Écrits et conférences d'intérêt général



 

 

 
 

Conférences de Carême

 

  Conférence sur l’épreuve (tentation)

 

Conférence donnée aux prêtres et agents pastoraux du diocèse de Malines-Bruxelles, le jeudi après les Cendres, 2013

 

          J’aimerais prendre le thème de notre réflexion de cet après-midi dans la lecture d’Évangile de la Messe de dimanche prochain, le premier dimanche de Carême. Cet Évangile nous décrit ce qu’on appelle communément les « Tentations de Jésus ». Ce mot nous induit un peu en erreur.  Il serait beaucoup mieux de parler simplement de la « mise à l’épreuve » de Jésus.

 

          Nous sommes facilement introduits en erreur par cette utilisation du mot « tentation » et du verbe « tenter » dans la traduction de ces textes scripturaires.  Pour nous, lorsque nous parlons de « tentation », nous pensons tout de suite à quelque chose qui nous porte à faire le mal.  Ce n’est pas le sens du mot grec utilisé par les auteurs bibliques.  Le substantif grec peirasmós, et le verbe correspondant (peirazein) reviennent très souvent aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.  Le sens du mot a connu une évolution, depuis le sens de tentative ou de premier essai – comme lorsque nous parlons d’une épreuve d’imprimerie, jusqu’au sens qu’il a le plus souvent dans la Bible, de « mise à l’épreuve », de tribulation, de difficulté, qui teste la vérité et la solidité d’un engagement ou d’un service.  Puis, dans la Bible le mot en vient à signifier une épreuve, comme, par exemple, lorsque Job est mis à l’épreuve pour voir jusqu’où va sa fidélité à Dieu. Et finalement le mot signifie aussi ce que nous appelons aujourd’hui tentation : tout ce qui peut nous pousser à faire le mal.

 

          Il y a aussi l’adjectif éprouvé, qui a deux sens : dans un premier sens, une personne éprouvée est une personne qui passe par des moment difficiles.  Mais, dans un deuxième sens, une personne éprouvée est aussi celle qui est sortie victorieuse de l’épreuve.

 

          Dans l’Ancien Testament, au delà du récit symbolique de Job, que je viens de mentionner, l’épreuve par excellence fut l’épreuve des quarante ans passés au désert.  – Un désert que les Hébreux auraient pu traverser en quelques semaines – 40 jours est un chiffre symbolique : c’est la durée du déluge – la durée de Moïse sur le Sinaï avant de recevoir la Loi, la durée de la marche d’Élie vers le mont Sinaï – et les 40 jours de Jésus au désert – le récit qui nous occupe.

         

          Chacun des trois Évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc mentionnent dès le début de la vie publique de Jésus, après son baptême par Jean-Baptiste dans le Jourdain, l’épreuve à laquelle il fut soumis.  En Marc, qui est sans doute le récit le plus ancien, cela se résume à deux versets disant simplement que Jésus fut poussé au désert par l’Esprit, qu’il y fut tenté durant quarante jours, qu’il était au milieu de bêtes sauvages et que les anges le servaient.  Dans les deux autres Évangiles ce récit est amplifié et en quelque sorte dramatisé, et trois tentations particulières sont mentionnées, même si l’ordre en est différent en Matthieu et Luc (qui est la version que nous lisons cette année).

 

          Si l’on essayait de comprendre ce texte comme un récit historique on n’en finirait pas d’énumérer les inconsistances et les détails invraisemblables, et on s’interdirait d’en comprendre le message.  Il s’agit d’un récit hautement symbolique.  L’essentiel est dit dans les deux versets de Marc : Au moment de son baptême Jésus est investi de sa mission de Messie.  L’Esprit descend sur lui et l’amène dans le désert, c’est-à-dire au coeur du peuple où il sera soumis toute sa vie publique à des épreuves et à des contradictions. Les bêtes sauvages représentent probablement les chefs religieux du Peuple et les Pharisiens qui ne cesseront de le combattre ; et les anges représentent sans doute ses disciples, c’est-à-dire le petit groupe de femmes et d’hommes qui l’accompagnent et le servent.

 

          Pour comprendre ce récit, tel qu’il se trouve au début de l’Évangile de Luc il faut tenir compte d’une petite phrase que Luc met dans la bouche de Jésus à la fin de son Évangile, durant son dernier repas avec ses Disciples.  Jésus leur dit alors :  "Vous êtes, vous, ceux qui avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. » (Luc 22:28). C’est donc toute la vie de Jésus qui est montrée comme une suite d’épreuves.

 

          Les épreuves décrites par Luc dans ce récit initial sont une vue générale de tout ce que Jésus aura à subir durant ses quelques années de vie publique.  Et Luc voit déjà plus loin. Son récit comprend une réflexion théologique sur les épreuves, les dangers, les tentations auxquelles seront soumis les disciples de Jésus après sa mort.  Ce sont aussi les tentations auxquelles sera exposée son Église tout au long de son histoire.

 

          On y reconnaît facilement les préoccupations propres à Luc.  Ainsi, par exemple, dans le texte de Matthieu, le démon montre à Jésus tous les royaumes de la terre et leur gloire et lui dit : « Si tu te prosternes pour m’adorer je te donnerai tout cela ».  En Luc, le démon est beaucoup plus précis.  Il dit « Je te donnerai tout ce pouvoir et toute la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux ».  En effet, pour Luc le « pouvoir » et la « gloire » sont quelque chose de diabolique ; ils appartiennent à Satan, ou en tout cas celui-ci les réclame comme siens.

 

          Les trois épreuves ou tentations décrites par cet Évangile représentent toutes les tentations auxquelles individuellement ou collectivement – soit comme Église, soit comme Société – nous sommes sans cesse soumis.  La tentation de se laisser dominer soit par l’attrait des plaisirs sensibles, soit l’attrait du pouvoir et des honneurs, ou celle de renoncer à nos propres responsabilités comptant que Dieu s’occupera de nous en réparant nos erreurs, nos paresses ou notre témérité. Cette dernière tentation est celle que nous tombons subtilement et facilement lorsque nous prions Dieu de faire ce qu’il nous a donné la responsabilité de faire nous-mêmes.

 

          La réponse divine, dans chaque cas est précisément un appel à la responsabilité personnelle.  Elle décrit non pas ce que Dieu a à faire mais ce que nous avons à faire.  La première réponse est un appel à vivre en plénitude – l’homme ne vit pas seulement de pain, et non de se contenter de nourrir le corps ; la deuxième réponse est un appel à ne se prosterner et à ne se faire l’esclave de rien d’autre et de personne d’autre que Dieu ; et la troisième un appel à prendre ses responsabilités plutôt qu’à compter sur des interventions extraordinaires de Dieu dans nos vies.

 

          Enfin, on peut remarquer que Luc qui, en bon écrivain sait commencer et clore un récit, met habilement et implicitement sur les lèvres de Jésus, dans la fin de son dialogue avec le démon, une affirmation de sa divinité. En effet, le récit commence en disant que Jésus est mis à l’épreuve par le démon et il se termine par la phrase de Jésus « tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (ou « tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».

 

          El le démon le quitte jusqu’au moment fixé, jusqu’à ce que l’heure de Jésus soit arrivée, l’heure de sa Passion et de sa mort, où les forces du mal sembleront l’avoir finalement vaincu, en attendant le matin de la Résurrection.

 

          Matthieu dit explicitement que l’Esprit Saint conduisit Jésus au désert afin qu’il y soit tenté par le démon. Il est très difficile pour nous de comprendre, et même d’accepter telle qu’elle est, cette très simple phrase de l’Évangile.  Matthieu ne dit pas en effet que lorsque Jésus fut arrivé dans le désert il fut tenté par le démon.  Non, il dit qu’il y fut conduit par l’Esprit pour y être tenté.  Comme il nous est difficile d’accepter que Jésus soit aussi totalement homme qu’il est totalement Dieu !  Nous préférerions facilement un Christ qui soit simplement Dieu portant pour un certain temps un vêtement humain.  Il était totalement humain.  Il a grandi, il a souffert et il a appris.  Il a été tenté et il a résisté à la tentation.  Il a dû choisir de faire la volonté de son Père.

 

          Lorsqu’il se retira dans le désert, Jésus était à un point tournant de sa vie.  Il venait tout juste de recevoir dans sa conscience humaine une lumière nouvelle sur sa relation avec Dieu, son Père.  Au moment de son baptême il avait entendu la voix du Père lui dire:  Tu es mon fils bien-aimé”.  Parce que le Verbe de Dieu fait homme avait assumé totalement la condition humaine, il vécut ce passage  à une nouvelle phase de sa maturité humaine, cette entrée dans sa mission personnelle – il vécut cette découverte de sa mission personnelle, exactement comme toute autre personne humaine l’aurait fait: à travers une crise profonde et la tentation.

 

          Comme toute personne confrontée à un appel personnel à la Vie, il fut confronté aussi à la présence du mal et du péché.  Dieu est Vie; et le péché est toujours fondamentalement un refus de la vie – un refus de croître à une vie nouvelle.  La tentation d’un tel refus se manifeste toujours avec une intensité particulière lorsqu’une nouvelle étape de vie ou une nouvelle période de croissance nous est offerte.

 

          Ce fut la tentation que rencontrèrent le premier homme et la première femme au début de l’évolution de l’espèce humaine.  Ce fut la tentation rencontrée par le Peuple d’Israël au début de sa naissance comme nation.  Le Christ passa par la même tentation au début de sa mission comme Messie.  Nous sommes nous aussi confrontés à la même tentation comme individus et comme communautés.  Chaque fois que notre développement humain et spirituel nous amène au seuil d’une nouvelle croissance, nous faisons l’expérience d’un nouveau désert, d’une nouvelle solitude, et nous rencontrons la tentation.  Superficiellement il peut s’agir d’une tentation de vanité ou de désobéissance, ou encore de dispersion dans les bagatelles, ou de sensualité, etc.  Mais, fondamentalement,  toutes ces tentations ne sont que des manifestations secondaires de la grande tentation:  le refus de la vie. Carl Jung a des pages admirables sur les trois grands moments de passage dans la vie d’un être humain. Il y a tout d’abord la sortie du sein maternel que l’enfant de subit pas sans opposer de résistance. La mère doit le pousser dehors ! Puis il y a le passage tout aussi difficile la plupart du temps de l’adolescence à l’âge adulte, et enfin le grand passage sur l’autre rive à la fin de la vie ici-bas.  Dans chaque cas, si le passage se fait mal il y aura des séquelles pénibles. (etc.)

 

          L’existence ou la nature du mal est un profond mystère.  Sa personnification en Satan en est un plus profond encore.  Mais la première, et en réalité la seule vérité révélée concernant le mal c’est que le Christ l’a vaincu.  Pour cette raison, nous ne devons pas craindre de reconnaître en nous et autour de nous la présence des forces du mal.  Lorsque nous les identifions, nous pouvons facilement les vaincre avec le Christ.  Elles nous dominent seulement lorsque nous ne pouvons pas ou ne voulons pas les reconnaître pour ce qu’elles sont.  Reconnaître la présence d’une grande tentation en nous ou autour de nous c’est reconnaître que nous sommes au seuil d’une nouvelle naissance ou d’une nouvelle croissance.

 

          Au début de cette période de Carême, nous sommes invités par plusieurs textes liturgiques à discerner quelles forces dirigent notre vie;  nous sommes appelés à réévaluer notre perception des desseins de Dieu sur nous et à devenir également plus conscients du danger de dégradation à laquelle l’action du tentateur peut nous conduire. 

 

          Le Nouveau Testament nous offre plusieurs autres textes sur l’épreuve. J’en signale quelques-uns.                

 

          Il y a tout d’abord la parabole de Jésus, qu’il interprète d’ailleurs lui-même (ou en tout cas dont on a une interprétation dans le texte que nous avons de l’Évangile, sur le grain qui tombe soit sur le roc, soit dans les épines, soit dans une bonne terre. Il s’agit de la réception de la Parole de Dieu, conçue comme une épreuve :       

 

« Ceux qui sont sur le roc sont ceux qui accueillent la Parole avec joie quand ils l’ont entendue, mais ceux-là n’ont pas de racine, ils ne croient que pour un moment, et au moment de l’épreuve ils font défection (Luc 8,13)

 

« Et ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole avec un coeur noble et généreux la retiennent et portent du fruit par leur constance.

 

 

          Il y a ensuite les recommandations de l’Épitre de Jacques :

 

1, 2-4 : « Tenez pour une joie suprême mes frères, d’être en butte à toutes sortes d’épreuves.  Vous le savez : bien éprouvée votre foi produit la constance ;  mais la constance s’accompagne d’une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer »

 

                    et un peu plus loin (1,12) :

« Heureux l’homme qui supporte l’épreuve !  Sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.

 

          Il y a aussi l’épreuve du jeune homme riche. Il a pratiqué fidèlement les commandements depuis son enfance, et il demande à Jésus ce qu’il faut faire pour être parfait. Jésus l’aime dès qu’il pose sur lui son regard. Et quand Jésus regarde quelqu’un et l’aime, il l’appelle à une nouvelle étape de croissance.  C’est une épreuve que le jeune homme ne réussit pas à passer.  Il repart tout triste.

 

 

Les tentations de l’Église

 

          Ce matin je parlais de la conversion qui doit être à la fois personnelle et communautaire. Il en va de même pour la tentation ou l’épreuve. Nous y sommes soumis non seulement comme individus, mais aussi comme Église.

 

          Avec Vatican II l’Église était entrée dans un grand mouvement de conversion. Elle avait entendu l’appel que lui avait fait Jean XXIII de s’ouvrir, d’une part, aux inspirations de l’Esprit Saint et, d’autre part, de s’ouvrir au monde auquel elle est envoyée. En effet l’Église n’existe pas pour elle-même mais pour proclamer au monde le message de l’Évangile.

 

          Le Concile était une réponse à une « épreuve » : celle d’une situation nouvelle créée par l’évolution de plus en plus rapide de la société civile et de la culture depuis le début des temps modernes. C’était une situation très différente de celle qu’elle avait connue durant plusieurs siècles à l’époque que l’on appelle la « chrétienté », qui était elle-même différente de celle des premières générations chrétiennes rapidement suivie par l’ère des persécutions.  Elle courait le danger de se refermer sur elle-même et de s’adresser à un monde qui n’existait plus.

 

          Vatican II a répondu courageusement à ce défi, non pas en modifiant son message, mais en mettant en marche une révision de son mode d’être présente au monde et de sa façon de lui parler. On pense en particulier à Gaudium et Spes, le document sur l’Église dans le monde d’aujourd’hui.

 

          Cette ouverture au monde a constitué elle-même pour l’Église un grand défi, une grande épreuve, d’autant plus que la société civile est entrée, précisément au moment où se terminait le Concile, dans une nouvelle phase de sa révolution culturelle.

 

          Depuis cinquante ans maintenant l’Église vit cette situation de mise à l’épreuve, sans compter que se sont rapidement dessinées diverses façons d’interpréter le Concile et de le mettre en pratique.  Ce ne fut certainement pas une tâche facile pour les Papes successifs qui ont eu à guider la barque de Pierre durant cette période. On ne peut que s’incliner avec respect devant la décision que vient d’annoncer Benoît XVI de laisser sa fonction à la fin de février, jugeant qu’il n’a plus la force physique nécessaire, et qu’il prend cette décision pour le bien de l’Église.

 

          Mais nous ne devons pas oublier que l’Église ce ne sont pas seulement le Pape, les évêques et la curie romaine.  L’Église c’est l’ensemble de ceux qui ont mis leur foi dans le Christ, et donc nous tous.  Le défi qui est posé par le devoir d’évangéliser le monde d’aujourd’hui est un défi auquel tous les Chrétiens doivent répondre.

 

          Benoît XVI, percevant le fossé qui s’est créé, surtout en Europe et en Amérique entre la société civile et l’Église, a appelé à une Nouvelle Évangélisation. On peut entendre beaucoup de choses par « Nouvelle Évangélisation ».  Les uns semblent la comprendre comme un retour à la case de départ ; comme la ré-évangélisation d’une société sécularisée ou paganisée.  Pour d’autres, il s’agit simplement et fondamentalement de présenter d’une façon toujours nouvelle le même Évangile à une société et des cultures qui sont en mutation constante et de plus en plus rapides. Dans cette perspective, le concept de « Nouvelle Évangélisation » est assez synonyme de celui d’ « inculturation » (développer).

Nous sommes tous « mis à l’épreuve » par cette situation.  Et donc nous sommes aussi tentés de refuser le défi sous des prétextes divers. Répondre à ce défi est d’autant plus nécessaire et urgent que la Société civile est elle-même dans une situation d’épreuve et de tentation.

 

          L’Occident a connu, depuis la révolution américaine puis la révolution française, qui ont profondément modifié le visage de la société, une série de révolutions, en particulier la révolution industrielle puis celle de l’information, qui ont eu, chacune, des résultats extrêmement positifs et aussi des résultats fort négatifs. Au moment où se répandait puis croulait le communisme, le capitalisme florissait, apportant sans conteste de grands bienfaits à de larges secteurs de l’humanité.  Mais il a été victime de son hubris. Il a développé un type d’économie libérale débridée (i.e. sans contrôles), qu’il a ensuite exporté de force – et même manu militari  dans toutes les parties du monde et qui a non seulement créé un fossé de plus en plus large entre riches et pauvres, mais a aussi créé ces dernières années une crise économique sans précédent qui a engendré elle-même des crises sociales.

 

          Dans une telle situation, l’institution ecclésiale ne peut plus, pour diverses raisons, jouer le rôle qu’elle a joué à l’époque de la chrétienté ou même après. C’est donc un défi pour tous les chrétiens, personnellement et individuellement aussi bien que collectivement, de travailler à la « guérison » de ce monde blessé, non pas en lui parlant de haut, mais simplement en y vivant le plus authentiquement possible l’Évangile. C’est un défi et la tentation est évidemment de ne pas le relever.

 

          Ceci dit, il me semble important de ne pas porter un regard ni trop négatif ni trop pessimiste sur notre société et sur notre Église.

 

          Il est clair que nous sommes dans un moment de crise (un autre mot assez proche d’épreuve ou de tentation).  Cette crise est assez générale. C’est une crise de la société et de la culture aussi bien que de l’Église. Elle touche, quoique avec une intensité différente, tous les continents. Au niveau de la société, elle affecte le monde de l’éducation comme celui de l’industrie et de la finance.  Au niveau de l’Église, elle affecte la pratique religieuse comme le nombre de vocations et aussi l’attitude face à l’autorité et la réception de ses messages.

 

          Le fait que cette crise soit aussi globale est rassurant !  Rassurant, parce que cela montre qu’il s’agit d’une transformation profonde de l’être humain et de sa relation avec l’univers, et aussi une transformation profonde de la relation entre foi et religion (qui d’ailleurs touche toutes les grandes traditions spirituelles).

 

          Personnellement, je crois qu’il faut interpréter cette situation à la lumière de Romain 8.  Non seulement l’Esprit Saint prie en chacun de nous avec des gémissements qui ne peuvent se traduire en mots ; mais l’univers tout entier gémit dans les douleurs de l’enfantement attendant la pleine révélation des Fils de Dieu. Il me semble que ce moment d’épreuve signifie que nous sommes à un moment charnière de cette transformation radicale de l’univers et de toute l’humanité sous le souffle de l’Esprit.  Le résultat est imprévisible comme est imprévisible la réponse humaine aux inspirations de l’Esprit.

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P.S. : Texte d’Ugo Morales, président de Bolivie :

 

invitant les membres de l’Assemblée Générale des Nations Unies en Bolivie :

 

 

« Je veux profiter de cette occasion pour lancer une invitation à une rencontre inter-nationale pour le 21 décembre prochain. Selon le calendrier maya, le 21 décembre est la fin du non-temps et le début du temps, la fin de la Macha et le début de la Pacha, la fin de l’égoïsme et le début de l’égalité. La fin de l’individualisme et le début du collectivisme. C’est la fin de la haine et le début de l’amour, la fin du mensonge et l’avènement de la vérité. La fin de la tristesse et le début du bonheur, la fin de la division et le début de l’unité ».

 

          L’appel à réaliser ce passage, dans nos vies individuelles et dans nos vie communautaires, dans l’Église et dans la société, est l’épreuve que nous devons affronter chaque jour, mais tout particulièrement en ce temps de Carême.