3 décembre, 2006 -- 1er dimanche de l'Avent "C"

Jr 33, 14-16; 1 Th 3, 12-4,2; Lc 21, 25...36

 

 

Homélie

 

            L`événement le plus lourd de conséquences de toute l’histoire de l’humanité est celui que nous célébrerons à la fin du temps de l’Avent que nous commençons aujourd’hui : le moment où Dieu a assumé l’une de ses créatures en se faisant homme.  Quand Dieu s’est manifesté comme homme en Jésus de Nazareth, c’est toute l’humanité qui a été assumée.  C’est au coeur de l’humanité qu’a été placée une semence de vie divine.  Le « fils de l’homme » dont parle le texte évangélique que nous venons d’entendre n’est pas simplement le Messie, le petit enfant né de Marie, c’est aussi tout homme, l’humanité elle-même.

 

            Le message final du grand discours eschatologique de Jésus dont nous venons de lire la partie principale, n’est pas un appel à la peur, à la résignation, à l’angoisse.  C’est, au contraire, un appel à l’espérance.

 

            Comme dans beaucoup de textes prophétiques de l’Ancien Testament, les catastrophes cosmiques sont utilisées par Jésus comme image de la violence entre les hommes depuis que Caïn fit couler le sang de son frère Abel.  Jésus, par ces images faisait allusion à toutes les misères que les humains de son temps s’affligeaient mutuellement à travers l’exploitation, l’esclavage, les guerres, la cupidité.  Et il annonce que l’homme – le « Fils de l’homme », l’humanité est capable de sortir – sortira – de ce cycle d’autodestruction et sera finalement revêtu de toute la grandeur et de toute la gloire attachées à sa dignité d’enfant de Dieu.  Aujourd’hui, Jésus, s’il nous faisait le même discours, mentionnerait non seulement le génocide au Darfour, les tueries en Irak et en Afghanistan, mais aussi les armes de destruction massive que sont la dette des pays pauvres envers les pays riches et la faim qu’elle cause aussi bien l’accaparement de la plus grande partie des ressources de la planète par une petite minorité de privilégiés – nous, des pays du Nord. Il mentionnerait la possibilité que s’est donnée l’humanité de s’autodétruire.

 

            Et Jésus ne dirait pas, pas plus qu’il n’a dit aux Juifs de son temps : « calfeutrez-vous dans un coin en attendant qu’on vienne vous sauver » et encore moins : « acceptez un mort pénible pour avoir, après, un bonheur éternel dans un autre monde ».  Non, il dirait aujourd’hui comme alors : « Quand tous ces événements se manifestent, -- alors même qu’ils se manifestent, et même dès qu’ils se manifestent – redressez-vous, relevez la tête. » Les puissances des cieux sont ébranlées et vacillent, diraient-ils de nouveau, faisant allusion symboliquement aux puissances tyranniques qui se sont auto-divinisées. Si vous restez debout, éveillés, si vous prenez garde et ne vous laissez pas alourdir par la débauche, l’ivrognerie, la recherche effrénée des bien matériels, alors non seulement se manifestera dans les faits, dans l’histoire, la dignité de l’être humain mais vous pourrez aussi vous tenir debout, dans toute votre dignité, devant Dieu, devenu « Fils de l’homme » par excellence.

 

            Les vrais disciples de Jésus doivent être des êtres sans peur, optimistes, parce qu’ils ont mis leur confiance dans le Père de Jésus. Mais ce sont de véritables optimistes, non des naïfs.  Des optimistes avec les deux pieds solidement posés sur la terre, mais se tenant debout, la tête bien haute, pour voir la face de Dieu et entendre sa voix.  Mais les vrais disciples, debout, la tête haute, redressent aussi leurs manches, pour faire leur part dans la reconstruction avec les outils de l’amour de l’univers ravagé par les outils de la haine. 

            La liturgie de ce premier dimanche de l’Avent est le coup de clairon ouvrant ce chantier nous lançant dans cette campagne.  Nous avons la mission non seulement de garder ou de reprendre confiance, mais de redonner à tous nos frères et nos soeurs humains la confiance en l’avenir extraordinaire auquel l’humanité est conviée.

 

Armand Veilleux

 

 Autre homélie pour le même dimanche : 

2000 -- en français - in italiano          
2003 – en français

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