Écrits et conférences d'intérêt général
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La réforme du missel qui n’eut pas lieu – celle de saint
Pie
V À l’époque du Concile de Trente, une
réforme
de
la
liturgie,
et
particulièrement
de
la
célébration
eucharistique,
s’imposait.
Pour
le
comprendre
il
faut
jeter
un
coup
d’oeil
d’ensemble
sur
l’histoire
de
la
célébration
eucharistique
depuis
le
Christ
jusqu’au
16ème
siècle.
Faites ceci en mémoire de moi, avait dit
Jésus
au
cours
de
son
dernier
repas
avec
ses
disciples. Dès la première génération chrétienne ses disciples
se
mirent
à
célébrer
un
repas
fraternel
en
sa
mémoire. Graduellement une structure de célébration se
dessina
et
quelques
formules
commencèrent
à
s’imposer
par
leur
qualité
intrinsèque.
L’anaphore
ou
«
prière
eucharistique »
qu’on
trouve
dans
la
Tradition
Apostolique
de
saint
Hippolyte,
écrite
vers
l’année
215,
(et
dont
s’inspire
directement
notre
Prière
Eucharistique
nº
2
actuelle)
était
présentée
par
son
auteur
non
pas
comme
une
formule
figée,
mais
comme
un
modèle
dont
pouvait
s’inspirer
le
célébrant.
La
créativité
liturgique
était
alors
de
mise. Les
six
premiers
siècles
sont
considérés
par
les
liturgistes
comme
l’âge
d’or
de
la
célébration
liturgique.
Les
fidèles
se
réunissaient
pour
faire
ensemble
mémoire
du
Christ
au
cours
d’un
repas
fraternel
présidé
par
un
presbyte
ou
un
épiscope.
Il
s’agissait
d’une
célébration
commune
avec
des
rites
qui
s’enrichirent
graduellement
de
formules
nouvelles. Les deux siècles qui suivirent furent marqués
par
une
diversification
grandissante,
sous
l’influences
des
peuples
nouveaux,
dits
« barbares ». Au
cours
de
la
longue
évolution
qui
va
suivre,
jusqu’au
Concile
de
Trente,
la
« Messe »
comme
on
l’appelle
désormais,
devient
toujours
plus
l’affaire
du
clergé,
au
cours
de
laquelle
le
peuple
fait
ses
dévotions,
qui
n’ont
souvent
rien
à
voir
avec
le
mystère
célébré
à
l’autel.
On
interrompt
ses
dévotions
pour
adorer
l’hostie
lors
de
l’élévation,
mais
on
communie
de
moins
en
moins.
L’apparition
de
l’imprimerie
provoquera
la
multiplication
des
« missels »
souvent
fort
différents
d’un
église
locale
à
l’autre
et
de
qualité
souvent
plutôt
douteuse.
Une
réforme
s’imposait
à
l’époque
du
Concile
de
Trente.
Celui-ci
en
dressa
les
grandes
lignes,
mais
laissa
au
Pape
le
soin
de
la
réaliser. Ce fut la tâche de Pie V, après la mort de Pie
IV.
Malheureusement
une
véritable
réforme
n’était
pas
possible
à
ce
moment-là,
le
contact
avec
la
grande
tradition
liturgique
de
l’âge
d’or
ayant
été
perdu. Plutôt que de s’embarquer dans une réforme du
missel
qui
dépassait
ses
forces
et
les
connaissance
de
ses
collaborateurs,
Pie
V
se
contenta
d’imposer
à
l’Église
universelle
le
missel
alors
utilisé
par
la
Curie
romaine
et
qui
n’était
guère
différent
de
celui
prescrit
à
l’Église
de
Rome
par
le
Pape
Nicolas
II
trois
siècles
plus
tôt,
à
l’une
des
époques
les
moins
glorieuses
de
la
tradition
liturgique. La
réforme
dont
le
Concile
de
Trente
avait
tracé
les
grandes
lignes
et
que
Pie
V
ne
réalisa
pas,
parce
qu’il
n’avait
pas
les
moyens
de
la
faire,
est
celle
qui
fut
réalisée
après
Vatican
II.
Les
liturgistes
qui
préparèrent
le
missel
dit
de
Paul
VI
n’avaient
nullement
pour
but
d’adapter
la
liturgie
traditionnelle
au
goût
des
temps
modernes,
mais
bien
de
la
purifier
des
scories
accumulées
au
cours
des
longs
siècles
de
décadence
liturgique,
et
de
lui
redonner
la
pureté
de
son
âge
d’or.
Dès
lors,
devant
l’acharnement
de
certains
Chrétiens
d’aujourd’hui
à
vouloir
préférer
la
forme
« extraordinaire »
de
célébration
du
missel
non
réformé
de
Pie
V
à
celle
du
missel
rénové
de
Paul
VI,
on
ne
sait
s’il
faut
rire
ou
pleurer. Armand VEILLEUX |
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