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1 mars
2009
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1er
dimanche
de
Carême
B Homélie Alors que les Évangélistes Matthieu
et
Luc
s’efforcent
de
bien
situer
l’événement
Jésus
dans
le
temps,
Marc
s’attache
à
le
situer
dans
l’espace.
Jésus
vient
de
Galilée
en
Judée
pour
se
faire
baptiser
au
bord
du
Jourdain
et
il
repart
pour
la
Galilée
où
se
développera
l’essentiel
de
sa
prédication,
avant
de
revenir
à
Jérusalem
pour
y
mourir.
Le
Jourdain
est
le
fil
conducteur
de
ces
récits,
tout
comme
il
est
le
lien
physique
entre
le
lac
de
Galilée
à
la
Mer
Morte
près
de
Jéricho.
Le
passage
du
Jourdain
avait
été,
au
temps
de
Josué
le
moment
de
la
naissance
du
nouveau
Peuple
d’Israël
en
Terre
Promise. Le très bref texte de Marc que nous
venons
de
lire
parle
de
l’Esprit
–
l’Esprit
qui
est
descendu
sur
Jésus
au
moment
de
son
baptême
et
qui
le
pousse
tout
de
suite
au
désert
où,
durant
quarante
jours
il
sera
tenté
par
Satan.
Il
y
était
avec
les
bêtes
sauvages
mais
aussi
avec
les
anges
qui
le
servaient.
Essayons de déchiffrer ce langage symbolique.
Tout
d’abord,
il
ne
s’agit
certainement
pas
d’un
désert
géographique,
et
les
quarante
jours
en
question
ne
sont
pas
des
jours
de
vingt-quatre
heures,
pas
plus
que
les
six
jours
de
la
création
dans
la
Genèse.
Ce
désert
et
ces
quarante
jours
rappellent
les
quarante
ans
du
peuple
juif
dans
le
désert
du
Sinaï
avant
de
pénétrer
dans
la
Terre
Promise. Ils désignent toute la période de la
vie
publique
de
Jésus
jusqu’à
son
retour
à
Jérusalem
pour
sa
Pâque.
Satan ne désigne pas ici un être individuel
particulier,
mais
il
s’agit
de
la
personnification
des
forces
du
mal.
Le
tentateur
qui
mettra
sans
cesse
Jésus
à
l’épreuve
durant
cette
longue
période
de
désert
ce
sera,
en
Marc,
les
Pharisiens
qui
le
mettront
sans
cesse
à
l’épreuve. Les bêtes sauvages au milieu desquels Jésus
vit,
dans
ce
désert,
ce
sont
non
seulement
les
Pharisiens,
mais
aussi
les
scribes
et
les
docteurs
de
la
Loi,
qui
s’acharnent
contre
lui
jusqu’à
le
faire
mourir.
Les
anges
qui
le
consolent
sont
toutes
les
femmes
et
les
hommes
qui
le
suivent
dans
ses
tournées,
et
qui
veillent
à
ses
besoins.
Jésus quitte donc la Judée et Jérusalem,
le
centre
de
la
religion
établie
--
le
centre
du
pouvoir
--
pour
se
retirer
en
Galilée,
aux
confins
des
nations
païennes,
appelée
d’ailleurs
la
Galilée
des
Nations. Les tentations auxquelles il sera soumis
au
cours
de
ses
années
de
vie
publique,
par
les
Pharisiens
qui
lui
tenderont
des
pièges,
seront
toutes
des
tentations
visant
à
diviser
et
à
séparer
ce
que
Jésus
et
son
Père
veulent
unir.
La première épreuve ou tentation
consiste
à
savoir
si
Dieu
est
le
Dieu
de
tous
ou
seulement
des
Juifs.
En
Marc,
en
effet,
Jésus
opère
deux
multiplications
des
pains :
l’une
en
Judée
(avant
son
départ
pour
la
Galilée),
donc
en
territoire
juif
(Marc
6)
et
une
dans
la
région
de
Tyr,
parmi
les
païens
(Marc
8). La première ne crée pas de problème aux Pharisiens,
mais
la
deuxième
leur
fait
scandale.
Ils
demandent
à
Jésus
un
« signe
venant
du
ciel »
qui
justifierait
cette
ouverture
aux
païens.
Jésus
se
refuse
à
leur
donner
un
signe
autre
que
ceux
qui
sont
déjà
visibles.
La deuxième épreuve concerne
l’égalité
de
l’homme
et
de
la
femme
dans
le
plan
de
Dieu.
En
Marc
10,
ils
s’approchent
de
Jésus
et
lui
demandent
s’il
est
permis
à
un
homme
de
répudier
sa
femme.
Ils
lui
demandent
donc,
implicitement,
s’il
confirme
la
Loi
ancienne
qui
permet
à
l’homme
de
répudier
sa
femme,
mais
pas
à
la
femme
de
répudier
son
mari.
En
affirmant
l’indissolubilité
du
mariage,
Jésus
rétablit
à
la
femme
les
mêmes
droits
qu’à
l’homme. La troisième épreuve concerne
le
tribut
(ou
l’impôt
à
payer
à
César).
Ils
veulent
lui
faire
choisir
entre
Dieu
et
César. Jésus ne choisit pas, car Dieu et César ne sont
pas
sur
le
même
pied.
Obéissez,
leur
dit-il,
à
Dieu
dans
les
choses
de
Dieu
et
à
César
dans
les
choses
de
César. Ce qui ressort de toutes ces épreuves
ou
tentations,
c’est
que
toute
division,
toute
ségrégation,
toute
séparation
vient
de
Satan.
L’union,
l’entente,
l’acceptation
de
l’autre
et
la
coopération
viennent
de
l’Esprit
de
Dieu,
qui
est
un
esprit
d’union
et
de
communion. Pour nous, comme pour Jésus, nos quarante
jours
d’existence,
c’est-à-dire
notre
vie,
se
passe
dans
le
désert
de
ce
monde.
Nous
y
sommes
avec
les
bêtes
sauvages,
c’est-à-dire
toutes
les
tentations
de
division
et
de
repli
sur
nous-mêmes
et
nous
y
sommes
consolés
par
tous
ceux
qui
travaillent
à
l’unité
et
à
l’harmonie
au
sein
de
la
grande
famille
humaine. C’est l’Esprit que nous avons reçu
au
baptême
et
à
la
confirmation
qui
nous
envoie
dans
ce
désert
qu’est
notre
monde
pour
qu’à
la
suite
de
Jésus,
par
notre
victoire
sur
toutes
les
forces
de
division
et
de
séparation
nous
fassions
notre
petite
part
pour
assurer
la
victoire
définitive
des
forces
de
l’amour
sur
les
forces
du
mal
et
pour
établir
ici-bas
le
royaume
de
son
Père. Armand VEILLEUX |
Autre homélie pour le même dimanche 2006 2003
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