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28 juillet 2007 -- 17ème
dimanche "C" Gen 18, 20-32; Col 2, 12.14; Luc 11, 1-13 H O M É L I E Dans la section de l’Évangile de Luc
que nous lisons depuis plusieurs dimanches, celui-ci décrit la montée
de Jésus vers Jérusalem et y place des événements que les autres évangélistes
ont placés à d’autres moments de la vie de Jésus.
On trouve aussi en cette section des récits que Luc est le seul
à raconter. Ce qui était le cas
de l’évangile du Bon Samaritain d’il y a quinze jours celui de Marthe
et Marie de dimanche dernier. Dans
le texte que nous venons de lire, Luc rapporte deux enseignements de
Jésus sur la prière que nous avons aussi en Matthieu, c’est-à-dire le
Pater et l’exhortation : « demandez et vous recevrez... etc. »
Et, entre ces deux enseignements Luc place un autre enseignement de
Jésus, qu’il est le seul à raconter : celui de l’ami importun.
Arrêtons-nous un peu à ce morceau. Ce texte est intéressant d’abord, parce
qu’il nous montre un aspect de la personnalité de Jésus qui n’apparaît
pas souvent dans les Évangiles. On
y voit un Jésus un peu enjoué, manifestant un bon sens de l’humour,
et se payant gentiment la tête de ses auditeurs.
D’habitude Jésus utilise les paraboles comme sa méthode privilégiée
d’enseigner. Une parabole est une histoire inventée, à la
fin de laquelle chaque auditeur est amené à s’identifier avec l’un ou
l’autre des personnages et à en tirer une leçon.
Ici, Jésus ne raconte pas de parabole.
Il parle directement à ses auditeurs et leur dit. « Supposons
que vous ayez un ami qui vient vous embêter durant la nuit. » Jésus
imagine donc une scène qui se passerait entre amis,
et non pas entre étrangers et encore moins entre ennemis. Donc « supposons – dit Jésus – que vous
ayez un ami qui reçoit un autre ami durant la nuit et qui, n’ayant rien
chez lui à lui offrir, vient vous réveiller au beau milieu de la nuit
pour vous emprunter trois pains ».
Qu’allez-vous faire ? Probablement
vous allez lui-dire « Ce n’est quand même pas une heure pour déranger
les gens. Fous-moi la paix ! Toute la famille est
déjà au lit et endormie ». Et
puis évidemment, l’autre va continuer d’insister, comme on le fait entre
amis, et finalement vous allez lui donner ce qu’il demande, non pas
parce que c’est un ami, mais simplement pour vous en débarrasser. On
peut d’ici voir les auditeurs de Jésus hocher la tête en
souriant, pour avouer que c’est bien ainsi que les choses se passeraient.
Et Luc enfile alors un autre enseignement
de Jésus, absolument du même genre (que Matthieu rapporte aussi). Si
le fils d’un d’entre vous – leur dit-il -- vous demande un poisson,
est-ce que vous allez par hasard lui donner un serpent qui va le mordre ?
et s’il vous demande un œuf, est-ce que vous
allez lui donner un scorpion qui va le piquer ? Évidemment non.
Et la conclusion de ces deux interpellations
de Jésus est directe : « Si vous, qui êtes mauvais, vous savez
donner de bonnes choses à vos enfants, à plus forte raison votre père
qui est dans les cieux... » Ici le texte de saint Luc est différent
de celui de Matthieu. Selon Matthieu,
Jésus dit : « à plus forte raison votre père qui est dans
les cieux donnera-t-il de bonnes choses à celui qui les lui demande ». Selon Luc il dit plutôt : « à plus
forte raison votre père des cieux donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » Le but de la prière n’est donc pas
d’obtenir de Dieu la satisfaction de tous nos désirs et encore moins
de tous nos caprices. C’est plutôt d’entrer en communion avec Dieu,
de façon à avoir un même Esprit avec Lui et d’arriver ainsi à connaître
ce que nous devons faire, et comment nous devons agir.
En tant que créatures intelligentes, nous avons la responsabilité
de nous gérer nous-mêmes et de gérer l’environnement dans lequel nous
vivons. Nous ne devons pas demander à Dieu de le faire
à notre place. Mais nous devons
lui demander l’intelligence, l’esprit – son esprit, l’Esprit Saint – qui nous permettra de prendre, tout au long de notre
vie les bonnes décisions. Nous demanderons alors, comme nous
le disons dans le Pater que vienne sur cette terre un règne de justice
et d’amour, et nous nous efforcerons de faire notre petite part pour
le réaliser. Nous nous préoccuperons de notre pain de chaque jour (mais non pas d’accumuler
des fortunes colossales) et nous travaillerons à ce que cela se réalise
aussi pour chaque être humain. Nous
nous efforcerons de pardonner, et nous éviterons la tentation du triomphalisme.
Notons aussi que toutes les demandes du Pater concernant nos besoins
sont formulées au pluriel. Le « Notre Père », la prière enseignée
par Jésus se résume donc à deux choses : la demande que la mission de l’Église pour l’établissement
sur terre d’un règne de communion et de justice soit efficace et la
demande que nous, les Chrétiens, soyons toujours plus dignes de ce nom,
travaillant à ce que notre monde soit toujours plus un monde de frères
et de soeurs.
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