6 décembre 2007 –
Jeudi de la 1ère sem. de l’Avent
Isaïe 26,
1-6 ; Matt. 7, 21. 24-27
Monastère de
Mokoto, Rép. Dém. du Congo
Homélie
Les
quelques versets d’Évangile que nous venons de lire sont la fin de ce que nous
appelons le Sermon sur la Montagne, ce long discours dans lequel Matthieu
rassemble tous les plus importants éléments de l’enseignement de Jésus. Après ces quelques versets, Matthieu ajoute
une conclusion, que nous n’avons pas lue et qui est : « Quand Jésus eut achevé ces discours, les foules
étaient frappées de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui
a autorité, et non pas comme leurs scribes. »
Le Sermon
sur la Montagne avait commencé, évidemment, avec les Béatitudes :
« Bienheureux les pauvres, les miséricordieux, les artisans de paix, ceux
qui souffrent... ». Chacune de ces Béatitudes étaient un appel à l’action
adressé aux disciples afin que la pauvreté, la tristesse et la guerre puissent
être éradiquées de la société, à travers leur amour actif. Ensuite Jésus avait demandé à ses disciples
quelque chose de beaucoup plus radical que ce que la Loi exigeait. « On vous a dit... je vous dis. »
« On vous a dit d’aimer votre prochain, je vous dis d’aimer vos ennemis...
Si quelqu’un vous demande votre chemise, donnez-lui aussi votre manteau.
Et cela
avait conduit à l’enseignement de Jésus sur l’hypocrisie, c’est-à-dire la
recommandation de ne faire aucun acte de religion qui ne corresponde pas à la
vérité de la vie. Toutes les pratiques
religieuses sont absolument inutiles, si l’on ne pratique pas les Béatitudes,
si l’on ne nourrit pas les affamés, si l’on ne console pas les affligés, si
l’on n’aime pas ses ennemis, etc.
Et tout
cela avait conduit à la conclusion de ce long discours, que nous avons dans
l’Évangile d’aujourd’hui. Veillez,
recommande Jésus, à construire votre maison sur des bases solides et non pas
sur le sable. La maison construite sur
le roc, c’est celle de l’homme qui, dit Jésus, « écoute mes paroles
(c’est-à-dire tout l’enseignement qui a précédé) et les fait passer dans ses
actions ». À l’opposé, la maison
construite sur le sable et celle de l’homme qui dit : « Seigneur,
Seigneur », qui peut même prophétiser au nom de Jésus, qui peut même
chasser les démons et faire de miracles au nom de Jésus, mais ne vit pas dans
sa vie de tous les jours, spécialement dans ses relations avec les autres les
demandes radicales du Sermon sur la Montagne.
L’Avent
est pour chacun de nous le temps de vérifier sur quelle sorte de fondements
notre maison est construite.
Armand Veilleux
.
7 décembre 2007 – Vendredi
de la 1ère sem. de l’Avent
Isaïe 29, 17-24 ;
Matt. 9, 17-31
Monastère de
Mokoto, Rép. Dém. du Congo
Homélie
Le lectionnaire liturgique qui est très riche en ce Temps
de l’Avent, ne nous donne pas simplement quelques brefs textes à méditer. Il nous donne plutôt quelques points de
repère pour guider notre lectio divina.
Ainsi,
dans la première lecture de la messe de chaque jour, nous parcourons très
rapidement le Livre d’Isaïe. Ces
quelques textes peuvent être évocateurs, mais il est impossible d’en percevoir
tout le sens, sans les resituer dans leur contexte. C’est donc tout le Livre d’Isaïe qu’il faut
relire durant ce Temps de l’Avent, avançant au rythme du Lectionnaire. (Nous y
arrivons facilement en lisant quelques chapitres par jour).
Isaïe
vivait dans un moment difficile. Il sait
rappeler au roi et au peuple leurs péchés, les avertir de la punition divine,
les mettre en garde contre les alliances dangereuses avec les peuples
païens ; mais il sait aussi
annoncer des jours meilleurs pour Jérusalem dans des textes qui ont toujours
été interprétés dans l’Église comme des prophéties messianiques.
Dans
la lecture d’Isaïe que nous avons aujourd’hui, nous avons d’ailleurs la
prophétie à laquelle Jésus s’est lui-même référé lorsque Jean-Baptiste lui
envoya demander par ses disciples : « Es-tu bien celui qui doit
venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Jésus répondit simplement : allez dire à
Jean ce que vous avez vu : « Les boîteux marchent, les sourds
entendent, les aveugles voient et la Bonne Nouvelle est annoncée aux
pauvres. »
Durant
ce début de l’Avent, de la même manière que nous parcourons rapidement le Livre
d’Isaïe, dans les lectures de la Messe, de même nous parcourons rapidement le
début de l’Évangile de Matthieu. Hier
nous avions la conclusion du Sermon sur la Montagne, comme sorte de résumé de
ce long discours. En Matthieu, ce
discours est suivi du récit de dix miracles.
Aujourd’hui nous lisons le récit d’une de ces miracles, comme résumé de
toute cette section. Il s’agit du miracle des deux aveugles, guéris à cause de
leur foi, et à qui Jésus recommande de ne rien dire, mais qui se mettent
bientôt à le crier sur les toîts.
Demandons
au Seigneur une foi semblable, afin d’être guéris, nous aussi, de tous nos
aveuglements.
Armand Veilleux