Questions cisterciennes



(Dernière mise à jour le 10 juillet 2008)

 

 

 
 

La genèse des Constitutions de l’OCSO (1967-1990)

 

            Les Constitutions d’un Ordre religieux ne sont pas simplement un texte juridique réglant son fonctionnement interne et ses relations avec les autres organes de l’institution ecclésiale.  Elles sont un texte dans lequel un Ordre exprime la perception qu’il a de son identité spirituelle et de sa mission.  En les approuvant, le Saint Siège confère à la forme de vie chrétienne vécue au sein de cet Ordre ou de cet Institut une reconnaissance ecclésiale.  La genèse d’un tel texte peut être aussi importante que le texte lui-même. 

 

            La façon dont notre Ordre a élaboré ses Constitutions de 1965 à 1990 est un cas assez exceptionnel de participation de l’ensemble des membres d’un Ordre à l’élaboration du texte exprimant son charisme propre.  Il vaut la peine de raconter cette histoire.  Et pour bien faire ressortir les caractères propres de cette entreprise il ne sera pas utile de dire quelques mots de sa préhistoire.

 

 

Les Constitutions de 1893 et de 1927

 

            Lors du « Chapitre d’Union » de 1892 au cours duquel les trois principales Congrégations issues de La Trappe décidèrent non seulement de s’unir en un seul corps, mais de se constituer en Ordre monastique autonome, il fut également décidé de rédiger immédiatement des Constitutions.  Celles-ci furent mises au point l’année suivante, au Chapitre de 1893 tenu à Sept-Fons, et furent approuvées par le Saint Siège dès le 25 août 1894.  Le plan de ces Constitutions est tout à fait révélateur de l’ecclésiologie de l’époque.  Une première partie traite du gouvernement de l’Ordre – Chapitre Général, Abbé Général, Définiteurs, Procureur Général, Pères Immédiats, Abbé ou Prieur titulaire, etc... La deuxième partie traite des Observances et enfin la troisième de l’entrée dans l’Ordre.  Nos Constitutions de 1990 renverseront cette pyramide tout comme Vatican II l’avait fait dans la Constitution Lumen gentium sur l’Église.

 

            Quoi qu’il en soit, cette décision des Capitulants de 1892 de rédiger immédiatement des Constitutions eut une importance capitale pour l’évolution subséquente de l’Ordre.  Ces Constitutions donnèrent à l’Ordre un sens clair et fort de son identité ;  ce qui lui permit de passer sans trop de difficulté à travers la crise des deux guerres mondiales et de se lancer avec une très grande énergie dans un vaste programme de fondations aux quatre coins du monde.  Cette claire identité permit aussi à l’Ordre de se transformer, d’un Ordre essentiellement européen et majoritairement français en Ordre international et multi-culturel, sans perdre son identité spirituelle.

 

            Après la publication du Droit Canon en 1917, notre Ordre se mit immédiatement au travail pour réviser ses Constitutions.  Cette nouvelle version, préparée au Chapitre Général réuni à Cîteaux en 1921 – premier Chapitre Général après la Première Guerre Mondiale – fut approuvée par le Saint Siège en 1924.  Quant aux Constitutions des moniales, qui n’avaient pas été affectées par l’union des Constitutions en 1892, elles furent aussi revues après la publication du Droit Canon et reçurent l’approbation de Rome en 1926.

 

 

Vatican II et la recherche d’une méthode de travail

 

            C’est durant la quatrième période conciliaire de Vatican II, en octobre 1965, que fut publié le Décret Perfectae caritatis dans lequel tous les Instituts religieux étaient invités à revoir leur législation.  La Lettre Apostolique Ecclesiae Sanctae de Paul VI, datée du 6 août 1966 apportait un certain nombre d’indications sur la façon dont devait se faire cette révision et, d’une façon plus générale, le renouveau des Instituts et Ordres religieux. 

 

            Lorsque la Commission Centrale se réunit à Rome quelques mois plus tard, en octobre 1966, pour préparer le Chapitre de 1967, on y parla assez longuement de la façon de procéder pour la révision des Constitutions et, finalement, on nomma une commission provisoire, dont le mandat ne valait que jusqu’au Chapitre Général, chargée de faire une consultation assez large auprès d’experts en diverses matières. Les membres de cette commission étaient père Charles Dumont de Scourmont pour la section spirituelle ; père Edmond Mikkers d’Achel pour la section historique et père Basil Pennington de Spencer pour la section juridique.  Père Basil serait le coordinateur de ce travail. Parmi les « directives » que la Commission Centrale donnait à cette commission provisoire il y avait celles de « préparer un projet de plan des constitutions » et de « préparer un plan de l’organisation du travail et définir la méthode à aborder » [1]

 

            Lors du Chapitre de 1967, les Capitulants, après avoir écouté les avis des pères Edmond et Basil, tous deux présents au Chapitre, décident de créer une nouvelle Commission en lui donnant la mission de « commencer dès maintenant la révision de nos Constitutions selon les normes données aux nn. 12-14 de Ecclesiae sanctae, et d’abord en ce qui concerne les bases scripturaires et théologiques de la vie cistercienne ».  Il semble qu’on envisageait alors un texte unique pour les moines et les moniales.

 

            Après un peu de tâtonnement et quelques changements dans la composition de la Commission, celle-ci accoucha d’un document appelé  « Nouvelle Charte de Charité »,  qui fut communiqué à l’ensemble de l’Ordre au cours de l’année 1968 et qui reçut un accueil plutôt froid.  La Commission se remit donc courageusement au travail et offrit au Chapitre de 1969 une série de sept documents  comprenant entre autre choses un rapport chronologique du travail accompli, un projet de modifications aux Constitutions actuelles des moines et des moniales pour les conformer à la nouvelle législation en attendant de nouvelles Constitutions, et un projet général pour ces nouvelles Constitutions.

 

           

De 1969 à 1990 : la genèse douloureuse d’un texte

 

            Le Chapitre Général de 1969, qui allait se terminer dans une grande unité, s’ouvrit dans une atmosphère de tension.  Cette tension était due au moins un peu en partie à l’insatisfaction laissée par les projets de la Commission chargée de préparer la révision des Constitutions, y compris les derniers documents envoyés au Capitulants peu avant le Chapitre Général.  Dans le but de sortir de ce qui semblait une impasse, Dom Vincent Hermans avait élaboré juste avant le Chapitre un autre projet – on pourrait dire un contre-projet.  Pour lui, nous n’aurions vraiment pas besoin de rédiger des Constitutions.  Ecclesiae sanctae distinguait entre la « loi fondamentale » des Instituts, dont la révision devait être approuvée par le Saint Siège, et les « statuts » propres à l’Ordre, qui devaient être approuvés par celui-ci.  Or, ne pouvions-nous pas considérer que notre loi fondamentale était la Règle de Saint Benoît et la Charte de Charité ?  Il suffirait alors de rédiger des Déclarations sur la Règle et sur la Charte de Charité.

 

            Un canoniste, Père Beyer, s.j., invité au Chapitre comme expert, alla tout à fait dans ce sens.  Il nous invita particulièrement à ne pas nous presser.  Nous pouvions prendre tout le temps qu’il nous fallait pour revoir les aspects importants de notre vie monastique et faire plus tard une compilation de cette législation.  Il est vrai que le Chapitre Général de 1967 s’était déjà déclaré le « Chapitre de renouveau » à qui des pouvoirs spéciaux étaient accordés ;  mais rien n’empêchait de considérer celui de 1969 simplement comme la première partie de la deuxième session de ce Chapitre Général spécial... [2] Père Beyer parlait d’une période de 10 à 15 ans.  Personne ne pensait alors qu’on y mettrait vingt ans et plus.

 

            Abondant dans cette ligne le Chapitre décida : a) de considérer la Règle de saint Benoît et la Charte de Charité comme notre législation première et fondamentale ;  b) de préparer une législation secondaire qui serait un compromis entre de simples déclaration sur la Règle et la Charte de Charité et le plan proposé par la Commission pour la révision des Constitutions ; et c) d’élaborer progressivement cette législation au cours des années suivantes. 

 

            Cette option du Chapitre Général de 1969 fut certainement la plus heureuse et la plus lourde de conséquence pour l’avenir de l’Ordre.  Celui-ci renonçait à rédiger rapidement une nouvelle législation.  Il optait pour que la législation suive plutôt la vie, et se lançait dans un vaste effort de renouveau qu’on pourrait traduire plus tard en législation nouvelle si c’était nécessaire.  Entre-temps, la Commission de Droit ferait une révision des Constitutions actuelles pour les rendre conformes à la législation actuelle de l’Église.

 

            En réalité, alors même que la préparation du texte des futures Constitutions se mettait péniblement en branle, l’Ordre s’était déjà lancé dans un vaste effort de renouveau spirituel et de nouvelle prise de conscience de son identité ainsi que dans la mise en place de nouvelles structures.  Ainsi, les Conférences régionales qui existaient depuis la fin de années ’50 prenaient de plus en plus d’importance dans la marche de l’Ordre et la Commission Centrale, dont la première réunion avait eu lieu en 1964, et qui s’était transformée en 1967 en Consilium Generale, était déjà devenue un organe important du gouvernement de l’Ordre.

 

            Déjà, à ce Chapitre de 1969 des options importantes étaient prises.  Tout d’abord, complétant un travail déjà commencé depuis longtemps au niveau des Régions et du Consilium Generale on y rédigea une Déclaration sur la Vie cistercienne, qui allait servir d’inspiration à la vie de l’Ordre depuis lors et aussi à toute la législation subséquente.  Dans la foulée de cette Déclaration, le Chapitre vota un Décret sur l’Unité et le Pluralisme, qui était déjà en lui-même une importante pièce de législation.  Au cours du même Chapitre, on remplaça l’abbatiat à vie par l’abbatiat ad tempus (ad tempus non definitum, en attendant d’introduire aussi, au Chapitre de 1974, la possibilité de ad tempus definitum).

 

            Au cours des années, et même des décennies qui suivirent, l’Ordre, au niveau des Régions aussi bien qu’au niveau du Chapitre Général,  fit un effort important aussi bien de renouveau spirituel que de réflexion sur les structures fondamentales de l’Ordre et son mode de fonctionnement. Le Chapitre Général de 1971 publia deux documents sur le « Renouveau spirituel » et chacun des Chapitres suivants traitera d’un ou de plusieurs thèmes spirituels importants. Graduellement le Chapitre Général se transforma en organe de communion beaucoup plus qu’en organe de contrôle et se donna un nouveau règlement.  La Commission de Vigilance se transformait en Commission Pastorale.  Un nouveau statut pour les « fondations simplifiées » apparaissait, avant d’être fusionné dans un nouveau Statut des Fondations.  La question de la relation entre les deux Branches de l’Ordre occupa de nombreuses Conférences Régionales et plus d’un Chapitre Général avant d’arriver au concept d’un seul Ordre avec deux Chapitres Généraux interdépendants et la possibilité pour abbés et abbesses d’élire ensemble l’Abbé Général.  On parlait aussi beaucoup – et de façon souvent fort animée – de « collégialité » ; une réalité qui s’inscrivait de plus en plus dans la vie de l’Ordre, même si le mot continua de faire peur jusqu’à la dernière rédaction de nos Constitutions.

 

            Il est très important de ne pas oublier que c’est parallèlement à cette vaste entreprise de renouveau spirituel et de transformation des structures de l’Ordre que se menait, d’une façon longtemps balbutiante, la recherche d’une forme littéraire à donner à nos futures Constitutions.

 

            En effet, la mission donnée à la Commission de Droit par le Chapitre Général de 1969 (et les Chapitres suivants) était celle de déterminer quelle « forme » donner à nos Constitutions.  En 1971, malgré l’expression d’avis divers, le Chapitre estime qu’il est encore prématuré de penser à rédiger un nouveau texte.  Trop d’expériences sont en cours dont on n’a pas pu encore évaluer les résultats.  Le président de la Commission de Droit, Dom Guerric Baudet de Scourmont, ne cessait de répéter que ce travail était prématuré et qu’en bonne scolastique il n’y a pas de forme sans matière.  Par ailleurs, le Chapitre des Abbés de 1974 votera que l’on « commencera sans tarder la rédaction de nouvelles Constitutions » et confiera ce travail à la Commission de Droit, ce qui amènera le président de celle-ci à démissionner en 1976.

 

            Sous un nouveau président, la Commission de Droit élabora un premier projet de nouvelles Constitutions, qui fut distribué aux Capitulants lors du Chapitre de 1980.  Il fut décidé que le texte serait envoyé à toutes les communautés (de moines) de l’Ordre, qu’on ferait des synthèses régionales des remarques et suggestions, lesquelles seraient envoyées à la Commission de Droit qui les soumettrait au Consilium Generale. [3]   Une décision identique fut prise par les abbesses l’année suivante.

 

            Ce texte, appelé Projet I, conservait en gros le plan et le style des Constitutions de 1924 et 1926 et ne tenait pas compte des options prises aux Chapitres Généraux de 1967 et 1969.  On n’y trouvait surtout pas une vision rénovée, post-conciliaire, de la vocation monastique cistercienne.  On ne se surprendra donc pas que ce premier projet reçut dans l’Ordre un réception plutôt négative.  En tout cas il suscita beaucoup d’intérêt.  On a calculé que les réponses à cette enquête totalisaient dix kilos de papier !  .  Il est fort probable que le principal fruit de ce premier projet, comme d’ailleurs du deuxième, fut d’avoir suscité dans toutes les communautés et toutes les régions de l’Ordre un vaste effort de réflexion commune. 

 

            Lorsque le Consilium Generale se réunit aux Neiges en novembre 1982 il avait de difficiles décisions à prendre en cette matière.  Il était clair qu’un nouveau projet, très différent du premier était nécessaire, mais fallait-il le confier encore à la Commission de Droit ou, comme le désiraient certaines régions, à un groupe tout à fait différent.  Le Consilium opta pour une décision à la Salomon.  La Commission de Droit ferait le travail ;  mais son projet serai soumis à un « groupe d’évaluation » composé de trois moines et une moniale, et le rapport de ce groupe serait envoyé aux communautés en même temps que le projet lui-même.  Il faut dire que, depuis 1981, la Commission de Droit était mixte (auparavant elle avait simplement des moniales «correspondantes »).  Dans l’ensemble on peut dire que les moniales se sont impliquées dans ce travail sur les nouvelles Constitutions probablement encore plus activement que les moines.

 

            Le Projet II marquait certes une nette amélioration sur le Projet I, mais il apparut encore insatisfaisant aussi bien au « groupe d’évaluation » qu’aux communautés de l’Ordre.  On trouvait qu’il manquait d’un souffle spirituel et d’une doctrine fondamentale pouvant guider l’Ordre dans la poursuite de son effort de renouveau.

 

            Au Consilium Generale du Phare, en septembre 1983, [4] on décida qu’un Projet III, qui servirait de base au travail du prochain Chapitre Général devait être rédigé par une seule personne.  Le temps était effectivement venu de rédiger et de faire approuver par le Saint Siège, une législation d’ensemble, qui reprendrait tout ce qu’on avait décidé au cours des années précédentes et qui préciserait ce qui était encore à préciser.  Ce travail fut confié au père Michael Casey, membre du groupe d’évaluation, dont l’Ordre avait pu ainsi connaître les talents déjà bien connus et utilisés dans tous les monastères australiens de la grande famille bénédictine.

 

            Le texte de Père Michael avait l’avantage d’être fort bien structuré et de comporter un important caractère spirituel et théologique.  Cette dimension spirituelle se trouvait non dans des textes pieux accompagnant en marge des textes froidement juridiques (comme c’est le cas pour les Constitutions de beaucoup d’Instituts et de Congrégations), mais dans la structure même de l’ensemble.  On pourrait dire que l’idée fondamentale est qu’au coeur de l’Ordre se trouve la communauté locale ;  au coeur de la communauté locale se trouve le moine ou la moniale et qu’au coeur du moine et de la moniale se trouve le Christ.  On commence donc par parler de l’appel à la vie monastique et de la réponse dans la consécration monastique.  On parle ensuite de la vie spirituelle de la communauté locale, puis de son gouvernement et de la façon dont on y entre et y est formé.  Puisque certaines communautés en engendrent d’autres, on est amené à parler des relations entre les communautés et de cette communauté de communautés qu’est l’Ordre.  On voit tout de suite que l’Ordre des matières est l’inverse de celui des Constitutions de 1893 et de 1927.

 

            Les Chapitre Généraux de Holyoke (moines) en 1984 et de El Escorial (moniales) en 1985 furent consacrés presque entièrement à l’étude article par article, paragraphe par paragraphe et presque ligne par ligne de ce projet, qui fut très largement modifié, mais dont l’esprit demeura.  Une Commission spéciale appelée la CoCo (Commission des Constitutions)  assurait le relais entre le travail en commissions et le travail en plénière, compilant les centaines, sinon les milliers d’amendements proposés par les commissions et les individus et les renvoyant au vote de l’assemblée.  On peut dire que l’Esprit Saint y aidant certainement, c’est toute l’assemblée (une centaine à Holyoke, incluant les délégués, et environ 80 à El Escorial) qui rédigea le texte qui fut voté à l’unanimité á la fin de chacun des deux  Chapitres (il y eut simplement une abstention à Holyoke).

 

            À Rome, en 1987, se tint la première « Réunion Générale Mixte », où les textes de 1984 et 1985 furent revus et votés parallèlement, aboutissant quand même à deux textes pratiquement identiques sauf pour les questions qui sont vraiment propres soit aux moniales soit aux moines.

 

            Ce texte fut transmis le 26 janvier 1988 à la Congrégation des Religieux qui, après l’avoir fait étudié par divers experts, selon la procédure normale, donna sa réponse le 30 mars 1989, proposant un peu plus de cent modifications.  Celles-ci furent étudiées dans les Conférences Régionales et analysées par la Commission de Droit avant d’être soumises à l’étude des Commissions Centrales [5] à Ariccia en novembre 1989. Il faut dire qu’un bon nombre de ces modifications étaient de nettes améliorations ;  d’autres pouvaient être acceptées sans problèmes.  Sur les points où il nous semblait nécessaire de faire valoir notre point de vue, nous le fîmes et Rome accepta nos explications dans presque tous les cas.

 

            Lorsque l’approbation de nos Constitutions fut transmise par Rome, portant la date officielle de la Pentecôte 1990 (date suggérée par Dom Ambrose) se terminait une belle aventure de près de vingt-cinq ans que l’ensemble de l’Ordre avait vécue dans une grande unité, malgré des divergences de vue parfois importantes sur telle ou telle question, et non sans un réel enthousiasme.

 

            En réalité le travail de législation n’était pas terminé.  Divers aspects de notre vie monastique cistercienne auxquels les Constitutions ne touchaient que dans les grandes lignes, devaient être élaborés de façon plus détaillée dans divers Statuts.  C’est ainsi que la Ratio Institutionis  ou « Document sur la formation », fut approuvée par le Chapitre Général de 1990, le Statut sur la Visite Régulière (le précédent étant du 12ème siècle) était approuvé en 1996  et celui sur l’Administration Temporelle en1999.  Au cours des mêmes années, le Statut sur les Fondations qui avait été approuvé dans une nouvelle formulation au chapitre de 1987, connut des modifications constantes pour répondre aux besoins changeants des nouvelles fondations. 

 

            Tous ces documents, malgré leur grande diversité, sont marqués par une grande unité, et il serait facile de souligner quelques lignes maîtresses que l’on retrouve en chacun, depuis la Déclaration sur la vie cistercienne de 1969, jusqu’au Statut sur l’Administration temporelle.  L’une de ces lignes maîtresses est l’importance centrale de la « communauté » dans la spiritualité de notre Ordre.

 

            S’il m’est permis de terminer sur une note un peu personnelle, je dirai qu’entré dans l’Ordre sept ans avant Vatican II, celui-ci répondait aux aspirations qui n’avaient cessé de grandir en moi durant mes premières années de vie monastique.  Ayant eu la grâce d’être étudiant à Rome durant toutes les années du Concile, celui-ci m’a marqué d’une façon toute particulière.  De mon père-maître (toujours vivant, avec ses soixante-quinze ans de profession monastique), j’ai reçu un grand amour de l’Ordre.  Je considère comme une grâce d’avoir pu apporter ma petite part à toutes les étapes décrites dans ce bref exposé historique. [6]   Et, grâce à Dieu, la vie continue !

 

 

Armand Veilleux

(article écrit en 2004)

 

           

 



[1] Compte rendu, pages 43-44

[2] Dom Ignace parlera, dans son discours de clôture, de “Chapitre Général ad tempus indefinitum” (compte rendu, p. 246)

[3] Compte rendu, pp 27-28 ; 196-199 et 211-212.

[4] Le nouveau Code de Droit Canon avait été publié au début de l’année.

[5] Le Consilium Generale des moines était en effet redevenu “Commission Centrale” en 1987.  La Commission de Préparation du Chapitre des Abbesses avait aussi, à la même date, pris le nom de “Commission Centrale”.

[6] Je peux dire que c’est dès 1964 (il y a quarante ans!), lors de la première réunion de la Commission Centrale que j’ai commencé à apporter ma petite contribution au travail de renouveau de l’Ordre.  Cette réunion se tint à Monte Cistello où je me trouvais comme étudiant, et je fus invité par les abbés américains membres de la Commission à rédiger pour eux un certain nombre de mémos, en particulier concernant le projet de “Définition de la vie cistercienne”, qui aboutira à la Déclaration sur la vie cistercienne au Chapitre de 1969.