28 mars 1999 -- Dimanche des Rameaux "A"

H O M É L I E

 

Le meilleur commentaire possible de ce récit de la Passion, nous le trouvons dans l'admirable chapitre 2 de la lettre de Paul aux Philippiens, que nous avons lu comme deuxième lecture. Il s'agit d'un hymne christologique qui nous trace en quelques lignes un tableau grandiose de tout le mystère pascal que nous célébrons cette semaine. Et il est très important pour nous de ne jamais perdre de vue tous les éléments de ce mystère pascal, qui comprend, inséparablement, la passion du Chist et sa Résurrection.

Paul nous dit que le Christ, qui était dans la condition divine, n'a pas jugé devoir retenir cette condition comme un droit. Il s'est dépouillé, il s'est anéanti, se faisant obéissant jusqu'à la mort sur la croix. Et c'est, dit-il, précisément parce qu'il a renoncé à faire valoir tout droit, qu'il a pu tout recevoir comme don, et que le Père l'a resuscité et lui a fait la grâce, le don, d'être appelé Seigneur, Kurios.

Dans notre liturgie chrétienne, nous ne célébrons jamais un Chist mort. Nous célébrons toujours le Christ ressuscité, le Christ qui est passé par la mort mais que le Père a ressuscité, et qui est assis à la droite du Père intercédant pour nous. Et c'est pourquoi ce mystère demeure toujours pour nous le fondement de notre espérance.

De plus, dans la liturgie, nous célébrons non seulement Jésus dans ses trente-trois ans de vie humaine, mais le Ressuscité qui, depuis sa résurrection, continue d'être incarné en tout homme et en toute femme, et tout particulièrement en toute personne qui souffre. Au cours de cette Semaine Sainte, nous ne pouvons pas oublier, en particulier, les peuples des Balkans, Serbes et Kosovars, victimes de la folie guerrière -- aussi bien celle de leurs chefs respectifs que celle des puissances étrangères qui continuent, à l'encontre de toutes les évidences de l'histoire, de penser qu'on peut mâter la violence par une plus grande violence.

Quant à nous, réunis ici ce matin, nous ne vivons pas de tels drames. Nous rencontrons tous cependant, à un moment où l'autre, sous une forme ou sous l'autre, la douleur et la souffrance. Dans la logique chrétienne, tout abaissement, tout dépouillement accepté dans un esprit d'obéissance à la volonté de Dieu constitue une ouverture, une disposition à recevor le don de la vie en plénitude.

Tout au long de cette semaine apprenons à mettre nos pas dans les traces du Christ, sachant que si ce chemin passe par le jardin de Gethsémani et le Golgotha, il conduit aussi au sépulchre ouvert du matin de Pâques et à la montagne de l'Ascension vers le Père.