Démilitarisation ?

 

          Désormais convaincu plus que jamais d’avoir une totale immunité de la part des chefs d’États occidentaux, Bibi Netanyahu se déchaîne depuis quelques jours sur la population de Gaza avec une violence inhumaine dépassant tous les excès précédents. En toute impunité, on attaque l’hôpital principal de Gaza, après avoir rendu inutilisables plusieurs autres hôpitaux et cliniques. Hier, une dizaine d’enfants entre 7 et 10 ans jouant dans une rue ont été pulvérisés par un missile les visant directement. (Il n’y avait aucune cible militaire à proximité). Des quartiers résidentiels entiers ont été détruits. Les ambulances sont visées.  Les écoles des Nations Unies, seuls refuges qui restaient aux femmes et aux enfants sont attaquées les unes après les autres par les missiles israéliens.  L’unique centrale électrique de l’enclave, servant une population civile déjà épuisée par plusieurs années de blocus, manquant déjà de tout, en particulier d’électricité et d’eau, a été détruite hier, condamnant toute la population à mourir à petit feu. Solution radicale.

 

          Après un an de négociation et des douzaines de voyages à Jérusalem qui n’ont absolument rien produit, John Kerry a finalement eu hier une idée lumineuse (reçue de Netanyahu) : La solution est la démilitarisation de Gaza.  D’accord, ce serait une excellente solution. Mais cela implique qu’aucun soldat israélien ou aucun policier israélien armé ne puisse pénétrer dans l’enclave.  Cela implique aussi l’impossibilité (contrôlée par une mission des Nations Unies) de toute attaque de Gaza par Israël, soit par terre, par mer ou par les airs. 

 

          Et cela implique la fin d’un blocus inhumain et reconnu totalement illégal selon toutes les conventions internationales. Car ce blocus est une arme de destruction massive, empêchant l’approvisionnement en médicaments et en tout ce dont un hôpital a besoin pour sauver des vies aussi bien que l’approvisionnement en tout ce qui est nécessaire à une vie humaine décente.

 

          La propagande israélienne n’ayant plus d’autres arguments pour justifier l’injustifiable, revient toujours à l’argument du « bouclier humain » dont se servirait le Hamas.  Cette propagande implique un raisonnement pernicieux. Dans une situation internationale où chacun décide unilatéralement qui il veut bien considérer comme « terroriste », Israël a décidé que le Hamas est une entité terroriste.  Comme la très grande majorité des hommes de Gaza appartiennent au parti politique Hamas, Israël les considère tous comme des terroristes qu’il a le droit d’éliminer.  Et si tous ces pères de familles vivent à la maison avec leur femme et leurs enfants, Israël considère qu’ils utilisent leur famille comme bouclier humain ! Donc l’ensemble de la population de Gaza est terroriste et doit donc être éliminée.– Difficile de trouver un raisonnement plus pervers. Bien sûr, le Hamas a aussi une branche armée, car la population de Gaza, comme toute nation, a le droit de se défendre (selon la rengaine sifflotée à l’unisson par tous les chefs d’États occidentaux). Où voulez-vous que ces soldats du Hamas aillent ailleurs qu’au sein de la population, dans une prison à ciel ouvert dont toute issue est verrouillée et où la densité de population est l’une des plus fortes au monde ?

 

          Oui, il faut démilitariser toute cette région.  Et le plus urgent pour la communauté internationale serait de déménager ailleurs le stock d’armes nucléaires que possède Israël.  En effet, la frénésie destructrice de Netanyahu a dépassé ces derniers jours les limites de la raison à tel point que non seulement l’Iran et les pays voisins mais toute l’humanité est à haut risque si le bouton permettant d’activer la bombe nucléaire reste à portée de sa main.

 

Armand Veilleux

30 juillet 2014