17 février 1999 -- Mercredi des Cendres
Gen 2,12-18; 2 Cor 5,20-6,2; Mt 6,1-6;16-18

 

H O M É L I E

La plupart d'entre nous avons une idée assez précise de la conversion dont ont besoin ceux qui nous entourent. S'ils avaient simplement l'humilité ou le bon sens de nous le demander, nous pourrions facilement leur dire tout ce qu'il y a à améliorer ou à corriger dans leur conduite et dans leur vie! Mais peut-être pourraient-ils nous rendre le même service... Alors, pourquoi ne profiterions-nous pas de ce temps de Carême, qui commence, pour nous écouter mutuellement, pour un temps d'appel mutuel à la conversion?

À première vue, cela peut sembler opposé à l'Évangile d'aujourd'hui, dans lequel Jésus nous invite à agir non pas en fonction de ce que les autres pensent ou disent, mais simplement en fonction de notre Père dans les cieux. Mais Jésus ne nous invite certainement pas à une attitude par laquelle nous ne porterions aucune attention à ce que les autres pensent ou ressentent.

Lorsque nous disons parfois: "Je ne me soucie aucunement de que les autres pensent..." ce que nous voulons dire, en général c'est: "Je ne donne pas d'importance à leurs critiques, à leurs exigences, à leurs demandes." Mais la vérité est que nous continuons, en même temps de donner beaucoup d'importance à leur appréciation, à leur affirmation, à leur estime de ce que nous sommes et que nous faisons. L'opinion publique a une influence très forte dans la vie moderne. Elle peut faire tomber un gouvernement, ou briser une carrière politique. Elle peut aussi avoir une grande influence sur une vie communautaire.

Ce que Jésus nous dit dans l'Évangile d'aujourd'hui c'est: "Tenez-vous debout sur vos propres pieds ". Et surtout : " Tenez-vous debout devant votre Père. N'agissez pas en vue d'être loués; et n'estimez pas votre valeur personnelle à partir de ce que les gens pensent de vous." Mais nous demeurons, en même temps, liés par l'obligation évangélique du support mutuel et de la correction mutuelle.

Lorsque nous recevons les Cendres, comme nous le ferons dans un instant, nous accomplissons un geste symbolique. Par ce geste, nous proclamons publiquement que nous nous reconnaissons pécheurs et que nous voulons nous repentir et nous corriger de nos fautes. Ce geste public est donc en quelque sorte un appel à l'aide. Il serait illogique si, après cela, je m'offensais chaque fois que quelqu'un me suggère que je pourrais peut-être améliorer tel ou tel de mes comportements!

La réception des Cendres est un acte par lequel nous disons publiquement:

Dieu, je suis pécheur et je désier la grâce de la conversion de mon coeur.
Soeurs et frères, je suis pécheur, et j'ai besoin de votre aide.