Écrits et conférences d'intérêt général



 

 

 
 

Où sont tous les défenseurs de la vie ?

 

La vie humaine, toute vie humaine, est sacrée, depuis son origine jusqu’à son dernier instant. Elle est également fragile et doit être traitée avec grand soin. Beaucoup d’individus et de groupes ont trouvé ces dernières années, dans la défense de la vie à ses débuts un champ de bataille et, bien sûr, une visibilité médiatique et une identité sociale.

 

Mais où sont tous ces défenseurs de la vie au moment, où, une fois de plus, la vie des Palestiniens de Gaza est transformée en enfer par l’agression israélienne et quand des dizaines de personnes, surtout des femmes et des enfants, sont déchiquetées chaque jour par les missiles israéliens ?  Il s’agit d’une agression qui n’a jamais cessé, avec, tout au long des années, de nombreux meurtres ciblés de figures politiques, sans compter les victimes civiles éliminées en même temps et considérées comme simples dommages collatéraux. Les habitants de Gaza sont habitués à cette agression continuelle et à la destruction périodique de toutes les infrastructures qui pourraient leur permettre un minimum de dignité de vie humaine. Mais ils doivent faire face, encore une fois, ces jours-ci, à une agression plus violente et plus barbare, motivée par des raisons politiques, comme chaque fois qu’on s’approche en Israël d’une campagne électorale.

 

Grand silence chez tous nos grands défenseurs de la vie.

 

Ce silence, somme toute, est encore moins scandaleux que l’attitude de nos politiciens qui s’empressent de reconnaître devant les caméras n’importe quel ramassis de groupuscules plus radicaux les uns que les autres comme le « représentant légitime » de tout un peuple (avant toute décision des Nations Unies) et qui, devant l’agonie du peuple palestinien, ne trouvent rien de mieux à faire que de répéter la vieille rengaine : « Israël a le droit de se défendre » ! Peuvent-ils ignorer l’évidence ? Le peuple Palestinien, victime d’une agression militaire constante, réduit à une situation d’apartheid dans une prison à ciel ouvert appelée Gaza, constamment bombardé par les F16 et les drones de l’occupant a aussi le droit de se défendre, même si les moyens dont il dispose n’ont de valeur guère plus que symbolique. Tout aussi scandaleux, tout en étant plus ridicules par leur ineptie, sont les traditionnels appels faits à chaque camp, par toutes les hautes autorités, de pratiquer la retenue.

 

Au cours des dernières élections américaines une partie de l’épiscopat américain rattachée à une aile radicale du mouvement dit « pro life », financée à coup de plusieurs dizaines de millions de dollars par les Knights of Columbus, a tout fait – sans résultat, grâce à Dieu -- pour essayer d’empêcher la réélection de Barack Obama et de plusieurs autres politiciens. Le tort de ces politiciens était de penser qu’il est plus important d’éradiquer les causes de l’avortement ou d’autres atteintes à la vie que de se tranquilliser la conscience en votant simplement des lois criminalisant les personnes concernées.

 

Où sont-ils tous ces défenseurs de la vie, de tous les échelons de toutes les hiérarchies ? Il faut dire qu’ils sont souvent favorables à la peine de mort, à la libre possession par tous d’armes à feu, et à la guerre contre tout ce sur quoi on peut coller l’étiquette de terrorisme.

 

Leur silence est un crime contre l’humanité qu’on gravera un jour sur un mur des lamentations, dans l’état palestinien enfin devenu réalité.

 

 

Armand VEILLEUX

19 novembre 2012