Vie religieuse en général
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ÉVOLUTION DE LA VIE
RELIGIEUSE
DANS
SON CONTEXTE HISTORICO –
SPIRITUEL Cet article est la version française du premier chapitre
d'un
ouvrage
en
collaboration
publié
en
italien
:
Per una presenza viva dei religiosi nella Chiesa e nel mondo a cura
di
Agostino
Favale,
Éditions
LDC,
Rome
1970.
Enracinée
dans
le
monde,
pour
qui
elle
doit
être
un
signe
de
la
grâce
salvifique
du
Christ,
l'Église,
tout
en
vivant
de
son
dynamisme
propre,
a
une
histoire
intimement
liée
à
celle
de
l'humanité
en
général.
Sa
propre
évolution
est
toujours
conditionnée
par
les
facteurs
d'ordre
sociologique,
spirituel
et
culturel
qui
influent
sur
la
marche
de
l'humanité.
La
vie
religieuse
n'est,
de
ce
point
de
vue
qu'une
des
nombreuses
expressions
de
l'Église
en
son
devenir
historique.
Son
histoire
est
donc
indissociable
de
celle
de
l'Église
en
général,
qui
lui
donne
son
sens. Cette
histoire
est
soumise
aux
grandes
lois
de
la
vie
des
groupes
;
les
périodes
d'essor
y
alternent
avec
celles
de
déclin.
Il
ne
suffit
pas
de
constater
la
juxtaposition
de
ces
périodes,
il
faut
essayer
de
saisir
le
sens
de
leur
mouvement.
L'histoire
est
une
symphonie
qui
ne
révèle
son
secret
qu'à
ceux
qui
en
découvrent
le
rythme
interne. Il n'est
pas
question,
dans
les
pages
qui
suivent,
de
tracer,
même
schématiquement,
l'histoire
de
la
vie
religieuse.
La
supposant
connue,
nous
en
rappellerons
simplement
les
grandes
lignes,
et
nous
nous
efforcerons
surtout
de
saisir
son
rythme
vital.
Nous
espérons
y
découvrir
des
lumières
qui,
nous
permettant
de
mieux
comprendre
la
situation
actuelle
de
la
vie
religieuse,
nous
aideront
à
mieux
voir
comment
elle
doit
s'insérer
dans
l'Église
et
le
monde
d'aujourd'hui. I -- ORIGINE ET PREMIERS DÉVELOPPEMENTS DE LA VIE RELIGIEUSE (I-VIII S.). La vie
religieuse
chrétienne
ne
trouve
sa
source
nulle
part
ailleurs
que
dans
l'Évangile.
Elle
répond
toutefois
à
des
tendances
profondes
de
l'âme
humaine.
Aussi
trouvons-nous
certaines
formes
semblables
de
vie
dans
les
civilisations
anciennes,
chaque
fois
que
celles-ci
atteignent
un
degré
suffisant
de
spiritualisation. Ainsi,
dans
le
monde
grec,
au
VIe
siècle
avant
notre
ère,
lors
du
passage
de
l'explication
mythique
du
monde
à
l'explication
philosophique
et
théologique,
Pythagore
de
Samos
initiait
à
Crotone
un
groupe
de
disciples
à
la
recherche
de
Dieu
et
à
la
contemplation
de
ses
mystères,
dans
une
vie
fraternelle
d'ascèse
et
de
contemplation
qui
annonce
déjà
celle
des
ascètes
chrétiens[1].
De
même,
dans
le
peuple
juif,
les
fraternités
ou
habûroth
pharisiennes
apparurent
lorsque,
sous
l'influence
de
la
prédication
spiritualisante
des
prophètes
et
sous
le
stimulant
de
la
domination
étrangère
et
de
la
déportation,
l'âme
juive
se
fut
tournée,
dans
une
attitude
religieuse,
vers
l'attente
du
Messie[2].
Mais
c'est
évidemment
surtout
dans
les
communautés
esséniennes,
où
toute
la
vie
spirituelle
était
centrée
sur
la
fidélité
au
Dieu
de
l'Alliance,
que
l'on
trouve
la
forme
de
vie
la
plus
rapprochée
de
celle
des
premières
communautés
chrétiennes[3]. Beaucoup plus que par d'hypothétiques
influences
directes,
ces
ressemblances
s'expliquent
par
le
fait
que
tant
l'ascétisme
chrétien
que
l'essénisme
sont
nés
dans
le
même
terreau
spirituel
judéo-chrétien. Chaque
vocation
chrétienne
est
un
appel
personnel
du
Christ.
Dès
le
début
de
sa
vie
publique,
le
Seigneur
appelle
à
sa
suite
des
disciples,
pour
qui
il
trace
des
exigences
de
vie
parfaite
très
radicales.
Il
serait
cependant
illusoire
de
vouloir
trouver
dans
tel
ou
tel
texte
du
Nouveau
Testament
une
sorte
d'institution
de
la
vie
religieuse
par
le
Christ
lui-même.
La vie religieuse ne se
fonde
pas
sur
tel
ou
tel
texte
de
l'Évangile;
elle
jaillit
plutôt
de
la
totalité
du
message
évangélique. Nous sommes
habitués
à
une
théologie
de
la
vie
religieuse
fondée
sur
une
distinction
rigide
entre
les
préceptes
et
les
conseils.
Bien
que
cette
notion
des
«
conseils
»
évangéliques
soit
encore
courante
et
qu'elle
ait
des
appuis
sérieux
dans
la
Tradition,
l'exégèse
biblique
des
dernières
années
nous
amène
cependant
à
la
réévaluer.
Il
est
clair
en
effet,
que
cette
notion
ne
jaillit
pas
directement
et
immédiatement
de
l'Évangile,
mais
qu'elle
est
plutôt
le
fruit
d'un
effort
d'intelligence
de
la
vie
chrétienne
parfaite[4]. D'abord,
comme
le
rappelle
Vatican
II
(L.G.,
n.
40
et
n.
42,
§
1
et
5),
le
Christ
a
appelé
tous
les
chrétiens
sans
exception
à
la
perfection
de
la
charité,
sans
établir
des
degrés
dans
cet
idéal.
De
plus,
ce
que
l'Évangile
nous
présente,
ce
ne
sont
pas
des
théories
sur
la
vie
chrétienne,
mais
plutôt
des
cas
concrets
où
apparaissent
clairement
les
exigences
radicales
de
la
sequela Christi. L'appel du Christ est toujours un appel qui engage
l'homme
tout
entier
et
qui
demande
une
obéissance
radicale.
Chaque
fois
que,
d'une
façon
ou
d'une
autre,
l'unité
profonde
du
chrétien
risque
d'être
brisée,
que
son
coeur
risque
d'être
partagé,
des
gestes
radicaux
sont
exigés
de
lui
(et
non
seulement
conseillés)
:
arrache
ton
œil,
coupe
ta
main,
vends
tous
tes
biens.
Peu
â
peu,
non
à
travers
une
réflexion
abstraite,
mais
à
travers
son
expérience
spirituelle,
l'Église
a
dégagé
de
l'ensemble
de
la
doctrine
évangélique
les
grands
traits
d'une
forme
de
vie
chrétienne
où
ces
attitudes
radicales
sont
librement
adoptées
comme
une
situation
permanente.
En
ce
sens,
et
en
ce
sens
seulement,
il
est
possible
de
parler
de
«
conseils
»
évangéliques. Une telle
vie
radicale
avait
été
exigée
par
le
Christ
de
ses
Apôtres[5].
Les
sommaires
du
Livre
des
Actes
nous
montrent
comment
les
premiers
chrétiens,
à
Jérusalem,
au
lendemain
de
la
Pentecôte,
s'efforcèrent
de
transposer
dans
leur
situation
nouvelle
la
vie
de
Koinonia
qui
avait
été
celle
des
Apôtres
avec
le
Maître,
et
qui
impliquait
une
vie
de
communion
fraternelle,
la
participation
â
la
même
table
du
Seigneur
et
une
mise
en
commun
des
biens.
On
sait
maintenant
que
ces
descriptions
manifestent
plutôt
un
idéal
qu'une
description
historique
exacte
de
la
réalité,
qui
était
certainement
un
peu
plus
nuancée.
Mais
le
fait
qu'on
ait
vu
l'idéal
de
toute
la
communauté
dans
cette
façon
radicale
de
vivre
l'Évangile
est
significatif.
C'est
donc
avec
raison
que,
chaque
fois
que
la
vie
religieuse
a
surgi
ou
qu'elle
s'est
réformée,
elle
s'est
référée
â
cet
exemple. Dès la
première
génération
chrétienne,
on
peut
constater
au
sein
des
Églises
locales
l'existence
de
vierges
et
d'ascètes.
Act.
XXI,
8-9
nous
parle,
par
exemple,
des
quatre
filles
de
«
Philippe
l'évangéliste
»,
vierges
et
prophétesses,
qui
habitaient
la
maison
de
leur
père.
On
sait
avec
quelle
rapidité
étonnante,
profitant
de
la
Pax
romana
et
des
moyens
de
communication
que
lui
fournit
l'Empire,
le
christianisme
se
répand
alors
à
travers
tout
l'Empire
romain,
et
en
déborde
même
les
limites,
vers
la
Syrie
orientale,
le
royaume
d'Édesse
ou
Osrhoène,
et
vers
la
Perse.
Or,
on
retrouve
partout
l'existence
de
ces
parthenoi
des
deux
sexes,
qui
vivent
au
sein
de
la
communauté
ecclésiale,
pratiquant
non
seulement
le
célibat,
mais
aussi
une
ascèse
rigoureuse.
Ils
montrent
une
égale
assiduité
à
la
célébration
du
culte
qu'à
la
visite
des
pauvres,
des
malades
et
des
orphelins.
A
travers
les
nombreux
écrits
du
deuxième
et
du
troisième
siècle
qui
les
mentionnent,
on
constate
qu'ils
appartiennent
à
toutes
les
classes
de
la
société
et
à
toutes
les
professions.
En
ces
siècles
de
corruption
générale
des
mœurs,
ils
sont
la
gloire
des
Églises,
qui
les
considèrent
comme
un
groupement
à
part,
et
ils
jouissent
d'égards
spéciaux
dans
les
assemblées
chrétiennes.
Leur
propos
de
vivre
dans
la
continence
est
reconnu
par
l'Église,
et,
même
avant
qu'il
ne
soit
question
de
promesse
explicite,
ce
propos
est
normalement
considéré
comme
irréformable. Une certaine
tendance
ascétique
et
rigoriste
fut
durant
les
premiers
siècles
une
caractéristique
des
Églises
judéo-chrétiennes[6].
De
telles
tendances
se
manifestent
dans
plusieurs
écrits
comme,
par
exemple,
le
Liber
Graduum
et
les
Évangiles
apocryphes.
On
a
l'impression
que
ces
communautés
ecclésiales
vivaient,
dans
leur
ensemble,
une
vie
que
nous
appellerions
aujourd'hui
«
monastique
».
De
toute
façon,
c'est
au
sein
de
ces
communautés
et
dans
ce
terreau
judéo-chrétien
que
sont
nés
les
premiers
groupements
de
vierges
et
d'ascètes,
les
Fils
et
Filles
du
Pacte,
dont
nous
parlent,
un
peu
plus
tard,
saint
Éphrem
à
Nisibe
et
â
Édesse
et
saint
Aphraat
en
Perse.
C'est
dans
la
même
ligne,
et
par
suite
d'une
évolution
homogène
de
ces
groupements
d'ascètes
qu'est
né,
à
la
fin
du
troisième
siècle,
ce
grand
mouvement
si
varié,
si
divers,
si
déconcertant
par
la
bigarrure
de
ses
manifestations,
que
l'on
a
désigné
du
nom
qui
fut
toujours
équivoque
:
le
monachisme. Cet essor
du
monachisme
avait
été
préparé
par
la
rapide
croissance
de
l'Église
tout
au
long
du
troisième
siècle.
Alors
que
l'Empire
romain,
devenu
une
sorte
de
dictature
militaire,
perdait
sa
vitalité
et
manifestait
une
grande
décadence
tant
dans
le
domaine
des
arts,
de
la
morale
et
de
la
littérature
qu'en
politique,
l'Église
ne
cessait
de
croître
et
de
se
fortifier
à
travers
les
persécutions.
Rapidement,
elle
s'était
propagée
et
installée
dans
les
contrées
les
plus
éloignées
de
l'Empire
:
l'Égypte,
l'Espagne,
l'Italie,
la
Gaule,
les
pays
danubiens.
Lorsque
l'édit
de
Milan
vint
confirmer
ce
triomphe,
le
monachisme
était
déjà
vivant
un
peu
partout. Le phénomène
monastique,
loin
d'être
un
produit
exporté
d'Égypte
dans
tous
les
autres
pays,
est
né
un
peu
partout
à
la
fois,
de
la
vitalité
propre
de
chaque
Église.
C'est
d'ailleurs
ce
qui
explique
l'extrême
variété
de
ses
formes. En Égypte,
lorsqu'Antoine
se
retira
dans
sa
première
solitude,
vers
271,
une
communauté
de
vierges
existait
déjà
dans
son
village,
puisqu'il
y
conduisit
sa
soeur
Athanase
a
d'ailleurs
écrit
un
De Virginitate à l'adresse des vierges
d'Alexandrie,
et
divers
documents,
en
particulier
les
Vies
de
saint
Pachôme,
témoignent
de
l'existence
de
communautés
de
moines
clercs
à
Alexandrie.
Dans
le
désert
proprement
dit,
des
moines
avaient
précédé
Antoine
et
des
légions
allaient
l'y
suivre.
Au
moment
où,
à
Pispir,
il
formait
ses
disciples,
d'autres
anachorètes
se
réunissaient
autour
d'Amoun
et
des
deux
Macaires,
pour
former
les
grands
centres
semi-anachorétiques
de
Nitrie,
de
Scété
et
des
Cellules,
au
sud
d'Alexandrie.
A
l'autre
extrémité
de
l'Égypte,
à
la
bouche
du
Nil,
Pachôme
jetait
les
bases
de
sa
grande
Congrégation
cénobitique. Peu après,
en
Cappadoce,
Basile
organisait
une
forme
semblable
de
cénobitisme,
mais
au
coeur
même
de
la
grande
Césarée.
Il
avait
déjà
fait
partie,
sous
la
direction
de
d'Eustathe
de
Sébaste,
d'un
groupe
d'ascètes
rigoristes
fort
apparentés,
quant
à
l'inspiration
fondamentale,
aux
Fils
du
Pacte
de
Syrie
et
de
Perse.
Devenu
évêque
et
formé
par
un
voyage
dans
les
grands
centres
monastiques
de
Basse
Égypte,
de
Palestine,
de
Syrie
et
de
Mésopotamie,
Basile
canalisa
les
énergies
de
ce
mouvement,
organisa
ses
ascètes
en
fraternités
qui
allaient
devenir
la
forme
de
monachisme
la
plus
répandue
à
travers
tout
l'Orient.
Ces
fraternités
consacrées
à
la
recherche
de
Dieu
et
à
la
prière
contemplative,
vivaient
au
sein
de
l'Église
locale,
tout
en
s'assurant
une
bonne
dose
de
solitude.
Dans
la
grande
Basiliade,
sorte
de
Cité
de la
charité
instituée
par
Basile,
les
moines
et
les
moniales
se
dévouaient
au
soin
des
malades,
des
pauvres
et
des
pèlerins.
Ils
étaient
aussi
en
quelque
sorte
les
animateurs
de
la
vie
liturgique
de
la
communauté
locale. Même si
Basile,
contrairement
à
Pachôme,
ne
fonda
pas
de
Congrégation,
sa
forme
de
vie
monastique
se
répandit
non
seulement
dans
ses
fondations
du
Pont,
de
Cappadoce
et
de
l'Arménie
romaine,
mais
même
en
Syrie
du
Nord,
dans
les
pays
du
Caucase
et
dans
l'Asie
mineure
occidentale.
Sous
l'influence
de
Grégoire
de
Nysse,
qui
fut
le
grand
théologien
du
monachisme
basilien,
la
doctrine
de
Basile
se
répandra
dans
tous
le
monde
monastique,
même
d'Occident,
à
travers
le
Pseudo-Macaire,
Évagre
le
Pontique,
Cassien,
Jean
Climaque,
le
pseudo-Denys,
Maxime
le
Confesseur,
etc... Le même
mouvement
monastique
parcourait
toute
la
Palestine
et
la
Syrie
tant
orientale
qu'occidentale.
En
Palestine,
sans
compter
le
monachisme
latin
qui
s'était
installé
à
Jérusalem
et
à
Bethléem,
Hilarion
et
Chariton
avaient
solidement
établi
leur
système
de
laures
dès
le
début
du
IVe
siècle.
A
la
fin
du
même
siècle,
Sabas,
disciple
du
grand
Euthyme,
y
avait
fondé
plusieurs
laures,
coenobia,
hospices,
etc.
Les
ermites
-
qui
s'y
permettaient
toutes
les
excentricités
-,
y
étaient
légion.
En
Haute
Syrie,
la
plaine
de
Dana
était
couverte
de
monastères,
et
à
la
bouche
de
l'Euphrate,
autour
d'Édesse,
julien
Sabas
et
Jacques
d'Édesse
multipliaient
les
laures
et
les
monastères.
Plus
loin
encore,
â
Ninive
et
en
Perse,
les
moines
étaient
tout
aussi
nombreux.
L'Arménie,
la
Géorgie,
Constantinople
avaient
aussi
leurs
traditions
monastiques. En Occident,
où
l'on
constate
très
tôt
une
influence
de
l'Orient,
le
phénomène
monastique
présente
la
même
spontanéité
et
la
même
vitalité.
En
Gaule,
dés
le
deuxième
quart
du
IVe
siècle,
la
vie
monastique
se
propage
dans
toutes
les
classes
de
la
société,
mais
surtout
dans
les
campagnes.
Après
un
léger
fléchissement
au
Ve
siècle,
lors
des
invasions
des
Vandales,
des
Huns
et
des
Wisigoths,
elle
fleurit
à
nouveau
au
VIe
siècle.
Les
saints
mérovingiens
ont
souvent
des
carrières
fort
mouvementées,
étant
tour
à
tour
ermites,
cénobites,
prédicateurs,
évêques...
Parmi
les
grands
centres
qui
émergent,
il
faut
citer
Marmoutiers,
Lérins,
Marseille.
L'une
des
plus
originales
de
ces
fondations
est
sans
doute
Marmoutiers,
où
toutes
les
formes
de
monachisme
cohabitent,
depuis
le
moine
clerc
engagé
dans
le
service
pastoral
avec
son
évêque
jusqu'au
moine
laïc
occupé
à
la
copie
des
manuscrits. En Italie,
saint
Athanase,
au
cours
de
son
exil,
avait
éveillé
dans
les
âmes
la
tendance
ascétique
propre
à
toute
vie
chrétienne,
et
saint
Jérôme
aviva
cet
idéal.
Déjà
vers
340,
à
Rome,
Constantine,
la
fille
du
grand
Constantin,
avait
installé
une
communauté
de
vierges
près
de
la
basilique
de
sainte
Agnès,
et
au
temps
de
Jérôme,
les
patriciennes
romaines
mènent
dans
leurs
palais
de
l'Aventin
une
vie
de
prière,
de
retraite
et
de
pénitence
toute
monastique.
A
Verceil,
en
363,
l'évêque
Eusèbe
organise
en
communauté
monastique
les
clercs
de
son
église
cathédrale.
Ainsi
fait
Ambroise
à
Milan.
Un
peu
plus
tard;
au
VIe
siècle,
dans
une
Italie
épuisée
par
la
lutte
contre
les
Barbares
et
au
moment
où,
à
Rome
même,
la
papauté
passe
par
une
crise
sérieuse,
saint
Benoît
jette
les
bases
d'une
tradition
monastique
qui
est
appelée
à
dominer
tout
l'Occident
monastique
jusqu'à
nos
jours. En Afrique,
Augustin
fonde
un
monastère
laïc
près
de
sa
cathédrale,
organise
ses
clercs
en
communauté
monastique,
et
groupe
les
vierges
en
communauté.
Parallèlement
aux
groupements
d'ascètes
qui
y
existaient
dès
avant
Augustin,
ce
monachisme
demeurera
vivant
en
Afrique
jusqu'à
ce
que
l'invasion
arabe
y
détruise
pratiquement
toute
vie
chrétienne. Même spectacle
au
lointain
pays
des
Celtes.
Bien
sympathiques,
ces
moines
celtes,
â
la
fois
épris
de
solitude
et
éternels
pèlerins
de
Dieu,
tantôt
réfugiés
sur
une
île
déserte,
tantôt
parcourant
le
monde
pour
évangéliser
les
païens
I Ils seront
rejoints
dans
leurs
lointains
pays
du
nord
par
saint
Augustin
et
ses
moines,
dont
ils
ne
priseront
d'ailleurs
pas
les
visées
romanisantes.
De
ces
pays
nordiques
partira
le
fougueux
et
infatigable
Colomban,
à
la
fin
du
VI'
siècle,
pour
semer
le
christianisme
et
le
monachisme
à
travers
toute
la
Gaule
du
nord
et
de
l'est,
comme
un
peu
plus
tard
Willibrord
en
Frise
et
Boniface
en
Germanie. C'est
vraiment
une
épopée
extraordinaire
que
cette
expansion
rapide
du
monachisme
à
travers
tout
le
monde
chrétien.
Seul
un
souffle
de
l'Esprit
peut
expliquer
un
mouvement
si
général,
si
fort,
si
spontané,
qui
jaillit
partout
à
la
fois
et
se
répand
comme
une
traînée
de
poudre. Ainsi
donc,
au
cours
des
six
ou
sept
premiers
siècles
de
l'histoire
de
l'Église,
on
trouve,
tant
en
Orient
qu'en
Occident,
la
vie
chrétienne
vécue
dans
toutes
ses
exigences
radicales,
selon
les
conseils
évangéliques,
par
des
gens
de
tous
milieux
et
de
toutes
conditions,
de
l'un
et
l'autre
sexe.
Au
sein
des
Églises
locales,
il
y
a
des
vierges
et
des
ascètes,
qui
embrassent
la
vie
de
célibat
et
d'ascèse
sans
pour
autant
renoncer
à
leur
situation
sociale
normale.
D'autres
se
consacrent
à
des
oeuvres
de
miséricorde.
Certains
se
groupent
en
communautés
tout
en
continuant
de
vivre
au
sein
de
l'Église
locale.
Mais
il
y
en
a
aussi
qui
se
retirent
à
l'écart,
dans
le
désert,
soit
pour
y
constituer
des
fraternités
d'ascètes,
soit
pour
y
vivre
dans
la
solitude
absolue.
Des
évêques
exhortent
leurs
clercs
à
vivre
avec
eux
cette
vie
de
communauté
et
d'ascèse.
Les
«
conseils
évangéliques
»
sont
donc
vécus
sous
des
formes
si
variées
qu'on
peut
dire
que
dès
ce
moment
on
trouve
dans
l'Église
toutes
les
formes
de
vie
religieuse
que
nous
connaissons
aujourd'hui. Cependant,
à
partir
de
la
fin
du
III'
siècle,
ce
mouvement
ascétique
s'est
développé
surtout
dans
une
direction
déterminée,
celle
que
l'on
nomma
ensuite
la
vie
monastique
proprement
dite.
Encore
que
la
terminologie
soit
très
floue,
car
dès
le
début
du
quatrième
siècle,
le
mot
moine, nonobstant son sens étymologique,
est
déjà
employé
pour
désigner
toutes
les
formes
de
la
vie
selon
les
conseils
évangéliques.
C'est
dire
que
le
mot
moine
a
alors
un
sens
tout
aussi
large
que
le
mot
«
religieux
»
de
nos
jours.
L'équivoque
est
sans
doute
malheureuse,
mais
elle
existe
de
fait.
Et
encore
de
nos
jours,
même
si
le
mot
a
repris
un
sens
plus
précis,
plus
conforme
à
son
contenu
étymologique,
qui
peut
se
targuer
de
posséder
un
critère
sûr
pour
dire
quelles
formes
de
vie
consacrée
peuvent
être
considérées
comme
«
monastiques
»
et
quelles
ne
le
peuvent
pas
? L'expansion
extraordinaire
du
mouvement
de
vie
strictement
monastique
allait
avoir
indirectement
des
répercussions
très
importantes
sur
toute
l'histoire
de
la
vie
religieuse.
Jusqu'alors
en
effet,
les
ascètes,
quelle
que
soit
leur
forme
de
vie,
dépendaient
de
leurs
évêques
locaux,
comme
tous
les
autres
chrétiens,
et
au
même
titre.
Les
évêques
n'intervenaient
pas
dans
la
vie
intérieure
des
communautés,
à
moins
que
le
bien
de
l'ensemble
des
fidèles
n'y
soit
en
cause,
A
mesure
toutefois
que
le
mouvement
monastique
se
développa,
il
dut
évidemment
se
structurer,
et
c'est
alors
que
l'autorité
hiérarchique
intervint
de
plus
en
plus
pour
préciser
ces
structures,
et
au
besoin
pour
réformer
les
abus.
C'est
ainsi
que
la
législation
«
religieuse
»
naissante
ne
s'occupa
pratiquement
que
des
moines
proprement
dits.
La
législation
se
développant
et
faisant
abstraction
des
autres
formes
de
vie
consacrée,
celles-ci
n'étant
pas
reconnues,
sont
graduellement
poussées
vers
la
périphérie,
jusqu’a
point
où,
lors
de
la
réforme
carolingienne,
du
moins
en
Occident,
une
seule
forme
de
vie
«
religieuse
»
sera
reconnue
au
sein
de
l'Église,
la
vie
monastique
menée
au
sein
d'un
cloître,
dans
la
solitude.
Même
les
vierges,
qui
avaient
traditionnellement
vécu
au
sein
des
Églises
locales,
seront
de
plus
en
plus
poussées
à
se
cloîtrer. N'anticipons
pas
sur
les
faits
cependant.
Remarquons
encore
qu'une
tendance
semblable
se
manifesta
en
Orient.
Déjà
le
Concile
de
Chalcédoine
avait
légiféré
au
sujet
des
moines,
pour
les
mettre
explicitement
sous
la
juridiction
des
évêques
locaux
(canon
3).
Un
peu
plus
tard,
l'empereur
théocrate
Justinien,
dans
ses
Novelles
(5,
123, 133) s'occupa lui aussi des moines :
seuls
étaient
reconnus
les
coenobia
où
l'an
menait
une
vie
commune
totale,
sous
un
higoumène,
qui
possédait
d'ailleurs
un
pouvoir
presque
absolu.
Les
solitaires
ne
jouissaient
que
d'une
tolérance
et
ils
devaient
demeurer
en
petit
nombre,
Le
contrôle
des
monastères
et
de
leur
observance
était
confié
à
des
fonctionnaires
du
patriarche. Il - DE LA RÉFORME CAROLINGIENNE AU CONCILE DE TRENTE. Ce qu'il
y
a
de
merveilleux
dans
tout
le
grand
mouvement
monastique
que
nous
avons
décrit
plus
haut,
c'est
qu'il
s'est
réalisé
à
un
moment
où
l'Europe
entrait
dans
une
ère
de
ténèbres
et
de
barbarie.
A
partir
du
début
du
Ve
siècle,
on
assista
en
effet
à
un
recul
inquiétant
de
la
civilisation,
qui
se
manifesta
dans
la
dégradation
des
mœurs
et
une
baisse
effarante
de
la
culture.
Dans
l'Église
même,
on
constatait
une
certaine
contamination
de
la
foi
et
des
mœurs
par
les
coutumes
païennes.
5i
les
moines
firent
beaucoup
pour
la
conservation
de
la
culture
et
le
maintien
des
valeurs
morales,
ils
finirent
par
être
touchés
eux
aussi.
Les
monastères
se
remplissant
de
barbares
tout
récemment
revêtus
d'un
léger
vernis
chrétien,
la
ferveur
et
les
mœurs
monastiques,
tout
comme
les
mœurs
cléricales
se
détériorèrent
progressivement. Si la
décadence
de
la
vie
des
clercs
avait
été
plus
rapide,
leur
réforme
vint
plus
vite.
On
se
souvient
que
des
évêques
--
un
Augustin
à
Hippone
et
un
Eusèbe
à
Verceil,
par
exemple
-
avaient
essayé
de
faire
mener
à
leur
clergé
une
réelle
vie
monastique.
Si
cela
ne
put
évidemment
être
imposé
partout,
l'idéal
de
vie
commune
pure
et
simple
était
plus
accessible
à
la
plupart
des
clercs.
Au
VIII'
siècle,
saint
Chrodegang
(+
766)
fut
le
promoteur
de
ce
renouveau
de
vie
commune
(vita
canonica)
chez
les
clercs.
Il
s'agissait
d'une
simple
vie
commune
où
chacun
conservait
ses
propriétés
privées,
et
non
pas
d'une
pratique
intégrale
des
conseils
évangéliques.
Chrodegang
rédigea
pour
ses
«
chanoines
»
une
Règle
fortement
influencée
par
celle
de
saint
Benoît
et
à
laquelle
la
réforme
carolingienne
allait
donner
une
assez
grande
importance. Comme
Justinien
l'avait
fait
en
Orient,
Charlemagne
entreprit
de
réformer
toute
l'organisation
ecclésiastique
de
son
royaume,
ce
qui
s'intégrait
d'ailleurs
fort
bien
à
ses
vues
politiques.
Il
prit
un
soin
tout
particulier
des
chanoines
et
des
moines.
Auprès
des
églises
vivaient
des
clercs
qui
pratiquaient
ou
bien
une
vie
proprement
monastique,
ou
bien
une
simple
vie
commune.
Charlemagne
ordonna
que
l'on
fasse
terminer
cette
équivoque
et
que
l'on
adopte
ou
bien
la
vie
monastique
derrière
les
murs
d'un
cloître
et
selon
la
Règle
de
saint
Benoît,
ou
bien
la
vie
commune
des
chanoines
selon
la
Règle
de
saint
Chrodegang. Cette
décision
allait
avoir
de
grandes
conséquences
pour
l'avenir
de
la
vie
religieuse.
D'abord,
la
seule
forme
de
vie
religieuse
désormais
admise,
c'est-à-dire
la
seule
façon
reconnue
de
pratiquer
les
conseils
évangéliques,
est
la
vie
monastique
proprement
dite.
Les
chanoines
d'alors
(qu'il
ne
faut
pas
confondre
avec
les
chanoines
réguliers
d'une
époque
plus
tardive)
ne
sont
pas
à
proprement
parler
des
c«
religieux
»
;
ils
correspondent
plutôt
à
nos
communautés
de
vie
commune
sans
voeux.
Mais
la
vie
monastique
se
trouve
elle-même
nivelée.
Jusqu'alors
elle
avait
connu
une
grande
variété
de
formes.
Certaines
grandes
Règles
s'étaient
sans
doute
imposées
dans
la
pratique,
en
particulier
celle
de
saint
Benoît
et
celle
de
saint
Colomban
;
mais
il
n'y
avait
en
cela
rien
de
rigide.
On
les
appliquait
avec
liberté,
et
le
monachisme
ne
cessait
d'évoluer
et
de
s'adapter
aux
circonstances
de
lieu
et
de
temps.
Mais
à
partir
de
la
réforme
carolingienne,
une
certaine
rigidité
s'instaure,
et
un
nouveau
concept
de
«
Règle
»
se
manifeste.
Jusque
là
une
Règle
monastique
était
considérée
plutôt
comme
un
document
spirituel
dont
on
retenait
l'inspiration
profonde.
Toutes
les
grandes
Règles
étaient
le
bien
commun
des
monastères,
de
sorte
qu'une
même
communauté
pouvait
considérer
deux
ou
trois
Règles
à
la
fois
comme
la
base
de
sa
vie
spirituelle.
Il
n'était
pas
question
d'appliquer
à
la
lettre
l'organisation
matérielle
prévue
par
une
Règle
écrite
pour
un
autre
siècle.
Mais
désormais,
la
règle
monastique,
celle
de
saint
Benoît,
est
considérée
non
plus
simplement
comme
un
document
spirituel
devant
donner
l'inspiration
fondamentale
de
la
vie,
mais
comme
un
code
juridique
décrivant
jusqu'en
ses
détails
ce
qu'est
la
vie
monastique.
Par
là,
la
tradition
religieuse
occidentale
fut
entachée
d'un
certain
juridisme
dont
elle
n'arriva
jamais
à
se
défaire
complètement[7]. Muni de
l'appui
de
Charlemagne
et
de
son
successeur,
Louis
le
Pieux,
Benoît
d'Aniane
s'employa
à
promouvoir
cette
réforme.
Un
capitulare
monasticum
destiné
à
préciser
l'interprétation
et
l'application
de
la
Règle
de
saint
Benoît
fut
rédigé
au
synode
d'Aix-la-Chapelle
en
817.
Une
sorte
de
monastère
modèle
(Indem)
fut
même
fondé.
Au
besoin,
les
fonctionnaires
impériaux
veillaient
à
l'application
des
décrets
réformateurs
dans
les
monastères.
Après
avoir
connu
un
certain
succès
du
vivant
de
l'énergique
Benoît
d'Aniane,
cette
réforme
croula
cependant
après
sa
mort.
La
preuve
était
faite
une
fois
pour
toutes
qu'une
réforme
de
la
vie
religieuse
fondée
d'abord
sur
la
réforme
des
institutions
était
vouée
â
l'échec.
Cette
réforme
de
la
vie
monastique
eut
le
même
sort
que
la
«
renaissance
carolingienne
»
dans
son
ensemble.
En
effet,
cette
première
tentative
d'établir
la
paix,
la
prospérité
et
la
civilisation
sur
les
ruines
de
l'Empire
romain
échoua,
et
l'Empire
de
Charlemagne
se
désagrégea.
De
nouvelles
hordes
de
Barbares
déferlèrent
bientôt
sur
l'Europe
:
les
Vikings
provenant
du
nord,
les
Sarrasins
du
sud
et
les
Hongrois
de
l'est.
Une
autre
période
sombre
commença
pour
l'Occident. En Orient,
le
cénobitisme,
un
peu
affaibli
par
la
crise
iconoclaste,
connut
un
grand
essor
à
la
fin
du
VIII'
et
au
début
du
IXe
siècle,
avec
la
réforme
suscitée
par
Théodore
Studite,
dans
la
ligne
de
l'idéal
monastique
de
Basile
et
de
Dorothée
de
Gaza. Heureusement
pour
l'Occident,
le
souffle
spirituel
qui
avait
manqué
à
la
réforme
carolingienne
suscita,
près
d'un
siècle
après
le
Synode
d'Air-la-Chapelle,
une
grande
réforme
monastique,
celle
de
Cluny[8].
A
l'intérieur
des
cadres
juridiques
établis
par
Benoît
d'Aniane,
cette
réforme
allait
être
un
retour
aux
exigences
monastiques
fondamentales
:
silence,
travail,
stabilité,
prière.
Les
monastères
clunisiens
furent
et
demeurèrent
fort
longtemps
des
centres
de
vie
de
prière
intense
et
d'union
à.
Dieu,
au
milieu
d'un
monde
livré
plus
que
jamais
à
la
violence,
à.
la
débauche,
à
l'injustice.
La
centralisation
à
outrance
de
Cluny
avait
pour
but
de
libérer
les
maisons
individuelles
de
leur
dépendance
envers
les
seigneurs
féodaux,
dans
un
monde
où
le
système
féodal,
dont
la
politique
carolingienne
avait
posé
les
bases,
devenait
de
plus
en
plus
fort.
Paradoxalement
la
«
Congrégation»
de
Cluny
devint
ainsi
un
rouage
important
de
ce
monde
féodal
et
se
trouva
largement
impliquée
dans
la
vie
politique
et
sociale
de
toute
l'Europe[9]. Au onzième
siècle,
au
moment
où
les
institutions
féodales
atteignaient
leur
plus
haut
sommet
de
développement,
et
où
on
assistait,
au
sein
du
nouvel
empire
ottonien,
à
une
compénétration
de
plus
en
plus
grande
de
l'Église
et
de
l'État,
un
grand
mouvement
commença
à
se
manifester
au
sein
de
l'Église
vers
une
réforme
fondamentale
qui
allait
établir
la
Chrétienté
sur
de
nouvelles
bases.
Cette
réforme
qui
se
manifesta
d'abord
par
la
querelle
des
Investitures
et
par
la
lutte
contre
la
Simonie
et
le
Nicolaïsme
trouva
sort
sommet
durant
le
pontificat
de
Grégoire
VII
(1073-1085), de sorte que c'est à très juste titre
qu'on
parle
de
réforme
grégorienne, Avec elle commencent pour
l'Église
d'Occident
trois
siècles
grandioses
dont
l'art
gothique
est
une
pure
expression.
Période
extraordinairement
riche
en
grands
hommes
et
en
sève
créatrice,
où
abondent
les
saints
et
les
mystiques.
C'est
malheureusement
à
ce
moment
que
la
grande
Byzance
tombe
sous
les
coups
des
Croisés
Mais
en
961,
donc
peu
après
la
réforme
occidentale
de
Cluny,
le
moine
Athanase,
s'inspirant
de
la
réforme
studite,
avait
posé
la
première
pierre
du
monastère
de
Lavra,
au
mont
Athos,
commençant
ainsi
une
tradition
qui,
à
travers
un
millénaire
marqué
par
des
périodes
tantôt
de
grandeur,
tantôt
de
décadence,
parviendrait
jusqu'à
nous. Au sein
du
grand
mouvement
de
la
réforme
grégorienne
se
manifesta
bientôt
la
nécessité
d'une
réforme
de
la
vie
monastique[10].
Elle
n'était
pas
rendue
nécessaire
par
le
relâchement
des
monastères
;
au
contraire,
la
réforme
de
Cluny
avait
produit
d'excellents
fruits.
C'est
tout
simplement
que,
dans
un
monde
en
mutation,
où
l'Église
s'établissait
sur
de
nouvelles
bases
par
rapport
à
la
société
profane,
tous
les
éléments
de
la
vie
de
l'Église
étaient
radicalement
remis
en
cause,
et
la
vie
monastique
en
premier
lieu.
En
face
des
grands
monastères
traditionnels
possédant
de
vastes
propriétés
terriennes,
et
profondément
impliqués
dans
tous
les
rouages
de
la
vie
économique,
politique
et
ecclésiastique,
un
mouvement
très
fort
se
manifesta
vers
la
pauvreté,
la
solitude
et
l'idéal de vie fraternelle de la communauté primitive de Jérusalem. En 1012
saint
Romuald
fonde
Camaldoli,
jean
Gualbert
fonde
Vallombreuse
vers
1013.
Puis
c'est
Étienne
de
Muret
à
Grandmont
en
1076,
Robert
d'Arbrissel
à
Fontevrault
en
1096,
saint
Bruno
à
la
Chartreuse
en
1084
et
Robert
de
Molesme
qui
fonde
Cîteaux
en
1098. Cette
réforme
grégorienne
marque
comme
un
important
point
de
transition
dans
l'histoire
de
la
vie
religieuse.
Au
neuvième
siècle,
en
effet,
on
était
arrivé,
avec
la
réforme
carolingienne,
à
un
nivellement
total
de
la
vie
religieuse.
A
partir
de
la
réforme
grégorienne
et
des
nombreuses
fondations
qu'elle
suscite,
on
assiste,
jusqu'à
nos
jours,
à
une
sorte
de
«
reconquête
».
Graduellement,
les
diverses
façons
de
vivre
les
conseils
évangéliques
reconquièrent
leur
droit
de
cité.
Et
la
première
reconquête
consiste
précisément
à
faire
reconnaître
à
nouveau
le
caractère
charismatique
du
monachisme
qui
retrouve
ainsi
une
certaine
spontanéité
et
une
certaine
capacité
de
créer.
Rompant
les
cadres
juridiques,
il
s'épanouit
sous
toutes
sortes
de
formes
:
monachisme
urbain
et
monachisme
du
désert,
cénobitisme
et
érémitisme,
dosages
divers
de
solitude
et
de
vie
communautaire, Parallèlement
à
cette
première
reconquête
du
pluralisme
monastique,
les
clercs
consacrés
au
ministère
pastoral
recouvraient
eux
aussi
le
droit
de
vivre
les
Conseils
évangéliques
d'une
façon
publique
et
reconnue
par
l'Église.
C'est
alors
l'apparition
des
chanoines
réguliers.
Le
mot
canonicus qui, aux premiers siècles, avait servi à désigner les clercs
qui
figuraient
aux
registres
ou
au
canon
d'une
Église,
tendait
vers
la
fin
du
VIe
siècle
à
être
plutôt
réservé
aux
clercs
menant
la
vie
commune.
On
a
déjà
vu
comment
cette
vie
commune
avait
été
ou
bien
une
réelle
vie
monastique,
ou
bien
-
surtout
depuis
saint
Chrodegang
-
une
vie
commune
sans
désappropriation
et
mise
en
commun
des
biens.
Depuis
la
réforme
carolingienne,
les
chanoines
menant
cette
simple
vie
commune
étaient
clairement
distingués
des
moines.
Au
dixième
siècle
apparaît
déjà
l'expression
canonicus regularis, mais pas encore avec le sens que nous lui connaissons.
C'est
qu'on
distingue
le
canonicus
saecularis
(qui vit de façon indépendante, dans le monde) du canonicus regularis (qui reste fidèle à
l'antique
idéal
de
vie
communautaire
de
la
Règle
de
saint
Chrodegang).
Au
XIe
siècle,
plus
d'un
réformateur,
saint
Pierre
Damien
en
particulier,
essayera
de
faire
mener
la
vie
commune
à
tous
les
chanoines,
mais
les
deux
formes
subsisteront. Au même
moment
toutefois,
un
nouveau
mouvement
se
discerne
dans
le
clergé
et
une
nouvelle
forme
de
vie
cléricale
apparaît.
Se
rattachant
tous
à
la
Règle
attribuée
à
saint
Augustin,
surgissent
alors
plusieurs
groupement
de
chanoines
réguliers
(au
sens
strict)
menant
de
façon
intégrale,
bien
que
n'étant
pas
moines,
la
vie
selon
les
conseils
évangéliques,
pratiquant
non
seulement
le
célibat
et
la
vie
commune,
mais
aussi
la
désappropriation
complète
des
biens
matériels.
Dés
1039,
dans
la
petite
église
du
quartier
St-Ruf,
à
Avignon,
quatre
chanoines
de
la
cathédrale
fondent
ce
qui
deviendra
l'Ordre
de
saint-Ruf,
appelé
à
un
très
grand
développement
(il
comptera
1100
maisons
en
1151).
Parmi
les
nombreuses
fondations
semblables,
il
convient
de
mentionner
au
moins
les
chanoines
de
St-Victor
(117.3)
et
ceux
de
Prémontré
(1120). La vie
selon
les
conseils
évangéliques
est
donc
de
nouveau
possible,
non
seulement
pour
les
diverses
catégories
de
moines
vivant
à
l'écart
du
monde,
mais
aussi
pour
les
clercs
desservant
les
Églises
locales.
Sera-t-elle
possible
pour
les
laïcs
vivant
dans
le
monde
?
-
Ceux-ci
semblent
quelque
peu
délaissés
en
ce
contexte
religieux
où
la
religion
tend
à
devenir
l'affaire
des
clercs
et
des
moines. Le cas
des
«
vierges
»
est
caractéristique.
Nombreuses
avaient
été,
au
début
de
l'Église,
les
vierges
qui
vivaient
au
milieu
des
communautés
ecclésiales,
où
elles
étaient
reconnues
et
respectées.
Lors
de
la
grande
expansion
du
monachisme,
cependant,
elles
avaient
été
absorbées
dans
le
mouvement
partout
où
se
développait
le
monachisme
masculin,
la
vie
monastique
féminine
s'établissait
à
son
ombre.
Les
Églises
locales
ne
furent
cependant
pas
complètement
dépouillées
de
la
parure
de
leurs
vierges,
et
certaines
de
celles-ci
continuèrent
à
vivre
dans
le
monde,
ce
qui
amena
assez
tôt
à
distinguer
les
virgines
velatae
(menant
la
vie
monastique)
des
virgines non velatae (demeurant
dans
le
monde).
Ces
dernières
faisaient
toutefois
la
préoccupation
des
autorités
tant
ecclésiastiques
qu'impériales
;
les
Conciles,
les
Papes
et
les
évêques
cherchèrent
à
réunir
ces
dévotes
femmes
en
groupes
de
vie
commune,
en
leur
imposant
la
même
règle
qu'aux
chanoines,
et
en
les
appelant
chanoinesses.
Au
dixième
siècle,
à
la
suite
de
la
décadence
de
l'institution
canoniale,
la
même
distinction
s'appliqua
à
elles
qu'aux
chanoines
:
on
distingua
les
chanoinesses
régulières
des
chanoinesses
séculières.
Celles-ci,
simples
groupements
de
pieuses
femmes
provenant
généralement
de
la
noblesse,
disparurent
complètement
avec
la
Révolution
française
;
quant
aux
premières,
devenues
de
véritables
religieuses,
elles
ont
subsisté
jusqu'à
notre
époque.
Chaque
grand
Ordre
monastique
connut
aussi,
au
Moyen
Age,
l'affiliation
de
groupements
de
moniales. En pratique,
à
partir
du
Xe
et
du
XIe
siècle,
il
n'est
plus
guère
possible
à
une
femme
d'embrasser
la
vie
de
célibat
pour
le
Royaume
sans
se
murer
d'une
façon
ou
d'une
autre
derrière
la
clôture
d'un
monastère.
Il
faudra
attendre
encore
plusieurs
siècles
avant
qu'on
accepte
qu'une
femme
puisse
être
religieuse
sans
se
cloîtrer.
En
ces
siècles
de
mœurs
rudes,
on
imaginait
difficilement
qu'une
femme
puisse
conserver
des
mœurs
honnêtes
sans
être
protégée
ou
bien
par
un
mari
ou
bien
par
un
mur
:
aut
maritus
aut
murus !
Au
début
du
treizième
siècle,
un
élément
nouveau
d'une
très
grande
portée
intervient
dans
l'évolution
de
la
vie
religieuse.
Dans
toute
l'histoire
de
la
vie
religieuse,
il
n'y
a
rien
de
plus
poétique,
rien
de
plus
charmant
et
mystique
à
la
fois
que
l'origine
des
Frères
mineurs.
On
venait
d'assister,
au
siècle
précédent,
à
de
graves
réformes
de
la
vie
monastique
et
à
l'institution
de
graves
communautés
de
chanoines
réguliers.
Or
voici
qu'un
gamin
d'Assise,
mû
par
la
grâce
de
Dieu
et
soulevé
par
une
parole
de
l'Évangile,
décide
d'abandonner
gaîment
toutes
ses
richesses
et
de
se
consacrer
à
dame
pauvreté
et
au
soin
des
pauvres,
sans
pour
autant
---
et
là
était
la
nouveauté
-
songer
à
s'enfermer
dans
un
monastère!
Quelle
clôture
pourrait
d'ailleurs
retenir
ce
vagabond
de
Dieu
et
quelles
limites
saurait-on
mettre
à
la
liberté
des
enfants
de
Dieu
si
pleinement
assumée
?
Quelques
années
plus
tard,
en
février
1209,
une
autre
parole
de
l'Évangile
le
touche
au
coeur « Allez
et
prêchez
!
Dites
:
le
royaume
des
Cieux
est
proche
1
»
Sans
problèmes,
sans
penser
le
moins
du
monde
à
se
faire
clerc,
sans
songer
pour
autant
à
«
fonder
»
quelque
chose
de
nouveau,
François,
simple
laïc,
entreprend
tout
bonnement
de
prêcher,
et
de
quelle
façon
sublime
1
Bientôt
douze
jeunes
gens
le
suivent
et
partagent
son
originale
vie
d'apôtre.
Le
grand
Pape
réformateur
Innocent
III
les
encourage.
La
même
année,
en
1210,
Claire,
une
charmante
jeune
fille
d'Assise,
s'enfonce
dans
la
solitude
et
s'installe
près
du
couvent
où
François
et
ses
frères
vivent
dans
la
fraternité
;
elle
devient
bientôt
la
fondatrice
des
Pauvres
Dames.
Par
ailleurs
des
hommes
et
des
femmes
qui
vivent
dans
le
monde
où
les
retiennent
leurs
devoirs,
mus
par
la
prédication
et
l'exemple
des
Frères
mineurs,
se
groupent
pour
rénover
et
vivre
en
profondeur
leur
vie
chrétienne.
C'est
la
formule
des
Tiers-Ordres,
qui
sera
un
si
important
élément
dans
le
lent
effort
en
vue
de
décléricaliser
la
religion
chrétienne,
aux
siècles
suivants. François
avait
voulu
que
ses
disciples
soient
de
simples
laïcs,
vivant
au
milieu
du
monde
et
pour
les
chrétiens
du
monde,
la
vie
du
Christ
pauvre,
dans
la
pénitence,
la
prière
et
la
prédication.
En
s'institutionnalisant,
sa
communauté
devint
rapidement
un
ordre
clérical.
Sa
fondation
tient
quand
même
une
place
d'extrême
importance
dans
la
dynamique
de
la
vie
religieuse,
car
de
nouveau
la
pratique
des
conseils
évangéliques
était
apparue
hors
des
murs
des
monastères
et
des
couvents
de
chanoines,
sur
les
grandes
routes,
dans
la
pleine
liberté
des
enfants
de
Dieu.
Lorsqu'en
1215
le
Concile
de
Latran,
ému
de
la
prolifération
quelque
peu
anarchique
des
Ordres
religieux,
arrêta
qu'aucune
congrégation
nouvelle
ne
serait
autorisée
et
que
quiconque
voudrait
fonder
une
association
religieuse
devrait
adopter
une
règle
déjà
approuvée,
cette
loi
malheureuse
qui,
à
nouveau,
figeait
l'évolution
de
la
vie
religieuse
ne
s'appliqua
pas
aux
Frères
mineurs,
de
par
la
volonté
d'Innocent
III
lui-même. Au moment
où
le
Poverello
entreprenait
sa
vie
de
troubadour
de
Dieu,
Dominique,
un
jeune
chanoine
régulier
vivant
comme
un
Prémontré,
entreprenait,
avec
son
évêque,
une
carrière
de
prédication
dans
le
Languedoc
chrétien
ravagé
par
l'hérésie
albigeoise.
De
cette
expérience
allait
naître
la
constitution
d'un
groupement
qui
voulait
allier
le
témoignage
de
la
fraternité
et
d'une
vie
pauvre
et
pénitente
à
une
consécration
totale
à
l'enseignement
et
à
la
prédication
sous
toutes
les
latitudes
du
globe.
N'ayant
pas
l'ultime
chance
qu'eut
François
de
faire
approuver
sa
Règle
de
vie
avant
la
décision
restrictive
de
1215,
Dominique
dut
adopter
une
Règle
existante,
et
choisit
celle
des
chanoines
réguliers,
attribuée
à
saint
Augustin.
Un
nouvel
ordre
était
né,
semblable
en
plusieurs
points
à
celui
de
François,
qui
était
une
heureuse
synthèse
d'une
vie
d'apôtre
retenant
l'austérité
et
le
dépouillement
d'une
vie
monastique,
et
organisée
selon
les
règles
de
la
vie
des
chanoines
réguliers. D'autres
communautés
de
Mendiants
furent
créées
dans
la
deuxième
moitié
du
même
siècle,
en
particulier
les
Carmes
et
les
Ermites
de
saint
Augustin.
Cette
fondation
des
Ordres
mendiants
est
importante,
parce
qu'avec
elle
se
trouve
reconnu
le
principe
d'une
vie
consacrée,
où
l'on
intègre
la
pratique
intégrale
des
conseils
évangéliques
à
une
vie
soit
de
laïcs
soit
de
clercs
engagés
par
vocation
dans
l'apostolat
actif
au
sein
du
monde.
La
création
des
Tiers
Ordres
a
aussi
son
importance
dans
l'histoire
de
la
promotion
lente
du
laïcat
dans
l'Église.
La
décision
de
1215
allait
cependant
bloquer
considérablement
l'évolution
subséquente,
obligeant
les
nouvelles
fondations
suscitées
par
l'Esprit
à
se
couler
dans
des
cadres
qui
les
empêcheraient
d'épanouir
pleinement
leur
charisme
propre. Le douzième
siècle
avait
cependant
connu
la
fondation
de
quelques
autres
Ordres
d'un
genre
un
peu
spécial
qui,
eux
aussi
et
à
leur
façon,
concouraient
à
la
reconquête
du
pluralisme
des
formes
de
la
vie
religieuse.
Inutile
de
s'attarder
sur
le
cas
typiquement
médiéval
des
Ordres
militaires
et
chevaleresques.
Plus
conformes
à
l'idéal
de
la
vie
religieuse
sont
certainement
les
Ordres
hospitaliers
:
les
Antonins,
les
Frères
du
Saint-Esprit,
les
Frères
de
Saint-Lazare,
les
Croisiers,
etc.
Ils
s'assimilèrent
en
général,
ou
furent
assimilés
par
la
suite,
aux
Chanoines
réguliers
:
tels
les
Antonins,
fondés
en
1095,
qui
furent
réorganisés
par
Boniface
VIII
en
1297
en
congrégation
de
chanoines
réguliers.
A
côté
d'eux,
une
autre
initiative
peu
commune
fut
celle
des
Ordres
rédempteurs
:
les
Trinitaires
fondés
en
1198
et
les
Mercédaires
fondés
en
1223.
Ces
fondations,
tout
en
ayant
à
se
couler
dans
des
cadres
qui
leur
conviennent
assez
peu,
anticipent
ce
que
seront
nos
communautés
religieuses
vouées
à
une
œuvre
concrète
de
miséricorde
corporelle. Si en
Orient
il
n'y
a
pas
eu
de
floraison
d'Ordres
nouveaux,
c'est
que
l'Orient
n'ayant
pas
connu
le
nivellement
imposé
à
la
vie
religieuse
occidentale
par
la
réforme
carolingienne,
le
monachisme
y
est
demeuré
plus
souple,
marqué
de
pluralisme.
Des
«
moines
»
savent
au
besoin
y
accomplir
tous
les
services
(prédication,
service
des
malades,
enseignement)
pour
lesquels
de
nouvelles
institutions
sont
fondés
en
Occident. Les XIIe
et
XIIIe
siècles
sont
des
«
époques
d'or
»
tant
pour
les
grands
Ordres
traditionnels
que
pour
les
Ordres
nouveaux,
en
occident.
Partout
la
sève
vitale
est
abondante.
Les
Ordres
monastiques
multiplient
leurs
monastères
et
se
maintiennent
dans
la
ferveur
;
les
Ordres
mendiants
portent
la
Parole
de
Dieu
non
seulement
à
travers
toute
l'Europe,
mais
dans
les
terres
de
mission
les
plus
éloignées, Ce grand
mouvement
d'expansion
provoqua
un
effort
de
réflexion
théologique
et
une
certaine
systématisation
de
la
vie
religieuse.
Cette
systématisation,
en
soi
nécessaire
et
utile,
eut
cependant
ses
inconvénients.
Jusque
là,
l'engagement
-dans
la
vie
religieuse
comportait
une
certaine
promesse,
une
«
professio
»,
par
laquelle
on
s'engageait
à
un
mode
de
vie.
L'engagement
au
célibat,
ou
le
«
vœu
de
virginité
»
était
souvent
mentionné
explicitement.
Dans
les
nouveaux
Ordres,
et
d'abord
chez
les
Franciscains,
la
formule
de
profession
explicite
les
trois
voeux
devenus
traditionnels,
ceux
de
pauvreté,
de
chasteté
et
d'obéissance.
Au
même
moment
la
distinction
déjà
connue
auparavant
entre
le
«
simple
vécu
»
---
ou
voeu
simple
-
de
chasteté
(sans
reconnaissance
officielle
par
l'Église)
et
le
vœu
solennel
(c'est-à-dire
celui
reconnu
et
consacré
par
l'Église
dans
un
geste
rituel)
s'accentue.
Cette
distinction
s'étend
ensuite
aux
deux
autres
voeux
Comme
tous
les
grands
Ordres
monastiques
avaient
la
profession
solennelle, l'opinion s'accrédita bientôt
que
sans
les
trois
voeux
solennels
(dont
certains
pouvaient
d'ailleurs
être
exprimés
implicitement)
il
n'y
avait
pas
de
consécration
religieuse,
et
que
ces
trois
voeux
qu'on
appela
désormais
les
trois
«
voeux
essentiels
»
de
l'état
religieux
étaient
une
condition
sine
qua
non
de
cet
«
état
».
Pour
les
religieuses,
la
situation
fut
encore
plus
restrictive
à
partir
du
XIIIe
siècle,
car
les
voeux
solennels
(constitutifs
de
l'état
religieux)
furent
indissolublement
liés
à
l'obligation
de
la
clôture
papale
stricte, Cette
systématisation
et
les
cadres
législatifs
rigides
qu'elle
engendra
ne
doivent
pas
surprendre
si
l'on
se
souvient
que
ce
nouvel
essor
de
la
vie
religieuse
s'enracine
dans
la
réforme
grégorienne
qui
fut
pour
l'Église
une
période
d'institutionnalisation
et
de
centralisation,
et
qui
fut
marquée
par
un
développement
très
poussé
du
droit
canon.
Sur
la
nouvelle
conception
juridique
des
voeux
se
greffa
une
nouvelle
théologie
de
la
vie
religieuse
fondée
sur
la
notion
des
«
trois
conseils
évangéliques
»,
qui
a
prévalu
jusqu'à
nos
jours.
Elle
commence
toutefois
à
céder
le
pas
à
une
vision
plus
globale
du
donné
évangélique
sur
la
vie
parfaite. La vie
religieuse
est
désormais
considérée
beaucoup
plus
comme
un
état
que
comme
une
vie,
ce
qui
trahit
une
préoccupation
toute
médiévale.
Seuls
sont
reconnus
comme
religieux
ceux
qui
remplissent
les
exigences
requises
pour
faire
partie
de
cet
«
état
»
;
et
la
possibilité
de
vivre
les
conseils
évangéliques
hors
de
ces
cadres
rigides
n'est
pas
reconnue.
Cependant,
la
vie,
lorsqu'elle
est
assez
forte,
sait
rompre
les
cadres
trop
rigides
et
se
créer
ses
lois.
A
côté
de
la
vie
religieuse
officielle
se
développe
tout
un
mouvement
qui
annonce
les
formes
de
vie
de
nos
nombreuses
congrégations
modernes.
Ce
mouvement
est
mis
en
branle
d'abord
par
les
Tertiaires
de
saint
François
et
de
saint
Dominique.
Un
nombre
de
plus
en
plus
considérable
d'entre
eux
ne
tardèrent
pas
à
adopter
la
vie
commune,
avec
des
liens
juridiques
plus
ou
moins
étroits.
Il
arrivait
qu'ils
se
vouent
au
célibat.
L'organisation
de
ces
mouvements
fut
grandement
favorisée
par
l'approbation
donnée
en
1289
par
Nicolas
IV
à
la
Règle
des
Tertiaires
de
l'Ordre
de
saint
François.
Ces
communautés
pratiquèrent
souvent
les
«
trois
voeux
»
même
si
ceux-ci
n'étaient
pas
«
solennellement
reconnus
». Un peu
plus
tard,
surtout
au
XVe
et
XVIe
siècle
apparaissent
et
se
multiplient
les
sociétés
de
«
sueurs
grises
»
ou
de
«
soeurs
noires
»,
dans
le
nord
de
la
France
et
de
la
Belgique.
Ce
sont
des
congrégations
hospitalières
dont
les
membres
vont
même
soigner
les
malades
à
domicile.
Leurs
membres
font,
et
même
publiquement,
les
trois
voeux
de
religion.
Elles
ne
sont
toutefois
pas
considérées
comme
«
religieuses
»,
n'ayant
pas
la
solennité
des
voeux
et
la
clôture
papale.
Ce
qui
d'ailleurs
les
préserve
des
exigences
des
canonistes
! Depuis
la
fin
du
XIIIe
siècle,
une
crise
s'annonçait,
une
grave
crise
de
civilisation,
au
cours
de
laquelle
l'Europe
allait
se
disloquer
et
la
«
chrétienté
»
s'écrouler.
Pour
comble
de
malheur,
en
cet
automne
du
moyen
âge,
la
peste
noire
s'ajoute
au
fléau
des
guerres,
et,
à
elle
seule,
fait
mourir
le
tiers
de
la
population
européenne.
Remuée
et
bouleversée
par
ces
malheurs,
l'Église,
tout
comme
l'État,
sombre
dans
une
nouvelle
période
de
décadence. III -- Du XVIe Au XXe SIÈCLE. Au début
du
XVIe
siècle,
de
toute
part,
les
mystiques
et
les
prophètes
crient
le
besoin
de
réforme,
jusqu'à
ce
que,
la
Réforme
officielle
ne
venant
pas,
Luther
entreprenne
la
sienne
propre.
Mais
même
au
sein
de
l'Église,
en
beaucoup
de
milieux,
longtemps
avant
la
réforme
officielle
de
Trente,
des
âmes
ferventes
ont,
non
seulement
senti
et
proclamé
le
besoin
de
réforme,
mais
se
sont
même
attelées
â
la
tâche,
Au
début
du
siècle,
à
l'heure
même
où
se
préparait
la
Réforme
protestante,
des
sursauts
de
ferveur
secouaient
ici
et
là
l'Église.
Un
fait
très
significatif
est
que
se
groupèrent
un
peu
partout
de
pieux
chrétiens
qui
lisaient
ensemble
l'Écriture,
discutaient
théologie
et
mystique
et
s'attaquaient
â
tous
les
problèmes
de
l'Église.
Le
plus
célèbre
de
ces
groupements
fut
l'Oratoire de l'Amour divin,
qui
se
créa
vers
1510-1520
dans
une
petite
église
du
Transtévère
â
Rome,
et
d'où
sortiront
plusieurs
fondations
religieuses
proprement
dites.
Au
même
moment
un
premier
mouvement
de
réforme
venait
soulever
la
plupart
des
Ordres
anciens,
qui
avaient
passablement
déchu
de
leur
ferveur.
Un
peu
partout
cette
réforme
suit
alors
le
même
processus.
Les
immenses
corps
que
sont
ces
grands
Ordres
n'ont
plus
la
sève
vitale
suffisante
pour
se
rénover.
Alors
Dieu
suscite
des
hommes
charismatiques
qui
réforment
une
communauté,
une
maison,
puis
groupent
autour
de
cette
cellule
initiale
quelques
autres
maisons,
pour
former
graduellement
une
congrégation.
Un
exemple
frappant
est
celui
de
la
réforme
des
Camaldules
par
le
bienheureux
Giustiniani.
Ailleurs,
comme
chez
les
fils
de
saint
François,
la
réforme
fut
plus
mouvementée
et
aboutit
à
la
création
de
plusieurs
branches
au
sein
du
même
ordre. Dès avant
le
Concile
ce
vent
de
réforme
s'accompagna
de
la
fondation
de
nouvelles
communautés,
en
particulier
de
la
création
de
clercs réguliers. Aussi bien
les
Ordres
mendiants
que
les
chanoines
réguliers,
tout
en
se
lançant
dans
l'apostolat
actif,
avaient
gardé
un
genre
de
vie
assez
proche
de
celui
des
moines.
Le
clergé
séculier,
celui
des
paroisses,
avait
donc
toujours
été
laissé
un
peu
de
côté
dans
ces
mouvements
de
réforme
de
la
vie
cléricale.
Les
nouvelles
communautés
de
clercs
réguliers
groupaient
en
fraternité
ces
prêtres
consacrés
au
ministère
ordinaire,
qui
voulaient
vivre
les
conseils
évangéliques
tout
en
demeurant
au
sein
du
clergé
paroissial
et
en
partageant
sa
vie.
Ce
furent
tour
â
tour
les
Théatins
de
saint
Gaétan
de
Thiène
et
de
Jean-Pierre
Carafa,
les
Barnabites
de
saint
Antoine-Marie
Zaccaria,
les
Somasques
de
Jérôme
Émilien,
et
d'autres
encore.
Plusieurs
de
ces
nouvelles
congrégations
eurent
une
fondation
féminine
parallèle
à
la
leur.
Ces
communautés
féminines
réalisaient
déjà
ce
que
saint
François
de
Sales
ne
réussirait
pas
à
faire
réaliser
â
ses
Visitandines
;
vivre
non
pas
une
existence
enfermée
dans
un
cloître,
comme
cela
avait
toujours
été
le
cas
pour
les
religieuses,
mais
s'engager,
à
côté
du
clergé,
dans
les
œuvres
de
charité,
d'enseignement
et
d'apostolat.
Il
faut
dire
cependant
que
celles
de
ces
communautés
qui
acquirent
une
certaine
importance
durent
bientôt
accepter
le
genre
de
vie
des
Ordres
anciens,
à
commencer
par
la
clôture
papale,
comme
cela
arriva
en
France
aux
Ursulines. La plus
importante
des
fondations
de
cette
époque
fut
évidemment
celle
de
la
Compagnie
de
Jésus.
Avec
sa
milice
qu'il
mettait
au
service
du
Pape
pour
travailler
dans
toute
l'Église,
avec
ses
religieux
que
rien
ne
distinguait
extérieurement
des
prêtres
séculiers,
avec
la
grande
liberté
d'action
laissée
à
chaque
membre
au
sein
d'un
Ordre
puissamment
structuré,
la
vie
religieuse
se
dégageait
totalement
pour
la
première
fois
des
structures
monastiques,
dans
lesquelles
elle
se
mouvait
depuis
que
la
réforme
carolingienne
avait
restreint
la
pratique
reconnue
des
conseils
évangéliques
à
sa
seule
forme
monastique.
Comme
toutes
les
grandes
fondations
de
ce
genre,
la
fondation
d'Ignace
de
Loyola
était
le
fruit
d'une
longue
évolution.
Elle
était
préparée
par
tout
le
mouvement
de
réforme
qui
animait
l'Église
depuis
déjà
quelques
décades. Le Concile
de
Trente,
dans
sa
Session
XXVe
ne
traita
que
de
ceux
qui
étaient
considérés
comme
religieux
par
le
droit:
de Regularibus et Monialibus, c'est-à-dire
des
religieux
et
religieuses
â
voeux
solennels,
il
élabora
tout
un
arsenal
de
règlements,
de
prescriptions
et
de
sanctions
pour
réformer
la
vie
religieuse.
Même
si
le
grand
Pape
réformateur
Pie
V
s'attacha
lui-même
â
cette
tâche,
cette
réforme
de
caractère
juridique
et
institutionnel,
semblable
à
celle
d'Aix-la-Chapelle,
ne
semble
pas
avoir
eu,
par
elle-même,
de
grands
résultats.
Si
la
réforme
de
la
vie
religieuse
eut
lieu,
effectivement,
c'est
que
les
Ordres
religieux
avaient
déjà
été
soulevés,
dès
avant
le
Concile,
par
un
souffle
de
renouveau
et
que
ce
souffle
s'intensifiait
de
lui-même.
La
plus
retentissante
des
réformes
fut
sans
doute
celle
du
Carmel
effectuée
par
l'infatigable
et
active
mystique
Thérèse
d'Avila
et
par
son
fidèle
ami
et
collaborateur
Jean
de
la
Croix. On assiste,
à
la
même
période,
encore
â
quelques
nouvelles
fondations.
Notons,
entre
bien
d'autres,
celle
de
l'Oratorio du si sympathique, si joyeux
et
si
déconcertant
Philippe
Néri.
Cet
Oratorio est la première réalisation de
ce
que
nous
appellerions
aujourd'hui
une
Société
de
vie
commune
sans
voeux,
Clercs
et
pieux
laïcs,
également
soumis
â
une
règle
très
simple,
y
vivent
en
union
de
prières
et
d'action,
sans
discipline
extérieure
imposée,
sans
rigide
réglementation,
sans
autre
lien
que
celui
qui
naît
de
l'affection
réciproque
et
du
commerce
quotidien. La réforme
de
Pie
V
eut
pour
effet
de
centraliser
encore
plus
la
vie
religieuse
qui
dépendit
désormais
de
plus
en
plus
de
l'autorité
ecclésiastique
et tout spécialement
de
la
Congrégation
des
Évêques
et
Réguliers,
dont
l'action
allait
tendre
à
niveler
de
plus
en
plus
les
Congrégations
et
Ordres
religieux.
Cette
réforme
rendit
de
nouveau
très
précaire
la
vie
des
communautés
de
Tertiaires
ou
de
religieuses
«
séculières
»
qui
s'étaient
créées
au
cours
des
siècles
précédents
à
côté
de
la
vie
religieuse
proprement
dite.
A
cause
de
certains
abus,
le
Pape
prit
une
mesure
radicale
et,
par
la
Constitution
Circa Pastoralis de 1566, ordonna d'abord d'urger strictement la clôture
dans
tous
les
monastères.
Puis
il
fit
inviter
les
Tertiaires
ou
autres
communautés
semblables
qui
n'avaient
pas
les
voeux
solennels,
à
les
prononcer
et
donc
à
adopter
la
clôture
papale.
Les
évêques
étaient
autorisés
en
certains
cas
à
laisser
de
telles
communautés
continuer
leur
genre
de
vie,
mais
il
était
interdit
à
celles-ci
de
recevoir
des
novices...
Heureusement
cette
mesure
ne
fut
pas
appliquée
à
la
lettre,
et
de
telles
communautés
persévérèrent
toujours,
quoique
en
petit
nombre.
Mais
les
réticences
furent
longues
et
nombreuses.
Grégoire
XIII,
en
1572,
confirmait
les
mesures
prises
au
sujet
des
religieuses
par
Pie
V,
et
en
1592
la
Congrégation
des
Évêques
et
Réguliers
permettait
aux
évêques
d'interdire
même
la
vie
commune
aux
Tertiaires
qui
ne
voulaient
pas
accepter
la
clôture
papale. Par ailleurs,
la
fondation
de
la
Compagnie
de
jésus
avait
introduit
une
nouveauté
importante
dans
cet
ordre
de
choses[11].
Non
seulement
les
scolastiques
et
les
frères
coadjuteurs,
pendant
une
probation
assez
longue,
ne
pouvaient
faire
que
des
voeux
simples,
mais
la
Compagnie
se
composait
de
deux
classes
de
profès,
les
uns
liés
par
la
profession
solennelle
des
quatre
voeux,
les
autres
par
une
profession
de
voeux
simples.
Une
déclaration
solennelle
de
Grégoire
XIII
en
1584
fit
tomber
l'objection
générale
selon
laquelle
tous
ces
profès
à
voeux
simples
n'étaient
pas
de
«
vrais
»
religieux
;
mais
pendant
près
de
trois
siècles
les
canonistes
continueront
à
n'y
voir
qu'un
privilège
très
spécial. Lorsqu'au
début
du
XVIIe
siècle
saint
François
de
Sales
eut
l'idée
d'une
communauté
de
religieuses
qui
ne
vivraient
pas
derrière
les
murs
d'un
cloître
mais
se
dévoueraient
au
milieu
du
monde
dans
l'exercice
de
la
charité,
l'opposition
à
l'apostolat
des
religieuses
hors
clôture
et
sans
voeux
solennels
était
encore
si
vivace
que
ses
Visitandines
durent
se
muer
en
moniales
cloîtrées.
Ce
que
n'avait
pas
réussi
saint
François
de
Sales,
saint
Vincent
de
Paul
et
Louise
de
Marillac
le
réussirent,
avec
la
fondation
des
Filles
de
la
Charité.
Ils
trouvèrent
la
véritable
solution
:
ignorant
les
distinctions
des
canonistes,
acceptant
facilement
d'être
privées
du
nom
de
«
religieuses
»,
elles
ne
firent
que
des
voeux
privés
et
ainsi,
sous
la
forme
d'une
Société
de
pieuses
femmes
sans
voeux
publics,
purent
jouir
de
la
liberté
des
enfants
de
Dieu
et
joindre
une
authentique
pratique
des
conseils
évangéliques
au
service
des
pauvres.
Le
mouvement
était
donné,
et
tant
en
France
qu'en
Allemagne
de
nombreuses
congrégations
semblables
assurèrent,
surtout
dans
l'enseignement
et
le
soin
des
malades,
l'exercice
de
la
charité
chrétienne,
â
la
plus
grande
gloire
de
l'Église...
et
de
l'état
religieux
dont
elles
étaient
officiellement
écartées. Tout au
long
du
XVIIe
siècle,
les
communautés
tant
d'hommes
que
de
femmes
se
multiplient,
au
point
qu'il
serait
téméraire
d'essayer
de
les
énumérer.
S'ils
ne
sont
pas,
pour
la
plupart,
religieux
ou
religieuses
an
sens
strict,
ils
sont
approuvés
par
les
évêques
et
souvent
même
leurs
Statuts sont approuvés par
le
Saint
Siège
qui,
pour
autant,
n'approuve
pas
les
Instituts
eux-mêmes...
ce
qui
serait
aller
contre
la
décision
de
Pie
V
! Avec la
Révolution
française
l'Europe
allait
toutefois
s'enfoncer
dans
une
nouvelle
nuit,
et
on
assisterait,
du
moins
en
France,
à
la
disparition
de
presque
toute
vie
religieuse
organisée.
C'est
dans
cette
situation
toute
spéciale
que
fut
mise
sur
pied
une
fondation
originale,
qui
est
dans
le
passé
le
meilleur
exemple
de
ce
que
sont
de
nos
jours
les
instituts
séculiers[12].
Le
Père
de
Clorivière,
à
cause
des
circonstances
qui
rendaient
la
vie
religieuse
ordinaire
impossible
en
France,
imagina
la
fondation
de
communautés
dont
les
membres
ne
porteraient
aucun
signe
distinctif,
aucun
habit,
vivraient
dans
leurs
familles,
accompliraient
leur
rôle
ordinaire
au
sein
de
la
société,
mais
feraient
ainsi,
sans
être
connus
de
personne,
le
râle
des
religieux
et
religieuses
expulsés. Après
la
Révolution,
les
évêques
et
les
papes
durent
se
rendre
à
l'évidence
et
reconnaître
l'utilité
et
la
nécessité
des
communautés
sans
clôture
qui,
avec
une
réelle
ferveur,
s'adonnaient
aux
oeuvres
de
miséricorde
et
d'enseignement.
Le
mouvement
de
renaissance
religieuse
qui
suivit
la
Révolution
amena
d'ailleurs
leur
multiplication.
Alors
que
le
droit
ne
reconnaissait
comme
religieux
que
les
ordres
à
voeux
solennels
et
avec
clôture,
les
évêques
et
le
Saint
Siège,
tout
au
long
du
XIXe
siècle
approuvent
par
douzaines
des
Congrégations
religieuses
â
voeux
simples
dont
on
a
toujours
soin
de
dire
qu'elles
ne
sont
pas
u
religieuses
proprement
dites
».
Enfin
la
Constitution
Conditae a Christo de Léon XIII en 1900
et
les
Normae
de
la
Congrégation
des
Evêques
et
Réguliers
de
1901
vinrent
conformer
le
droit
â
la
vie
en
reconnaissant
comme
religieuses
les
Congrégations
à
voeux
simples. Ces Normae, par ailleurs, systématisaient
â
outrance
le
concept
de
vie
religieuse
;
elles
entraient
dans
le
détail
de
l'organisation
des
Congrégations
et
des
Ordres,
et
donnaient
un
modèle
précis
de
Constitutions.
Dans
les
révisions
des
Constitutions
qui
furent
alors
exécutées,
plusieurs
Ordres
et
Congrégations
perdirent
presque
totalement
l'originalité
de
leur
charisme. Au même
moment,
le
laïcat
prenait
toujours
plus
conscience
de
lui-même
et
de
sa
vocation
au
sein
du
Peuple
de
Dieu.
Le
catholicisme
social
se
développa
conjointement
â
l'Action
catholique.
Cette
pénétration
de
l'esprit
évangélique
dans
toutes
les
classes
de
la
société
prépare
la
reconnaissance
officielle
d'une
forme
de
vie
évangélique
qui
existait
depuis
longtemps
et
qui
s'organisait
lentement
:
les
Instituts
séculiers.
Il
y
a
toujours
eu
dans
l'Église
des
fidèles
qui
désiraient
vivre
intégralement
les
exigences
les
plus
radicales
de
la
vie
évangélique,
mais
qui,
par
suite
de
circonstances
spéciales
ou
d'un
appel
personnel
du
Seigneur,
devaient
rester
dans
le
monde
et
continuer
à
jouer
leur
rôle
au
sein
de
la
société.
Ils
ont
toujours
eu
la
tendance
bien
compréhensible
à
se
grouper
en
pieuses
associations
ou
sociétés.
Plusieurs
de
ces
sociétés
cherchèrent,
à
partir
du
XIXe
siècle,
à
obtenir
de
Rome
une
approbation
qui
reconnût
leur
valeur
morale
et
religieuse
et
qui
fût
une
garantie
à
ceux
et
celles
qui
voulaient
s'y
joindre.
Malheureusement,
leur
genre
de
vie
ne
cadrait
ni
avec
les
notions
canoniques
de
la
vie
religieuse
ni
même
avec
la
nouvelle
notion
que
la
vie
s'efforçait
péniblement
d'imposer
aux
canonistes
de
la
Curie,
celle
de
«
Congrégation
à
voeux
simples
»,
Un
décret
de
1889,
de
la
Congrégation
des
Évêques
et
Réguliers,
se
contente
de
louer
le
but
de
telles
associations
et
de
déclarer
qu'on
pourra
tout
au
plus
leur
donner
le
titre
de
«
pieuses
associations
».
Ce
n'est
qu'en
1947
que
Pie
XII,
par
la
Constitution
Provida Mater
Ecclesia,
reconnaîtra
officiellement
les
instituts
séculiers
comme
état
de
perfection
et
leur
donnera
un
statut
juridique, Les théologiens
ont
longuement
discuté
pour
savoir
si
les
membres
de
ces
Instituts
séculiers
étaient
des
«
religieux
»
ou
des
«
laïcs
».
Les
membres
eux-mêmes
tinrent
beaucoup
à
préserver
leur
caractère
laïc
et
réussirent
de
justesse
à
faire
introduire
â
l'article
11
du
décret
Perfectae Caritatis de Vatican II une incise
qui
affirme
explicitement
qu'ils
ne
sont
pas
des
Instituts
religieux,
mais
comportent
cependant
une
authentique
et
complète
profession
des
conseils
évangéliques
dans
le
monde,
reconnue
par
l'Église[13]. IV -- ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE ET TACHE ACTUELLE. En jetant
un
coup
d'œil
d'ensemble
sur
l'évolution
de
la
vie
religieuse,
on
y
discerne
facilement
deux
grandes
périodes,
l'une
qui
va
des
origines
jusqu'au
dixième
siècle
et
l'autre,
qui
va
de
la
réforme
grégorienne
jusqu'à
nos
jours. La première
période,
après
un
moment
de
rapide
et
vaste
expansion,
est
caractérisée
par
un
rétrécissement
de
l'éventail
des
formes
de
la
vie
religieuse.
Aux
premiers
siècles,
des
chrétiens
de
toutes
les
classes
de
la
société
entreprennent
de
vivre
radicalement
leur
vie
chrétienne
selon
les
conseils
évangéliques.
Ils
demeurent
au
sein
de
la
société
ou
se
retirent
dans
la
solitude
;
ils
se
groupent
en
fraternités
ou
vivent
en
ermites
;
ils
sont
clercs
ou
laïcs.
La
vie
religieuse
n'est
absente
d'aucune
forme
de
la
vie
sociale
;
elle
revêt
elle-même
toutes
les
formes.
Peu
à
peu
cependant
le
monachisme
se
développe
d'une
façon
extraordinaire
et
ce
développement
suscite
un
effort
de
législation
qui
fait
graduellement
de
la
vie
religieuse
un
«
état
de
vie
»
officiellement
reconnu,
et
qui
finit
par
refuser
cette
reconnaissance
aux
formes
non-monastiques
de
vie
religieuse.
Finalement,
avec
la
réforme
carolingienne,
le
monachisme
lui-même,
du
moins
en
Occident,
est
ramené
à
un
commun
dénominateur. Ce mouvement
de
«
rétrécissement
»
n'est
pas
dû
au
simple
fait
du
développement
extraordinaire
du
monachisme.
Il
est
d'abord
dû
à
un
refroidissement
du
charisme,
qui,
lui,
W
est
certes
pas
étranger
à
un
développement
numérique
trop
vaste
et
trop
rapide.
La
législation
ne
fut
pas
non
plus,
en
elle-même,
source
ni
de
ce
refroidissement
du
charisme,
ni
du
rétrécissement
de
l'éventail
des
formes
de
vie
religieuse.
Car
les
grands
mouvements
monastiques,
comme
ceux
de
Pachôme
et
de
Basile,
avaient
su
se
structurer
sagement
pour
favoriser
l'expansion
et
la
survie
de
leur
charisme.
La
sclérose
est
provoquée
lorsque,
la
vitalité
spirituelle
faisant
défaut
et
l'institution
se
dégradant,
une
législation
doit
être
imposée
de
l'extérieur
en
vue
de
sauvegarder
ce
que
saint
Benoît
appelle
une
certaine
«
honestas
morum
»
(RB,
c,
73). A partir
du
onzième
siècle,
un
mouvement
en
sens
inverse
apparaît,
qui
se
poursuit
jusqu'à
nos
jours.
De
nouveau,
par
suite
d'exigence
internes,
et
dans
le
cadre
de
la
grande
réforme
grégorienne,
le
monachisme
se
diversifie.
Puis,
à
côté
de
lui,
de
nouvelles
formes
de
vie
religieuse
réapparaissent,
de
sorte
que,
jusqu'à
nos
jours,
on
assiste
à
une
sorte
de
«
reconquête
»
graduelle
du
droit
de
cité
dans
l'Église
institutionnelle
pour
chacune
des
formes
de
vie
consacrée.
Ce
sont
d'abord
les
chanoines
réguliers,
qui
unissent
la
pratique
des
conseils
évangéliques
au
service
d'une
Église
locale
;
puis
ce
sont
les
Ordres
mendiants,
qui
l'unissent
à
un
apostolat
aux
dimensions
de
l'Église
entière
;
enfin
ce
sont
les
innombrables
formes
de
vie
religieuse
non-cloîtrée
qui,
peu
à
peu
s'établissent
de
fait
dans
le
giron
de
l'Église,
pour
finalement
être
reconnues
de
droit
par
celle-ci
au
bout
de
plusieurs
siècles.
C'est
enfin,
avec
les
Instituts
séculiers,
la
reconnaissance
officielle
d'un
état
de
perfection
évangélique
au
sein
du
monde,
sans
les
cadres
de
la
vie
religieuse
canonique. Cette
seconde
période
a
pris
ses
débuts
avec
les
réformes
monastiques
du
XIe
siècle,
qui
s'enracinent
elles-mêmes
dans
la
grande
réforme
grégorienne.
Or,
l'on
sait
la
forte
tendance
de
cette
réforme
vers
la
centralisation
et
l'institutionnalisation.
Au
sein
d'un
État
civil
accaparant,
l'Église
ne
pouvait
conserver
sa
liberté
--
ou
la
recouvrer
-
qu'en
s'institutionnalisant
elle-même
fortement.
La
vie
religieuse
fut,
elle
aussi,
coulée
dans
les
cadres
rigides
de
l'état
religieux.
Ce
qui
eut
comme
première
conséquence
de
la
priver
de
sa
spontanéité
charismatique.
Cette
notion
d'état
religieux
et
ces
cadres
se
sont
conservés
jusqu'à
nos
jours,
alors
même
que
la
reconquête
du
pluralisme
des
formes
obligea
périodiquement
à
créer
de
nouvelles
«
demeures
»
dans
cet
édifice,
et
à
créer
de
nouvelles
espèces
â
l'intérieur
du
genre,
par
dissection
du
concept.
Après
avoir
distingué
l'état
de
vie
contemplative
de
l'état
de
vie
active,
(et
l'état
de
vie
mixte,
pour
ceux
qui
n'entraient
ni
dans
l'une
ni
dans
l'autre
catégorie),
on
distingua
les
ordres
des
Congrégations,
celles-ci
étant
à
leur
tour
distinguées
entre
elles
d'après
la
diversité
de
leurs
fins
«
secondaires
».
Il
a
fallu
une
véritable
gymnastique
des
canonistes,
chaque
fois
qu'une
nouvelle
forme
de
vie
religieuse
était
imposée
par
la
vie,
pour
lui
trouver
une
place
à
l'intérieur
de
ces
structures.
Et
comme
la
souplesse
n’est
pas
le
charisme
propre
des
hommes
de
loi,
cette
gymnastique
s'est
toujours
avérée
laborieuse
et
lente. Les théologiens
eurent
facilement
tendance
à
considérer
ces
cadres
comme
constitutifs
de
l'état
religieux.
La
même
tendance
médiévale
voulant
que
tout
donné
historique
soit
considéré
comme
acquis
une
fois
pour
toutes,
il
se
fit
que
toute
évolution
de
la
vie
religieuse
était
vouée
à
ne
faire
qu'ajouter
de
nouvelles
formes
aux
formes
anciennes.
En
effet,
qui
aurait
osé
remettre
en
questions
des
formes
déjà
officiellement
approuvées
par
la
plus
haute
autorité
ecclésiastique
?
De
même,
si
l'on
exclut
le
cas
de
la
répression
d'abus
évidents,
toute
réforme
courait
le
risque
d'aboutir
à
scinder
un
Ordre
en
deux
ou
plusieurs
observances
:
ancienne
ou
nouvelle
observance,
chaussés
ou
déchaussés,
barbus
ou
rasés,
etc. Nous voyons
donc
que
c'est
dans
la
vie
religieuse
que
l'Église
a
vécu
le
plus
intensément
la
tension
-
normale
en
son
sein
-
entre
le
charisme
et
l'institution.
Le
charisme
de
la
vie
religieuse,
comme
tout
charisme,
devait
s'institutionnaliser
pour
survivre.
L'harmonie
parfaite
entre
le
charisme
et
l'institution
ne
pouvant
exister
ici-bas,
on
assiste
donc
dans
l'histoire
à
une
sorte
de
va
et
vient,
une
sorte
d'alternance
entre
l'étouffement
du
charisme
par
des
institutions
devenues
trop
lourdes,
et
l'éclatement
des
institutions
sous
la
poussée
vitale
du
charisme,
pour
aboutir
à
de
nouvelles
institutions
-
le
tout
étant
entrecoupé
de
périodes
de
relatif
équilibre. Le caractère
charismatique
de
la
vie
religieuse
apparaît
très
clairement
à
travers
cette
évolution.
Jamais
l'autorité
hiérarchique
n'a
créé
une
forme
de
vie
religieuse,
et
jamais
une
réforme
décrétée
par
voie
d'autorité
n'a
fait
plus
que
d'empêcher
le
pire.
Chaque
fois
que
la
vie
religieuse
surgit
ou
se
réforme
dans
l'Église,
on
trouve
à
la
source
de
cette
naissance
ou
de
cette
rénovation
une
personne
charismatique
ou
des
personnes
charismatiques
mues
irrésistiblement
par
l'Esprit.
Les
vraies
réformes,
celles
qui
portent
des
fruits
et
ouvrent
de
nouvelles
voies
sont
les
réformes
spirituelles.
Le
cœur
de
la
réforme
c'est
la
réforme
du
cœur. La tâche
qui
s'offre
aux
religieux
aujourd'hui
est
immense.
Les
Ordres
ou
Congrégations
qui,
s'étant
hâté
de
réviser
le
texte
de
leurs
Constitutions
et
de
leurs
coutumiers
se
donnent
bonne
conscience
d'avoir
accompli
leur
effort
de
renouveau
risquent
bien
d'avoir
fait
long
feu.
Ce
qu'il
faut,
c'est
d'abord
susciter
un
renouveau
spirituel
qui,
peu
à
peu,
engendrera
les
structures
nécessaires
à
la
vie.
Commencer
par
la
réforme
des
structures,
sans
se
soucier
assez
de
la
réforme
spirituelle,
c'est
mettre
la
charrue
devant
les
bœufs. Tout comme
au
temps
de
Grégoire
VII,
nous
nous
trouvons
à
un
important
tournant
dans
l'histoire
de
la
civilisation.
La
société
a
changé
d'assises,
et
l'Église
depuis
Vatican
II
a
entrepris
de
s'interroger
sur
sa
propre
identité,
afin
de
se
créer
elle
aussi
de
nouvelles
assises
dans
ce
monde
en
mutation.
La
même
recherche
de
leur
identité
s'impose
aux
Ordres
religieux.
Il
ne
s'agit
plus
de
continuer
à
multiplier
les
formes
de
vie
religieuse
et
les
«
observances
»
au
sein
d'un
même
Ordre,
L'imagination
humaine
ayant
tout
de
même
des
limites,
les
nouvelles
fondations
seraient
d'ailleurs
vouées
à
copier
des
communautés
existantes.
Il
faudrait
plutôt
tendre
à
refermer
la
boucle
de
la
grande
évolution
que
nous
avons
décrite,
en
revenant
à
une
plus
grande
unité
au
sein
d'un
pluralisme
consciemment
redécouvert.
On
en
arrivera
nécessairement
à
se
demander
s'il
y
a
place
pour
plusieurs
Ordres
juridiquement
distincts
au
sein
de
la
grande
famille
monastique
;
s'il
est
opportun
de
maintenir
tant
d'instituts
d'hospitalières
ou
d'enseignantes
ayant
exactement
la
même
forme
de
vie
et
des
Constitutions
pratiquement
interchangeables,
et
qui
doivent
pourtant
assurer
chacune
le
maintien
d'une
importante
curie
généralice,
etc. Des canonistes
d'aujourd'hui
on
n'attend
plus
qu'ils
adaptent
tardivement
la
situation
juridique
à
l'état
de
fait
imposé
par
la
vie,
mais
qu'ils
élaborent
plutôt
des
cadres
assez
souples
pour
permettre
â
la
vie
de
s'y
développer
librement
sous
la
direction
de
l'Esprit.
Car,
en
fin
de
compte,
l'état
religieux
n'est
qu'un
concept.
Ce
qui
existe,
concrètement,
ce
sont
les
religieux,
des
hommes
et
des
femmes
qui
ont
été
personnellement
appelés
par
le
Christ
et
qui
doivent
donner
à
cet
appel
une
réponse
personnelle.
L'Esprit
ne
parle
pas
aux
institutions,
mais
aux
hommes.
La
préoccupation
doit
être
moins
celle
d'un
état
â
conserver
ou
à
adapter
que
d'une
vie
â
promouvoir. Sous le
pontificat
de
Paul
III,
la
«
Commission
de
Réforme
»,
chargée
de
préparer
le
Concile
de
Trente,
proposa
la
suppression
pure
et
simple
de
tous
les
Ordres
existants !
Mesure
radicale
qui
ne
fut
pas
retenue
par
le
Concile
-
et
avec
raison
sans
doute,
car
toute
évolution
réelle
doit
réaliser
la
synthèse
d'une
continuation
et
d'une
rupture.
Il
reste
que
quelque
chose
doit
toujours
mourir
pour
que
la
vie
surgisse
à
nouveau.
A
moins
que
le
grain
ne
meure...
Le
drame
et
les
souffrances
de
plus
d'un
Ordre
religieux,
de
nos
jours,
laissent
percevoir
les
germes
d'une
vie
nouvelle. Armand
VEILLEUX,
ocso Abbaye de Mistassini, PQ, Canada. [1] Cf. P. JORDAN, Pythagoras and Monachism, dans Traditio 1961, p. 432-441. [2] Cf. J. NEUSNER The fellowship (chabourah) in
the
second
Jewish Commonwealth, dans
The
Harvard
Theol.
Review 1960, p. 125-142. [3] Cf.
J.
CARMIGNAC
et P. GUILBERT,
Les textes de Qumrân traduits et
annotés,
T.
I,
La Règle de la Communauté, la Règle de la guerre, les hymnes, Paris 1961. [4] Cf.
K.
Vl.
TRUHLAR,
Laïcs et
conseils,
dans
Laïcs
et
vie
chrétienne
parfaite, T. 1, Rome
1963,
p.
163-195
;
et
surtout
S.
LEGASSE,
L'appel
du
riche,
contribution
à
l'étude
des
fondements
scripturaires
de
l'état
religieux,
Paris
1966. [5] H.
SCHURMANN, Le groupe des disciples de Jésus, signe
pour
Israël
et
prototype
de
la
vie selon les conseils, dans Christus
no.
50,
1966,
p.
184-209. [6] J. GRIBOMONT, Le monachisme au sein de l'Église en
Syrie
et
en
Cappadoce,
dans
Studia Monastica 7 (1965), p. 7-24. [7] Cf. A. VEILLEUX, The Interpretation of a Monastic Rule, dans The Cistercian Spirit r A Symposium
in
Memory
of
Thomas Merton, (Cistercian Studies Series - 3), Spencer
1969.
De l'interprétation
d'une
règle
monastique, dans Collectanea
Cisterciensia
31
(1969),
p. 195-209. [8] Cf.
R.
MORGHEN,
Riforma monastica e spiritualità cluniacense, dans Spiritualità.
Convegni del centro di studi sulla
spiritualità
medievale,
Il,
Todi
1964, p. 31-56. [9] Cf. C. VIOLANTE, Il monachesimo cluniacense di fronte al mondo politico ed ecclesiastico
(secoli
X
et
XI),
Ibidem,
p.
153-242. [10] L.J. LEKAI, Motives and ideals of the Eleventh Century Monastic Renewal, dans
The Cistercian Spirit : A Symposium in Meniory
of
Thomas
Merton,
(Cistercian
Studies
Series
-
3),
Spencer
1969. [11] Voir
l'étude
récente
de
E.
OLIVARES,
Les vœux
des premiers étudiants jésuites, dans Vie consacrée 41 (1969), p. 233-238. [12] Cf.
M.
PARODI,
Le
charisme
du
Père
de
Clorivière,
dans
Vie consacrée
41
(1969),
p.
95-112. [13] Cf. J. BEYER, Les instituts séculiers, dans L'adaptation et la rénovation de la vie religieuse, (Unam Sanctam - 62), Paris 1967, p. 375-384. |
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