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25 février 2009 – Mercredi
des
Cendres
Joël
2,
12-18;
2
Cor
5,
20
;
6,
2;
Matt
6,
1-6.
16-18 Homélie Dans ce que nous appelons le Sermon
sur
la
montagne,
c’est-à-dire
le
long
discours
par
lequel,
dans
l’Évangile
de
Matthieu,
Jésus
commence
sa
prédication,
il
établit
d’abord
dans
la
série
de
béatitudes
la
charte
fondamentale
du
monde
nouveau
–
du
royaume
des
cieux
--
qu’il
veut
instaurer.
Puis
Jésus
explique
qu’il
n’est
pas
venu
abroger
la
Loi
mais
la
porter
à
sa
plénitude,
et
il
conclut :
« si
votre
justice
ne
dépasse
pas
celles
des
Scribes
et
des
Pharisiens,
vous
n’entrerez
pas
dans
le
royaume
des
cieux ». Que signifie le mot « justice »
dans
ce
contexte ?
Dans
le
langage
et
la
vision
juridique
de
l’époque,
être
juste
consistait
à
être
conforme
aux
préceptes
de
la
Loi,
en
trois
domaines
en
particulier :
l’aumône,
la
prière
et
le
jeûne.
Jésus
dit
donc
à
ses
auditeurs
que
si
leur
aumône,
leur
prière
et
leur
jeûne
ne
dépasse
pas
ceux
des
Pharisiens,
ils
n’entreront
pas
dans
le
Royaume. Serait-ce qu’il les invite à faire plus d’aumônes,
à
réciter
plus
de
prière
et
à
pratiquer
un
jeûne
plus
rigoureux ? Non ! Ce n’est pas
ce
à
quoi
Jésus
nous
appelle.
Et
il
s’explique
tout
de
suite
après,
dans
le
texte
que
nous
venons
de
lire. Lisons le premier verset selon la traduction
de
la
Bible
de
Jérusalem,
qui
rend
beaucoup
mieux
le
sens
du
texte
grec
que
l’adaptation
du
lectionnaire
liturgique.
"Gardez-vous,
dit
Jésus,
de
pratiquer
votre
justice
devant
les
hommes,
pour
vous
faire
remarquer
d'eux".
Et
alors,
il
donne
ses
recommandations
concernant
ce
qui
était
considéré
comme
les
trois
piliers
de
la
justice,
selon
les
Pharisiens :
l’aumône,
la
prière
et
le
jeûne. Dans ces trois domaines,
l’enseignement
de
Jésus
est
un
appel
à
la
vérité
et
à
la
droiture
de
l’intention.
Notre
être
vrai,
notre
vrai
« moi »
à
chacun
de
nous
se
trouve
au
centre
le
plus
intime
de
nous-mêmes,
là
où
nous
recevons
notre
être
de
Dieu,
là
où
nous
sommes
sans
cesse
engendrés
par
le
Souffle
de
vie
de
Dieu.
Autour
de
ce
noyau,
il
y
a
diverses
couches
d’enveloppes
protectrices
–
tous
nos
« egos »
--
et
nous
en
avons
ajouté
plusieurs
pour
mieux
nous
protéger. Si bien que nous courons le danger de toujours
vivre
à
la
superficie
de
notre
être.
Nous
essayons
de
donner
aux
autres
la
plus
belle
image
possible
de
nous-mêmes,
et
nous
nous
complaisons
facilement
dans
cette
image,
étant
d’ailleurs
souvent
plus
dupes
que
ceux
et
celles
qui
nous
entourent. Au sujet de l’aumône,
Jésus
met
en
garde
de
la
pratiquer,
soit
pour
se
faire
remarquer
par
les
autres,
soit
même
pour
se
donner
bonne
conscience.
Moins
la
chose
sera
publique,
moins
on
sera
conscient
soi-même
de
sa
propre
générosité,
le
mieux
ce
sera,
car
la
seule
chose
qui
compte
vraiment
est
la
motivation
profonde,
qui,
de
sa
nature
même,
est
secrète
à
tous,
y
compris
à
nous-mêmes
et
que
seul
le
Père
voit
dans
le
secret. De même pour la prière.
Si
nous
prions
pour
nous
faire
remarquer
–
soit
des
autres,
soit
de
nous-mêmes,
soit
même
de
Dieu,
nous
avons
déjà
reçu
notre
récompense. Notre prière ne va pas plus loin. La vraie prière est dans le secret du coeur :
ce
n’est
pas
celle
qu’on
pourrait
prétendre
enseigner,
ni
celle
qui
procure
de
beaux
et
chauds
sentiments,
ni
celle
qui
peut
se
soupeser. C’est la prière toute nue, tout intérieure,
au-delà
des
gestes
ou
des
paroles
qui
peuvent
l’exprimer
et
que
personne
autre
Dieu
ne
peut
entendre,
même
pas
nous-mêmes.
C’est
sans
doute
d’elle
que
voulait
parler
saint
Antoine
d’Égypte
qui
affirmait
que
la
prière
n’est
pas
encore
pure
aussi
longtemps
que
l’on
a
conscience
de
prier. L’évangéliste Matthieu
introduit
ici
le
texte
du
Pater
et,
dans
un
passage
qui
vient
tout
de
suite
après,
qui
était
certainement
le
troisième
élément
du
triptyque
(dont
nous
venons
de
voir
les
deux
premiers)
Jésus
donne
le
même
enseignement
concernant
le
jeûne. Puisse ce Carême nous
aider,
chacun
de
nous,
à
nous
délester
de
quelques
couches
supplémentaires
de
notre
ego,
pour
nous
permettre
de
vivre
avec
une
vérité
toujours
plus
grande
tous
les
aspects
de
notre
vie,
et
pénétrer
ainsi
toujours
plus
profondément
dans
la
vie
intérieure,
laquelle
consiste
à
être
en
contact
aussi
constant
que
possible
avec
ce
point,
au
coeur
de
notre
être,
où
se
tient,
en
secret,
l’échange
de
Parole
qui
nous
engendre
sans
cesse
à
la
Vie. Armand VEILLEUX
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Autre homélie pour le même jour |
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