Questions cisterciennes



(Dernière mise à jour le 10 juillet 2008)

 

 

 
 

Histoire de la Commission Centrale[1]

 

            Les meilleures structures juridiques sont celles qui naissent de la vie et qui évoluent en réponse aux situations et aux besoins changeants des institutions qu’elles servent.  Ainsi en fut-il des structures que se donna l’Ordre de Cîteaux naissant, dans la Carta Caritatis ;  ainsi en fut-il, au cours des dernières décennies, de la structure nouvelle que l’Ordre Cistercien de la Stricte Observance s’est donnée dans la Commission Centrale.  La présente étude voudrait décrire comment, sous des noms différents – Commission Centrale, Consilium generale, Commission de préparation – cette structure que s’est donnée notre Ordre dans le cadre du renouveau spirituel réalisé en réponse à Vatican II n’a cessé d’évoluer en réponses aux exigences de la vie.  Nous verrons en terminant comment cette structure, et celle des Régions qui naquit en même temps qu’elle et avec laquelle elle évolua en pleine symbiose, se trouvent en quelque sorte à un moment critique de leur croissance.  Une nouvelle évolution s’impose à l’une et à l’autre sous peine de succomber au danger de sclérose qui guette toutes les structures juridiques après leur développement initial.

 

Une génération spontanée        

            On peut considérer que l’histoire de la Commission Centrale commence au Chapitre Général de 1964. Ce Chapitre, qui suivit le décès de Dom Gabriel Sortais, en fut un d’élection, donc relativement bref. Il dura du 16 au 19 janvier 1964. Dom Ignace GILLET y fut élu Abbé Général. Au cours de ce Chapitre, même si cela n’apparaît pas dans le Compte rendu des Séances, l’abbé d’Achel Dom Gabriel VAN DE MOOSDIJK parla de la situation créée dans sa communauté du fait qu’un groupe de six jeunes moines, parmi lesquels se trouvait son prieur, désiraient quitter Achel pour fonder une « communauté monastique simplifiée ». Lorsqu’on traita de la date du Chapitre Général suivant, l’abbé de Westmalle, Dom Édouard WELLENS, insista pour qu’on se réunisse à une date rapprochée, «  vu l’urgence et l’importance des questions qui préoccupent beaucoup des éléments jeunes et fervents de nos Communautés. » (Compte rendu des Séances, p. 11).

            Dans une lettre qu’il écrivait à l’Abbé Général après le Chapitre Général, Dom Gabriel d’Achel demandait de hâter la convocation d’une commission pour étudier les problèmes que lui et l’abbé de Westmalle avaient évoqués. Dom Ignace décida alors de convoquer cette réunion et il nomma pour en faire partie, outre les abbés de Westmalle et d’Achel, celui de Tilburg qui connaissait des difficultés semblables ainsi que Dom Jean CHANUT de Cîteaux, Père Immédiat de Westmalle et Dom André LOUF du Mont-des-Cats, Père Immédiat de Tilburg. Afin d’avoir aussi l’avis d’abbés d’autres nationalités, Dom Ignace y joignit Dom Ambrose SOUTHEY de Mount Saint Bernard qui avait été élu Abbé Vicaire au Chapitre précédent et Dom André SCHMIDT de Mariawald. Il désigna Dom Ambrose, en tant qu’Abbé Vicaire, comme président de la commission et lui confia de fixer en accord avec les autres abbés les détails d’organisation de cette réunion (dates, lieu, etc.) et d’en établir le programme.

            Dans une lettre qu’il écrivait aux sept abbés concernés, en date du 14 février 1964, Dom Ignace écrivait :

« sans vouloir limiter ce programme, je suggérerais qu’il envisage surtout, au sujet des difficultés auxquelles faisaient allusion les RR.PP. de Westmalle et d’Achel :

a.       - les causes de ces difficultés : sont-elles d’ordre local ou général ? - depuis combien de temps se sont-elles manifestées ? - résultent-elles des conditions particulières de ces monastères ou de la législation de notre Ordre ?

b.      – Quels remèdes peut-on envisager ? s’imposent-ils seulement dans ces monastères ou seraient-ils à préconiser dans toutes nos maisons[2]? »

            Dom Ignace, qui n’avait pas l’intention de participer à cette réunion, et qui de fait n’y assista pas, terminait sa lettre du 14 février aux membres de la commission par les paragraphes suivants :

            « Je serais heureux d’être tenu au courant des conclusions auxquelles on arriverait, et qui pourraient éventuellement être soumises au futur Chapitre Général.

            On pourrait pour cela me faire parvenir un rapport, à moins que l’on estime nécessaire que je rencontre l’un ou l’autre des membres de la commission.

            En vous assurant de mes prières pour que le Saint-Esprit vous aide à voir ce que le Seigneur attend de nous pour orienter nos religieux, et surtout nos jeunes, vers une authentique vie monastique, je vous prie de vouloir bien agréer, mes Révérends Pères, l’expression de mes sentiments tout dévoués. »

            Cette réunion eut lieu à Westmalle du 12 au 16 avril 1964. On pourrait dire que ses membres opérèrent une sorte de « coup d’état ». Leur mandat étant assez large, ils l’étendirent encore plus. Ils traitèrent évidement d’abord de la situation de ce qu’il est convenu d’appeler les « Six d’Achel »[3] mais, surtout au cours des derniers jours, ils abordèrent toute la problématique du renouveau dans l’Ordre, et en particulier de nombreux points qui pourraient être mis au programme du Chapitre Général suivant comme aggiornamento ou adaptations nécessaires. Ces points couvrent deux pleines pages du rapport qui en compte quinze.

            Les membres de la commission prévoyaient que ce rapport serait communiqué aux monastères de l’Ordre et que, dès la réception des réactions des abbés, la commission établirait un nouveau programme en vue du Chapitre Général suivant et se réunirait au mois de novembre à Mariawald, dès la fin de la session conciliaire. En fait, le texte de ce rapport, qui avait été rédigé par Dom André LOUF, même s’il ne porte pas de signature, et qui avait comme titre « Commission d’Aggiornamento » resta dans les archives de la maison Généralice et ne fut jamais communiqué à l’Ordre. Dom Ignace semble avoir estimé que, d’une part, ce qui était dit au sujet d’Achel était trop détaillé et peut-être trop confidentiel, et que, d’autre part, en se constituant « commission d’aggiornamento », la commission avait outrepassé son mandat[4].

            Dom Ignace donna lui-même un premier compte rendu de cette réunion de Westmalle dans une lettre circulaire du 13 mai 1964.  Ensuite, dans une autre circulaire datée du 12 septembre de la même année, il consulta les Capitulants sur l’opportunité d’une autre réunion et, dans l’affirmative, sur la composition de cette commission. Il y écrivait :

             «  La commission que j’avais réunie à Westmalle devait, dans ma pensée, s’occuper d’un problème local : les difficultés signalées dans leur monastère par les Révérends Pères Abbés de Westmalle et d’Achel… Mais cette commission a estimé que le problème, sous certains de ses aspects, dépassait les limites de deux ou trois monastères ou même d’une région ; qu’il s’étendait, ou s’étendrait sous peu à tout l’Ordre ; qu’il y aurait donc lieu de suggérer au prochain Chapitre Général des adaptations pour toutes nos maisons.

            Si ces conclusions sont exactes, il me semble qu’elles dépassent la compétence d’une commission nommée par le seul Abbé Général, et très localisée. Pour un problème aussi important, dont le simple fait d’admettre l’existence engage déjà l’avenir de l’Ordre, je sens le besoin de m’appuyer sur l’avis des Révérends Pères Abbés qui représentent la suprême autorité de l’Ordre lorsqu’ils sont réunis en Chapitre Général. »

            L’Abbé Général pose donc aux Capitulants un certain nombre de questions dont la première est:

- « Êtes-vous d’avis que la commission que j’avais nommée pou étudier les problèmes posés par les Révérends Pères de Westmalle et d’Achel se réunisse encore une fois avec une composition élargie, avant le Chapitre Général ? »

            Il indique alors en quelques mots quel serait le programme de cette réunion ;  quels en seraient les membres, précisant leur nombre pour chacun des principaux pays de l’Ordre, tenant compte du nombre de moines et de moniales dans chaque pays. La commission se réunirait non pas à Mariawald tel que prévu par la commission de Westmalle mais à la maison Généralice. La date serait le 2 décembre. Il demande aux abbés d’élire pour chaque pays le nombre de membres désignés dans sa circulaire en soulignant qu’il serait préférable que les représentants comprennent le français. Enfin il demande aux Capitulants de dire s’ils désirent que cette commission, si elle se réunit, puisse traiter aussi de la question des frères convers qui sera au programme du Chapitre Général suivant.

            Dans une nouvelle circulaire du 25 novembre 1964, Dom Ignace donne le compte rendu des réponses à son questionnaire. Si la majorité ne souhaite pas une deuxième commission de Westmalle, une majorité désire quand même qu’une commission entièrement renouvelée se réunisse « pour étudier les problèmes de portée générale existant dans l’Ordre ». De plus la majorité estime que cette commission doit  être composée de membres choisis plus exactement au prorata du nombre de moines et de moniales en chaque pays ou groupe de pays.

 

La réunion de 1964 à Monte Cistello

            La réunion eut lieu à Monte Cistello, à Rome, en décembre 1964. Elle était composée de 15 membres représentant les monastères d’Europe et d’Amérique du Nord, au prorata du nombre de moines et de moniales : 1 pour le Canada, 3 pour les États Unis, 2 pour l’Italie-Espagne, 1 pour la Grande Bretagne, 1 pour l’Irlande, 2 pour la Hollande et la Belgique flamande, 5 pour la France et la Belgique wallonne. Il n’y avait personne de l’Asie-Océanie, de l’Amérique latine ou de l’Afrique.

            Bien que certains capitulants aient demandé que cette commission soit présidée par l’Abbé Général, celui-ci décida de faire comme à Westmalle. C’est-à-dire que ni lui ni les Définiteurs n’y participeraient. Elle serait présidée par l’Abbé Vicaire, Dom Ambrose de Mount St Bernard, et l’Abbé Général en suivrait, de son bureau, les développements et les travaux et assisterait de temps à autre à une séance.

            Ce fut la première réunion de la Commission Centrale même si elle ne portait pas encore ce nom. De plus, le rapport de cette réunion, qui couvrait presque cent pages, faisait de nombreuses fois référence aux groupes « régionaux » dont l’apparition dans l’Ordre était toute récente[5].

 

Naissance de la Commission Centrale

            L’établissement d’une Commission Centrale proprement dite (car c’est désormais le nom qu’on lui donne[6]) pour préparer le Chapitre Général suivant -- celui de 1967 -- était au programme du Chapitre Général de 1965[7]. La question fut étudiée par une des commissions du Chapitre et ne semble pas avoir soulevé de grandes discussions. Par un vote de 52 voix contre 13, le Chapitre décida qu’une commission travaillerait à la préparation du Chapitre Général suivant.  Il fut précisé par la suite (page 88) qu’il s’agissait bien d’une commission pour la préparation du prochain Chapitre sans préjuger de la législation future.

            Quant à sa composition, il fut décidé que cette commission serait constituée de 15 personnes représentant les diverses régions de l’Ordre en tenant compte du nombre de maisons dans chacune de ces régions – alors que pour la réunion de Monte Cistello, l’année précédente, on avait tenu compte du nombre de moines et de moniales dans les diverses parties de l’Ordre. Pour des raisons pratiques (p. 90) le Chapitre adopta par 43 voix contre 21 de laisser à chaque groupe le soin de désigner sa propre représentation.

 

La Commission Centrale devient le Consilium Generale

            Une situation spéciale fut créée avant le Chapitre de 1967, lors de la publication par le Saint Siège, le 6 août 1966, du motu proprio « Ecclesiae Sanctae »[7a] Ce document donnait un certain nombre d’indications à tous les instituts  religieux de l’Église sur la façon de réviser leurs Constitutions dans la ligne de Vatican II. On prévoyait, d’une part, la tenue de Chapitres Généraux spéciaux, et, d’autre  part, on donnait aux Conseils Généraux des Ordres et Congrégations certains pouvoirs pour approuver provisoirement des expériences. La question se posait alors pour nous : Quel était ce Conseil général – ou « Consilium Generale » comme il était appelé dans le document latin ?

            Au programme du Chapitre Général la question 19b demandait précisément de traiter : quel est dans notre Ordre l’organisme correspondant au Consilium Generale prévu par Ecclesiae Sanctae ? Dès le troisième jour du Chapitre, lorsque la question fut soulevée, Dom Vincent Hermans, alors Procureur Général, fit part du résultat des contacts qu’il avait eus à Rome et de la consultation qu’il avait faite des divers commentaires de ce motu proprio. Selon toutes les informations qu’il avait recueillies, ce « Consilium Generale » n’était autre que le Supérieur Général avec son Conseil, c’est à dire dans notre Ordre, l’Abbé Général avec les Définiteurs. Il ajoutait qu’évidemment rien ne s’opposait à ce que le Chapitre Général ou le Conseil Général lui-même ajoute d’autres membres au Conseil du Supérieur Général et que cela était même à souhaiter (p. 11 du Compte rendu).

            Avec un certain recul, on ne peut qu’être d’accord avec Dom Vincent, et sa position semble même tout à fait obvie.  Cependant, il y avait à ce moment-là dans l’Ordre une telle réticence à donner au Définitoire un rôle aussi important, qu’on essaya de contourner la situation. Les sept commissions du Chapitre Général discutèrent de cette question et l’on trouve le résumé de leurs réflexions aux pages 26 à 28 du Compte rendu, ainsi qu’une synthèse à la page 32. Trois idées se dégagent de cette discussion :

1.      Une commission pense que le Consilium Generale n’est autre que le Chapitre Général lui-même, qui peut alors déléguer ses pouvoirs à quelques-uns de ses membres.

2.      Une autre pense qu’il s’agit du Définitoire augmenté de la Commission Centrale (créée lors du Chapitre Général précédent, mais seulement pour la préparation du Chapitre de 1967).

3.      Les cinq autres commissions pensent qu’il s’agit du Définitoire augmenté de quelques autres personnes : soit d’un représentant pour chaque région linguistique choisi comme pour les Définiteurs, soit d’un représentant pour chaque conférence régionale.

      Après une brève discussion on soumit au vote la question suivante : « Pensez-vous que le Consilium Generale doive, dans notre Ordre, comprendre le définitoire plus un délégué de chaque réunion régionale ? » Le résultat fut : Oui, 65 ; Non, 8.

      On discuta alors très brièvement sur la façon de choisir le délégué de chaque réunion régionale. On soumit au vote la proposition suivante : « Désirez-vous que les membres de chaque région proposent les noms de 3 délégués et que le Chapitre Général élise ensuite lui-même le délégué de chaque région ? ». Le résultat fut : Oui, 53 ; Non, 20.

      Beaucoup plus tard, dans le Chapitre, lors de la 24ème séance, le 2 juin,  alors qu’on traitait du gouvernement de l’Ordre, le vote suivant fut proposé : « Pensez-vous que l’Abbé Général doive consulter le Consilium Generale avant de traiter de questions importantes et intéressant tout l’Ordre avec le Saint Siège ? » La réponse fut affirmative par 38 voix contre 35. On perçoit ici déjà une tendance à donner à ce Consilium Generale un rôle de Conseil élargi de l’Abbé Général.

      On avait donc établi, à ce Chapitre Général de 1967 un Consilium Generale. Mais il fallait aussi décider de ce qu’on ferait de la Commission Centrale. Autrement dit, est-ce qu’on aurait de nouveau pour la préparation du Chapitre Général suivant une Commission Centrale comme celle qu’on avait eue lors du Chapitre précédent ? En réalité on n’eut guère le temps de réfléchir à cette question qui n’était pourtant pas sans importance.  On y revint rapidement vers la fin du Chapitre, le 4 juin, et quelques décisions furent prises. Le Compte rendu des séances (p. 134) dit qu’à mains levées le Chapitre Général donne son accord à la proposition de mettre en sommeil la Commission Centrale tant que le Consilium Generale est en fonction. Cette proposition est un peu surprenante puisque la Commission Centrale n’avait été créée en 1965, et très explicitement, que comme un organe pour préparer le Chapitre suivant. Cela fut répété à plusieurs reprises durant le Chapitre de 1967 mais il est clair que, dans l’esprit de plusieurs, la Commission Centrale était destinée à devenir un organe permanent. C’est pourquoi on parle ici de la mettre en sommeil même si de fait elle n’existe pas. Toujours est-il que dans la pratique c’est le Consilium Generale qui remplace pour le moment la Commission Centrale. On se rendra compte plus tard qu’en fait, sous un nom différent, et avec un rôle un peu modifié, le Consilium Generale n’était autre que la continuation de la Commission Centrale.

      Nulle part il n’est dit au cours de ce Chapitre Général de 1967 pour combien de temps est constitué ce Consilium Generale ou s’il est désormais une structure permanente de l’Ordre. Restait aussi à déterminer le mandat précis donné au Consilium Generale. En effet, selon Ecclesiae Sanctae (n° 7) c’était le Chapitre Général qui devait donner son mandat au Consilium Generale. Un mandat assez général fut décrit en séance plénière et approuvé à mains levées (Compte rendu, p. 134-135). Ce mandat comprenait :

1.      Préparer le Chapitre Général suivant.

2.      Superviser la préparation du prochain questionnaire.

3.      Examiner les demandes de faire des expériences selon les critères suivants :

a.      Les matières importantes et non urgentes devaient être renvoyées au Chapitre Général suivant.

b.      Les permissions de faire une expérience accordées par le Consilium Generale valaient jusqu’au Chapitre suivant.

            Il fut alors proposé que, quand il était en session, le Consilium Generale, forme le Conseil extraordinaire de l’Abbé Général. Cette proposition obtint la majorité des voix (43 contre 31) ; mais comme il s’agissait d’un changement à la première partie des Constitutions, qui requérait les deux tiers des voix, ce projet ne fut donc pas accepté n’ayant pas obtenu les deux tiers.

            Le dernier jour du Chapitre, le 5 juin, les délégués des régions au Consilium Generale, furent élus à mains levées : un membre titulaire et un membre suppléant pour chacune des régions suivantes : Canada, France-Nord, Espagne - Italie, Hollande, États Unis, France-Sud, Irlande. La Chapitre Général approuva également qu’il y ait un représentant de la région africaine, qui serait cependant élu par correspondance.

 

Le Chapitre Général de 1969 et le Secrétaire du Consilium Generale

Le Chapitre Général de 1969 fut un point tournant dans l’histoire de notre Ordre à l’époque moderne. Ce Chapitre produisit les deux documents importants connus dans l’Ordre sous le nom de « Déclaration sur la Vie Cistercienne » et « Statut sur l’Unité et le Pluralisme ». Ce fut aussi le Chapitre qui mit réellement en branle le travail de renouveau des Constitutions, même si une commission avait déjà été chargée de ce travail au Chapitre précédent. Ce Chapitre de 1969 commença une étude importante sur les structures du gouvernement de l’Ordre ; mais de façon surprenante il n’aborda pratiquement pas la question de la Commission Centrale qui, en principe avait été mise en sommeil, ni même du Consilium Generale qui l’avait remplacée ou en était plutôt une nouvelle expression.

Dans le contexte du renouveau des structures du gouvernement de l’Ordre, un point important, longuement discuté, fut celui de la création d’une nouvelle fonction, celle de Secrétaire Général du Consilium Generale. En réalité cette fonction n’avait que très peu de rapport avec le Consilium Generale mais était plutôt conçue comme une fonction personnelle, parallèle à celle de l’Abbé Général et du Définitoire. De fait, au cours de toutes les réflexions et discussions sur cette fonction durant le Chapitre, la relation de ce « Secrétaire » avec le Consilium Generale ne fut pratiquement jamais mentionnée.

            L’idée de ce Secrétaire Général avait été proposée par la région des USA, qui, dans un document de travail destiné à susciter la réflexion, avait lancé l’idée d’une nouvelle structure du gouvernement central de l’Ordre où l’Abbé Général serait remplacé par un Abbé Président, qui aurait beaucoup moins d’autorité que l’Abbé Général traditionnel, et, à côté de lui, un Secrétaire Général, un peu à la manière du Secrétaire Général des Nations Unies. Le projet fut présenté d’abord à la 14ème séance du Chapitre (page 60 du Compte rendu) et fut expliqué avec un peu plus de détails à la 16ème séance (page 61 du Compte rendu). En fait, il est assez surprenant de voir que tout au long du Chapitre, cette idée revint à plusieurs reprises avec des arguments pour et des arguments contre mais à aucun moment la fonction ne fut clairement définie. On se contenta d’expliquer que ce serait quelqu’un qui déchargerait l’Abbé Général d’une partie de son travail trop lourd, qui coordonnerait tous les efforts de renouveau dans l’Ordre et qui assurerait une meilleure préparation du Chapitre Général et des réunions du Consilium Generale, etc. Ce n’est qu’après que Dom John Eudes BAMBERGER sera élu et qu’il demandera au Chapitre quelques clarifications sur son rôle, que  celui-ci sera décrit d’une façon un peu plus claire, comme on le trouve dans les déclarations et décisions du Chapitre Général aux pages 319 et 320 du Compte rendu.

            Pour bien comprendre cette nouvelle fonction il faut savoir qu’il y avait eu entre le Chapitre Général de 1967 et celui de 1969, une tension assez forte entre l’Abbé Général et un certain nombre d’abbés surtout en Amérique du Nord. Le Chapitre Général de 1967 avait voté d’une façon assez générale la possibilité de faire des expériences dans l’Ordre, en particulier dans le domaine de la liturgie. Sur la base de cette décision, la conférence régionale des USA et la conférence régionale canadienne avaient demandé et obtenu du Saint Siège une « loi cadre » permettant une beaucoup plus grande flexibilité dans l’organisation de l’Office Divin et en particulier la possibilité de réduire le nombre des Petites Heures. L’Abbé Général, Dom Ignace GILLET, qui ne croyait pas pouvoir accepter en conscience une telle évolution, avait fait auprès du Saint Siège, sans en informer l’Ordre, un certain nombre d’interventions pour s’opposer à cette « loi cadre », ce qui avait créé un fort malaise. Au début du Chapitre, l’opinion d’un grand nombre d’abbés était que, même si l’on respectait beaucoup les principes personnels et la conscience de l’Abbé Général, celui-ci était élu pour voir à l’application des décisions du Chapitre Général et qu’il ne pouvait se substituer à celui-ci. En conséquence, les même abbés pensaient que si l’abbé Général ne pouvait pas en conscience appliquer les décisions du Chapitre, il était normal qu’il démissionne. Il y eut durant les premiers jours du Chapitre Général plusieurs séances consacrées à ce point. Elles sont rapportées d’une façon assez élaborée dans la partie confidentielle du rapport mais résumées en trois petits paragraphes à la page 5 du Compte rendu envoyé à toutes les communautés. Dom Ignace ne jugeant pas en conscience qu’il devait présenter à ce Chapitre-là sa démission, la nomination d’un Secrétaire Général qui pourrait coordonner les efforts de renouveau dans l’Ordre, et auquel était donc transféré une partie de la fonction de l’Abbé Général, semblait un bon compromis pour une période provisoire. Mais en réalité tout cela n’avait rien à voir avec le Consilium Generale même si ce secrétaire portait le nom de Secrétaire du Consilium Generale et pourrait évidemment assister à ses réunions.

            Concernant le Consilium Generale lui-même, peu de décisions du Chapitre de 1969 s’y rapportent. Il y a, bien sûr, à la page 136 du Compte rendu les votes qui le chargent de décider de la date du prochain Chapitre Général, lequel cependant ne devrait pas être postérieur au mois de mars 1971. Un autre vote -- acquis par 77 Oui, 4 Non, 1 Abstention -- dit laconiquement que le Consilium Generale devra considérer la préparation du Chapitre Général comme sa tâche principale. Et un peu plus tard (p. 143) le Chapitre, par un vote à mains levées, indiquera au Consilium Generale sa préférence pour Rome comme lieu du Chapitre suivant.

A la page 144 du Compte rendu est également soulevée la question de la  participation aux réunions du Consilium Generale des présidents des diverses commissions de l’Ordre (il s’agissait de la Commission de Liturgie, de la Commission de Formation et de celle pour la révision des Constitutions). Après un bref échange, le Promoteur dit que cela pouvait être laissé au jugement du Secrétaire adjoint au Consilium Generale (puisqu’une de ses fonctions serait de coordonner les travaux des commissions).

Toutes les discussions au cours de ce Chapitre autour de cette fonction montrent bien que, sans qu’on ne le dise jamais clairement, on conçoit désormais le rôle du Consilium Generale comme parallèle à celui du Définitoire et ce rôle de Secrétaire Général comme parallèle à celui de l’abbé Général bien qu’il lui soit soumis. Enfin, à la 34ème session du Chapitre, (Compte rendu, p. 244), l’Assemblée approuve à mains levées la liste des délégués et des suppléants présentés par chaque région. La conférence régionale africaine avait demandé, étant donné l’étendue du continent et la difficulté des communications et les dépenses qu’elles entraînent, qu’elle soit représentée au Consilium Generale par un délégué permanent vivant en Europe et ayant l’expérience de la vie monastique africaine. Sa nomination serait laissée au Président de la région après consultation des supérieurs intéressés. Le président lui-même aurait toujours le droit d’assister au Consilium Generale.

Il est aussi intéressant de remarquer qu’auparavant, à la 31ème session (p. 204), la question avait été posée de savoir ce qu’on ferait si à la fois le délégué élu et son suppléant étaient tous les deux empêchés de venir au Consilium Generale. Il semble, avait répondu le Promoteur, que ce soit à la région intéressée d’y pourvoir. On voit que l’ambiguïté demeure toujours sur le sens de cette représentation par région. D’une part, on tient à ce que les membres soient des membres élus par le Chapitre bien que représentant les diverses régions. D’autre part, on demande aux régions de faire le premier choix qui est alors confirmé par un vote du Chapitre.  Cette réponse du Promoteur, laissant dans certaines circonstances à la région elle-même le soin de prendre la décision, introduisait une confusion qui allait nous accompagner durant plusieurs années.

 

Tentative de faire du Consilium Generale le « Conseil plénier » de l’Abbé Général

            Au Chapitre Général de 1971 la nature et la structure du Consilium Generale furent déjà remises en question. Et cela dans le contexte d’une révision de l’ensemble des structures du gouvernement de l’Ordre. La question avait été largement discutée dans les régions, en particulier la région France Sud et Ouest et la région des USA ; et, dès avant le Chapitre, divers documents avaient été distribués représentant les positions des diverses régions. Un premier document préparé par la région France Sud et Ouest fut présenté au Chapitre Général par Dom Alexandre DECABOOTER, abbé du Désert, et un document appelé « Document du Mont-des-Cats », présenté par Dom André LOUF qui représentait sans doute la position de la région Centre Europe. Quant à Dom Augustine ROBERTS, qui était alors prieur d’Azul mais participait à la conférence régionale des USA, il présenta un projet dit « Projet Azul » qui se voulait une sorte de compromis entre les deux autres.

            D’une façon générale, il y avait un désir commun à tous les projets et à toutes les régions que les communautés soient plus effectivement associées aux décisions importantes qui devaient être prises entre les Chapitres Généraux et à l’élaboration des grandes orientations de l’Ordre. La question la plus importante était alors de savoir si le Consilium Generale devait être considéré comme un Conseil de l’Abbé Général ou comme un organisme collégial présidé par l’Abbé Général mais qui en tant que collège exercerait l’autorité vicaire du Chapitre Général entre les Chapitres. Cette idée n’était pas neuve.  Elle avait été lancée par Dom Guerric de Scourmont durant la réunion de Monte Cistello en 1964.  Celui-ci proposait que le Chapitre Général se tienne tous les deux ans (alors qu’il se tenait encore annuellement) et qu’on ait, entre les Chapitres Généraux – donc également tous les deux ans – une réunion de la Commission « dite Centrale ». (Compte rendu, pages 86-87)

            Tous étaient d’accord pour que ce Consilium Generale soit composé de représentants des régions mais on divergeait sur la façon de les choisir. Selon les uns, les membres devaient être élus par le Chapitre Général sur présentation des régions. Selon d’autres, ils devaient être simplement choisis par les régions.

Si l’on considérait que ce Consilium Generale était un Conseil de l’Abbé Général, on y voyait évidemment le Conseil principal de l’Abbé Général à côté duquel ce dernier aurait un autre Conseil qu’on pourrait appeler le Conseil d’Assistance ou Conseil Permanent et qui assisterait l’abbé Général pour les questions courantes alors que le Conseil principal serait réuni pour traiter des questions plus importantes. Dans l’option où le Conseil Général serait une sorte de mini Chapitre Général entre les réunion du Chapitre Général plénier, l’Abbé Général n’aurait pas besoin d’un autre Conseil, il suffirait qu’il se tienne en contact par correspondance avec les membres du Chapitre chaque fois que des décisions importantes seraient à prendre. Par ailleurs, il aurait à Rome un Secrétariat Général présidé par le Procureur. Ces projets furent présentés assez tôt au début du Chapitre[8].

            Après d’assez longues discussions en commissions, avec rapports détaillés en séance plénière et un débat en Assemblée générale[9] il y eut d’abord un vote de sondage (p. 139 et 141) et finalement quelques jours plus tard le vote définitif (p. 151-152) qui donna les résultats suivants : le Conseil Général ou Consilium Generale sera considéré comme le Conseil principal de l’Abbé Général et ne sera pas un organisme autonome ayant le pouvoir vicaire du Chapitre Général. A côté de ce Conseil Général, l’Abbé Général continue d’avoir un Conseil permanent[10].

            Plusieurs autres votes seront pris à la 21ème séance (p. 193 et suivantes du Compte rendu) concernant la composition de ce Conseil Général. Il comprend le Promoteur du Chapitre, le Secrétaire du Conseil Général (« aussi longtemps que sa fonction est maintenue ») ; cette parenthèse significative indique bien qu’on considère cette fonction comme provisoire. Le Conseil comporte aussi un représentant de chaque région ainsi que les membres du Conseil permanent de l’Abbé Général. Tous y ont droit de vote. La question du mode du choix des représentants des régions est de nouveau discutée et soumise au vote. De nouveau la proposition selon laquelle le représentant de chaque région serait choisi par la région est rejetée. On préfère la proposition représentant le statu quo à savoir que le représentant de chaque région sera élu par le Chapitre Général sur présentation par la région. Il est clair que l’Ordre n’est pas prêt à accepter une structure qui ferait en quelque sorte du Consilium Generale un organisme élu par les régions et représentant les régions, constituant ainsi une sorte de mini Chapitre ayant pouvoir collégial entre les Chapitres Généraux. On continue à tenir à vouloir en faire un Conseil de l’Abbé Général même si on le considère comme son Conseil plénier et qui doit donc être élu par le Chapitre Général comme les membres du Conseil permanent[11].

            On prévoit que ce Conseil Général se réunira au moins une fois par année et aussi lorsque la majorité de ses membres le demandera. Il n’a jamais été prévu comment cette majorité pourrait exprimer son désir de se réunir ; mais cette prérogative qu’on lui attribue montre bien qu’on le considère comme un « collège ».

            Plusieurs votes de ce Chapitre de 1971 concernent la fonction du Conseil Général. Un premier vote (p. 195) veut que ce Consilium Generale s’occupe des affaires importantes de l’Ordre, notamment celles qui impliquent des relations entre l’Ordre et le Saint Siège, et on veut aussi qu’il coordonne le travail des régions et des commissions dans l’Ordre. Il doit aussi préparer le Chapitre Général ayant dans cette préparation un vote délibératif. On précise alors qu’il a aussi vote délibératif lorsqu’il s’occupe des affaires importantes mentionnées plus haut. On précise alors, qu’il est entendu que ce vote n’empêche pas l’Abbé Général d’agir sur consultation de son Conseil Permanent dans les affaires importantes qui ne pourraient être différées. Un autre vote veut que le Consilium Generale veille à l’exécution des décisions du Chapitre Général et qu’il puisse donner une interprétation provisoire des décisions du Chapitre Général, agissant en cela avec vote délibératif. Enfin il peut approuver des fondations mais on précise par un autre vote qu’il ne doit pas s’occuper d’affaires réservées au Chapitre Général et qui peuvent attendre jusqu’au prochain Chapitre Général. Enfin une dernière décision donne au Conseil Général le pouvoir avec voix délibérative de convoquer un Chapitre Général extraordinaire.

 

Et les moniales…

            Lorsque la Commission Centrale, à ses débuts, ne fonctionnait que comme organe de préparation du Chapitre Général des abbés, la question de sa compétence à l’égard des monastères de moniales ne se posait pas.  Cependant, dès qu’elle se mua en Consilium Generale et devint le Conseil principal de l’Abbé Général, la question se posa.  La réponse n’était pas évidente, d’autant plus qu’après la lettre du Cardinal Antoniutti du 15 juillet 1970 le Chapitre Général des abbés avait été dessaisi de sa compétence sur la branche féminine de l’Ordre.

Cette question ne fut jamais tranchée de façon claire, ni même étudiée de façon explicite, mais on assuma, sans doute avec raison, que l’Abbé Général pouvait validement utiliser ce « Conseil » dans l’exercice des fonctions et des responsabilités que les Constitutions de l’Ordre lui donnaient à l’égard de moniales. D’autant plus que la même lettre du Cardinal Antoniutti avait confirmé l’Abbé Général dans ses responsabilités à l’égard des moniales « selon les Constitutions » de l’Ordre[12].

            Comme on le sait, trois « Réunions d’Abbesses » avaient eu lieu en 1959, 1964 et 1968, mais ce n’est qu’en 1971 que les Abbesses tinrent leur premier « Chapitre Général ». C’est à ce Chapitre qu’elles votèrent (à 44 oui, 1 non et 1 abstention) pour créer une Commission d’abbesses ayant la responsabilité de préparer le Chapitre Général suivant. La Commission était composée de l’Abbé Général, de la Promotrice, des abbesses présidentes des régions, plus une représentante des monastères de pays éloignés qui ne sont pas rattachés à une région.

            Ce même Chapitre de 1971 demanda par vote que cette commission d’abbesses chargée de la préparation du Chapitre Général suivant puisse être consultée par l’Abbé Général au sujet des problèmes importants concernant les moniales. Ce qui tend évidemment à faire de cette commission plus qu’une simple commission de préparation du Chapitre Général. Un autre vote, qui semble préciser le vote précédent, stipule que « quand il le jugera à propos, l’Abbé Général prendra l’avis de trois consultatrices, choisies parmi les membres de la commission chargée de préparer le prochain Chapitre Général ».

 

Paisible évolution de 1971 à 1984

            Il est très peu question de la structure, de la composition et des fonctions du Consilium Generale durant le Chapitre Général des abbés de 1974 bien que les activités de cet organisme soient souvent mentionnées durant le Chapitre puisqu’il y a eu entre le Chapitre précédent et celui de 1974, trois réunions importantes du Consilium Generale: une en juin 1972, une en septembre 1973 et une en avril 1974.

            Une chose importante est que la fonction du Secrétaire du Consilium Generale est supprimée. D’une part, Dom John Eudes BAMBERGER qui remplissait cette fonction a été entre-temps élu abbé de Genesee et, d’autre part, Dom Ignace GILLET a donné sa démission au début de ce Chapitre de 1974. Dans le vote n°4 (page 193), le Chapitre note laconiquement que « les fonctions actuellement attribuées au Secrétaire du Consilium Generale seront désormais incluses dans le rôle pastoral de l’Abbé Général » et ce vote est acquis par 73 Oui et 6 Non. Il faut dire qu’entre-temps c’est Dom Ambrose SOUTHEY qui a été élu Abbé Général et qu’une nouvelle définition du rôle de l’Abbé Général a été élaborée avant son élection. Un autre vote décide que si les membres du Consilium Generale le jugent nécessaire, ils peuvent se choisir un secrétaire dont ils définiront les responsabilités (vote n° 5, page 193) et un vote subséquent précise que ce secrétaire sera choisi parmi les membres du Consilium Generale.

            Une question avait été soulevée, à savoir s’il fallait être supérieur majeur pour être membre du Consilium Generale. Le vote n° 6, (page 193) précise que les membres du Consilium Generale proposés par les régions doivent être des supérieurs majeurs mais par ailleurs le vote suivant précise qu’ils leur suffit d’avoir été supérieur majeur. Concernant le choix des délégués des régions, lorsque vers la fin du Chapitre (p. 258 et 259 du Compte rendu), l’Assemblée ratifie les listes de titulaires et suppléants présentés par les régions, le Promoteur fait remarquer de façon assez surprenante que le Chapitre ne doit se prononcer que sur les seuls titulaires, les suppléants étant désignés seulement par les régions. C’est là une chose tout à fait nouvelle qui n’a jamais été décidée par le Chapitre et qui apporte bien sûr un peu plus de confusion[13].

Un rapport de la 4ème commission, (p. 131 du Compte rendu) nous fait connaître qu’un problème a été soulevé entre les deux Chapitres Généraux, en particulier lors du Consilium Generale de 1972, sur les relations entre le Conseil Permanent et le Consilium Generale. Il s’agissait de l’acceptation de la démission d’un abbé. Était-ce une question qui était réservée au seul Conseil Permanent même lorsque le Consilium Generale était en séance ou bien si le Consilium Generale étant réuni c’est lui qui assumait en ce domaine les fonctions du Conseil Permanent ? Diverses opinions sont émises à ce sujet par les commissions du Chapitre ; et l’on décidera par vote (p. 216) que le Consilium Generale réuni a voix délibérative dans les matières prévues au n° 36 de nos Constitutions -- il s’agit évidemment du n° 36 des anciennes Constitutions. Le fait est que la coutume s’est établie pour l’Abbé Général et son Conseil permanent de continuer à régler durant les sessions du Consilium Generale, comme durant les sessions du Chapitre Général, les questions courantes comme, par exemple, l’approbation d’indults etc. Ce n’est que pour les questions les plus importantes que l’Abbé Général choisit de consulter son Conseil plénier, il y a là aussi une certaine imprécision et une certaine ambiguïté.

            À leur Chapitre Général de 1975 les abbesses traitent aussi de nouveau de leur « Commission de préparation », puisque tous les votes pris à son sujet en 1971 ne concernaient que la préparation du Chapitre suivant, à savoir celui de 1975.  On reconduit cette Commission pour la préparation du Chapitre Général de 1978 et on ajoute les personnes suivantes à la liste des membres :  la suppléante de la Promotrice, la secrétaire de la commission de coordination, la secrétaire des correspondantes de la Commission de Droit ainsi qu’une supérieure de chaque région, choisie par la conférence régionale.  Ce choix, ainsi que celui d’une suppléante, fut fait au Chapitre même mais par les Conférences Régionales.  La liste fut communiquée à l’Assemblée générale qui n’eut cependant pas à la confirmer. La situation demeurera la même aux deux chapitres suivants, ceux de 1978 et de 1981.

            Au Chapitre Général des abbés de 1977, il n’est aucunement question de la structure ou de la composition du Consilium Generale. Un seul vote est pris disant que lors des réunions du Consilium Generale, l’Abbé Général peut y inviter l’abbé local ou d’autres membres du Chapitre Général comme observateurs (page 36 du rapport).

            De même, il fut très peu question du Consilium Generale au Chapitre de 1980. Il y eut seulement un vote disant qu’on ajouterait au n° 29 de nos Constitutions que le Consilium Generale est composé aussi d’autres membres éventuellement élus par le Chapitre Général en plus des membres déjà décidés auparavant. On ajouta également les représentants de deux nouvelles régions : la région Extrême Orient et Océanie et la région mixte de l’Amérique latine. L’unique problème soulevé concernant cette dernière région fut que le Consilium Generale étant pour le moment purement une structure de la branche masculine de l’Ordre, le représentant, même d’une région mixte comme l’était désormais la région Sud-américaine serait un abbé.

            La participation très active des moniales dans le travail de préparation des Constitutions a poussé à une plus grande collaboration entre le Consilium Generale des abbés et la Commission de Préparation des abbesses.  Le Consilium Generale de 1978 refusa d’inviter la Commission de Préparation à sa prochaine réunion ;  mais en 1982, il y eut des journées de travail communes aux deux groupes et la décision d’avoir une réunion Générale Mixte en 1987 amena à des réunions mixtes de préparation.

 

Le Consilium Generale redevient Commission Centrale

            C’est au chapitre Général de 1984, lors de la rédaction de nos Constitutions, que toute l’évolution antérieure du Consilium Generale fut consolidée sous la forme d’une Constitution assez longue et bien structurée accompagnée de plusieurs statuts. La question fut d’abord étudiée par toutes les commissions du Chapitre Général qui firent chacune un long rapport.

            Les avis étaient assez partagés. Les uns, heureux de cette nouvelle structure qui permettait aux monastères de l’Ordre et aux régions de s’exprimer entre les Chapitres Généraux et d’avoir une influence sur les décisions et les orientations prises durant ces périodes inter-capitulaires, désiraient maintenir le Consilium Generale. D’autres, par ailleurs, se rendaient compte qu’en réalité le Consilium Generale n’avait pratiquement jamais fonctionné comme Conseil principal de l’Abbé Général. Son rôle avait été presque uniquement de préparer les Chapitres Généraux. Il leur semblait donc plus logique de revenir à la situation antérieure où le Conseil de l’Abbé Général était tout simplement son Conseil Permanent et qu’il y aurait une commission qu’on appellerait ou bien Consilium Generale ou plutôt « Commission Centrale » qui aurait le rôle de préparer le Chapitre Général suivant. On n’excluait pas par ailleurs que cette commission de préparation du Chapitre Général pourrait, lorsqu’elle serait réunie, fonctionner aussi en  certaines circonstances non pas comme Conseil principal, mais comme Conseil élargi de l’abbé Général. Après ce premier compte rendu de toutes les commissions et un long échange en assemblée plénière, il fut décidé que la question serait étudiée de nouveau par deux commissions qui firent plus tard leur rapport. Le tout aboutit à la constitution 86 de Holyoke, qui correspond à la constitution 80 de nos actuelles Constitutions.

            L’élément principal des décisions du Chapitre Général de 1984 est que cette commission ne s’appelle plus Consilium Generale mais reprend son ancien nom de Commission Centrale et aussi que sa mission est essentiellement de préparer le Chapitre Général sous la présidence de l’Abbé Général.

            Les divers statuts qui accompagnent cette constitution prévoient entre autre que cette Commission Centrale pourra donner une interprétation provisoire des décisions du Chapitre Général précédent, qu’elle pourra dans des cas spéciaux convoquer un Chapitre Général extraordinaire et qu’enfin, lorsqu’elle sera réunie, elle pourra agir comme Conseil plénier de l’Abbé Général qui la consultera dans les affaires dont il est question au numéro 92 B des Constitutions c’est à dire pour toutes les questions énumérées dans notre statut 84.1.C actuel -- c’est à dire tous les cas où l’Abbé Général a besoin du consentement de son conseil pour la validité juridique de ses actes.

            Rien n’est changé par rapport au Chapitre précédent concernant la composition de cette commission, il est précisé qu’elle agit collegialiter et par majorité absolue des votes dans trois cas :

1) En tout ce qui concerne la préparation du Chapitre Général suivant.

2) En ce qui concerne l’interprétation provisoire des décisions du Chapitre antérieur.

3) En ce qui concerne la convocation d’un Chapitre Général extraordinaire.

            Quelques points additionnels : en l’absence de l’Abbé Général la réunion de cette commission est présidée par le Promoteur du Chapitre ; il est aussi précisé que la Commission Centrale prépare le Chapitre Général en coordonnant les initiatives des conférences régionales et enfin que c’est elle qui élit le secrétaire central pour la formation.

            Au Chapitre Général de 1985 à El Escorial, les moniales adoptèrent une législation pratiquement identique à celle votée par les moines à Holyoke en 1984, mais conservèrent le nom de « Commission de Préparation ».  Désormais les déléguées des Régions sont élues par le Chapitre Général, comme pour les moines.

            À la première réunion conjointe des deux Chapitres Généraux, en 1987, la législation des deux Branches de l’Ordre est encore plus unifiée sur ce point et la Constitution 80 des moniales aussi bien que celle des moines parle de « Commission Centrale ».  Les seules différences qui demeurent sont que les membres du Conseil Permanent de l’Abbé Général assistent aux sessions de la Commission Centrale des abbesses, mais sans droit de vote.  Il est désormais prévu que lorsque la Commission Centrale des abbesses est réunie, elle peut agir comme Conseil plénier de l’Abbé Général pour les questions concernant les moniales.  Dans ce cas les membres du Conseil Permanent de l’Abbé Général ont droit de vote.  Il va sans dire que cette situation évoluera au cours des Chapitre suivants lorsque le Conseil de l’Abbé Général deviendra mixte. À partir de ce moment les conseillères de l’Abbé Général feront aussi partie de la Commission Centrale des Abbés.

            Évidemment le fait d’avoir deux Chapitre Généraux distincts et deux Commissions Centrales distinctes alors que l’Abbé Général a désormais un Conseil Général composé de moines et de moniales et que toutes les Régions (à une exception près) sont mixtes, crée quelques situations un peu surprenantes.  Mais il semble bien que l’Ordre s’oriente à plus ou moins brève échéance vers un Chapitre unique et une Commission Centrale unique.

           

Des lignes possibles d’évolution pour l’avenir

            La Commission Centrale est née au moment où les Conférences Régionales avaient à peine commencé d’apparaître. Non seulement les deux structures évoluèrent parallèlement, mais il y eut une continuelle interaction entre les deux. 

            Comme on l’a vu, dès que jaillit l’idée d’une commission pour la préparation du Chapitre Général, Dom Ignace jugea important que toutes les « parties » de l’Ordre y soient représentées.  La réunion de Monte Cistello en 1964 proposa déjà une interaction entre ladite Commission et les Régions qui, d’ailleurs, seront ainsi, assez rapidement indirectement reconnues alors même que l’Ordre continuait à être réticent à les reconnaître directement et explicitement.

            Il faut dire que durant de nombreuses années plusieurs abbés entrevoyaient la Commission Centrale comme une sorte de mini Chapitre entre des Chapitres Généraux plus espacés.   Comme nous l’avons dit plus haut, cette idée avait déjà été lancée par Dom Guerric de Scourmont en 1964, mais fut défendue surtout par la région des USA et l’un ou l’autre abbé de la région canadienne au cours des années 70.

            C’est d’ailleurs contre ce mouvement, qu’ils considéraient décentralisateur, que réagirent tous ceux qui insistèrent jusque dans la formulation des Constitutions en 1984 et 1987 pour que les représentants des régions soient simplement désignés par les Régions, mais véritablement élus par le Chapitre Général.

            L’évolution parallèle et interdépendante de ces deux nouvelles structures de l’Ordre que sont les régions et la Commission Centrale a certainement été fructueuse.  elle a eu aussi ses inconvénients.  Si elle a permis aux régions de contribuer activement chacune à sa façon à la transformation des autres structures de l’Ordre et à l’élaboration de la nouvelle législation (Constitutions et divers Statuts), elle a peut-être conduit à mettre souvent en second lieu l’aspect d’entraide pastorale qui était le but premier de ces réunions d’abbés et d’abbesses.

            Tout au long de l’évolution de la Commission Centrale et du Consilium Generale – évolution complexe et fort intéressante -- la représentation des régions demeura un élément fondamental depuis 1967.  Or chaque fois qu’il a été question de remanier certaines régions ou d’en créer de nouvelles, ce fut cette question de la représentativité au sein de la Commission Centrale (et aussi du délégué au Chapitre Général) qui fit problème.  On le comprend, car on ne pouvait augmenter indéfiniment le nombre des membres de la Commission Centrale, et il ne serait pas juste qu’une région de trois ou quatre monastères soit représentée au même titre qu’une de vingt.

            Afin de permettre aux Régions de prendre un nouveau souffle et afin de permettre à la géographie des Régions d’évoluer de façon libre, le temps est peut-être venu d’imaginer une composition de la Commission Centrale qui serait faite sur une autre base que celle de la représentation par régions.

            Les régions étaient nées dans une perspective d’entraide pastorale entre les monastères d’une même aire géographique.  Leur implication de plus en plus grande dans les autres structures de l’Ordre leur a, en plusieurs cas, fait perdre en grande partie, cette dimension pastorale, les amenant à consacrer la majeure partie de leur temps à des questions juridiques ou à des problématiques d’organisation.  Par ailleurs, le rôle de plus en plus grand pris par les régions dans la préparation des Chapitres Généraux, a fait que quelques régions, plus grandes, mieux organisées et jouissant de facilités de communication et de nombreuses personnes compétentes ont acquis une influence prépondérante sur la marche de l’Ordre.  En même temps les régions plus éloignées de l’Europe et ayant des moyens plus limités de communication, ont souvent dû se contenter de « regarder passer le train ».

            Un élément plus important que celui des régions, de nos jours, est celui des cultures.  Nous sommes devenus de plus en plus sensibles à la multiculturalité au sein de l’Ordre.  La répartition de l’Ordre en régions favorise démesurément quelques cultures très proches les unes des autres, comme les grandes cultures européennes (et leurs répliques dans les Amériques) représentées par de nombreuses conférences régionales puissantes et influentes, alors que les nombreuses cultures de l’Afrique d’une part et, d’autre part, celles tout aussi nombreuses et riches de l’Asie et de l’Océanie se trouvent regroupées en deux régions qui, pour des raisons pratiques, ne peuvent se réunir que rarement et ne peuvent donc avoir qu’une influence très limitée sur la marche de l’Ordre.

            À la constitution 81 sur la Commission Centrale a été joint un statut qui dit qu’elle prépare le Chapitre Général « en coordonnant les initiatives des Conférences régionales ».  Au moment de la rédaction de ce statut, je ne crois pas qu’on se soit rendu compte qu’il limitait grandement le rôle de la Commission Centrale.  En effet, depuis cette époque c’est essentiellement dans les Conférences Régionales que se prépare le Chapitre Général.  Le rôle de la Commission Centrale reste très subordonné par rapport à celui des régions.  Concrètement, chaque fois qu’une région demande qu’une question soit soumise au Chapitre Général, spécialement si cela a fait l’objet d’un vote au sein de la conférence régionale, le Commission Centrale se sent obligée de mettre la question au programme du Chapitre Général.  Il ne lui reste guère qu’a déterminer selon quelle procédure sera traitée cette question et, au besoin, demander à quelqu’un de rédiger un document de travail.  À part cela chacune des cinq ou six dernières réunions de la Commission Centrale a revu la procédure pour l’étude des Rapports de Maison, peaufinant légèrement cette procédure à chacune de ses réunions. 

            On peut légitimement se demander si ce genre d’activité de la Commission Centrale justifie vraiment la dépense de temps, d’énergie et d’argent impliquée dans une réunion d’une quarantaine de personnes venant de toutes les parties du monde.  Il est vrai que cette réunion peut servir aussi de Conseil plénier de l’Abbé Général ; mais l’expérience a montré jusqu’ici, que cette activité occupe une partie fort minime de chaque réunion et, de surcroit, les questions traitées sont des questions ordinairement traitées par l’Abbé Général et son Conseil Permanent, et qu’il n’y avait vraiment aucune raison spéciale de les traiter avec le Conseil plénier si ce n’est que celui-ci se trouvait réuni. Une commission nettement plus restreinte pourrait faire le même travail d’une façon beaucoup plus efficace et plus rapide.

            De plus, le fait que la plupart des membres de la Commission Centrale soient considérés, d’une part, comme délégués de leurs régions respectives et, d’autre part, élus par le Chapitre Général n’est pas sans créer des problèmes.  Évidemment leur présence leur permet parfois de mieux expliquer les positions et points de vue de leur région, déjà connus de tous à travers le Compte rendu de la Conférence régionale ;  mais que doivent-ils faire, au moment d’un vote ou d’une prise de décision, si leur avis personnel diffère de celui de leur région ?  Doivent-ils exprimer dans ce vote le point de vue de la région ou le leur propre ?

            Si l’on dissociait la composition de la Commission Centrale du système des régions, on aurait une beaucoup plus grande liberté pour trouver une façon créative de faire jouer la multiculturalité de l’Ordre au sein d’une Commission Centrale aux dimensions plus « humaines », et chaque région pourrait développer sa propre identité et répondre aux besoins des monastères concernés sans se soucier de savoir si elle est trop petite ou trop grande.  Rien n’empêcherait l’existence de petites régions regroupant seulement trois ou quatre monastères appartenant à la même culture ou au même territoire géographique ; et rien n’empêcherait d’inventer un grand éventail d’interactions entre plusieurs régions.  Cela aurait beaucoup plus de chance de succès que les nombreux projets de sous-régions qui, à quelques exceptions près, ont tous fait long feu.

            D’ailleurs le style des Chapitres Généraux ayant changé considérablement depuis la fin du grand effort législatif de l’Ordre, il y aurait sans doute lieu de modifier aussi le style des Commissions Centrales.  Une grande partie du travail qui s’y fait pourrait être réalisée par un « secrétariat du Chapitre Général » composé d’un petit nombre de personnes, qui se réunirait une première fois un an avant le Chapitre Général et quelques fois par la suite.  Les quelques supérieurs qu’il faudrait ajouter au Conseil de l’abbé Général pour former un « conseil élargi » pourraient être choisis à chaque Chapitre Général sur la base des mêmes critères qui ont été retenus pour l’élection des membres du Conseil de l’abbé Général.

            On ne peut qu’espérer que cette structure nouvelle de l’Ordre, née dans la foulée de Vatican II et qui n’a cessé d’évoluer en réponses aux situations et aux besoins changeants de l’Ordre, continue de se métamorphoser et d’évoluer et ne succombe pas au danger de sclérose qui menace tôt ou tard toute structure.

 

                                                                                  Armand Veilleux

                                                                                  Abbé de Scourmont

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Voir la liste des réunions de la Commission Centrale / Consilium Generale / Réunions de Préparation 

          



[1] Cette étude fait partie d’un ouvrage collectif : Un bonheur partagé. Mélanges offerts à Dom Marie-Gérard Dubois (Cahiers scourmontois – 5), Scourmont 2005; pages 213-236.

[2] La copie de cette lettre se trouve dans les Archives de la Maison Généralice.

[3] Cette fondation expérimentale a été faite le 6 août 1966 au Danemark avec la permission de l’Ordre et du Saint-Siège.  Elle fut incorporée à l’OCSO, et approuvée comme prieuré autonome par le Chapitre Général de 2002.

[4] Les commentaires faits par Dom Ignace dans les marges de la copie de ce rapport sont éloquentes à ce point de vue.

[5] Pour la petite histoire, l’auteur de cet article se rappelle qu’il était alors étudiant à Monte Cistello et fut appelé à diverses reprises par les participants américains de la réunion à contribuer de petites notes sur divers aspects de la tradition monastique et de l’histoire de l’Ordre. Il peut donc prétendre, avec un peu d’humour, avoir participé dès ce moment aux travaux de la Commission Centrale !

[6] L’expression fut utilisée pour la première fois par Dom Guerric BAUDET, abbé de Scourmont, au cours de la réunion de Monte Cistello en 1964 (Compte rendu, pages 86-87).

[7a] Il y eut donc deux réunions de la Commission Centrale en 1966, tenues toutes deux à Monte Cistello, à Rome, l'une du 9 au 16 février et l'autre, après la parution de Ecclesiae Sanctae, du 23 au 28 octobre de la même année.

[7] Programme, question 29, page 8.

[8] On trouve la présentation par Dom Alexandre, Dom André Louf et Dom Augustine aux pages 55 à 59 du Compte rendu.

[9] Rapports des commissions p. 82 à 92, rapport du débat p. 121 à 123.

[10] Ce qualificatif fut inventé pour distinguer ce Conseil résidant en permanence à Rome du Consilium Generale désormais considéré comme Conseil principal de l’Abbé Général, même s’il ne se réunit qu’environ une fois par année.  On abandonnera finalement en 1999 cet adjectif devenu désuet depuis que, à partir de 1984, le Consilium Generale était redevenu Commission Centrale et que celle-ci n’était pas considérée comme « Conseil principal » de l’Abbé Général, bien qu’elle puisse agir comme son « Conseil plénier » (plenius) lorsqu’elle est réunie.

[11] On oublie cette volonté très explicite, plusieurs fois répétée et exprimée par votes, du Chapitre Général de se réserver l’élection des membres de la Commission Centrale lorsqu’on considère cette élection comme une simple confirmation et qu’on trouve normal qu’une région modifie elle-même après le Chapitre le choix de son délégué à la Commission Centrale.

[12] Cette question a été bien étudiée par Colette FRIEDLANDER, ocso, dans Décentralisation et identité cistercienne 1946-1985. Quelle autonomie pour les communautés ?  Éditions du Cerf, Paris 1988, pages 635-637.

[13] La même opinion, qui nous semble sans aucune base juridique, fut émise de nouveau à certains des Chapitres Généraux subséquents.