Questions cisterciennes
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La genèse des Constitutions de l’OCSO (1967-1990) Les
Constitutions d’un Ordre religieux ne sont pas simplement un texte
juridique réglant son fonctionnement interne et ses relations
avec les autres organes de l’institution ecclésiale.
Elles sont un texte dans lequel un Ordre exprime la perception
qu’il a de son identité spirituelle et de sa mission.
En les approuvant, le Saint Siège confère à la forme de
vie chrétienne vécue au sein de cet Ordre ou de cet Institut une
reconnaissance ecclésiale. La genèse d’un tel texte peut être aussi importante
que le texte lui-même.
La façon dont notre Ordre a élaboré ses Constitutions de
1965 à 1990 est un cas assez exceptionnel de participation de
l’ensemble des membres d’un Ordre à l’élaboration du texte exprimant
son charisme propre. Il vaut la peine de raconter cette histoire.
Et pour bien faire ressortir les caractères propres de
cette entreprise il ne sera pas utile de dire quelques mots de
sa préhistoire. Les Constitutions de 1893 et de 1927 Lors
du « Chapitre d’Union » de 1892 au cours duquel les
trois principales Congrégations issues de La Trappe décidèrent
non seulement de s’unir en un seul corps, mais de se constituer
en Ordre monastique autonome, il fut également décidé de rédiger
immédiatement des Constitutions. Celles-ci furent mises au point l’année suivante,
au Chapitre de 1893 tenu à Sept-Fons, et furent approuvées par
le Saint Siège dès le 25 août 1894.
Le plan de ces Constitutions est tout à fait révélateur
de l’ecclésiologie de l’époque. Une première partie traite du gouvernement de
l’Ordre – Chapitre Général, Abbé Général, Définiteurs, Procureur
Général, Pères Immédiats, Abbé ou Prieur titulaire, etc... La
deuxième partie traite des Observances et enfin la troisième de
l’entrée dans l’Ordre. Nos Constitutions de 1990 renverseront cette
pyramide tout comme Vatican II l’avait fait dans la Constitution
Lumen gentium sur l’Église.
Quoi qu’il en soit, cette décision des Capitulants de 1892
de rédiger immédiatement des Constitutions eut une importance
capitale pour l’évolution subséquente de l’Ordre.
Ces Constitutions donnèrent à l’Ordre un sens clair et
fort de son identité ; ce
qui lui permit de passer sans trop de difficulté à travers la
crise des deux guerres mondiales et de se lancer avec une très
grande énergie dans un vaste programme de fondations aux quatre
coins du monde. Cette claire identité permit aussi à l’Ordre
de se transformer, d’un Ordre essentiellement européen et majoritairement
français en Ordre international et multi-culturel, sans perdre
son identité spirituelle.
Après la publication du Droit Canon en 1917, notre Ordre
se mit immédiatement au travail pour réviser ses Constitutions.
Cette nouvelle version, préparée au Chapitre
Général réuni à Cîteaux en 1921 – premier Chapitre Général après
la Première Guerre Mondiale – fut approuvée par le Saint Siège
en 1924. Quant aux Constitutions des moniales, qui n’avaient
pas été affectées par l’union des Constitutions en 1892, elles
furent aussi revues après la publication du Droit Canon et reçurent
l’approbation de Rome en 1926. Vatican II et la recherche d’une méthode de travail C’est
durant la quatrième période conciliaire de Vatican II, en octobre
1965, que fut publié le Décret Perfectae
caritatis dans lequel tous les Instituts religieux étaient
invités à revoir leur législation.
La Lettre Apostolique Ecclesiae Sanctae de Paul VI, datée du
6 août 1966 apportait un certain nombre d’indications sur la façon
dont devait se faire cette révision et, d’une façon plus générale,
le renouveau des Instituts et Ordres religieux.
Lorsque la Commission Centrale se réunit à Rome quelques
mois plus tard, en octobre 1966, pour préparer le Chapitre de
1967, on y parla assez longuement de la façon de procéder pour
la révision des Constitutions et, finalement, on nomma une commission
provisoire, dont le mandat ne valait que jusqu’au Chapitre Général,
chargée de faire une consultation assez large auprès d’experts
en diverses matières. Les membres de cette commission étaient
père Charles Dumont de Scourmont pour la section spirituelle ;
père Edmond Mikkers d’Achel pour la section historique et père
Basil Pennington de Spencer pour la section juridique.
Père Basil serait le coordinateur de ce travail. Parmi
les « directives » que la Commission Centrale donnait
à cette commission provisoire il y avait celles de « préparer
un projet de plan des constitutions » et de « préparer
un plan de l’organisation du travail et définir la méthode à aborder »
[1]
Lors du Chapitre de 1967, les Capitulants, après avoir
écouté les avis des pères Edmond et Basil, tous deux présents
au Chapitre, décident de créer une nouvelle Commission en lui
donnant la mission de « commencer dès maintenant la révision
de nos Constitutions selon les normes données aux nn. 12-14 de
Ecclesiae sanctae, et d’abord en ce qui
concerne les bases scripturaires et théologiques de la vie cistercienne ».
Il semble qu’on envisageait alors un texte unique pour
les moines et les moniales.
Après un peu de tâtonnement et quelques changements dans
la composition de la Commission, celle-ci accoucha d’un document
appelé « Nouvelle Charte de Charité »,
qui fut communiqué à l’ensemble de l’Ordre au cours de
l’année 1968 et qui reçut un accueil plutôt froid.
La Commission se remit donc courageusement au travail et
offrit au Chapitre de 1969 une série de sept documents comprenant
entre autre choses un rapport chronologique du travail accompli,
un projet de modifications aux Constitutions actuelles des moines
et des moniales pour les conformer à la nouvelle législation en
attendant de nouvelles Constitutions, et un projet général pour
ces nouvelles Constitutions.
De 1969 à 1990 : la genèse douloureuse d’un texte Le
Chapitre Général de 1969, qui allait se terminer dans une grande
unité, s’ouvrit dans une atmosphère de tension.
Cette tension était due au moins un peu en partie à l’insatisfaction
laissée par les projets de la Commission chargée de préparer la
révision des Constitutions, y compris les derniers documents envoyés
au Capitulants peu avant le Chapitre Général.
Dans le but de sortir de ce qui semblait une impasse, Dom
Vincent Hermans avait élaboré juste avant le Chapitre un autre
projet – on pourrait dire un contre-projet. Pour lui, nous n’aurions vraiment pas besoin
de rédiger des Constitutions.
Ecclesiae sanctae distinguait entre la
« loi fondamentale » des Instituts, dont la révision
devait être approuvée par le Saint Siège, et les « statuts »
propres à l’Ordre, qui devaient être approuvés par celui-ci.
Or, ne pouvions-nous pas considérer que notre loi fondamentale
était la Règle de Saint Benoît et la Charte de Charité ? Il suffirait alors de rédiger des Déclarations
sur la Règle et sur la Charte de Charité.
Un canoniste, Père Beyer, s.j.,
invité au Chapitre comme expert, alla tout à fait dans ce sens.
Il nous invita particulièrement à ne pas nous presser. Nous pouvions prendre tout le temps qu’il nous
fallait pour revoir les aspects importants de notre vie monastique
et faire plus tard une compilation de cette législation. Il est vrai que le Chapitre Général de 1967
s’était déjà déclaré le « Chapitre de renouveau » à
qui des pouvoirs spéciaux étaient accordés ;
mais rien n’empêchait de considérer celui de 1969 simplement
comme la première partie de la deuxième session de ce Chapitre
Général spécial...
[2]
Père Beyer parlait d’une période de 10 à 15
ans. Personne ne pensait alors qu’on y mettrait vingt
ans et plus.
Abondant dans cette ligne le Chapitre décida : a)
de considérer la Règle de saint Benoît et la Charte de Charité
comme notre législation première et fondamentale ;
b) de préparer une législation secondaire qui serait un
compromis entre de simples déclaration sur la Règle et la Charte
de Charité et le plan proposé par la Commission pour la révision
des Constitutions ; et c) d’élaborer progressivement cette
législation au cours des années suivantes.
Cette option du Chapitre Général de 1969 fut certainement
la plus heureuse et la plus lourde de conséquence pour l’avenir
de l’Ordre. Celui-ci renonçait
à rédiger rapidement une nouvelle législation. Il optait pour que la législation suive plutôt
la vie, et se lançait dans un vaste effort de renouveau qu’on
pourrait traduire plus tard en législation nouvelle si c’était
nécessaire. Entre-temps, la Commission de Droit ferait une
révision des Constitutions actuelles pour les rendre conformes
à la législation actuelle de l’Église.
En réalité, alors même que la préparation du texte des
futures Constitutions se mettait péniblement en branle, l’Ordre
s’était déjà lancé dans un vaste effort de renouveau spirituel
et de nouvelle prise de conscience de son identité ainsi que dans
la mise en place de nouvelles structures. Ainsi, les Conférences régionales qui existaient
depuis la fin de années ’50 prenaient
de plus en plus d’importance dans la marche de l’Ordre et la Commission
Centrale, dont la première réunion avait eu lieu en 1964, et qui
s’était transformée en 1967 en Consilium
Generale, était déjà devenue un organe important du gouvernement
de l’Ordre.
Déjà, à ce Chapitre de 1969 des options importantes étaient
prises. Tout d’abord, complétant un travail déjà commencé
depuis longtemps au niveau des Régions et du Consilium Generale on y rédigea une Déclaration sur la Vie cistercienne, qui allait servir d’inspiration
à la vie de l’Ordre depuis lors et aussi à toute la législation
subséquente. Dans la foulée
de cette Déclaration, le Chapitre vota un Décret
sur l’Unité et le Pluralisme, qui était déjà en lui-même une
importante pièce de législation.
Au cours du même Chapitre, on remplaça l’abbatiat à vie
par l’abbatiat ad tempus (ad tempus non definitum,
en attendant d’introduire aussi, au Chapitre de 1974, la possibilité
de ad tempus definitum).
Au cours des années, et même des décennies qui suivirent,
l’Ordre, au niveau des Régions aussi bien qu’au niveau du Chapitre
Général, fit un effort important aussi bien de renouveau
spirituel que de réflexion sur les structures fondamentales de
l’Ordre et son mode de fonctionnement. Le Chapitre Général de
1971 publia deux documents sur le « Renouveau spirituel »
et chacun des Chapitres suivants traitera d’un ou de plusieurs
thèmes spirituels importants. Graduellement le Chapitre Général
se transforma en organe de communion beaucoup plus qu’en organe
de contrôle et se donna un nouveau règlement. La Commission de Vigilance se transformait en
Commission Pastorale. Un
nouveau statut pour les « fondations simplifiées » apparaissait,
avant d’être fusionné dans un nouveau Statut des Fondations.
La question de la relation entre les deux Branches de l’Ordre
occupa de nombreuses Conférences Régionales et plus d’un Chapitre
Général avant d’arriver au concept d’un seul Ordre avec deux Chapitres
Généraux interdépendants et la possibilité pour abbés et abbesses
d’élire ensemble l’Abbé Général. On parlait aussi beaucoup – et de façon souvent
fort animée – de « collégialité » ; une réalité
qui s’inscrivait de plus en plus dans la vie de l’Ordre, même
si le mot continua de faire peur jusqu’à la dernière rédaction
de nos Constitutions.
Il est très important de ne pas oublier que c’est parallèlement
à cette vaste entreprise de renouveau spirituel et de transformation
des structures de l’Ordre que se menait, d’une façon longtemps
balbutiante, la recherche d’une forme littéraire à donner à nos
futures Constitutions.
En effet, la mission donnée à la Commission de Droit par
le Chapitre Général de 1969 (et les Chapitres suivants) était
celle de déterminer quelle « forme » donner à nos Constitutions.
En 1971, malgré l’expression d’avis divers, le Chapitre
estime qu’il est encore prématuré de penser à rédiger un nouveau
texte. Trop d’expériences sont en cours dont on n’a
pas pu encore évaluer les résultats.
Le président de la Commission de Droit, Dom Guerric Baudet
de Scourmont, ne cessait de répéter que ce travail était prématuré
et qu’en bonne scolastique il n’y a pas de forme sans matière.
Par ailleurs, le Chapitre des Abbés de 1974 votera que
l’on « commencera sans tarder la rédaction de nouvelles Constitutions »
et confiera ce travail à la Commission de Droit, ce qui amènera
le président de celle-ci à démissionner en 1976.
Sous un nouveau président, la Commission de Droit élabora
un premier projet de nouvelles Constitutions, qui fut
distribué aux Capitulants lors du Chapitre de 1980.
Il fut décidé que le texte serait envoyé à toutes les communautés
(de moines) de l’Ordre, qu’on ferait des synthèses régionales
des remarques et suggestions, lesquelles seraient envoyées à la
Commission de Droit qui les soumettrait au Consilium Generale.
[3]
Une décision identique fut prise par les abbesses
l’année suivante.
Ce texte, appelé Projet
I, conservait en gros le plan et le style des Constitutions
de 1924 et 1926 et ne tenait pas compte des options prises aux
Chapitres Généraux de 1967 et 1969. On n’y trouvait surtout pas une vision rénovée,
post-conciliaire, de la vocation monastique cistercienne. On ne se surprendra donc pas que ce premier
projet reçut dans l’Ordre un réception
plutôt négative. En tout
cas il suscita beaucoup d’intérêt.
On a calculé que les réponses à cette enquête totalisaient
dix kilos de papier ! . Il
est fort probable que le principal fruit de ce premier projet,
comme d’ailleurs du deuxième, fut d’avoir suscité dans toutes
les communautés et toutes les régions de l’Ordre un vaste effort
de réflexion commune.
Lorsque le Consilium Generale se réunit aux Neiges en novembre
1982 il avait de difficiles décisions à prendre en cette matière. Il était clair qu’un nouveau projet, très différent
du premier était nécessaire, mais fallait-il le confier encore
à la Commission de Droit ou, comme le désiraient certaines régions,
à un groupe tout à fait différent.
Le Consilium opta pour une décision à la Salomon.
La Commission de Droit ferait le travail ;
mais son projet serai soumis à
un « groupe d’évaluation » composé de trois moines et
une moniale, et le rapport de ce groupe serait envoyé aux communautés
en même temps que le projet lui-même. Il faut dire que, depuis 1981, la Commission
de Droit était mixte (auparavant elle avait simplement des moniales
«correspondantes »). Dans
l’ensemble on peut dire que les moniales se sont impliquées dans
ce travail sur les nouvelles Constitutions probablement encore
plus activement que les moines.
Le Projet II
marquait certes une nette amélioration sur le Projet
I, mais il apparut encore insatisfaisant aussi bien au « groupe
d’évaluation » qu’aux communautés de l’Ordre.
On trouvait qu’il manquait d’un souffle spirituel et d’une
doctrine fondamentale pouvant guider l’Ordre dans la poursuite
de son effort de renouveau.
Au Consilium Generale du Phare, en septembre 1983,
[4]
on décida qu’un Projet
III, qui servirait de base au travail du prochain Chapitre
Général devait être rédigé par une seule personne.
Le temps était effectivement venu de rédiger et de faire
approuver par le Saint Siège, une législation d’ensemble, qui
reprendrait tout ce qu’on avait décidé au cours des années précédentes
et qui préciserait ce qui était encore à préciser. Ce travail fut confié au père Michael Casey,
membre du groupe d’évaluation, dont l’Ordre avait pu ainsi connaître
les talents déjà bien connus et utilisés dans tous les monastères
australiens de la grande famille bénédictine.
Le texte de Père Michael avait l’avantage d’être fort bien
structuré et de comporter un important caractère spirituel et
théologique. Cette dimension spirituelle se trouvait non
dans des textes pieux accompagnant en marge des textes froidement
juridiques (comme c’est le cas pour les Constitutions de beaucoup
d’Instituts et de Congrégations), mais dans la structure même
de l’ensemble. On pourrait dire que l’idée fondamentale est
qu’au coeur de l’Ordre se trouve la communauté locale ; au coeur de la communauté locale se trouve le
moine ou la moniale et qu’au coeur du moine et de la moniale se
trouve le Christ. On commence
donc par parler de l’appel à la vie monastique et de la réponse
dans la consécration monastique.
On parle ensuite de la vie spirituelle de la communauté
locale, puis de son gouvernement et de la façon dont on y entre
et y est formé. Puisque
certaines communautés en engendrent d’autres, on est amené à parler
des relations entre les communautés et de cette communauté de
communautés qu’est l’Ordre. On
voit tout de suite que l’Ordre des matières est l’inverse de celui
des Constitutions de 1893 et de 1927.
Les Chapitre Généraux de Holyoke (moines) en 1984 et de
El Escorial (moniales) en 1985 furent consacrés presque entièrement
à l’étude article par article, paragraphe par paragraphe et presque
ligne par ligne de ce projet, qui fut très largement modifié,
mais dont l’esprit demeura. Une
Commission spéciale appelée la CoCo (Commission des Constitutions)
assurait le relais entre le travail en commissions
et le travail en plénière, compilant les centaines, sinon les
milliers d’amendements proposés par les commissions et les individus
et les renvoyant au vote de l’assemblée.
On peut dire que l’Esprit Saint y aidant certainement,
c’est toute l’assemblée (une centaine à Holyoke, incluant les
délégués, et environ 80 à El Escorial) qui rédigea le texte qui
fut voté à l’unanimité á la fin de chacun des deux Chapitres (il y eut simplement une abstention
à Holyoke).
À Rome, en 1987, se tint la première « Réunion Générale
Mixte », où les textes de 1984 et 1985 furent revus et votés
parallèlement, aboutissant quand même à deux textes pratiquement
identiques sauf pour les questions qui sont vraiment propres soit
aux moniales soit aux moines.
Ce texte fut transmis le 26 janvier 1988 à la Congrégation
des Religieux qui, après l’avoir fait étudié par divers experts,
selon la procédure normale, donna sa réponse le 30 mars 1989,
proposant un peu plus de cent modifications. Celles-ci furent étudiées dans les Conférences
Régionales et analysées par la Commission de Droit avant d’être
soumises à l’étude des Commissions Centrales
[5]
à Ariccia en novembre 1989. Il faut dire qu’un
bon nombre de ces modifications étaient de nettes améliorations ;
d’autres pouvaient être acceptées sans problèmes. Sur les points où il nous semblait nécessaire
de faire valoir notre point de vue, nous le fîmes et Rome accepta
nos explications dans presque tous les cas.
Lorsque l’approbation de nos Constitutions fut transmise
par Rome, portant la date officielle de la Pentecôte 1990 (date
suggérée par Dom Ambrose) se terminait une belle aventure de près
de vingt-cinq ans que l’ensemble de l’Ordre avait vécue dans une
grande unité, malgré des divergences de vue parfois importantes
sur telle ou telle question, et non sans un réel enthousiasme.
En réalité le travail de législation n’était pas terminé. Divers aspects de notre vie monastique cistercienne
auxquels les Constitutions ne touchaient que dans les grandes
lignes, devaient être élaborés de façon plus détaillée dans divers
Statuts. C’est ainsi que la Ratio Institutionis ou « Document
sur la formation », fut approuvée par le Chapitre Général
de 1990, le Statut sur la Visite Régulière (le précédent étant
du 12ème siècle) était approuvé en 1996 et
celui sur l’Administration Temporelle en1999.
Au cours des mêmes années, le Statut sur les Fondations
qui avait été approuvé dans une nouvelle formulation au chapitre
de 1987, connut des modifications constantes pour répondre aux
besoins changeants des nouvelles fondations.
Tous ces documents, malgré leur grande diversité, sont
marqués par une grande unité, et il serait facile de souligner
quelques lignes maîtresses que l’on retrouve en chacun, depuis
la Déclaration sur la vie
cistercienne de 1969, jusqu’au Statut sur l’Administration
temporelle. L’une de ces lignes maîtresses est l’importance
centrale de la « communauté » dans la spiritualité de
notre Ordre.
S’il m’est permis de terminer sur une note un peu personnelle,
je dirai qu’entré dans l’Ordre sept ans avant Vatican II, celui-ci répondait
aux aspirations qui n’avaient cessé de grandir en moi durant mes
premières années de vie monastique.
Ayant eu la grâce d’être étudiant à Rome durant toutes
les années du Concile, celui-ci m’a marqué d’une façon toute particulière. De mon père-maître (toujours vivant, avec ses
soixante-quinze ans de profession monastique), j’ai reçu un grand
amour de l’Ordre. Je considère
comme une grâce d’avoir pu apporter ma petite part à toutes les
étapes décrites dans ce bref exposé historique.
[6]
Et, grâce à Dieu, la vie continue ! Armand Veilleux (article écrit en 2004)
[1]
Compte rendu,
pages 43-44 [2] Dom Ignace parlera, dans son discours de clôture, de “Chapitre Général ad tempus indefinitum” (compte rendu, p. 246)
[3]
Compte rendu, pp 27-28 ; 196-199 et 211-212.
[4]
Le nouveau Code de Droit Canon avait été publié au début
de l’année.
[5]
Le Consilium Generale des moines était en effet redevenu
“Commission Centrale” en 1987.
La Commission de Préparation du Chapitre des Abbesses
avait aussi, à la même date, pris le nom de “Commission Centrale”.
[6]
Je peux dire que c’est dès 1964 (il y a quarante ans!),
lors de la première réunion de la Commission Centrale que j’ai
commencé à apporter ma petite contribution au travail de renouveau
de l’Ordre. Cette réunion se tint à Monte Cistello où je
me trouvais comme étudiant, et je fus invité par les abbés américains
membres de la Commission à rédiger pour eux un certain nombre
de mémos, en particulier concernant le projet de “Définition
de la vie cistercienne”, qui aboutira à la Déclaration sur la vie cistercienne au
Chapitre de 1969. |
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