Questions monastiques en général
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Une
vie de communion Comme toute forme de vie humaine et
chrétienne la vie du moine est constituée de nombreux éléments. Si l’on voulait trouver un terme qui souligne
bien l’unité entre ces divers éléments, le mot communion serait sans doute le meilleur choix. Le moine s’efforce de vivre en communion
avec Dieu, avec un groupe de frères qui forment avec lui une communauté,
avec son Église locale et l’Église universelle, avec les hommes
et les femmes de son entourage comme avec l’ensemble de la société,
tout aussi bien qu’avec tout le cosmos. La communion avec Dieu est évidemment
ce qui est au cœur de sa vie et ce qui donne leur sens à toutes
les autres formes de communion.
Il la vit dans une prière qu’il s’efforce de rendre aussi
continue que possible. En effet, il sait que l’unique précepte du Nouveau
Testament sur les temps de prière est qu’il faut prier sans cesse. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faille
réciter constamment des prières mais qu’il faille plutôt vivre
dans une conscience aussi continue que possible de la présence
de Dieu en soi. Ce qu’on appelle contemplation est précisément
cette présence à la Présence.
Cette contemplation doit animer et sous-tendre toutes les
activités de la journée, aussi bien le travail – manuel ou intellectuel
– que la célébration commune de la louange de Dieu ; tant
les moments de prière silencieuse que ceux de rencontre avec ses
frères ou son activité apostolique s’il est appelé à l’exercer.
Cette dimension « contemplative » ne lui est évidemment
pas propre. Elle doit être
présente en toute vie humaine ; mais le moine s’efforce d’en
faire le centre de sa vie et d’organiser toutes ses autres préoccupations
et activités autour de ce centre de gravité. Sauf dans les cas plutôt rares de vocation
totalement érémitique, le moine vit en communauté avec des frères
qui forment avec lui une ecclesiola,
une petite Église locale. Comme,
pour d’autres, leur famille ou leur paroisse ou encore leur diocèse,
la vie en communauté est pour le moine sa façon la plus immédiate
de vivre le mystère de l’Église. Les frères se prennent en charge
mutuellement et s’engagent à s’entraider dans la recherche de
Dieu et son service. Cette
communauté locale ne peut toutefois être fermée sur elle-même
et elle s’efforce de s’ouvrir à l’Église locale et à l’Église
universelle comme à l’ensemble du Peuple de Dieu.
Les moines le font souvent en offrant aux laïcs comme aux
prêtres et religieux ou religieuses la possibilité de partager
leur solitude et leur prière dans leurs hôtelleries monastiques.
Percevant l’importance du dialogue entre les religions et entre
les diverses confessions chrétiennes comme entre les cultures,
ils ouvrent facilement leurs hôtelleries aux hommes et femmes
de toute croyance et de toute appartenance religieuse ou politique.
Ceci semble d’autant plus important de nos jours que de nouvelles
formes de xénophobie se répandent et que certains se font les
protagonistes d’une nouvelle lutte entre les civilisations, les
cultures et les religions. L’obligation de gagner leur vie que
les moines partagent avec tous les hommes fait qu’ils sont en
général engagés dans divers travaux matériels ou autres y compris
dans la gestion de petites entreprises qui leur permettent de
gagner leur vie et aussi d’avoir de quoi partager avec les plus
démunis et tous ceux autour d’eux qui sont dans le besoin.
Dans ces entreprises matérielles ils communient évidemment
à tous les défis et toutes les difficultés que connaissent leurs
contemporains. Un défi particulier pour eux en ce domaine est
de ne pas se laisser emporter par le mouvement de globalisation
imposant partout une économie libérale génératrice de disparités,
mais d’être créatifs dans la recherche d’économies alternatives. La solitude les rendant conscients
de la lutte continuelle entre les forces du bien et du mal qu’ils
connaissent en leurs propres cœurs, les moines sont sensibles
à toutes les misères que connaît l’humanité, en particulier celles
provenant des guerres et de toutes les formes d’oppression sociale
et économique. Ils considèrent
comme une exigence de la communion de faire leur petite part dans
la solution de ces tensions. Tous les problèmes écologiques que
connaît la planète terre de nos jours sont le résultat du manque
d’harmonie existant entre les hommes, entre ceux-ci et la nature
comme entre eux et Dieu, depuis le premier péché.
Par le respect de la nature et de l’environnement, y compris
par le retour à une agriculture biologique et l’entretien des
forêts, le moine s’efforce de faire sa part dans le rétablissement
de l’harmonie initiale. À tous ces niveaux, le moine rencontre
les mêmes défis que tous ses frères et sœurs en humanité :
vivre la communion alors que tant de choses en lui-même comme
hors de lui poussent à l’égoïsme et au repliement sur soi.
Comme tous, il ne peut trouver la force nécessaire pour
poursuivre son chemin et sa croissance que dans l’amour du Christ, auquel il doit donner chaque jour
un peu plus de place dans son cœur et dans sa vie. Armand
Veilleux Abbé
de Scourmont |
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