27 décembre 1998 – Fête de la Sainte Famille
H O M É L I E

 
Nous savons bien peu de choses de la vie de la Sainte Famille ; et d’après ce que nous en savons, sa vie ne fut pas toujours facile et sans problèmes. Pour commencer, la naissance de Jésus fut une source de préoccupations pour Joseph. Puis il y eut l’incident lors du pèlerinage à Jérusalem, qui démontrait chez Jésus un esprit assez indépendant pour un garçon de douze ans ; et Marie et Joseph ne comprirent pas ses explications. Lorsque Jésus commença à prêcher, sa famille vint pour se saisir de lui et le ramener à la maison, car ils considéraient qu’il avait perdu la tête. Pour Marie il y eut sans doute la satisfaction de Cana, mais aussi la tragédie du Calvaire.

Les Évangiles s’intéressent essentiellement à la vie publique de Jésus. À l’origine ils débutaient avec le baptême de Jésus dans le Jourdain, au moment où Jésus était âgé d’environ 30 ans. Puis Luc et Matthieu ajoutèrent quelques traditions concernant la naissance de Jésus et la fuite en Égypte. De toute la période de presque trente ans entre ces événements, nous ne savons pas grand chose, sinon l’escapade de Jésus à l’âge de douze ans et la mention laconique de Luc disant qu’il retourna avec ses parents à Nazareth et leur était soumis.

La première leçon que nous pouvons retirer de cela est que la famille est un lieu de transition, une place de croissance en vue de passer à une autre famille ou communauté, et en fin de compte dans la grande famille humaine et l’Église.

Dans l’Épitre aux Colossiens, Paul énumère les conditions ou vertus nécessaires à toute vie familiale authentique et harmonieuse, à quelque niveau que ce soit (famille nucléaire, communauté, Église, société) : " puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, faites-vous un coeur plein de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement et pardonnez, si vous avez des reproches à vous faire ". Paul semble prendre pour acquis que dans la vie d’une famille, la vie communautaire, la vie sociale, on aura besoin de patience, qu’il y aura plein d’occasions de pratiquer l’humilité, la patience et la miséricorde, qu’on aura éventuellement des choses à se pardonner mutuellement. Il résume donc son message en ces mots : " Pardonnez comme le Seigneur vous a pardonné ".

Le Seigneur nous a dit que lorsque nous nous approchons de l’autel, si nous nous souvenons que notre frère a quelque chose contre nous, nous devons laisser là notre offrande et aller d’abord nous réconcilier avec notre frère. Eh bien, avant de nous approcher de l’autel de la nouvelle année, prenons soin de nous pardonner tout ce que nous pouvons avoir les uns contre les autres. Tournons la page de l’année écoulée ; offrons à Dieu une page blanche sur laquelle Il pourra écrire le nouveau chapitre de notre vie ou peindre une nouveau tableau.

Est-ce possible ? Est-ce toujours possible ? N’y a-t-il pas des choses que nous ne pouvons pardonner ? Oui, il est toujours possible de pardonner, puisque Dieu nous pardonne sans cesse – et des choses plus graves que celles que nous avons à pardonner.

Et comment cela est-il possible ? C’est encore Paul qui a la réponse : " Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection ". Dieu nous a pardonnés parce qu’il nous aime. Si nous aimons vraiment, il n’y a rien que nous ne puissions pardonner. Et si nous pardonnons, quel sera le résultat ? – Voici : " que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ ". Et la conclusion de tout cela ? – L’action de grâce :" Vivez dans l’action de grâce ". Toutes ces recommandations de Paul sont simples et claires. Elles n’ont pas besoin de longs commentaires. Il suffit de les vivre.

En fin d’année les politiciens et les hommes d’affaires font le bilan de leurs réussites. Quant à nous, finissons simplement notre année avec le coeur plein des divers sentiments énumérés par Paul : tout d’abord l’amour – un amour inconditionnel – et donc l’action de grâce, puis la paix et la reconnaissance.

Dans un moment nous nous unirons à tous les membres de la grande famille de Dieu par notre participation à l’Eucharistie. Que Dieu nous donne la grâce de trouver dans ce sacrement de l’amour la capacité de nous aimer et de nous pardonner mutuellement comme Dieu nous a aimés et pardonnés.

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Pour une réflection ultérieure sur la " famille " voir le Chapitre donné par Dom Armand à la communauté de Scourmont sur le thème : " Vous êtes de la famille de Dieu ".