Écrits et conférences d'intérêt général



 

 

 
 

 

Malgré des difficultés, la pratique religieuse n’a jamais cessé d’exister à Cuba.  Peu de pays ont connu un traitement aussi partial de la presse internationale.  Le courage et la générosité des Cubains gagneraient à être mieux connus.

 

Religion à Cuba

 

La construction d’un grand séminaire a été récemment entreprise à La Havane. La cérémonie, à laquelle assistait Raúl Castro, a été largement rapportée par la presse internationale. Le contenu de presque toutes les dépêches impliquait que c’était le premier grand séminaire à exister à Cuba depuis le début de la révolution.

Or, je me souviens que lors d’un séjour à Cuba en 1976, je fus invité à parler de la vie contemplative aux grand séminaristes de La Havane. Ils étaient au nombre de 67 (philosophie et théologie). Ce séminaire – situé dans l’ancien somptueux palais cardinalice -- a toujours existé et plusieurs prêtres et évêques actuels de Cuba y ont été formés.

Au cours des cinq semaines que je passai alors à Cuba, en vue d’y fonder un monastère, je célébrai librement l’eucharistie chaque jour dans toutes les parties du pays, y rencontrant de nombreux groupes de Chrétiens. Malgré cela la presse américaine de l’époque ne cessait de répéter qu’il n’y avait « aucune liberté de culte » à Cuba !

 

Attitude tendancieuse des medias

Peu de pays ont connu une couverture plus biaisée par les médias que le Cuba de Fidel Castro.  On ne lui a jamais pardonné de s’être libéré du dictateur Battista et de la colonisation économique nord-américaine. On ne lui a jamais pardonné non plus d’avoir survécu à tous les efforts du pays le plus puissant du monde pour l’étouffer par un embargo criminel et des tentatives répétées d’assassinat.

La forme de socialisme voulue par Fidel Castro dans les premières années de sa révolution avait une note tout à fait évangélique, comme l’a souvent rappelé le nonce apostolique de l’époque, Cesare Zacchi.  Malheureusement, les efforts des pays capitalistes pour étouffer Cuba l’ont fait basculer graduellement dans le communisme de l’empire soviétique, ce dernier permettant à Cuba de survivre en lui achetant son sucre.

Cette inféodation graduelle au communisme soviétique fut évidemment une catastrophe pour Cuba. Mais ceux qui ne cessent de lamenter cet aspect négatif oublient toujours de rappeler les aspects positifs. Malgré toute sa pauvreté, le gouvernement cubain a développé très rapidement et maintenu jusqu’à nos jours un système de santé publique modèle dont plusieurs pays – à commencer par le géant nord-américain – peuvent être jaloux et un système d’éducation d’une qualité exceptionnelle.

 

Aide de Cuba aux autres pays

Des milliers de médecins cubains servent gratuitement dans de nombreux pays pauvres du monde, en particulier à travers le programme Milagro, qui a sauvé près de deux millions de personnes de la cécité dans une quarantaine de pays.

Lors du séisme qui ravagea Haïti en janvier 2010, les équipes médicales cubaines, déjà présentes dans tout le pays depuis 1999, étaient très actives à soigner les malades et à sauver des milliers de vies dans 127 des 137 communes du pays alors que l’armée américaine qui avait pris possession de l’aéroport de Port-au-Prince dès le lendemain du séisme s’affairait encore à imaginer la logistique par laquelle l’aide américaine et celles des autres pays pourrait éventuellement être acheminée vers Haïti.

Lorsque Jean-Paul II visita Cuba en 1998 il rappela à Fidel l’importance d’une plus grande ouverture à l’égard de l’Église ; mais sa visite avait aussi pour but de donner à Cuba une reconnaissance internationale, ce qui ne manqua pas d’embarrasser les Grands.  Après tout, il pourrait être bon que Benoît XVI place lui aussi Cuba dans sa longue liste de pays encore à visiter.

 

Armand VEILLEUX

Décembre 2010