifie pas.  Elle parle seulement de "cela" et demande "Pourquoi?".  Ceci vaut un petit traité sur l'éducation.  Dans cette question Marie associe déjà Joseph, montrant les liens profonds qui unissent ce couple extraordinaire.  Car Marie et Joseph sont bel et bien épouse et époux, puisque l'Ange a dit à Joseph de ne pas hésiter à prendre pour épouse Marie, sa fiancée, devenue enceinte.  C’était certainement le couple le plus extraordinaire, à tous les points de vue!  Le titre d’honneur de Joseph a été d’être l’époux de la Mère de Jésus.

            "Pourquoi nous as-tu fait cela?" dit Marie à Jésus.  Pour appuyer son "pourquoi?" elle exprime leur douleur commune.  "Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi."  Et ceci vaut, cette fois, un petit traité sur le dialogue.  En effet, Marie n'exprime pas un jugement sur l'attitude de Jésus mais lui fait connaître sa douleur propre et celle de Joseph.  La réponse de Jésus reste, certes, pleine de mystère, mais elle s'adresse au couple -- Marie et Joseph -- tout comme Marie avait parlé au nom des deux. "Ne saviez-vous pas que c'est chez mon Père que je dois être".  En réalité cette réponse est peut-être plus éclairante pour Joseph que pour Marie.  Elle lui indique que sa paternité à lui -- car il est bien appelé "père" de Jésus, et cela par Marie elle-même -- est la participation à une paternité d'un ordre supérieur.  Le reste du récit continue de ne pas dissocier  Marie et Joseph.  "Ils" ne comprirent pas ce qu'il "leur" disait.  "Ils" retournèrent à Nazareth avec Jésus qui "leur" était soumis.

            Joseph n'est donc pas simplement le témoin d'un mystère qui se passe á côté de lui entre Marie et Jésus.  Son rôle dans l'économie du Salut est d'avoir constitué avec eux une famille exemplaire en étant l'époux de la Mère de Dieu et d'une façon très réelle, quoique toute spéciale, le père de Jésus.