Questions monastiques en général
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LE PROBLÈME DES VIES DE SAINT PACHÔME Avec le dernier fascicule de ses
Moines
d'Orient
[1]
, le
Père
A.-J. Festugière nous procure une excellente
traduction
de
la
première
Vie
grecque
de
saint
Pachôme.
On
ne
peut
que
s'en
réjouir et être reconnaissant à l'auteur de rendre ainsi
abordable à un plus large public cet important document
de
l'hagiographie pachômienne. La connaissance du monachisme
pachômien,
dont
la
spiritualité
a
suscité
à
juste
titre
beaucoup
d'intérêt au
cours
des
dernières
années
[2]
, en sera grandement
favorisée. Le grec populaire, dans lequel est
rédigée
cette
Vie,
posant
souvent des problèmes assez difficiles
d'interprétation,
la
traduction du Père Festugière sera certainement
utile
même
aux
spécialistes des sources pachômiennes,
qui
se
font
un
devoir
de travailler sur le texte original.
Mais
l'attention
de
ces
derniers sera
évidemment
attirée
surtout
par
la
longue
introduction
de plus de
cent
cinquante
pages
dont
il
a
fait
précéder
sa
traduction. Des quatre parties dont se compose
cette
introduction,
la
dernière
est
consacrée
à
une
étude
de
la
grammaire
et
du
style
[3]
de G1. Le but de l'auteur y est simplement de réfuter
l'affirmation
de
L.
Th.
Lefort
qui
voulait
que
G1
soit
la
traduction,
par un copte
«
maniant
plus
ou
moins
bien
la
langue
grecque
»,
de documents originellement écrits
en
copte
(Festugière,
p.
7).
Aussi, n'a-t-il étudié plus spécialement que les 78 premiers
chapitres de la
Vie.
C'était
suffisant,
sans
doute,
pour
démontrer
que Ies copticismes et les
barbarismes
relevés
par
Lefort
s'expliquent comme des particularités du grec populaire de
l'époque,
et que rien
n'empêche
que
l'auteur
de
G1 ait été un Grec ou du moins ait bien connu la langue. Nous aimerions
toutefois
émettre le
souhait
que
le
Père
Festugière
nous
rende
un
jour
le service de poursuivre cette très
utile
analyse
sur
l'ensemble
de la Vie
[4]
. Au cours des trois premières parties
de
son
introduction,
qui retiendront désormais notre
attention,
le
Père
Festugière
entreprend de comparer systématiquement
chacun
des
paragraphes de G1 avec les passages parallèles du dossier copte. Dans le présent article, nous voudrions essayer
d'évaluer
ce
que
cette
comparaison
apporte
de
positif
pour
la
solution
du
problème
fort
complexe
des
relations
entre
Ies
dossiers
copte
et grec de la Vie de Pachôme. En même temps, nous
attirerons
l'attention
sur
certaines
données
du
problème
dont
la
considération
nous
semble
essentielle
pour
l'utilisation
adéquate
des
intéressantes analyses du Père Festugière. Comme le dossier arabe sert de témoin
indirect
pour
certaines recensions coptes de la Vie
de
Pachôme,
et
que,
au
surplus, le Père Festugière en fait
un
large
usage,
c'est
par
l'étude
de
ce
dossier
arabe
que
nous
commencerons. Les Vies arabes et la genèse
de
la
Vie
de
Pachôme. Du dossier arabe, le Père Festugière
cite
abondamment
Am,
et il fait allusion à Av. De ce
dernier
manuscrit,
il
souhaite
ardemment la publication. « Oserai-je
dire,
écrit-il,
que,
pour
notre connaissance de Pachôme, la
publication
et
traduction
de ce " témoin inestimable
"
(Lefort,
p.
xvi)
est
la
tâche
la
plus
urgente
qu'on
attende
des
spécialistes
?
On
tiendrait
là,
enfin,
l'état premier
de
la
tradition
copte»
(Festugière,
p.
108,
n.
1).
Nous savons
que
P.
Peeters
avait
autrefois,
vers
1925,
fait
une
copie de ce
manuscrit,
en
vue
de
le
publier.
Pourquoi
a-t-il
renoncé â cette
publication
?
Nous
n'avons
pas
réussi
à
le
savoir. Ce
pourrait
bien
être
tout
simplement
qu'après
la
publication des
textes
sahidiques
il
ait
jugé
de
peu
d'utilité
celle
de ce témoin
arabe.
En
effet,
Av
n'est
qu'une
traduction
de
la
version sahidique
dont
nous
possédons
déjà
la
traduction
bohairique ainsi
que
de
nombreux
fragments
dans
le
sahidique
même
(S4,
S5,
S7)
[5]
. Sans doute
était-ce
là
un
témoin
inestimable
pour
le reclassement
des
fragments
sahidiques;
mais
il ne semble
pas que sa publication puisse apporter rien de neuf au
problème
des sources pachômiennes
[6]
. A défaut de cette Vie arabe du Vatican,
le
Père
Festugière
fait grand état de Am. Presque chaque fois qu'il y trouve un parallèle
à
G1, il nous signale si l'arabe
s'accorde
avec
le
grec
ou
le
copte.
Ces
renseignements
seront
très
précieux.
On
doit
toutefois, avant de les utiliser, et surtout avant
d'en
tirer
argument,
analyser
soigneusement
la
composition
d'Am
et
en
déterminer les sources. Am est en fait la juxtaposition de deux compilations
distinctes, l'une copte, l'autre grecque, et doit donc
n'être
utilisé
qu'avec une extrême prudence.
La
jointure
entre
Ies
deux
compilations se
situe
précisément
là
où,
le
compilateur
arabe
explique lui-même
(Am
599)
:
«
Et
voici
que
je
vous
raconterai
une
autre histoire
de
notre
père,
que
j'ai
trouvée
dans
un
autre
volume ». A ce second volume, qui va
de
la
page
599
jusqu'à
la
fin
de la Vie, le Père Festugière a
consacré
une
étude
attentive.
Il semble considérer comme allant
de
soi
que
ce
second
volume,
comme le premier, soit traduit du
copte
[7]
. L'original
copte
serait
même, pour toute une section, la
source
commune
d'Am,
de
G1
et de S3b. Or, au début du siècle, W.E. Crum,
un
excellent
philologue
qui réussit à apporter un peu de
lumière
sur
les
Vies
arabes,
avait déjà remarqué les rapports
étroits
entre
le
second
volume
d'Am et les
Vies
grecques
[8]
. Sur la base
de
l'étude
du
texte
arabe,
il
concluait,
avec
d'excellents
arguments
philologiques,
que
la
seconde partie d'Am avait été traduite du grec, tout
comme
la Vie arabe
du
Caire
et
celle
de
Paris
(B.N.
261).
Lefort
[9]
,
après
la publication des
Vitae
Graecae
de
F.
Halkin,
put
constater
—
sans
toutefois
entreprendre
de
le
démontrer
--
que
l'original
grec en
était
G3.
Une
étude
approfondie
d'Are
et
de
G3
ne
peut
que
nous
convaincre
de
l'exactitude
des
observations
de
Crum
et
de
Lefort,
et,
en
outre,
elle
nous
permet
de
découvrir
les
procédés
du
compilateur
arabe
[10]
. Le Père Festugière a montré dans un tableau (Festugière,
p. 80-81) comment l'ordonnance
des
récits
en
Am
641.14-708.7
est
identique
à
celle
de
G1 122-150. Mais l'ordonnance des récits en G3 161-202 est aussi la même, à quelques
exceptions
près.
Et il se fait
que,
là-même
où
G3
diffère
de
G1, Am est conforme à G3 et non à G1. Ainsi, dans le tableau mentionné, il faut tenir compte que, en réalité, Am 692.4-693.10 ne correspond
pas
à
G1 142, mais
nous
fournit
le
récit
que
G3
195
a
substitué
à
G1 143. De plus, entre
le
texte
de
la
lettre
d'Athanase
et
la
double
conclusion qui lui est propre, Am reproduit le début
de
G3
203,
sans correspondant
en
G1. Ces quelques
constatations
ajoutées
aux indications de Crum et
à
tout:.
ce
que
l'on
peut
recueillir
d'une analyse
comparative
de
G1, G3 et Am, rendent déjà hautement probable qu'Am 641-708.11
soit
une
traduction
de
G3,
161-203a. Dans l'autre section du second volume (Am 599-641),
Am
reproduit plusieurs récits
ayant
leur
parallèle
soit
en
G1,
soit
dans les Paralipomènes. Comme le remarque le Père Festugière, ils se présentent sans liaison aucune (Festugière,
p.
30,
note
2).
Il y a cependant le fait intéressant qu'ils se. présentent
exactement dans l'ordre qu'ils
ont
en
G3. Considérons d'abord le groupe des Paralipomènes (=
Am
605-639). On sait que cette série
de
récits
détachés
existe
dans
deux traditions
textuelles
distinctes
présentant
chacune
un
ordre qui lui est propre. A côté de l'ordre du. Ms.
de
Florence,
il y a celui du Ms. d'Athènes
et
de
la
version
syriaque
d'Anân
Isho, repris par G3. Or c'est précisément dans cet ordre, qu'ils
ont en G3, que nous retrouvons
les
Paralipomènes
d'Am
[11]
.
Il
est
vrai que quelques-uns des récits y font défaut
[12]
; c'est que
leur
correspondant se lisait déjà dans le premier volume
d'Am
et
que le compilateur n'a pas voulu multiplier les répétitions.
De plus ces Paralipomènes, en Am, sont reliés à la
section
suivante
qui
lui
est
commune
avec
G3,
par
trois
paragraphes
empruntés eux aussi à G3, i.e. G3
134
;
156-157,
de
sorte
que,
exception faite de l'omission
des
récits
déjà
racontés,
il
y
a
correspondance
parfaite
entre
Am
605-fin
et
G3
97
fin, Enfin, les quelques récits qui,
en
Am,
précèdent
les
Paralipomènes (= Am 599-605) sont aussi
tirés
de
G3
et,
encore
une
fois, dans
le
même
ordre
[13]
. Si, de nouveau,
nous
tenons
compte qu'Am a, dans son premier volume, les
récits
de
G3
qu'il
omet
ici
de
traduire,
on
doit
conclure
qu'Am
599-fin
a
traduit G3 56-fin. Passons maintenant au premier
volume
d'Am
(337-599).
En
cette partie, comme l'avait déjà
signalé
Crum
[14]
, le compilateur
arabe reproduit exactement la Vie arabe du Ms. 116
de
la
Bibliothèque universitaire de Göttingen (= Ag), en y ajoutant
seulement quelques paragraphes dont certains
proviennent
de
la
trop
fameuse
Règle
de
l'Ange.
Ces
additions
sont
Am
365.17-369.13
;
373.15-380.9 ; 382.9-384.12. En
considérant
l'ordonnance
interne
des emprunts à la Règle de l'Ange,
on
constate
qu'elle
répond
non pas à celle des Mss de l'Histoire
Lausiaque,
mais
bien
à
celle --- un peu modifiée — -- qu'on
retrouve
dans
les
compilations
grecques tardives. Et, de fait,
l'ordre
de
toutes
ces
additions
d'Am à Ag correspond exactement à celui
[15]
des paragraphes de G3. On ne peut donc plus conserver l'ombre
d'un
doute
sur
le procédé du compilateur arabe.
Il
a
pris
comme
base
de
sa
compilation la Vie de Göttingen,
qui
se
terminait
à
la
mort
de
Pachôme: Il l'a complétée en y insérant
au
passage
les
quelques
récits complémentaires de G3
qui
ne
pouvaient
être
reportés
plus loin. Puis, lorsqu'il eut fini
de
transcrire
son
original
arabe,
il se mit décidément
à
traduire
G3,
là-même
où
il
l'avait
laissé
[16]
. A cet endroit
commence
son
deuxième
volume.
De
G3
45
à
161
la préoccupation
de
ne
pas
trop
se
répéter
l'oblige
à
faire
une
sélection.
Mais
comme
à
partir
de
là
tout
est
nouveau,
il
traduit
intégralement
sa
source
grecque
jusqu'à
la
fin. Nous avons dit
plus
haut
qu'Am
est
une
juxtaposition
de
deux compilations. Ceci est maintenant clair pour le deuxième volume. Il nous reste donc à montrer que le premier volume,
ou plus précisément Ag, est également
une
compilation. Lefort a déjà remarqué (Lefort, p. xvii) que cette
Vie
est
la
traduction
d'une
«
recension
copte
du
même
type
que
Av,
entrelardée
de
tranches
dont
l'une
au
moins
représente
un
type
fragmentairement connu par les codices sahidiques
S1°
et
528».
A
l'analyse,
cette
affirmation
se
révèle
substantiellement
exacte.
Elle demande cependant à être complétée et expliquée.
Il
est
important
de
nous
y
arrêter,
car
nous
y
trouverons
un
instrument inappréciable pour la reconstitution d'une Vie de Pachôme antérieure tant à G1 qu'au groupe Bo. Cette reconstitution nous permettra
de
mieux
mettre
à
profit
les
très
intéressantes
observations du Père Festugière. Du début jusqu'à la page 386 — exception
faite
des
interpolations traduites de G3
—
Am
correspond
exactement
à
la
recension du
groupe
Bo.
Après
un
long
emprunt
à
d'autres
sources, il reprend
de
nouveau
sa
correspondance
à
la
même
recension depuis
la
page
553
jusqu'à
la
fin
de
son
premier
volume
[17]
. A la page
386,
au
moment
de
se
séparer
du
groupe
Bo,
le
compilateur arabe
nous
avertit
:
«
Nous
devons
commencer
l'histoire
de notre père
Théodore
avant
d'achever
celle
de
notre
père
Pachôme, à
cause
des
actions
nombreuses
qu'il
a
faites
en
sa
compagnie et
des
nombreuses
révélations
que
le
Seigneur
leur
découvrit à
tous
deux
».
Cette
Vie
de
Théodore,
qui
correspond
à peu près
exactement
à
la
recension
S10 (=S10, S11, S20), dans la mesure
où
les
fragments
qui
restent
des
codices
de
cette
recension nous
permettent
d'en
juger,
court
vraisemblablement
jusqu'à la
page
469(?).
De
ce
point
jusqu'à
553,
le
compilateur
traduit une
autre
source
dont
on
suit
le
correspondant
assez
exact quoique
résumé
dans
le
groupe
Bo
et
en
G1 d'abord, dans
le seul groupe
Bo
ensuite.
Il
est
possible
aussi
que
des
récits
de la Vie de Théodore aient été
amalgamés
avec
cette
dernière
section. De la longue suite de récits qui
forment
cette
section
intermédiaire d'Am, seule une sélection
de
texte
a
passé
en
G1
et
dans
le
groupe
Bo.
Et
encore,
ils
s'y
trouvent
éparpillés
à
travers
la
Vie
de
Pachôme,
souvent
résumés
et
édulcorés.
On
y
décèle
également
des
divergences
parfois
assez
marquées
entre
le groupe Bo et G1,
comme
la
concordance
commentée
du
Père
Festugière
permet
de
le
constater
facilement. On peut donc se demander à titre
d'hypothèse
si
le
traducteur arabe d'Ag n'aurait pas eu entre
les
mains
un
texte
sahidique
représentant
sans
doute
une
Vie
de
Pachôme
textuellement semblable
à
notre
groupe
Bo,
mais
non
encore
fusionnée
avec la Vie
de
Théodore.
Et,
de
fait,
si
l'on
supprime
du
groupe
Bo et de G1 tous les paragraphes correspondant à la section
intermédiaire d'Ag, et qu'on n'en retienne que ceux
correspondant
aux
deux
sections
où.
Ag
suit
fidèlement
la
tradition
sahidique du groupe Bo (Am 337-386 ; 553-599), on obtient une Vie de Pachôme très bien ordonnée, où les divergences entre le groupe Bo et G1 s'estompent en très grande partie, tant en ce qui concerne l'ordre des récits que leur teneur
textuelle.
A
cette
Vie
de
Pachôme
hypothétiquement
reconstituée,
nous
donnerons
le nom de Vie brève. Elle se compose des paragraphes suivants du groupe Bo, et des parallèles en G1 : Bo 1-29 ; 39-44 ; 109-112 ; 45-60 ; 94-97 ; [116-117 ?]
[18]
. Nous croyons pouvoir retenir comme
hautement
probable
que ce noyau représente une Vie
brève
de
Pachôme,
qui
fut
la source principale tant du groupe Bo que
de
G1.
Cette
Vie
brave
de Pachôme fut ensuite fusionnée à une Vie de Théodore
et
encore
complétée
par
le
recours
à
d'autres
documents.
Cette
fusion
et
cette
élaboration
postérieure
s'accomplirent
indépendamment
et
différemment
soit
en
Ag,
soit
dans
le
groupe
copte,
soit
en
G1,
bien
que
tous
aient
utilisé
des
sources
communes. Il importe donc d'analyser les documents
qui
ont
pu
servir
de sources soit à la rédaction de
la
Vie
brève,
soit
à
l'élaboration
postérieure
des
Vies,
et
de
comparer
la
façon
dont
ces
documents ont été
utilisés
dans
.les
diverses
recensions. Les sources
de
la
Vie
de
Pachôme. L'hagiographie pachômienne a subi
une
évolution
fort
complexe que l'on
ne
pourra
sans
doute
jamais
reconstituer
complètement. Certains
faits
d'une
grande
importance
nous
semblent
cependant acquis. G1
d'une
part
et
le
groupe
Bo
d'autre
part
se
situent
à
peu
près
au
même
stade
de
cette
évolution.
Celle-ci
se poursuivra ensuite dans le dossier grec,
surtout
par
la
fusion
des
Paralipomènes
avec
la
Vie.
En
remontant
vers
le
stade
de
la
Vie
brève
on
remarque
que
Ag,
le
groupe
Bo
et
G1
ont
suivi,
à partir de ce noyau initial, une évolution parallèle
mais
indépendante.
Tout
en
laissant
de
côté
le
problème
de
la
langue
originale
de
cette
Vie
brève,
on
doit
constater
ce
fait
important
:
de
la
période
antérieure
à
ce
noyau
premier,
nous
possédons
certains documents coptes qui ont certainement
servi
de
sources
à
cette
Vie
brève
;
mais
de
source
grecque,
nulle
trace. L'une des tâches les plus ardues
qui
s'imposent
aux
spécialistes est de démêler l'écheveau
de
ces
sources.
Tâche
qui
n'est
pas près d'être achevée, et qui
ne
le
sera
certainement
jamais
tout à fait, vu l'état déplorable
des
manuscrits.
Quelques
constatations utiles peuvent toutefois
être
faites
dès
à
présent. Ce qui nous est parvenu de SI a certainement servi
de
source
à
la.
Vie
brève
dans
le
récit
de
la
dispute
de
Pachôme
avec
son
frère
Jean
et
dans
celui
de
l'arrivée
des
premiers
disciples
[19]
. Quant à
S2,
il
est
plus
douteux
qu'il
ait
servi
de
source
â
cette
Vie
brève,
bien
qu'il
nous
fournisse
la
version
originale
d'un récit
qu'on
retrouve
défiguré
dans
cette
recension
:
S2
13.11-33 (cf.
Bo
42
et
G1 42). Par ailleurs le même
S2
a
été
largement
utilisé
dans
la
section
intermédiaire
d'Ag,
à
la
suite
de
la
Vie
de
Théodore
(cf.
Am
469-553),
et
certains
de
ces
récits
ont
passé
dans
le
groupe
Bo
et
en
G1:
par
ex.
GI
87
=
Bo
[113]
=
Am 542.1-12. On ne peut tirer grand-chose
des
quelques
feuillets de S8 et S13. Il convient de noter que la plupart
de
ces
fragments
dans
lesquels on reconnaît des sources
de
la
Vie
de
Pachôme
ont
leur parallèle dans la grande compilation
S3
qui,
elle
aussi,
malheureusement,
ne
nous
est
connue
que
fragmentairement.
On pourrait
donc
croire
que
c'est
à
travers
S3
que
la
Vie
brève
les a utilisés.
Mais,
par
ailleurs,
il
est
tout
aussi
possible
que
S3
soit une compilation
postérieure
à
la
Vie
brève
et
même
à
la
Vie du type
Bo
ou
G1, mais aurait cependant intégré,
sans
les
modifier,
des
documents
plus
anciens,
que
ces
Vies
avaient
résumés
ou
édulcorés.
Ainsi,
par
exemple,
pourrait
s'expliquer
le
fait
que,
dans
le
récit
du
différend
entre
Pachôme
et
Jean,
la correspondance assez lâche entre le groupe Bo
et
G1
d'une
part et S3 transcrivant fidèlement S1 d'autre part devienne un parallèle d'une correspondance presque rigoureuse
là
où
S3
ajoute
un
passage
à
S1,
S3
62.19-31
n'aurait-il
pas
complété
S1 par le texte emprunté à la Vie brève qu'on
lit
en
G115,
10.11-23
et
dans
le
groupe
Bo,
ici
lacuneux
en
copte,
mais
représenté
indirectement par Am 362.1-14 ?... L'état fort lacuneux de tous ces
codices,
répétons-le,
ne
permet guère que des conjectures qui
apparaîtront
sans
doute
hasardeuses à plus d'un. En tout
cas,
s'il
n'est
guère
possible
d'arriver à quelque certitude en
ce
domaine,
il
n'en
est
que
plus
nécessaire de bien tenir compte
de
toute
la
complexité
des
problèmes, afin de ne pas tirer trop facilement argument
de
la
similitude
ou
de
la
divergence
des
textes. La Vie de Théodore. Le groupe Bo ainsi que G1 ont éparpillé, chacun à sa façon, à travers la Vie, plusieurs récits sur Théodore,
qui
semblent
empruntés
à
la
section
que Ag dédie à celui-ci. Or, cette section d'Ag semble correspondre à la recension copte SIG.
Le
texte
du
groupe
copte
S1°
est
certes
très
fragmentaire.
Cependant
les
feuillets assez nombreux qui nous restent, et dont quelques-uns portent heureusement leur pagination, donnent des
sections
importantes
représentant
une
portion
considérable
du
texte.
La
comparaison
de
tous
ces
fragments
avec
Ag
nous
permet
de
conclure que le compilateur arabe traduisait fidèlement
sa
source,
même
s'il
omet
ici
ou
là
un
paragraphe
(à
moins
que
ce
ne
soit
une
rédaction
tardive
de
S10
qui
les
ait
ajoutés...).
Ces
textes
parallèles
permettent
de
suivre
la
correspondance
d'Ag
avec
le
groupe
S10 depuis la page 391.2 d'Am jusqu'à la page 459.7. Il n'y a pas de doute que c'est à la page 386.15 que commençait cette correspondance, et il est probable
qu'elle
se
continuait
jusqu'à
la
page
469.17,
là
ou
se
termine
la
section
sur Théodore et où commence l'autre
document
complémentaire
[20]
.
Ag
est
donc
ici
pour
nous
d'une
valeur
extrême,
comme
représentant indirect d'une recension
sahidique
qui
a
servi
de
source au groupe Bo et â G1, et que nous ne possédons
que
très
fragmentairement
en
sahidique.
Les
rapports
du
groupe
Bo
et
de G1 avec le texte fourni par Am doivent donc être pris
ici
en très grande
considération. De S10 Lefort disait
qu'il
s'agissait
là
d'une
compilation
assez
tardive, vu
l'importance
qu'y
tient
Théodore.
En
fait,
au
moins
dans la longue
section
empruntée
par
Ag,
Théodore
y
tient
non
seulement
une
place
importante,
mais
la
première
place.
Si
l'on
y parle de
Pachôme,
c'est
en
fonction
de
Théodore,
et
non
l'inverse. Nous
croyons
donc
que
nous
possédons
ici
non
une
Vie
de Pachôme,
mais
une
Vie
de
Théodore,
qui
exista
d'abord
sous
forme indépendante et ne fut amalgamée
que
par
la
suite
à
la Vie de Pachôme
[21]
. A l'appui de cette hypothèse, il
y
a
tout
d'abord
l'affirmation
du compilateur arabe, que nous avons
citée
plus
haut
(Am
386)
:
« Nous devons commencer, l'histoire de notre père Théodore
avant d'achever
celle
de
notre
père
Pachôme,
à
cause
des
actions nombreuses qu'il a faites en sa compagnie et des nombreuses
révélations
que
le
Seigneur
leur
découvrit
à
tous
deux.
»
D'ailleurs. Bo 31 et G1 33, puisant à la même source, apportent
une
explication
semblable.. Où cette Vie finissait-elle ? Impossible
de
le
dire.
Il
est
vraisemblable qu'elle devait continuer
jusqu'à
la
mort
de
Théodore.
L'appendice
à
la
Vie
de
Pachôme
qu'on
lit
en
S5
;
S6 ; S3b et
G1, qui dépendent tous d'une
source
commune,
représenterait-il
la
suite
de
cette
même
Vie
de
Théodore
dont
nous
lisons le début dans le groupe S10 et Am 386-469 ? Seule une
étude comparative attentive des caractéristiques
de
style
et
de
vocabulaire
des
textes
sahidiques
pourrait
permettre
d'hasarder une réponse. Contrairement à ce que nous constatons
dans
la
section
que
nous avons désignée du nom de Vie
brève
de
Pachôme,
le
groupe Bo et G1 présentent ici des différences parfois assez marquées, tant dans
l'agencement
des
récits
que
dans
leur
teneur
textuelle. Il suffira de se référer
à.
l'Introduction
du
Père
Festugière pour constater ces divergences. Il semble
en
résulter
que le groupe
Bo
et
G1. ont puisé à une même source, indépendamment. Cette source fut-elle directement
la
recension
S10
?
Nous ne le croyons pas. Malgré leurs divergences, les
deux
traditions
présentent
aussi
un
bon
nombre
de
ressemblances.
Elles
ont à peu près le même choix de
textes
extraits
de
S10,
bien
qu'elles les répartissent parfois diversement. Elles
sont
aussi
souvent d'accord
dans
leur
façon
de
transformer
les
récits
et
de les édulcorer. La présence simultanée
de
ces
divergences
et
de ces concordances ne peut s'expliquer que par l'usage
indépendant non
de
S10,
mais
d'une
autre
source
commune
qui
avait
déjà fait un choix parmi les récits
de
S10, et en avait édulcoré certains. Appendice
à
la
Vie
de
Pachôme. Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés
que
de
la
Vie
de
Pachôme proprement dite, se terminant
à
la
mort
de
celui-ci,
comme on la trouve en Av, S7,
Ag
[22]
. Certains
témoins
de
cette
Vie y ont ajouté mi Appendice
sur
le
gouvernement
de
Théodore et d'Horsièse. Ce sont S5,
Bo,
et
G1.
S6
nous
offre
cet
Appendice sous forme
séparée
;
et
on
en
retrouve
une
bonne
section
en
S3b, qui est
un
témoin
un
peu
aberrant. Aucun texte grec ou copte ne nous
est
parvenu,
qui
ait
pu
servir de source à cet Appendice.
Par
ailleurs,
la
comparaison
des versions, telle que l'a établie
le
Père
Festugière,
montre
qu'elles
ont
utilisé
une
source
commune,
généralement
mieux
et plus complètement préservée dans
le
groupe
copte
qu'en
G1. Cette section ne soulève donc aucun
problème
spécial
quant
aux rapports entre 55, S6, Bo
d'une
part
et
G1
d'autre
part.
S3b
pose
cependant
une
certaine
difficulté.
Ce
document,
pour
toute
une
section,
fournit
un
texte
tellement
apparenté
avec
les
paragraphes
correspondants
de
G1,
qu'il
est
presque
impossible
qu'un des deux n'ait pas été traduit de l'autre,
à
moins
d'être
tous
deux
traduits
d'une
façon
exceptionnellement
littérale
et
fidèle d'un original commun. Ce n'est que dans ces seuls passages
qu'il
a
en
commun
avec
G1
selon
une
même
tradition
textuelle,
que
le
Père
Festugière
a étudié S3b. Il est toutefois utile de bien considérer la nature
générale
de
ce
document,
et
la
place
où
les
passages
en
question
y
sont
intercalés.
S3b suit un texte identique à la recension copte de l'Appendice à la Vie de Pachôme ;
mais
il
y
ajoute,
ici
ou
là,
de
longs
passages
homilétiques
qui
lui
sont
propres.
De
plus,
à
la
fin
de
l'Appendice,
il
ajoute
un
nouveau
supplément
sur
le
gouvernement
d'Horsièse
après
la
mort
de
Théodore..
C'est
ce
supplément
que
G1 a intégré dans le texte même de l'Appendice, avant la mort de Théodore et avant le texte de la lettre d'Athanase, à laquelle il laisse, comme
dans
les
témoins
coptes
distincts
de
S3b, le rôle de conclusion. Autre fait important : ces quelques paragraphes de G1 correspondant au supplément de S3b sur le gouvernement d'Horsièse, sont les seuls
de
l'Appendice
en G1 qui n'aient pas leur parallèle dans le groupe S5, S6, Bo. Qu'en conclure ? Si de G1 et S3b l'un traduit
l'autre,
comme
c'est
fort
probable,
vu
la
similitude
du
copte
et
du
grec
[23]
, il est très
vraisemblable
que
G1
ait
traduit
et
intercalé
dans
son
texte
ce
que
S3b
avait
ajouté
plus
ou
moins
maladroitement
comme
un
supplément.
Il
serait
beaucoup
moins
vraisemblable que S3b ait extrait ces récits de G1 pour en former un supplément ; il faudrait alors supposer que, par un hasard tout extraordinaire, S3b n'aurait extrait de tous les récits de l'Appendice concernant Horsièse, pour en faire son supplément, que ceux qui
étaient
propres
à
G1. Sans doute on pourrait toujours
émettre
l'hypothèse
d'une
source commune traduite indépendamment.
Le
Père
Festugière
a
cru
trouver
cet
original
commun
dans
la
source
copte
( !
)
traduite par Am.
Mais
nous
avons
vu
que
toute
cette
section
d'Am
est traduite
de
G3
et
dépend
donc
indirectement
de
G1. Si original
commun
il
y
a
eu,
aucune
trace
ne
nous
en
est
restée
;
et, en ces conjonctures, il semble beaucoup plus
simple
de
considérer
ces
passages
de
G1
comme
une
traduction
de
S3b. Contre cette dernière position,
le
Père
Festugière
a
des
arguments qui lui semblent décisifs
:
«
.,.c'est
un
point
capital,
G1 n'a pu être traduit sur S3b,
car il y a en S3b une lacune au moins que n'a pas G1
et
des
fautes
qu'on
ne
peut
corriger
que
grâce à G1» (Festugière,
p.
98
c'est
lui
qui
souligne).
Occupons-nous d'abord de la lacune,
Le
Père
Festugière
précise en note (ibid., note
2)
qu'il
«
ne
parle
pas
évidemment
des lacunes que présente S3b dans le mauvais état où ce ms. est parvenu jusqu'à nous... mais de la lacune 349.11,
Psentaèsios
(G1 79.12) qui ne
paraît
pas
due-
à
l'état
de
corruption
du
ms.
(du
moins
Lefort
n'indique
rien,
se
contentant
de
compléter
le
copte
d'après
G1).
Dans
ce
cas
donc,
où
il
s'agit
d'un
nom
propre
que
G1
n'a
pu
inventer,
on
a
la
preuve
que
G1
n'est
pas
traduit
sur
S3b ». Avant d'examiner la force contraignante
de
cette
argumentation, il pourra être utile de lire,
â
la
fin
de
l'Avant-propos
de
Lefort à sa traduction des Vies
coptes,
l'explication
suivante
(p. xi) : « ...les malheureux débris
de
ces
manuscrits
sont
souvent dans un triste état : déchirés,
troués,
effacés...
Il
était
difficile, dans
une
traduction,
de
faire
apparaître
partout
avec
précision de pareils
accidents.
Le
lecteur
voudra
bien,
en
cas
de
doute, se reporter
devant
le
texte
copte,
où
il
trouvera
toutes
les indications
nécessaires
à
ce
sujet
».
Ouvrons
donc
l'édition
du texte sahidique
original
[24]
, à la page
304,
et
nous
y
trouverons
la solution de notre problème. Le feuillet du manuscrit
est
abîmé
dans
la
partie
supérieure,
et
le
mot
Pschentaêse
arrivait
tout
juste
ä
la
première
ligne
qui
est
disparue
au
haut
de
la
deuxième colonne. La restitution de ce nom propre
est
tout
à
fait
certaine
la
dernière
ligne
de
la
première
colonne
se
termine
par
le
pronom
«
ete
»
qui
introduit
une
proposition
nominale et, ä la deuxième ligne de la seconde colonne,
on
reconnaît
facilement,
bien
que
quelques
lettres
en
aient
disparu,
le
mot
«
Samuel
»
précédé
de
la
conjonction
«
men
»,
ce
qui
ne
laisse
aucun doute sur la présence de Pschentaêse ä
la
première
ligne
[25]
. La vérification de ce point nous
a
amené
à
une
autre
constatation. La liste des anciens, telle
qu'on
la
lit
dans
le
texte
sahidique, comporte un autre nom
propre
—
en
toutes
lettres
dans le manuscrit, celui-là — que Lefort, sans doute par distraction, a
oublié
de
traduire.
C'est
le
mot
«
Pachôme
».
Voici
donc la traduction
de
ce
membre
de
phrase,
selon
le
texte
sahidique :
«
n'étaient
pas
encore
décédés
la
plupart
des
anciens,
c'est-à-dire
Pschentaêse,
Samuel,
Pachôme,
Paul,
Jean,
Ierakapollon, etc... ». Il s'agit évidemment du Pachôme junior, un
des
premiers
disciples
de
Pachôme,
souvent
mentionné
parmi
les
autres anciens,
aussi
bien
en
G1 que
dans
les
Vies
coptes
[26]
. L'argument
du
Père
Festugière
est
donc
retourné
;
c'est
G1 qui a une
lacune
(un
nom
propre
!)
qui
doit
être
comblée
par
Sn.
Mais il ne
faut
pas
insister
:
cette
lacune
ne
peut
être
qu'une
erreur du
scribe
du
Ms.
F
de
G1,
car
le
mot
«
Pachôme
xi
se
lisait
dans
le
manuscrit
de
G1 utilisé par le compilateur de G3. Cette lacune expliquée, voyons maintenant
ce
qui
en
est
des
fautes de S3b qu'on ne peut corriger que grâce à G1. Le Père Festugière
cite
d'abord
Lefort
347,
n.
78,
puis
348,
n.
88.
En
ce
qui concerne la première faute, il s'agit
ici
encore
d'une
lacune
due
au
mauvais
état
du
manuscrit
[27]
. Seul le début
du
mot
copte
« eafnedjtef-
»
a subsisté, la fin de la ligne ayant disparu. Lors de son édition
du
texte
copte,
Lefort
avait
restitué,
a
la
fin
du
mot (et de la ligne) l'article « ou », ce qui
donnait
:
«
Dieu...
lui
ayant inculqué ta crainte
et
le
souvenir...
».
Lors
de
sa
traduction, Lefort
a
constaté
que
le
parallèle
de
G1
demandait
de
restituer
l'adjectif
possessif
«
tef
»
plutôt
que
l'article;
ce
qui
donne,
comme
en
grec,
«
Dieu...
lui
ayant
.inculqué
sa
crainte...
».
Donc, aucune faute à supposer ici. Quant à l'autre faute (Lefort, p. 348, n. 88), supposer
que
la
substitution
de
«
ekeire
»
à
«
nekeire » soit nécessaire, il ne s'agirait là
que
d'une
faute
banale
de
copiste.
Elle
prouverait
seulement
que
le
manuscrit
de S3b que nous possédons
n'a
pu
être
l'original
de
G1,
ce
qui
est évident, puisque ce manuscrit date du XIIe
siècle. Reste donc uniquement l'argument
principal,
que
le
Père
Festugière tire de la divergence
entre
S3b 349.1-7 et G1 122. Lefort, considérant le
grec
de
ce
paragraphe
«
à
peine
intelligible
»,
en
concluait que le rédacteur de G1 avait dû avoir sous les yeux un texte copte équivalent à celui de S3b, et l'avait mal compris. Le Père Festugière, de son côté, propose une correction
du
texte
de
G1,
à
partir
d'arguments
de
,critique
textuelle,
et
conclut
«
qu'en
G1 122 = S3b 349.2 ss, c'est le grec
qui
a
bien
compris
et
le
copte
qui
s'est
trompé
».
Qu'on
nous
permette
donc
de
reprendre l'examen des textes. Notre attention est attirée en premier
lieu
par
une
légère
différence entre S3b et G1, à laquelle ni Lefort, ni le Père Festugière ne se sont arrêtés. Voici la traduction du texte copte de l'endroit
en
question
:
«
Les
directives
aux
pères
des
monastères
et
aux
chefs
de
maison,
il
les
leur
donnait...
»
Les
expressions pères des monastères et chefs de maison sont des termes
techniques
fréquemment
utilisés
tant
dans
les
Vies
que
dans
la
Règle
de
Pachôme.
Que
trouve-t-on
dans
le
parallèle
de
G1 ? Ceci : « Les préceptes des
supérieurs
(patérôn),
chefs
de
maison
et seconds du monastère... » L'addition des seconds
est
banale.
Mais
le
mot
monastère
a
été
déplacé
de
sorte
que
le
mot
Patérôn est devenu un absolu, sorte de terme générique polir désigner et Ies chefs de maison et les seconds. N'y a-t-il
pas
lieu
de
croire
qu'il
s'agit
ici
d'une
adaptation
due
à
un
traducteur
ignorant les pratiques et la terminologie pachômiennes ? La substitution du -singulier monastère au pluriel
du
texte
copte
n'est
pas
sans
confirmer
cette
impression,
puisqu'elle
manifeste
que
le traducteur ne s'est pas Tendu compte qu'il était en fait question ici des deux réunions annuelles à Pbôou des frères de tous les monastères de la Congrégation. Par ailleurs le Père Festugière a très justement démontré comment, en rattachant kai
tas
diatagas...
tou
monastèriou au
verbe
antérieur
parèggeilen
tèrein, on obtenait un sens parfaitement clair pour ce membre de phrase. Et ce sens
est
tout
à
fait
plausible
en
lui-même,
même
s'il
diffère
de
celui
du
texte
sahidique. Pour la fin du paragraphe, le Père Festugière propose
ensuite
une
correction
du
texte
grec
(Festugière,
p.
100).
La
présence
de
l'accusatif
autous
après
etaxen
suffit
â
prouver,
explique-t-il, qu'il est tombé un verbe, dépendant de etaxen et
commandant
lui-même
un
régime
direct.
«
D'où,
ajoute-t-il,
la correction banale ton logon pour tôn logôn, déjà en
G3
(377.19),
et
le
supplément
<
apodounai
>
tiré
du
parallèle
56.20
».
Même
si
le
Père
Festugière
ajoute
que
:
«
Tout
cela
est
de
la
critique
textuelle
élémentaire
et
peut
être
tenu
pour
certain
»,
on
nous
permettra
de
ne
pas
être
entièrement
convaincu. Sans doute cette correction donne-t-elle
un
excellent
texte
grec, et un sens acceptable. Et d'ailleurs, comme
le
note
le
Père
Festugière,
le
métaphraste
compilateur
de
G3
s'était
déjà
cru obligé de la faire
[28]
. Mais puisque
nous
sommes
ici
en
présence de deux témoins parallèles,
l'un
grec
et
l'autre
copte,
l'on
ne peut corriger l'un sans au moins
tenir
compte
de
l'autre.
Or; ce qu'il y a d'inquiétant dans
la
correction
proposée,
c'est
qu'elle
éloigne
encore
plus
le
texte
grec
du
copte.
En
effet,
la
formule grecque aphesis tôn logôn correspond mot à mot au texte sahidique
qui,
au
surplus,
n'a
rien
de
correspondant
à
l'apodounai
proposé. Comment expliquerait-on que le texte de S3b,
qui
donne
un très bon sens, corresponde exactement au grec qu'on
dit
corrompu ? La seule explication serait que S3b soit traduit de G1 dans l'état où nous l'avons. Mais la nature des rapports entre G1 et S3b tant dans la première partie du présent paragraphe que dans les paragraphes subséquents (v.g. l'absence du nom de Pachôme en G1 123) s'oppose à cette hypothèse qui, d'ailleurs, « en ce qui concerne G1,... ne fait que reculer le problème » (Festugière,
p.
98).
De plus, le texte, tel que le reconstitue
le
Père
Festugière,
n'est pas sans créer des difficultés.
Même
s'il
donne
un
sens
fort plausible en soi, ce sens semble
en
contradiction,
au
moins
sur un point, avec ce que nous savons
par
ailleurs
des
pratiques
pachômiennes. Car, selon la Règle
de
Pachôme
(Praecepta,
27),
autant
que
selon
les
autres
textes
des
Vies
qui
nous
renseignent
sur la reddition
des
comptes
à
l'économe
général
de
Pbôou,
celle-ci n'avait
lieu
qu'une
fois
par
année
(cf.
S6
332
;
G1 83 = S4 71 = Bo 71)
[29]
. Or, selon le texte hypothétiquement
reconstitué,
ce
serait
deux
fois
par
année
qu'aurait
lieu
cette
reddition
des comptes. Mais nous croyons qu'il n'est réellement
pas
nécessaire
de
créer ces nouvelles difficultés,
et
que
le
texte
de
G1
peut
très
bien se comprendre
comme
du
bon
grec
sans
aucune
correction.
Il
suffit
de
rattacher
le
pronom
autous
à
tôn
paterôn
tou
monasteriou et de traduire : « il les nomma
[30]
aux deux moments
de l'année, à Pâques et à la grande reddition des comptes
de
leurs
affaires
matérielles,
etc.” Il nous semble que le traducteur grec a
été
troublé
par
l'emploi
du
même
mot
copte
«
tôsch
»
(boh.
«
thôsch
»)
comme
substantif
et
comme
verbe
:
«
Les
directives
(«
entôsch »)... il les leur donnait (« aftôsch »)... » Il n'y avait pas d'équivoque. possible
sur
le
sens
du
substantif.
Mais,
le
verbe
«
tôsch
»
pouvant
signifier.
soit établir des préceptes soit établir ou nommer des personnes à un poste, le traducteur
grec
a
choisi
ce
deuxième
sens
et
modifié
substantiellement le sens de la phrase. Nous avons une confirmation très
claire . de cette interprétation et de
l'explication
que
nous
en
avons
donnée,
dans
le
récit parallèle
de
G1
83
=
S4
71
=
Bo
71.
Nous
transcrivons,
sur deux colonnes parallèles, la
traduction
du
sahidique
et
celle
du grec.
On le voit, ici comme en G1 122, le traducteur
grec
a
bien
compris le copte « tôsch
»
employé
comme
substantif
;
mais
il
a
buté
sur
le
sens
du
verbe
«
tôsch
»,
qu'il
a
traduit
par
Etassen dont il précise décidément le sens en glosant « ...un chef de maison ou un autre officier». Remarquons, en passant,
que
cette
glose
confirme
le
sens
que
nous
avons-
donné
à
Etaxen
en
G1
122. Concluons donc que, pour toutes
ces
raisons,
nous
tenons
que, d'une part, le texte grec peut
parfaitement
se
comprendre
tel qu'il se présente, mais que,
d'autre
part,
il
est
une
mauvaise
traduction du copte de Sas. Un point reste à éclaircir : le
sens
du
mot
Aphésis.
Le
Patristic Greek Lexicon de Lampe traduit
Aphésis
ton
logôn
par « reddition of accounts », donnant toutefois comme
seul
exemple notre passage de G1, où le sens s'impose par suite du contexte et du
parallèle
copte.
Le
Père
Festugière
montre
par
ailleurs que « en grec, aphesis tôn logôn ne signifierait pas
«
reddition
des
comptes
»,
mais
tout
au
plus
(si
ce
grec
était
possible)
"
congédiement
des
comptes
"...
»
(Festugière,
p.
101).
Ce grec, à notre avis, ne peut s'expliquer que comme
une
traduction
littérale
d'une
expression
technique
copte.
Les
expressions
techniques
sont
toujours
difficiles
â
rendre
dans
une
autre
langue ; le traducteur, surtout s'il ne comprend
pas
très
bien
son
original,
n'a
parfois
d'autre
solution
que
la
traduction
littérale: Comme la correction du texte par
le
Père
Festugière
aboutissait à faire de Aphésis un absolu, il recherche si ce
mot,
pris ainsi absolument, peut se rapporter à quelque fait
précis.
Et il trouve une réponse dans quelques textes des
Pachomiana
Latina de Jérôme, où, de fait, il est question
d'une
«
grande
Rémission des péchés ». La discussion
de
l'interprétation
de
ces
textes nous
amènerait
trop
loin.
Nous
nous
arrêterons
seulement
â
l'interprétation
d'un
texte
copte
où
le
Père
Festugière
trouve l'emploi absolu de rémission,
et
dont
il
déduit
un
argument en faveur de son interprétation
de
Aphésis. Il s'agit du passage, malheureusement s sans parallèle,
de
S6 332.5-11. Le
biographe
de
Théodore
y
explique
que,
deux
fois
par an, celui-ci déplaçait beaucoup des officiers d'un poste à un autre, d'un couvent à un autre ; puis il ajoute,
selon
la
traduction de
Lefort
:
Egalement, aux jours de Pâques,
les
frères
s'assemblaient...
;
et
aussi
aux
jours
de
fin
d'année,
qui
sont
appelés jours de la rémission (?)
et
pendant
lesquels
ils
donnaient
lecture
des
comptes
du
travail
manuel
».
Se
basant
sur
cette traduction, le Père Festugière observe « qu'il
y
aurait
quelque absurdité â entendre :
"
aux
jours
de
la
reddition
des
comptes ils rendaient
les
comptes"»
(Festugière,
p.
101).
Peut-être.
En tout cas, si absurdité il y a,
elle
disparaît
dés
qu'on
serre
de
plus
près
le
texte
sahidique,
que
la
traduction
de
Lefort
ne
nous semble pas rendre de façon suffisante, et pour
lequel
nous
proposons
la
traduction
suivante
:
«
Il
procédait
ainsi
deux
fois
par an, en vue de leur profit et de leur salut, en
faisant
passer
beaucoup
d'un
poste
à
un
autre
et
d'un
couvent
à
un
autre
;
soit aux jours de la Pâque
---
les
frères
se
réunissaient
aux
jours
de la Pâque, comme je l'ai dit antérieurement, --- soit aux jours
de
fin
d'année,
qui
sont
appelés
jours
de
la
reddition
[32]
, — on y fait lecture des comptes du travail manuel
[33]
». On le voit, l'incise « on y fait
lecture...
»
vient
expliciter
le
contenu de
la
réunion
du
mois
de
mésoré,
tout
comme
l'incise
« les frères
se
réunissaient...
»
vient
expliciter
la
nature
de
la
réunion de
Pâques
;
il
y
a
parallélisme
parfait.
Et
la
répétition
n'est certes
pas
plus
absurde
dans
le
deuxième
cas
que
dans
le premier,
où
elle
encore
plus
littérale. Conclusion La question qui se pose au terme
de
cette
étude
est
évidemment la suivante : où en est le problème
des
Vies
de
Pachôme
?
Le temps est heureusement révolu
où
l'on
croyait
pouvoir
ramener
à
une
source
commune,
grecque
ou
copte,
toute
l'hagiographie pachômienne.
Les
publications
des
dossiers
grec
et
copte
au complet
ont
permis
de
se
rendre
compte
du
caractère
composite d'à
peu
près
tout
ce
qui
nous
est
parvenu
de
cette
littérature. Tous
ces
textes
ont
eu
une
vie
mouvementée.
Ils
ont
été
très tôt traduits,
copiés,
compilés,
interpolés,
etc.
On
ne
saurait
porter un jugement
général
une
fois
pour
toutes
sur
aucun
d'entre eux.
L'examen
philologique
est
à
reprendre
pour
chaque
paragraphe.
De
ce
point
de
vue,
on
ne
pourra
qu'admirer
combien les .conclusions
du
Père
Festugière,
dans
chaque
section
de son introduction,
sont
nuancées.
Il
reconnaît
chaque
fois
la
supériorité
de
telle
ou
telle
version
sur
telle
autre,
grecque
ou
copte,
selon
que
l'analyse
critique
lui
semble
l'exiger. Si la connaissance des sources pachômiennes
peut
encore
faire quelque progrès, ce sera en
distinguant
encore
mieux
dans
les documents qui nous sont parvenus,
et
qui
sont
presque
tous
des compilations, les groupements
de
récits
susceptibles
de
représenter
des
sources
communes
aux
diverses
compilations,
et en reconstituant par l'évaluation soigneuse de
chaque
recension, l'état primitif et l'évolution des récits ou
des
groupes
de
récits. Comme les documents qui sont le
plus
susceptibles
d'expliquer l'évolution littéraire de la
Vie
de
Pachôme
sont
soit
en
sahidique soit en traduction arabe,
ce
sont
eux
surtout
qu'il
importera maintenant de scruter,
paragraphe
par
paragraphe
et même ligne par ligne, en tenant
compte
toujours
de
l'ensemble du dossier pachômien. Et puisque
non
possumus
omnia
omnes, les coptisants
et
arabisants
seront
certes
reconnaissants
au Père Festugière
de
l'inappréciable
instrument
qu'il
leur
a
procuré pour
la
connaissance
de
la
première
Vie
grecque.
Son
introduction
critique
constitue
pour
les
chercheurs
à
la
fois
mie invitation
et
une
pierre
d'attente. Armand VEILLEUX, o.c.s.o. [1] A.-J. FESTUGIÈRE, Les Moines d'Orient, IV/2: La première Vie grecque de saint Pachôme. Introduction critique et traduction. Ed. du Cerf, Paris 1965, 251 p. (= Festugière). [2] C'est surtout le Père Heinrich Bacht qui a attiré I'attention sur la richesse spirituelle et la physionomie toute particulière du monachisme pachômien. De ses nombreux articles, nous ne rappellerons que le plus récent : « Pachomius und Evagrius. Zur Typologie des koptischen Mönchtums », dans Christentum am Nil (Internationale Arbeitstagung zur Ausstellung « koptische Kunst »), Recklinghausen, 1964, p. 142-157, surtout p. 150-155. On trouvera aussi un excellent exposé synthétique du monachisme pachômien et des documents qui le révèlent, dans H. van CRANENBURGH, « Nieuw licht op de oudste kloostercongregatie van de christenheid : de instelling van Sint-Pachomius », dans Tijdschrift voor geestelijk leven 19 (1963), p. 581-605 et 665-690 ; 20 (1964), p. 41-54. [3] Nous emploierons les abréviations usuelles pour désigner les sources pachômiennes. G1, G2, etc, = les Vies grecques ; Bo = la Vie bohairique ; S1, S2, etc. = les Vies sahidiques ; Paral = les Paralipomènes grecs ; Am = la vie arabe d'Amélineau; Av = la vie arabe du Vatican ; et nous ajoutons Ag = la Vie arabe de Göttingen (cf. infra). [4] Des indications complémentaires pourront être trouvées dans les deux articles suivants de D. J. CHITTY : « Pachomian Sources Reconsidered» dans Journal of Ecclesiastical History 5 (1954),38-77 et « Some Notes, mainly, Lexical, on the Sources for the Life of Pachomius », dans Studia Patristica V (Texte und Untersuchungen 80 p. 266-269. [5] Pour raison de commodité, nous désignerons l'ensemble de cette recension sahidique par l'expression : “groupe Bo“. A ce groupe doit être rattaché le fragment S7 tout comme Av. [6] Av permet toutefois de compléter la lacune du groupe Bo aux paragraphes 112-114 et 116. [7] Il écrit, v.g., à la page 36, note 2 : “La même source copte de cette version arabe d'après "un autre volume"...” [8] W.E. CRUM, Theological Texts from Coptic Papyri edited with an Appendix upon the Arabic and Coptic Versions of the Life of Pachomius. (Anecdota Oxoniensia, Semitic series 12), Oxford, 1913. Voir l'appendice, pages 170 et sv. [9] L.Th. LEFORT, Les Vies Coptes de Saint Pachôme et de ses premiers successeurs. (Bibliothèque du Muséon 16), Louvain 1943, p. xviii. (=Lefort). [10] II va de soi que la nature du. présent article nous réduira à ne tracer que les grandes lignes de notre argumentation. Nous comptons reprendre le problème en détail dans un ouvrage sur le dossier pachômien. [11] G3 97-99 = Paral 5-6 = Am 605-608 ; G3 100 = Paral 13 = Am 608 ; G3 102-103 = Paral 15-16 — Am 608-611 ; G3 104 = Paral 7 = Am 611-613 ; G3 105-109 = Paral 17-19 = Am 613-620 ; G3 110-112 et 117-120 = Paral 21-27 -- Am 620-630 ; G3 122-123 = Paral 29-30 = Am 630-631 ; G3 125-126 -= Paral 32-33 = Am 632-633 ; G3 127 = Paral 12 = Am 633-655 ; G3 128-130 = Paral 34.36 . = Am 635-639. [12] Paral 1-4; 14; 8-11 ; 28; 31 (selon l'ordre de G3). L'absence de Paral 28 et 31 en arabe est due au fait que le traducteur a raccourci par les deux bouts le groupe Paral 28-31. [13] G3 56-57; 68; 77 ; 80-81; 87 ; 89 ; 93. [14] Op. cit., p. 176. [15] G3 26; 30-34; 38-41 ; 43-44. [16] 11 faut cependant tenir compte du fait qu'il traduit librement et brode parfois. Il convient aussi de ne pas attribuer au traducteur arabe les nombreuses erreurs de la traduction française d'Amélineau. Le recours au texte arabe est indispensable. Il semble aussi que dans son récit de la mort de Pachôme, le compilateur ait complété G3 avec les derniers paragraphes du groupe Bo (cf. S7) dont il n'avait pas entièrement fini la traduction à la fin de son premier volume, y laissant Pachôme agonisant pour revenir en arrière dans son récit... [17] On peut suivre la correspondance avec Bo jusqu'à Am 591.4 (= Bo 97) ; ensuite avec Av 93v-95r (= Si 45.26-47.27). Am s’arrête un peu avant la mort de Pachôme ; la fin du récit, qui faisait évidemment partie de la Vie brève (Av 95r-fin = S7 47.27-51.25) a été un peu utilisée par le compilateur arabe pour compléter le récit de la mort de Pachôme traduit de G3: voir Am 647.11-16 (= S7 50.39). Cf. Festugière, p. 82. [18] On peut facilement vérifier les divergences qui restent entre le groupe Bo et G3, en consultant la première section de l'introduction du Père Festugière. Nous nous permettons ici une remarque. Bo est une traduction du sahidique, et une traduction plus d'une fois défectueuse (cf. L.Th. Lefort, « Littérature bohairique », dans Le Muséon, 44, 1931, p 115-135, surtout 123.133). Puisque S4 et S5 sont très probablement de fidèles témoins directs du texte sahidique, nous nous demandons si, du point de vue méthodologique, il n'eut pas mieux valu faire entre eux et G1 la comparaison, et ne recourir à Bo que lorsque ceux-ci sont lacuneux, et non l'inverse. [19] Il ne faut pas exclure la possibilité que le rédacteur de la Vie brève ait possédé un texte de S1 plus primitif que celui du parchemin du VIe siècle dont nous disposons. Ainsi, la, longue prière de forme liturgique attribuée à Pachôme en S1 5.6-26 (à compléter par S3 66.9-67.11) pourrait bien être due à la ferveur liturgique d'un scribe postérieur. [20] Dans le groupe Bo, cette Vie de Théodore .se compose, grosso modo, de Bo 30-38, 61-85 et de quelques autres passages isolés. [21] Les énormes lacunes du Ms de S10 nous empêchent de savoir ce que contenaient au juste les quelque cent premiers folios. II est possible que ce Ms ait contenu bout â bout une Vie de Pachôme et une Vie de Théodore ; il est également possible que la Vie de Théodore ait été insérée en bloc dans :la Vie de Pachôme. [22] De même qu'en Denys et G2. [23] Il faut, pour apprécier cette similitude, écrire sur deux lignes superposées le texte copte et le texte grec. L'identité va jusque dans le choix des mots. [24] L.Th. LEFORT, S. Pachomii Vitae sahidice scriptae, (C.S.C.O. 99-100), Louvain, 1933-1934. [25] Cet exemple, banal en soi, montre ä lui seul la nécessité de recourir au texte original dans des études de ce genre. [26] Cf. Bo 24 = G3 26 ; Bo 206 = S5 186 ; Bo 208 ; S3b 345.29 ; G1 79. [27] Vitae sahidice..., p. 300, col. B, I. 5. [28] Les différences entre le Ms. de Patmos et les deux Mss de G5 montrent bien qu'ils ont tous eu de la difficulté à corriger ce texte. [29] C'est sans doute par simple distraction que le Père Festugière (p. 100 écrit que Bo 71 est perdu. [30] C'est d'ailleurs ainsi que le Père Festugière a entendu le verbe Tassein dans le passage parallèle de G1 83 ainsi qu'en G1 121. Nous ne comprenons donc pas pourquoi il affirme (p. 94, n. 1) qu’ici Etaxen signifie évidemment " il ordonna " ». (C'est nous qui soulignons). [31] Traduction du Père Festugière. [32] Le Koptisches Handwörterbuch de W. Spiegelberg traduit « ouêt » par Abrechnung (p. 172). [33] Ne pouvant transcrire ici le texte sahidique, nous sommes obligés de renvoyer les coptisants à l'édition originale de Lefort : Vitae sahidice, p. 279.21-27. Voici Ia justification de notre traduction. La correction de « eteï » en « eïte » (ligne 24) est imposée aussi bien par tout le contexte que par la présence d'un second «eïte » à la ligne suivante. Lefort, n'a pas voulu répéter l'expression « aux jours de la Pâque », dans sa traduction ; l'équilibre de la phrase en a été troublé. Enfin, pour ce qui est du mot « eschaueschñlogos », à la ligne 27, on peut certes entendre le « e » initial comme un relatif, tel que l'a fait Lefort ; mais il nous semble plus probable que « eschau » doive plutôt être considéré comme l'auxiliaire du temps second. Sur cette forme, voir H.J. POLOTSKY : « The coptic Conjugation System », dans Orientalia, 24 (1960), p. 400. |
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