Écrits et conférences d'intérêt général



(Dernière mise à jour le 23 juillet 2008)

 

 

 
 

 

MÉDIATION CULTURELLE DE L'EXPÉRIENCE RELIGIEUSE

 

Un peu dans le style des anciens sermons, je vais commencer par un texte biblique et le texte auquel je voudrais me référer est au livre de la Genèse, chapitre 28 . Jacob; le songe de Jacob.

Jacob va de Bershéba à Haran, et durant la nuit, il a un songe, il voit des anges qui montent et descendent l'échelle ; elle a son pied sur la terre et son sommet dans les cieux. Dieu lui apparaît. Il lui dit qu'il est le Dieu d'Abraham, d'Isaac, le Dieu de son père. II lui promet de lui donner cette terre : « Je serai avec toi ». C'est une expérience spirituelle très, très profonde pour Jacob. Quand i1 se réveille de son songe, il est terrifié et dit : «Vraiment, Dieu était ici et je ne le savais pas. Ceci est un lieu terrifiant, c'est vraiment la maison de Dieu. » Maison de Dieu, c'est l'étymologie de Bethel.

Et que fait Jacob ? Il prend la pierre qui lui servait d'oreiller; il la met debout comme une stèle et il constitue un autel , il fait un sacrifice et, chaque fois qu'il passera à cet endroit-là, il pourra refaire ce sacrifice ; et en refaisant le sacrifice, en versant de l'huile sur cette stèle, il revivra l'expérience qu'il a vécue. Il peut refixer l'origine de l'autel, du sacrifice, du lieu sacré : un endroit où il revit une expérience qui a été fondatrice, une expérience qui a été extrêmement importante pour lui ; et cette expérience-là, il la racontera à ses fils qui la raconteront à leurs fils; se créera une tradition autour de laquelle s'élaboreront des mythes, au sens le plus profond du mot - une histoire qui s'embellira constamment. S'élaborera aussi une doctrine sur le sens de la vie, sur le sens de la relation avec Dieu, sur les exigences morales qui en découlent.

Nous avons là tous les éléments d'une religion ; et nous avons là tous les éléments d'une culture.

Voici un petit tableau très simple : les trois niveaux de l'expérience religieuse

 

l'expérience elle-même

 

niveau de la foi

la mémoire de cette expérience

religion

l'interprétation de l'expérience

philosophies

mythologies

 

Il y a une expérience que l'on a vécue, qu'on peut revivre, qu'on veut garder présente, qu'on veut transmettre on le fait à travers la religion qui se constitue de mythes, de traditions, de doctrines, de cultes et de codes moraux. Et ensuite, normalement à partir de la seconde génération, où ce que l'on exprime ne correspond plus à ce que l'on dit, on sent le besoin de l'interpréter. La première génération n'a pas besoin d'interprétation ; on vit spontanément ; il n'y a pas de théologies dans la première génération chrétienne ; la théologie vient avec la deuxième génération.

Il est très important de distinguer ces niveaux mais ils sont impliqués l'un dans l'autre ; il n'y a pas de foi sans expression religieuse mais, malheureusement, on peut avoir une expression religieuse vide de foi.

Au niveau du christianisme, que se passe-t-il ? Ce qui est propre au christianisme, ce n'est pas d'être LA religion, une religion puisqu'il y en a d'autres qui ont leur valeur, c'est d'être l'expérience de la foi en Jésus-Christ. Dieu s'est révélé en Jésus-Christ. Un Dieu personnel qui s'est révélé et qui offre une relation personnelle. Cette foi chrétienne n'existe pas sans s'exprimer dans la vie... dans un contexte religieux avec des éléments empruntés pour la plupart à la religion juive, et aussi à d'autres rudiments fondamentaux de l'humanité.

La culture est quelque chose de semblable : ce qui est propre à une culture, c'est d'être UNE forme d'expérience humaine, une façon de vivre et de concevoir l'existence, la relation avec Dieu, avec le cosmos, avec les autres qui s'expriment à travers des traditions, une organisation sociale, des institutions, des codes moraux etc... Et l'essentiel dans une culture, ce n'est pas tellement ces éléments-là dans lesquels ii y a une hiérarchie mais c'est le type d'expérience, la compréhension de cette expérience. Foi religieuse, expérience religieuse dans son sens le plus profond si elle est authentique et dans la mesure où elle est authentique est la même pour tout être humain ; parce que si l'on fait l'expérience de Dieu, si on rencontre Dieu, il y a Dieu. Mais l'expérience n'existe jamais à l'état pur ; c'est toujours une expérience vécue ; c'est une expérience qui devient consciente ; il faut se la dire pour qu'elle soit consciente et on se la dit uniquement à travers les moyens que nous donne la culture. Il y a un type d'expérience religieuse qu'on peut faire à (intérieur d'une culture et qu'on ne peut pas faire à l'intérieur d'une autre. Et chaque culture est à la fois une richesse et une limite. Et chaque expression religieuse est à la fois une richesse et une limite.

On verra qu'inculturer le christianisme dans les structures d'une autre tradition religieuse est un enrichissement pour le christianisme ; le christianisme acquiert, en s'intégrant par exemple dans la grande culture hindoue, de l'Inde, des modes d'expression religieuse qu'il n'avait pas, sans perdre la caractéristique de son expérience.

A l'origine et à la base d'une religion, il y a toujours une expérience spirituelle fondatrice qui est l'objet de foi. Cette foi s'exprime à travers les divers éléments qui constituent la religion, rites, mythes, traditions, et c'est à travers cela qu'une foi s'exprime, se transmet de génération en génération, se perpétue ; et c'est aussi cette tradition, cette religion qui forme les personnes qui y naissent ou qui y entrent. C'est en naissant dans une culture ou en entrant dans une culture que graduellement on est amené à vivre un type d'expérience humaine. Et cela, on pourra le transposer dans le domaine de la formation monastique : c'est en vivant la vie monastique que graduellement on est conduit à l'expérience spirituelle proprement monastique. Il n'y a pas d'autre façon.

Il y a entre ces trois niveaux une hiérarchie bien que ces trois niveaux soient nécessaires :1 'expérience est évidemment le niveau le plus essentiel et le plus important. Et, en liturgie, c'est très important parce que la liturgie se situe, dans son mode d'expression, au second niveau ; mais ce qui est important dans la liturgie, ce n'est pas la façon dont on célèbre, c'est CE qu'on célèbre : et ce que l'on célèbre se trouve dans la première colonne, c'est l'expérience de Dieu: Et souvent, dans nos efforts de réforme ou d'adaptation de la liturgie, on se préoccupe beaucoup de la modalité et on peut oublier parfois la réalité qu'on célèbre.

Ce qui a été un peu le drame de l'évangélisation de l'Afrique, c'est que, à l'époque où le christianisme n'était pas en très grande santé dans les pays d'où provenaient les missionnaires, une époque de juridisme et de ritualisme, très souvent comme on était peu nombreux, on arrivait dans les villages, on baptisait ; or ces peuples-là étaient profondément religieux - ils avaient leurs traditions, leurs mythes, leur rituel - et on leur dit : vos traditions ne sont pas les bonnes, nous avons les bonnes ; vos rites ne sont pas les bons, nous avons les bons, etc... nous allons remplacer tout cela, mais, très souvent, on n'a eu ni le temps, ni la préoccupation de conduire à une expérience personnelle profonde et de conduire à une prière personnelle, contemplative. Je puis croire tout ce qu'enseigne l'Église, je puis pratiquer tous les sacrements, je puis observer toutes les règles, si je n'ai pas une relation personnelle profonde avec le Christ dans la prière, je n'ai pas la foi. Je pratique la religion mais je n'ai pas la foi si je n'ai pas une relation personnelle. Ce n'est pas une question de croire à un certain nombre de choses, même si la foi doit s'exprimer à travers une religion que je n'ai pas inventée, donc que je dois recevoir.

L'expérience fondatrice du christianisme, c'est l'expérience de Jésus-Christ. Dans l'Évangile, Jésus-Christ ne se présente pas comme une grand professeur, un grand théologien ; il ne nous fait pas de grandes théories sur son Père ou sur le Royaume ; il nous parle essentiellement de son expérience ; son expérience c'est d'être le Fils du Père ; il nous dit qu'il a avec le Père une relation d'amour qui est l'Esprit Saint ; et il nous invite à vivre la même expérience ; ça, c'est l'expérience fondatrice du christianisme.

A l'origine d'autres grandes religions, - par exemple le bouddhisme, après l'expérience très profonde qu'a fait le Bouddha, - à l'origine de toute culture, il y a une expérience, qui n'est pas une expérience qui s'est faite en un moment ; mais un peuple, un groupe humain dans un contexte historique et géographique déterminé est arrivé à exprimer, à verbaliser d'une certaine façon une conception de sa vie, de sa relation avec les autres et c'est cette conception de la vie qui se transmet à travers tous les éléments de ce qu'on appelle une culture. Cette expérience est toujours partagée par un groupe, se transmet à travers des traditions etc... Et on perçoit déjà ici le lien entre religion et culture ; lorsque la foi se vit concrètement, elle se vit avec d'autres personnes, donc elle se vit dans un groupe humain, dans une société et elle s'exprime à travers des éléments qui constituent graduellement une culture ou elle modifie une culture existante. Et de même dans la culture, l'élément principal, c'est l'expérience et donc l'expérience du sens de la vie, du sens ultime qui est une dimension essentiellement religieuse.

 

Quelques éléments qui sont importants pour préciser la relation entre foi et culture :

Dans Gaudium et Spes, le document de Vatican 11 sur l'Église et le monde moderne, il y a un paragraphe qui est très souvent cité comme une définition de la culture : le

n° 53. Ce n'est pas une définition au sens scientifique mais c'est une excellente description

« C'est le propre de la personne humaine de ne pas pouvoir atteindre un niveau de vie vraiment et pleinement humain si ce n'est à travers la culture, c'est-à-dire en cultivant les biens et les valeurs de la nature ; toutes les fois qu'il est question de vie humaine, nature et culture sont aussi étroitement liées que possible ».

Nous avons déjà ici les deux notions de nature et de culture et la relation entre les deux. La nature est ce qui est donné, ce que l'on reçoit ; et la culture est quelque chose que les hommes réalisent, créent en cultivant les biens et les valeurs de la nature. On n'a pas de culture sans cultiver quelque chose. Tandis que la nature signifie la création en tant qu'elle préexiste à nous, humains, la culture est ce que l'être humain, au moyen de son travail intellectuel, manuel, son influence, fabrique, à partir de cette création. La culture est le milieu humanisé par l'activité humaine.

Deux concepts de culture, les deux façons d'approcher la culture : le premier que l'on pourrait appeler classique, classico-humaniste, (on possède de la culture, quelqu'un qui peut parler des grands auteurs classiques, qui s'y entend en musique classique, etc... ). Le deuxième est le sens anthropologique et sociologique.

L'histoire du mot culture dans le premier sens a été décrit par un ouvrage de Wilhem WUNDT, un allemand Culture et histoire, il en fait l'étymologie : culture vient de colere, cultiver en latin, d'où dérive le mot cultus, d'abord dans le sens de cultus deorum et cultus agri ; on cultive les dieux et on cultive le champ. Le mot cultus est synonyme de cultura mais cultura est plus tardif. Cultus agri s'est transformé ensuite en cultura agri. A partir du Moyen Age tardif, on s'est mis à parler de la cultura mentis. Cicéron avait déjà parlé de la cultura animi : on doit cultiver son esprit : « cul­tura animi philosopha est ». Et c'est dans cette foulée qu'à partir de la Renaissance, on commencera à employer le mot culture dans son sens classique et humaniste.

Gaudium et Spes

« Par le terme général de culture, nous entendons tout ce par quoi l'homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s'efforce de soumettre l'univers par la connaissance et le travail ; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l'ensemble de la vie civile, grâce au progrès des mœurs et des institutions ; traduit, communique et conserve enfin dans ses œuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l'homme, afin qu'elles servent au progrès d'un grand nombre et même de tout le genre humain ». (n° 53 par. 2)

Il y a donc ici une énumération des divers biens que l'homme cultive, à travers lesquels il élabore une culture : ce sont les biens physiques, matériels, les biens de la terre. Ce sont les biens de l'esprit, du coeur, de l'âme ; ce sont aussi les biens des relations interpersonnelles. Et l'homme peut donner à tous ces biens qu'il cultive, une permanence : à travers des œuvres, les couvres d'art... Et c'est ici que ce nouveau concept de culture - le concept sociologique - est plus riche que le concept traditionnel parce qu'il englobe le concept traditionnel ; la culture au sens classique n'est qu'une petite partie de la culture humaine ; c'est un aspect important mais une partie seulement de la culture humaine.

L'élaboration des systèmes politiques, des systèmes économiques, des systèmes sociaux, des oeuvres d'art, les conquêtes de la science... tout cela fait partie de cette culture humaine, la technique comme l'art. Et parce que c'est transmis de génération en génération, on parle déjà de société. La culture ne peut pas en ce sens-ci être la culture d'une personne ; c'est toujours la culture d'un groupe ; et c'est ce qui donne l'identité au groupe : c'est un complexe, un système de traditions, de codes et d'histoires qui donne à un groupe son identité. Et quand quelqu'un entre dans cette société ou naît dans une société, il est conduit à son identité personnelle à travers l'intégration dans une identité commune.

Le texte de Gaudium et Spes continue (n° 53 par. 3)

« En conséquence, la culture présente nécessairement un aspect historique et social ; en effet, à partir des différentes façons d'utiliser les choses, de travailler, de s'exprimer, de pratiquer la religion, et de former les coutumes, de faire des lois et de créer des institutions juridiques, de développer les sciences et les arts et de cultiver le beau, naissent les diverses conditions de vie et les diverses façons d'organiser les biens de la vie ; ainsi se développe le contexte historiquement défini dans lequel tout homme de quelque origine ou époque s'insère et par quoi on atteint aux biens qui permettent de promouvoir la civilisation » ;

et un peu plus loin, on mentionne que, dans ce sens, la pluralité des cultures est une dimension essentielle du concept de culture. Il n'y a pas de culture au sens sociologique sans pluralité des cultures ; et c'est une richesse. (cf. n° 54)

Jean Paul II parie constamment d'inculturation, de culture et il y a un texte de base : en 1980, il a fait un discours à l'UNESCO sur la culture, la première année de son pontificat, et dans ce discours, il donne d'une façon très avouée, son concept de culture. Ce concept éclaire tout ce qu'il a dit depuis. Pour comprendre ce qu'il dit, il faut retourner à ce texte-là où il décrit

- la culture comme caractéristique de l'être humain par rapport à l'animal et au monde matériel,

- et ensuite, la culture comme caractéristique d'une société déterminée, dans un groupe déterminé. (Cf. DC 1788, 15.06.80, n° 6 et 59, page 604...).

Il insiste beaucoup sur cette idée que la pluralité est une dimension essentielle du concept de culture et que chaque culture est le bien commun de toute l'humanité. La culture n'appartient pas à ceux qui y sont présentement mais appartient à toute l'humanité ; et donc toute l'humanité a le droit de s'y abreuver, mais aussi a le devoir de la protéger. Ainsi toutes les cultures qui existent, nous en avons la responsabilité. C'est une conception que Jean Paul II a dans d'autres domaines aussi, par exemple lorsqu'il dit que le charisme d'un ordre religieux n'appartient pas à cet ordre mais appartient à toute l'Église, au Peuple de Dieu ; et tout le Peuple de Dieu a un droit de regard sur l'évolution du charisme ; ce ne sont pas les quelques personnes qui vivent selon ce charisme qui peuvent faire ce qu'elles veulent avec ce charisme ; il appartient à l'ensemble du Peuple de Dieu. Ceci n'est pas étranger au concept de culture.

L'homme est un être social et son caractère social se réalise dans une pluralité de sociétés ; chaque forme de vie sociale a une complexité qui lui est propre en relation et en subordination avec les autres sociétés. On peut donc dire que chaque société possède sa propre culture, c'est-à-dire son propre système de significations, de croyances, de symboles etc... La culture, c'est l'univers humanisé que se constitue un groupe déterminé, consciemment ou inconsciemment ; c'est sa représentation propre du passé, son projet d'avenir, ses institutions et ses créations typiques, ses habitudes, ses croyances, ses comportements caractéristiques, sa manière originale de travailler, de communiquer, de célébrer, de créer des techniques et des œuvres révélatrices de son art et de ses valeurs ultimes ; on peut alors passer à d'autres niveaux du concept de culture : il y a la culture d'un peuple mais aussi la culture propre à un groupe déterminé, pourvu que ce groupe ait une certaine stabilité. Donc, toute communauté, jouissant d'une certaine permanence, possède une culture qui lui est propre ; c'est une sous-culture par rapport à d'autres cultures plus larges dans lesquelles elle s'insère ; et il n'y a rien de péjoratif dans ce concept de sous-culture ; ainsi une nation, une région, une catégorie sociale déterminée a sa culture : la culture des jeunes, la culture des travailleurs, etc... La culture désigne leur manière caractéristique de se comporter, de penser, de jouer, de percevoir les autres et de se percevoir.

 

Comment est né ce concept de culture qui est maintenant utilisé de manière constante dans les documents ecclésiastiques ?

Quiconque réfléchit sur la situation sociale, à quelque niveau que ce soit, doit utiliser et utilise les méthodes de l'analyse culturelle. Ce concept de culture, concept sociologique, n'est pas très ancien ; il a grandi avec l'évolution des sciences de l'homme, en particulier les sciences historiques et l'anthropologie qui n'est pas une science très vieille ; elle a environ un siècle.

On peut diviser l'anthropologie en deux grandes périodes

* une période qui commence au siècle passé jusque vers 1950.

* depuis 1950, une période assez distincte.

Les anthropologues du siècle dernier, au moment où se développaient les moyens de transport, allèrent visiter des groupements humains qui étaient peu connus auparavant, qu'on pouvait examiner. Ils ont découvert des groupes humains ayant des coutumes, des habitudes, des mœurs sociales différentes des nôtres. Le premier qui a écrit quelque chose qui soit demeuré un classique du genre, c'est Vincent TYLOR dans son livre Primitive Culture.

Ce livre contient une définition de la culture qui est tout à fait dépassée mais qui est aussi constamment citée comme classique : « la culture ou la civilisation, c'est cet ensemble complexe qui comprend le savoir, les croyances, l'art, l'éthique, les droits, les coutumes et toutes les autres aptitudes acquises par l'homme comme membre d'une société ». Ceci est écrit en 1871.

En 1952 : on analyse toutes les définitions de la culture données jusqu'à ce moment-là : il y en a 164. Ce qui explique cette grande variété, c'est que, jusqu'à ce moment-là, l'approche était purement phénoménologique : on décrivait les cultures, les comportements que l'on voyait. Chacun pouvait les décrire, les regrouper à sa façon et les interpréter. Et de cette approche purement anthropologique, une des meilleures expressions est l'ouvrage du grand anthropologue Mircéa ÉLIADE. Dans son collège, à Chicago, s'est développée une école que l'on appelle « l'anthropologie culturelle ». Cette école a élaboré un certain nombre de notions qui sont assez différentes des notions antérieures, purement phénoménologiques. Cette école, au lieu de donner une simple compilation et description des diverses cultures humaines, essaie de les comprendre en les percevant dans chaque cas comme un ensemble à la fois intérieur et extérieur où toutes les coutumes, les pratiques, les institutions, sont perçues comme l'expression d'une finalité, d'un sens donné à l'existence humaine. C'est toujours un complexe vu dans son ensemble et en relation avec une vision, une perception, une expérience humaine.

Dans les définitions de la culture données à partir de ce moment-là, ii y a toujours deux éléments essentiels :

* la dimension symbolique : les comportements comme symbole de quelque chose.

* et la dimension de sens, « meaning » (signification).

 

C'est cela qui est l'élément essentiel : la signification. Si on analyse les diverses traditions culturelles, on y retrouve un grand nombre de symboles ou de gestes symboliques. Tout cet ensemble exprime une conception de la vie, une conception de l'existence humaine, du monde, des relations interpersonnelles, des relations avec la divinité. Ce ne sont pas des gestes extérieurs ni les symboles mêmes qui constituent le cœur d'une culture, puisque les mêmes gestes peuvent signifier des choses absolument différentes dans les cultures différentes. Ce qui est essentiel à une culture, c'est la conception de la vie, le sens de la vie exprimé par ces symboles ; et cette distinction est importante parce qu'elle nous permet de comprendre qu'une société peut subir des changements dans ses coutumes extérieures - ce qui arrive à toute culture - sans perdre pour autant son âme.

II y a trois niveaux dans une culture

* le niveau de l'expérience, le sens de la vie que se donne graduellement un groupe humain, qui s'exprime à travers

* le niveau des traditions, des symboles et finalement des comportements.

* Le niveau des philosophies pour s'expliquer à soi-même. Ce niveau-là n'est pas essentiel mais il est indispensable.

Supposons que j'aille dans un pays étranger, une culture très différente de la mienne, où j'arrive pour la première fois : tout d'abord, je perçois des comportements extérieurs qui sont différents des miens - une façon différente de manger, (avec des baguettes !), de s'habiller, de parler, de saluer, etc... - Je puis assister à des rites d'initiation, des rites de mariage, de funérailles, et je suis incapable de savoir ce que signifie tel ou tel symbole utilisé dans ces rites-là parce que c'est le groupe qui se Test donné, ce symbole. Si quelqu’un de ce groupe ou quelqu'un qui y vit depuis longtemps m'initie, peut me faire comprendre, je peux comprendre ; mais il faut que quelqu'un me le dise, je ne peux pas le deviner. Nous avons déjà deux niveaux, le niveau des comportements visibles, des phénomènes et le niveau symbolique ; mais en-dessous de, tout cela il y a un autre niveau immensément plus important : l'ensemble de conceptions de ce groupe culturel concernant la vie, l'existence humaine dans le monde ; et c'est cet ensemble de conceptions qu'un groupe maintient, développe et transmet parfois inconsciemment, à travers sa façon de vivre, ses coutumes, ses traditions, ses rites... Encore une fois, c'est là l'essentiel. Les coutumes extérieures de n'importe quelle culture sont sans cesse en évolution, parfois si lentement qu'on n'a pas l'impression qu'elles évoluent, parfois si rapidement que cela déconcerte les personnes qui n'ont pas une grande facilité pour faire face aux changements, et toute culture évolue au contact des autres cultures. C'est important surtout à notre époque de rencontres massives des cultures. Si on étudie les grandes cultures de l'humanité qui ont perduré pendant des siècles, on se rend compte que chaque fois qu'une de ces cultures a atteint un âge d'or ou un moment de développement exceptionnel, c'est quand elle a été mise en contact, même d'une façon brutale, avec une autre grande culture.

Dans la réalité globale qu'on appelle une culture, on peut discerner trois niveaux

* Le niveau des valeurs ou de l'expérience ou de la foi. Une certaine échelle déterminée de valeurs et d'éléments essentiels y fait l'identité d'une collectivité au point qu'on est normalement obligé de s'y plier, de s'y soumettre sous peine d'exclusion du groupe.

* Le niveau des institutions qui correspondent à cette échelle des valeurs et qui comporte les coutumes, les habitudes, les rites , à ce niveau-là il y a toujours une évolution. L'évolution peut être très importante sans que la culture perde son identité et son âme.

* Le niveau des expressions plus superficielles, de comportements extérieurs, qui évoluent beaucoup. Et le fait par exemple qu'un élément extérieur passe d'une culture à

l'autre ne veut pas dire que cette culture a influencé l'autre. Le fait que, actuellement, le mot « Sony » ou le mot « Toshiba » se trouve à travers tout le monde ne veut pas dire que la culture japonaise est partout. Même chose pour Coca-Cola ou Pepsi-Cola...

Ce sont des coutumes bonnes ou mauvaises, des comportements bons ou mauvais qui ont été adoptés d'une façon globale. Ce n'est pas une influence culturelle, ce n'est pas vraiment culturel. Au niveau profond, ce sont des comportements, qui graduellement peuvent amener à une évolution de la pensée mais pas automatiquement.

Une culture est donc à la fois une richesse et une limitation. Chaque culture n'a qu'une perception limitée de l'existence humaine. La culture est à la fois universelle et particulière ; c'est pourquoi la rencontre des cultures et le dialogue interculturel sont des choses si importantes. On s'enrichit toujours au contact des autres cultures ; à moins de percevoir que notre culture a tout et que les autres sont inférieures, ce qui est la tentation de toutes les cultures... Le point de référence est : « est-ce qu'ils sont comme nous ? ». On se prend pour la norme ; c'est la tentation éternelle. Et parfois, on le fait d'une façon très naïve... Question d'un membre d'une communauté française : « Est-ce qu'on a traduit en anglais la TOB ? » C'est typique, la TOB, c'est ce que nous utilisons. Est-ce que les autres ont été assez intelligents pour la traduire dans leur langue ? On ne fait pas référence au texte hébraïque, on fait référence à ce qui nous sert à nous...

Le niveau fondamental, c'est le niveau des valeurs. On peut élaborer un grand nombre de valeurs, mais on va surtout parler de la valeur de religion. En plus de sa conscience d'exister, d'être, l'homme se trouve confronté à des exigences et à des devoirs qui sont les projections idéales qu'il perçoit comme devant être une vie humaine bien vécue ; ce sont les valeurs. Chaque culture se distingue par son appréciation de certaines réalités. On donne une valeur à une réalité ; c'est nous qui créons les valeurs. L'appréciation, ce sont les priorités que nous mettons entre les réalités objectives.

Au cœur de toute culture se retrouve une anthropologie qui la détermine par ses éléments fondamentaux : ce sont les valeurs qui orientent les choix fondamentaux du comportement personnel et communautaire. Admettre l'influence plus prépondérante qu'assument les valeurs dans la cohésion d'un peuple veut dire qu'en fin de compte, il y a une culture distincte parce qu'il y a un groupe partageant la même échelle de valeurs. Et l'une des valeurs que l'on retrouve dans toutes les cultures, c'est la religion. Je dis toutes les cultures parce que le socialisme athée ou l'athéisme contemporain, dans l'histoire de l'humanité, sont une sorte d'exception. Et en fait, ce n'est pas une exception parce qu'il s'est constitué en religion. Le socialisme a pris le même rôle qu'avait la religion. Pour traiter cette question à fond, il y aurait un grand nombre de distinctions à faire, par exemple distinguer entre religion et religiosité, entre comportements religieux et appartenance à un groupe religieux. Je peux dire que je n'ai pas de religion, cela ne veut dire que je n'ai pas un comportement religieux.

Un bon nombre d'auteurs - théologiens ou philosophes - soutient, quoique avec des nuances très diverses, que la religion et la culture sont inséparables et que la religion est en fait le constitutif ultime de la culture. On pourrait aligner ici mais avec des nuances, BERGSON, BLONDEL, MARITAIN, William JAMES, SCHELER..., parmi les anthropologues ÉLIADE, parmi les théologiens non catholiques Paul TILLICH qui dit : a La religion en tant que préoccupation ultime est la substance qui confère son sens à la culture ; et la culture est la totalité des formes dans lesquelles l'intérêt fondamental de la religion s'exprime. En résumé, la religion est la substance de la culture et la culture est la forme de la religion ».

 

La religion est un fait culturel ; la culture est un fait religieux ; la relation entre les deux.

 

1) La religion est un fait culturel :

Cela ne veut pas dire qu'elle est uniquement un fait culturel... Elle est d'abord une foi, donc quelque chose qui est reçu ; mais elle a toujours une dimension culturelle ; même les religions qui se considèrent comme supra-culturelles, ou transculturelles - c'est le cas du christianisme : non pas lié à aucune culture, du moins en principe, déterminée, - constituent un fait culturel à travers leurs institutions et leurs incarnations concrètes dans la société...

Même dans le cas des religions qui se considèrent comme directement inspirées par Dieu - c'est le cas du christianisme - le langage divin n'aurait aucun sens s'il n'était aussi un langage humain, intelligible aux hommes, au moins d'une époque et d'un milieu ; ainsi Dieu parle à travers un langage humain qui est culturel, qui est propre à une culture déterminée et qui doit être ensuite traduit dans les autres cultures. Donc c'est un fait culturel.

 

2) La culture est un fait religieux :

Si on excluait de la culture le fait religieux, c'est-à-dire la dimension du sens ultime de l'être, sa prétention de fournir le terreau dans lequel l'homme puisse développer toutes ses possibilités et arriver à sa fin ultime, la culture cesserait d'être culture et deviendrait un simple ensemble de comportements qui amèneraient à ce qu'il faut faire immédiatement. Si on vit l'immédiateté, on renonce à la culture. La culture est ce qui nous conduit à cette fin ultime et cette fin ultime est la dimension religieuse. La culture a dans son essence même une dimension religieuse ; elle est un fait religieux.

3) Et donc la troisième thèse sera celle-ci : La culture fournit à la religion son langage - langage au sens très, très large - et la religion fournit à la culture son contenu ultime. Le fait religieux ne pourrit s'exprimer - et même l'expérience religieuse ne pourrait être vécue - si elle ne trouvait un langage adéquat que lui fournit la culture d'un temps et d'un lieu. Mais en même temps, la culture humaine n'est rien d'autre que la cristallisation des efforts faits par l'homme pour arriver à sa fin ultime. On peut alors se poser la question : quelle est la relation entre culture et christianisme ? Peut-on parler de culture chrétienne ?

Il n'y a pas de foi sans expression religieuse et donc il n'y a pas de foi sans expression culturelle. Toute foi, pour devenir la vie de l'homme, a besoin de médiations culturelles, ce par quoi elle s'exprime. La médiation culturelle n'est pas quelque chose d'étranger à la foi, de l’ordre d'une simple méthode ; elle est dimension constitutive de la foi elle-même ; pas de vraie foi qui ne s'exprime à travers le vécu ; la foi chrétienne pénètre toutes les activités de l'homme. Mais les valeurs de la foi chrétienne qui se présentent comme toutes les valeurs spirituelles et morales avec un caractère d'universalité et d'absolu, ont besoin d'être traduites, concrétisées et expliquées pour pouvoir mordre sur la réalité et devenir opérationnelles dans une société concrète, et une époque concrète. La foi sans médiation historique des diverses cultures ne peut être ni comprise ni vécue ; même si elle est indépendante de toute culture déterminée, et si elle transcende toutes les cultures, la foi ne peut être vécue ni même conçue que dans une culture déterminée.

Aucune incarnation culturelle ne réalise toutes les possibilités de la foi. Toute culture est limitée, et surtout, aucune expression culturelle ne s'identifie au contenu de la foi et à son message. Il est très important de faire la distinction entre foi chrétienne et culture chrétienne.

La foi chrétienne se transmet à travers les expressions diverses de la culture chrétienne. Il n'y a pas une culture chrétienne qui serait parallèle aux autres cultures humaines ; non ! ce qui existe, ce sont des cultures humaines christianisées, plus ou moins christianisées ou en voie d'être christianisées. Il n'existe pas une culture chrétienne ; il existe des cultures christianisées.

Ce fut le drame de l'évangélisation : à ce moment-là, on croyait qu'il y avait une culture chrétienne et qu'on rendait un très grand service aux peuples des autres continents, en leur apportant cette culture chrétienne; ce qui voulait dire éliminer leur culture, remplacer leur culture par la culture chrétienne. C'est une erreur monumentale !

Toute culture a besoin d'être évangélisée à chacune de ses étapes d'évolution et toute culture est capable d'être évangélisée. Et c'est la notion de « nouvelle évangélisation » sur laquelle Jean-Paul II revient constamment. Si vous lisez bien ses textes, lorsqu'il parle de nouvelle évangélisation, son attitude n'est pas de dire que la première évangélisation n'a pas été adéquate ou qu'elle ne fonctionne plus, mais de dire que l'évangélisation, c'est la rencontre de l'Évangile et de la culture ; et donc toutes les cultures sont en évolution et une évolution toujours plus rapide ; donc chaque fois qu'une culture a évolué, elle est nouvelle, elle a besoin dans sa nouveauté d'être de nouveau confrontée avec l'Évangile : et c'est cela qui est la nouvelle évangélisation : confrontation nouvelle, renouvelée, constante, d'une culture en évolution avec l'Evangile pour être convertie ; que les éléments nouveaux de la culture soient eux aussi imprégnés de l'Évangile.

 

Une bibliographie sérieuse sur la culture fait aujourd'hui plus de mille titres...

 

Ainsi que sur la relation entre culture et christianisme...

 

On pourrait ramener les positions actuelles à trois propositions

1/ Une première que l'on pourra baptiser et que l'on baptise - surtout dans les milieux italiens, espagnols - la culture de l'absence. Un petit peu en relation avec la théologie apophatique. Par cette expression, on désigne la position de ceux qui, tout en rejetant toute forme de séparation entre foi et culture, affirment fortement leur autonomie réciproque et, partant de la notion que Dieu est tout autre, concluent que la seule façon de le rejoindre et d'en témoigner est la foi pure. On admet donc que les chrétiens à titre individuel, doivent être un levain dans la pâte mais on refuse la possibilité d'une incarnation du message chrétien par quelques formes historiques de la culture humaine. Évidemment, on risque alors de se réfugier dans une forme d'intimisme, qui peut facilement devenir indirectement une forme de complicité avec les structures sociales antiévangéliques puisqu'on n'a pas à s'occuper de ces réalités-là.

2/ L'autre, c'est ce que l'on appelle la culture de la présence, celle d'une chrétienté qui s'offre comme alternative à toutes les cultures. C'est ce qui fait dire ceci : « La modernité a été une faillite ; grâce à Dieu, ces siècles sont finis, nous sommes maintenant dans une nouvelle époque de postmodernité et il faut reconstituer une nouvelle chrétienté ».

3/ Et la solution qui me semble la bonne, c'est ce que j'appellerai la culture de la médiation : les valeurs chrétiennes et le message chrétien sont transmis à travers les diverses cultures humaines christianisées. C'est la seule façon d'évangéliser. Évangéliser ne consiste pas à transmettre individuellement la foi mais consiste à instaurer une « Église », une ecclesia, un groupe humain qui vit sa foi et qui la vit à l'intérieur de sa culture, donc en laissant transformer sa vie sociale par les valeurs évangéliques. A mon avis, c'est la seule approche qui respecte parfaitement l'autonomie et la complémentarité de la foi et de la culture.

Cela nous amène à la conception d' « inculturation » qui en fait n'est pas différente du concept de nouvelle évangélisation.

La foi doit être inculturée dans toutes les cultures, pas uniquement dans les autres cultures : mais à commencer par chacune des nôtres.

Le mot « inculturation » appartient au jargon ecclésiastique. Les sociologues de métier ne citent pas le mot « inculturation ». Ils emploient d'autres termes : acculturation, enculturation. A l'origine de la réflexion dans l'Église sur l'inculturation, le langage a été flou durant assez longtemps ; on utilisait un mot pour l'autre. L'inculturation a une dimension théologique. Lorsqu'on parle d'inculturation, on se situe au niveau théologique ; c'est un mot qui n'est utilisé que dans ce contexte-là, et lorsqu'on parle d'inculturation on parle nécessairement d'inculturation de la foi. C'est justement la relation de la foi chrétienne ou du message chrétien avec les différentes cultures.

L'enculturation est le processus par lequel quelqu'un est inséré dans sa propre culture : comment l'enfant est inséré dans sa culture, graduellement...

On parle aussi d'acculturation, ce qui signifie la rencontre avec une culture autre que la sienne, le contact entre deux cultures différentes ; si je vais vivre dans une culture différente de la mienne, il est sage de ma part de m'habituer aux comportements extérieurs : manger comme on mange, s'habiller comme on s'habille, etc... Çà, c'est l'acculturation. Ce n'est pas encore du tout (inculturation. Au niveau liturgique, adopter en Afrique par exemple le tam-tam, différentes formes de vêtements liturgiques..., tout çà, c'est de (acculturation aux coutumes locales. Cette acculturation est importante, mais elle n'est pas l'inculturation.

Le mot inculturation est apparu la première fois en 1962 dans un article de P. MASSON de la Nouvelle Revue Théologique qui disait qu'il est important d'avoir un catholicisme inculturé. La deuxième fois, c'est 12 ans plus tard dans le compte-rendu de la réunion des fédérations des Conférences Épiscopales d'Asie : on parle d'inculturation du christianisme. A partir de ce moment-là, le mot est devenu très populaire.

Ce qui nous intéresse vraiment, dans cette inculturation du christianisme, c'est cette médiation culturelle de la foi, la culture servant de médiation à la foi. C'est une autre manière de dire « inculturation ». Cela montre bien que dans le processus d'inculturation, il y a rencontre : rencontre entre le message évangélique et une culture déterminée ; avec un changement dans les deux : la culture se trouve enrichie par ce que la foi chrétienne a à transmettre, et le christianisme se trouve enrichi par une nouvelle expression de la perception de la foi chrétienne...

Petro ROSANO, premier secrétaire du Secrétariat pour le dialogue interreligieux, écrivait : « A la base de toutes les religions, il y a une dimension personnelle et subjective de la religion. On ne peut rechercher la religiosité en dehors de l'homme mais uniquement en lui ; il s'agit d'un mode particulier d'être humain, une prise de position, une attitude qui se répercute sur les objets les plus divers. Ce n'est pas la réalité objective qui est religieuse, c'est l'attitude de l'homme qui est religieuse. Le contenu objectif d'une religion ne devient objet religieux que lorsque (homme l'accueille dans la foi et l'amour et leur donne vie en sa personne... ».

 

Novembre 1993

BRICQUEBEC

Dom Armand VEILLEUX

Viale Africa 33

00144 ROMA

 

N.B. : Cette conférence a été rédigée à partir de l'enregistrement « sur le vif ». Sauf quelques ajustements de style, nous avons jugé plus honnête de laisser à ce témoignage son caractère « oral », donc peut-être plus rugueux, mais certainement plus vivant. Par respect aussi pour son auteur !

 

La rédaction.