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9 avril 2000 – 5ème dimanche de Carême
"B" H O M É L I E Le texte de Jérémie que nous avons entendu dans la
première
lecture
de
la
Messe
est
l'un
des
plus
beaux
de
la
bible
sur
la
conversion.
Tout
d'abord
il
décrit
celle-ci
non
pas
comme
un
simple
changement
de
comportement,
ou
comme
le
remplacement
d'un
"ego"
par
un
autre
"ego",
mais
comme
un
changement
profond
du
coeur.
Et
par
ce
changement
de
coeur
il
faut
entendre
non
seulement
un
coeur
plus
pur,
un
coeur
qui
désire
de
plus
belles
choses,
mais
bien
un
coeur
qui
soit
si
profondément
imprégné
de
l'Esprit
de
Dieu
qu'il
désire
spontanément
tout
ce
que
Dieu
lui-même
désire.
"Je
mettrai
ma
Loi
au
plus
profond
d'eux-mêmes;
je
l'inscrirai
dans
leur
coeur...
Ils
n'auront
plus
besoin
d'instruire
chacun
son
compagnon...
Car
tous
me
connaîtront,
des
plus
petits
jusqu'aux
plus
grands." Il s'agit d'une obéissance "radicale"
à
Dieu.
Radicale,
puisque
c'est
l'obéissance
à
partir
de
la
racine
(radix)
même
de
notre
être.
Mais comment Dieu réalise-t-il ce changement?
Comment
nous
enseigne-t-il
sa
loi?
Comment
apprenons-nous
l'obéissance?
--
Il
n'y
a
pas
d'autre
voie
que
celle
que
le
Christ
nous
a
enseignée;
celle
qu'il
a
lui-même
utilisée. La Lettre aux Hébreux nous parle de
ses
prières
"avec
un
grand
cri
et
dans
les
larmes",
ajoutant
qu'il
"a...
appris
l'obéissance
par
les
souffrances
de
sa
passion". N'avons-nous pas tous fait l'expérience que
les
choses
les
plus
importantes
de
la
vie
sont
apprises
par
la
souffrance
beaucoup
plus
que
par
toute
une
vie
d'étude?
Le
texte
ajoute
aussi
que
le
Christ
est
devenu
une
source
de
salut
pour
tous
ceux
qui
lui
obéissent.
Nous
sommes
donc
appelés
à
lui
obéir,
tout
comme
il
a
lui-même
obéi
au
Père,
de
la
même
manière
radicale,
c'est-à-dire
par
une
remise
radicale
de
tout
notre
être
entre
ses
mains.
Et
comment
pouvons-nous
apprendre
l'obéissance
si
ce
n'est
comme
Il
l'a
fait
lui-même,
c'est-à-dire
à
travers
la
souffrance? C'est pourquoi il nous dit dans l'Évangile:
"Si
le
grain
de
blé
tombé
en
terre
ne
meurt
pas,
il
reste
seul;
mais
s'il
meurt,
il
donne
beaucoup
de
fruit. Celui qui aime sa vie la perd;
celui
qui
la
perd
en
ce
monde
la
garde
pour
la
vie
éternelle." Quel est ce sens de cette petite phrase énigmatique que nous retrouvons
un
certain
nombre
de
fois
dans
l'Évangile
(sous
des
formes
légèrement
différentes):
"celui
qui
aime
sa
vie
la
perd;
celui
qui
perd
sa
vie
en
ce
monde
la
sauve
pour
la
vie
éternelle"?
Sauver
sa
vie
veut
dire
y
tenir,
s'y
accrocher
par
peur
de
la
mort. Perdre la vie veut dire: lâcher prise, se détacher,
accepter
de
mourir.
Le
paradoxe
est
que
celui
qui
craint
la
mort
est
déjà
mort;
alors
que
celui
qui
n'a
plus
peur
de
la
mort
a
déjà
commencé
de
vivre
en
plénitude. Mais pourquoi faudrait-il que quelqu'un
soit
prêt
à
souffrir
et
à
mourir?
Cela
a-t-il
du
sens?
Le
mot-clé
ici
est
"compassion"
(souffrir
avec).
La
chose
que
Jésus
voulait
absolument
détruire
était
la
souffrance
et
la
mort:
la
souffrance
du
pauvre
et
de
l'opprimé,
la
souffrance
du
malade,
la
souffrance
et
la
mort
de
toutes
les
victimes
de
l'injustice. La seule façon de détruire la souffrance est
de
renoncer
à
toutes
les
valeurs
de
ce
siècle...
et
d'en
souffrir
les
conséquences.
Seule
l'acceptation
de
la
souffrance
peut
vaincre
la
souffrance
dans
le
monde. La compassion peut détruire la souffrance en souffrant avec
ceux
qui
souffrent
et
en
leur
nom.
Une
sympathie
pour
le
pauvre
qui
ne
serait
pas
prête
à
partager
ses
souffrances
serait
une
émotion
stérile.
On
ne
peut
avoir
part
aux
bénédictions
des
pauvres
sans
être
prêt
à
partager
leurs
souffrances.
On
peut
dire
la
même
chose
de
la
mort. C'est précisément cela que Jésus a
fait
pour
nous.
C'est
ce
dont
nous
ferons
mémoire
durant
les
prochaines
semaines.
Puisons
dans
l'Eucharistie
la
force
de
suivre
ses
pas. Armand
VEILLEUX
|
Même homélie en
Autre homélie pour le même dimanche 2003
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