Fête du Sacré Coeur, 15 juin 2007 (année "C")
Ez 34, 11-16 ; Rm 5, 5-11 ; Lc 15, 3-7
H O M É L I E.
L'aspect du mystère du salut que nous célébrons
aujourd'hui n'est pas tellement différent de celui que nous avons célébré il y
a une dizaine de jours : le dimanche de la Trinité. Dieu est amour. Non seulement il est amour à notre égard,
mais il veut nous faire entrer dans le mystère d’amour qui unit le Père et le
Fils dans un même Souffle.
L’une
des images qu’utilisaient déjà les prophètes dans l’Ancien Testament (p.e. Ézéchiel,
dans la première lecture d’aujourd’hui), et
que Jésus reprend dans l’Évangile est celle de l’attention amoureuse
manifestée par un vrai berger à ses brebis, et particulièrement à celles qui se
sont perdues et à la recherche desquelles il est parti. C’est ce mystère d’amour que nous célébrons
dans la solennité du Sacré-Coeur de Jésus.
Le
coeur est conçu dans toutes les cultures comme le lieu où résident les
sentiments, l'affectivité, l'amour. C'est pourquoi, à partir déjà du Moyen-Âge, des mystiques tels que Gertrude, Catherine de
Sienne, Mathilde, Marguerite Alacoque, Jean-Eudes,
développent une dévotion au Coeur Sacré de Jésus, qui n'est pas une dévotion à
un organe physique, mais à l'amour divin vécu par Dieu fait homme. Si cette dévotion a pu connaître à certaines
époques des expressions plutôt romantiques et sentimentales, comme en fait foi
une vaste collections d'images pieuses au goût plutôt douteux, elle n'est
essentiellement, dans son intuition première, que la contemplation de l'amour
de Dieu pour nous incarné en Jésus de Nazareth.
Quelques
jours après la Résurrection Jésus nous invita, en la personne de Thomas, à
pénétrer en son coeur en mettant notre main dans son côté ouvert. Ce que nous avons découvert alors dans ce
coeur ouvert c'est l'amour – un amour assez fort pour donner sa vie pour ceux
qu'il aime. Et cet amour, nous dit Paul,
"a été répandu en nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été
donné". Alors, pour utiliser une
autre expression de Paul, nous pouvons (par cette plaie béante du côté de
Jésus) "entrer dans la plénitude de Dieu".
Au
même moment où nous pénétrons dans son coeur, si nous nous y établissons,
si nous y enracinons et si nous y établissons notre demeure, comme il nous
demande de faire, le Christ lui-même, à son tour "fait sa résidence"
en nos coeurs.
La
déchirure du côté de Jésus et la blessure de son coeur ont opéré dans nos
propres coeurs une ouverture par où a pu pénétrer en nous le Souffle remis par
Lui à son Père sur la croix, si bien que, comme le dit encore Paul, l'amour de
Dieu a été répandu en nos propres coeurs par l'Esprit, le Souffle de Jésus qui
nous a été donné, et qui nous permet de dire, comme lui et avec lui : Abba, pater.
Puisqu'il nous a tant aimés, aimons-nous donc les uns les autres du même amour.
Armand VEILLEUX