Écrits et conférences d'intérêt général
|
|||
|
|||
Jésus et les foules
[1]
Jésus n’avait pas un très bon sens d’organisation.
Il n’a pas su gérer les
foules
qui
l’ont
suivi.
Il
avait
plutôt
tendance
à
les
fuir,
surtout
lorsqu’elles
voulaient
le
couronner
roi. Il savait bien qu’un jour elles crieraient :
« Hosanna
au
Fils
de
David »
et,
le
lendemain :
« Crucifie-le ».
C’étaient
les
personnes,
non
les
foules,
qui
l’intéressaient.
Plusieurs disciples –
hommes
et
femmes
--
le
suivirent.
Un
jour
il
les
envoya
deux
par
deux
faire
ce
qu’ils
lui
avaient
vu
faire :
chasser
les
démons,
guérir
les
malades
et
annoncer
la
Bonne
Nouvelle. Aussi simple que cela -- sans aucun manuel d’instructions.
Parmi ces disciples, il
en
a
choisi
douze.
Pas
facile
de
voir
selon
quels
critères
il
les
a
choisis.
Il
les
rencontre
et
leur
dit :
« Viens,
suis-moi ».
Et
ils
le
suivent.
C’était un groupe assez bigarré. Plus le temps
avançait,
plus
ils
se
chamaillaient
pour
savoir
lequel
d’entre
eux
serait
le
plus
grand
dans
son
royaume.
L’un
finira
par
le
vendre.
Il ne leur légua pas une
structure.
Simplement
une
foi
--
qu’il
leur
demanda
de
propager.
À
l’un
d’entre
eux,
Pierre,
au
moment
même
où
il
lui
prédisait
qu’il
renierait
son
maître,
il
donna
la
mission
de
confirmer
ses
frères
dans
la
foi. Mission énorme, mais sans grand détails sur
la
façon
de
faire.
Ici
non
plus,
pas
de
manuel
d’instructions. Pas surprenant qu’après
sa
mort
les
choses
ont
été
assez
confuses
dans
les
débuts. Les Apôtres, confrontés à un problème de veuves
et
de
tables
à
servir,
instaurèrent
les diacres pour servir les tables, afin de se
garder
libres
pour
l’annonce
de
la
bonne
nouvelle. Mais, en fait, ces diacres se mirent tout de suite à prêcher
eux-mêmes
la
bonne
nouvelle.
Ce
qui
les
conduisit
bientôt
au
martyre. Plus on en tuait, plus
ils
étaient
nombreux
à
embrasser
cette
foi
en
Jésus
de
Nazareth
et
à
la
transmettre
à
d’autres.
Il
ne
faut
pas
oublier
qu’il
y
eut
ce
Paul,
qui
a
dû
être
franchement
embêtant
pour
les
Douze. En tout cas, ceux-ci ont vite compris qu’il
fallait
le
laisser
faire,
d’autant
plus
qu’il
consacrait
toute
son
énergie
à
répandre
la
foi
à
toutes
les
nations
–
ce
que
Jésus
leur
avait
demandé
de
faire.
Des
structures
se
mirent
en
place.
Très
tôt
il
y
eut
des
communautés
de
croyants
dans
les
villes
de
Palestine
et
dans
tout
l’Empire
romain.
Heureusement il y eut
Constantin,
qui
reconnut
la
religion
chrétienne
comme
religion
de
son
empire. L’Église profita alors de l’organisation mise
en
place
depuis
des
siècles
par
les
empereurs.
Elle
aura
ses
diocèses,
ses
paroisses,
sa
curie. L’empereur utilisera son autorité pour convoquer
lui-même
le
premier
Concile
œcuménique,
puis
une
fois
qu’elle
s’y
est
fait
la
main,
l’Église
convoquera
elle-même
ses
propres
Conciles. Cela a très bien fonctionné
durant
des
siècles,
même
si,
au
long
de
la
route,
on
a
perdu
d’abord
les
Orientaux,
puis
les
Protestants,
puis
les
Anglicans.
Ensuite on a perdu les ouvriers et la classe
intellectuelle.
Finalement,
en
Occident,
l’Église
est
redevenue
un
tout
petit
troupeau,
comme
au
début. Mais quelle organisation ! On a des diocèses,
des
archidiocèses,
des
provinces
ecclésiastiques,
des
paroisses,
des
doyennés,
des
rencontres
diocésaines
et
même
mondiales,
et
j’en
passe. Le petit problème est qu’en beaucoup d’endroits
nous
ne
sommes
presque
plus
assez
nombreux
pour
faire
fonctionner
les
structures
en
place. Et si on essayait de retourner
à
la
simplicité
des
origines ?
Je
me
demande
ce
qui
pourrait
en
sortir.
Peut-être
une
nouvelle
Pentecôte ?
C’est-à-dire
que
tous
pourraient
aller
chacun
de
son
côté
crier
sa
foi
à
tout
vent
–
sans
peur.
Qui
sait ? Armand Veilleux |
|
||