30 novembre 2007 – Fête de saint André
Rom 10, 9-18; Mat 4, 18-22
H O M É L I E
Lorsque
les disciples ont tout quitté pour suivre Jésus, ils ont pris un grand
risque. D'autres prophètes étaient venus
peu auparavant qui avaient prétendu être le Messie, et plusieurs les avaient
suivis, pour se rendre compte par la suite qu'ils s'étaient trompés. Les disciples de Jésus eurent plus de
chance; celui qu'ils suivirent était le
vrai Messie. En conséquence, ils se
rappelèrent souvent, plus tard, le moment où ils avaient entendu leur premier
appel, et ils l'embellirent sans doute quelque peu. Chacun des Évangélistes
raconte d'une façon personnelle ce premier appel et le situe dans un contexte
différent. Ils tendent à donner
l'impression que leur réponse fut immédiate et définitive. En réalité, ils hésitèrent considérablement
et n'abandonnèrent définitivement leurs occupations qu'après la
Résurrection. Mais en télescopant les
événements dans un épisode unique, ils veulent souligner deux points
essentiels. Le premier est la capacité
de l'appel de Dieu, une fois qu'il est entendu, de mobiliser toutes les
énergies humaines. Le second est
l'autorité avec laquelle Jésus choisit ses disciples.
La
façon dont Jésus appelle ses disciples à le suivre est caractéristique du
nouveau style que ce jeune rabbi veut adopter.
Il ne les réunit pas autour de lui comme faisaient de son temps les
autres rabbis et les chefs d'écoles. Il
ne sera pas un maître à penser assis sur sa chaire, avec des auditeurs fervents
assis à ses pieds. Il sera un rabbi
itinérant, toujours en route vers les pauvres et les errants. De ses disciples il ne demandera pas tant des
oreilles attentives et un regard enthousiaste, que la volonté de voyager,
d'aller vers l'autre, le courage de rencontrer l'autre à la limite
extrême. L'évangélisation ne sera pas
l'affaire de circuits fermés ou de personnes assemblées dans un même état
d'esprit autour d'un maître commun. Elle
consistera plutôt à sortir de soi pour rencontrer l'autre.
Après
la Résurrection et la Pentecôte les deux frères Pierre et André partirent dans
des directions différentes pour porter la Bonne Nouvelle. Ils seront tous les deux pêcheurs
d’hommes ; c’est-à-dire non pas qu’ils se feront des disciples pour
eux-mêmes, mais qu’ils conduiront des foules de disciples à la suite du
Christ. Comme leur maître, tous deux
mourront crucifiés, Pierre à Rome et André à Patras, en Grèce.
Demandons
pour chacun de nous la grâce de tout quitter pour suivre le Christ et annoncer
son Évangile à travers le témoignage de notre vie.
Armand Veilleux