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30 mars 2014 – Chapitre à la Communauté de Scourmont
Les
conférences régionales (Commentaire de
la Constitution 81)
Il y a deux semaines, à l’approche de
la visite de l’Abbé Général, j’ai commenté le numéro des Constitutions
concernant l’Abbé Général. Étant donné
que nous aurons cette semaine la réunion de la Conférence régionale CNE, je
vais commenter aujourd’hui la Constitution 81 qui traite des Conférences
régionales.
Je crois important de noter, au point
de départ, qu’il ne s’agit pas simplement d’une question d’organisation
administrative. Cette Constitution se trouve dans la troisième partie de nos
Constitutions, qui traite de l’exercice de la cura pastoralis (soin
pastoral) collégiale sur l’ensemble de l’Ordre. Il est dit, dès le début de
cette partie des Constitutions, que l’ensemble des supérieurs et supérieures de
l’Ordre exerce, collégialement, une responsabilité pastorale non seulement dans
leurs maisons respectives, mais dans l’ensemble de l’Ordre. Ils le font à travers les organes
traditionnels comme le Chapitre Général et le système de filiation et de
Visites Régulières, mais aussi, à notre époque, à travers les Régions.
Voici le texte de cette Constitution :
C. 81 Les conférences régionales
Les communautés de l'Ordre sont regroupées en régions approuvées par le
Chapitre Général. Les conférences régionales stimulent la communion et la
coopération fraternelle dans chaque zone géographique et dans l'Ordre entier.
ST 81.A
De telles réunions
de supérieur(e)s et de délégué(e)s sont très utiles pour la
préparation de la Commission Centrale et du Chapitre Général. Elles donnent en
outre l'occasion de traiter de questions actuelles ou d'intérêt commun, même si
elles ne concernent pas l'Ordre en son entier.
ST 81.B
Chaque conférence régionale est représentée
par un supérieur ou une supérieure élu(e) par elle, (cf. ST 80.B.d et
d.bis) à la Commission Centrale, à moins qu'il n'en ait été
décidé autrement au moment de son approbation (Ch. Gl 2002, vote 98), et peut envoyer un délégué non-supérieur au Chapitre Général.
ST 81.C
Ces conférences
régionales, par leurs relations réciproques, instituent entre des nations et
des peuples divers un dialogue qui est de nature à faire estimer davantage le
patrimoine commun de l'Ordre.
Avant de
commenter ce texte, faisons un peu l’histoire de cette nouvelle institution au
sein de notre Ordre. J’ai déjà fait et publié cette histoire il y a une dizaine
d’années (en 2003), au moment où l’on a procédé à une nouvelle répartition des
régions en Europe. ( http://ads.scourmont.be/Armand/writings/regions.htm ). Je ne la reprendrai pas ici. En voici quand même quelques éléments.
Les régions sont apparues dans l'Ordre de façon spontanée à partir des environs
de 1960. C'est d'ailleurs au Chapitre Général de 1960 qu'il est question
pour la première fois de réunions informelles d'abbés. On en reconnaît
l'existence, non sans faire une mise en garde. On ne voudrait pas qu’elles
deviennent des sortes de mini chapitres et favorisent un régionalisme. La
décision de ce Chapitre de 1960 formule deux principes dont l'un restera
inchangé jusqu'à aujourd'hui et l'autre connaîtra une évolution lente mais
constante. Le premier principe est qu'il s'agit de libres réunions de
supérieurs pour partager leur expérience pastorale. Personne n'est obligé
de participer à une Conférence régionale et tout supérieur peut se joindre à
celle de son choix s'il y est accepté. Il faut se souvenir qu’on est alors
en pleine réforme conciliaire de l’Église et de l’Ordre. Il n’était pas
toujours facile aux supérieurs – aussi bien les anciens que les nouveaux – de se
situer face à tous les mouvements qui secouaient non seulement l’Église mais
aussi leurs communautés. Ils sentaient le besoin de s’entraider et de se
conseiller mutuellement. On pouvait trouver auprès de confrères et de consoeurs
de la même région ou du même pays, qui vivaient des situations semblables un
support et un éclairage qu’on ne pouvait pas chercher dans le Chapitre Général,
d’ailleurs moins fréquent.
Par ailleurs, le second principe
voulant que le Chapitre Général ne reconnaisse aucun caractère officiel à ces
assemblées évoluera. Sans jamais en faire une "structure" de
l'Ordre, on leur reconnaîtra par la suite, et de diverses façons, un
"caractère officiel". Dans le long travail de renouveau de l’Ordre et
de réforme de ses Statuts, qui aboutira au texte définitif de nos nouvelles
Constitutions approuvées par le Saint Siège en 1990, les régions ont joué un
rôle capital. Elles sont actuellement
une dimension essentielle de la vie de l’Ordre.
La Constitution 81 est le point d’arrivée d’une évolution qui a duré trente ans.
On ne parle plus simplement de réunions libres de supérieurs, mais bien
de "régions" regroupant les communautés de l'Ordre, et ces régions
sont liées à des zones géographiques, même si personne n'est réellement
obligé d'appartenir à une région plus qu'à une autre.
Selon cette Cst 81 et les statuts 81.A et 81.C, les conférences régionales sont
d'utiles moments de communion, de réflexion et d'échanges. Par ailleurs
le statut 81.B lie les régions à deux structures importantes de l'Ordre, la
Commission Centrale et le Chapitre Général, en prévoyant que chaque Conférence
est représentée à la Commission Centrale par un supérieur et qu'elle peut
envoyer au CG un délégué non supérieur.
Le Statut 81C introduit
un élément intéressant : « Ces conférences régionales, par leurs
relations réciproques, instituent entre des nations et des peuples divers un
dialogue qui est de nature à faire estimer davantage le patrimoine commun de
l'Ordre. » Alors que l’on aurait pu craindre que ces Conférences
créent dans l’ordre un certain « régionalisme » qui isole les
monastères, est sont au contraire une organe de
communion entre les régions et les cultures, incarnant chacune différemment le
même charisme cistercien.
Il faut voir dans les
Régions de l’Ordre une structure née de la vie, répondant à une situation
historique particulière et qui est désormais un élément essentiel de la
communion entre les communautés (et non seulement entre les supérieurs) au sein
de notre Ordre.
Armand Veilleux
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