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9 février 2020 – 5ème dimanche « A »
Is 58,7-10 -- 1 Co 2,1-5 -- Mt 5,1.13-16
H O M É L I E
Paul était
l’un des plus grands esprits de son temps. Il avait été formé par les meilleurs maîtres d’Israël. Il avait appris tout ce qui pouvait être enseigné
de la sagesse d’Israël aussi bien que de celle des Grecs. Lorsqu’il vint à Athènes, pour annoncer la
Bonne Nouvelle, il pensa que le meilleur moyen de se faire accepter était de
rencontrer les gens de l’Agora à leur propre niveau, usant de sa connaissance
de leurs philosophes et de leurs poètes. Cela ne fonctionna pas du tout ! Ce fut une leçon pour Paul, et il changea de
méthode. Lorsqu’il vint à Corinthe, une
ville beaucoup plus populaire, d’une vie morale très décadente et comptant peu
d’intellectuels, il vint comme un pauvre, portant dans sa chair la croix du
Christ. Et cela fonctionna. C’est quelques années plus tard qu’il leur
écrivait le texte que nous avons entendu il y a quelques instants : Frères, quand je suis venu chez vous, je
ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage
humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n'ai rien voulu connaître d'autre que
Jésus Christ, ce Messie crucifié. Et c'est dans la faiblesse, craintif et tout
tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de
l'Évangile, n'avaient rien à voir avec le langage d'une sagesse qui veut
convaincre; mais c'est l'Esprit et sa puissance qui se manifestaient...
En
d’autres mots, Paul ne vint pas à Corinthe comme un maître de sagesse, mais
comme quelqu’un portant témoignage – dans sa vie – à la croix du Christ et à sa
résurrection. Ce texte est donc un bon
commentaire de notre Évangile d’aujourd’hui. Lorsque Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre et la lumière
du monde, il ne nous invite pas à être orgueilleux, nous félicitant nous-mêmes
d’être les “choisis”. Au contraire, il
nous confie une mission – et une mission très exigeante. Il nous invite à être le sel de la terre et
la lumière du monde non pas tellement par notre enseignement de sagesse mais
surtout par notre témoignage.
Nous
aimons peut-être un peu trop l’idée d’être la lumière du monde, de sorte que le
monde puisse nous regarder et nous admirer! Portons donc un peu plus d’attention à l’autre image utilisée par Jésus,
celle du sel de la terre! Il y a au
moins deux choses que nous pouvons dire au sujet du sel: La première est que très peu de sel est
requis dans la nourriture. Un peu de sel
donne un bon goût à la nourriture; trop de sel la gâte. Et c’est à cet élément, tout comme au levain
dans la pâte que Jésus compare le Règne de Dieu. Pour l’Église, pour les Chrétiens en général,
être une présence humble et petite dans la vie de l’humanité est une situation
normale. Toutes les grandes démonstrations
voyantes, pompeuses et bruyantes de la présence de l’Église comme une réalité
puissante et influente n’ont pas grand chose à faire
avec l’Évangile. Et, précisément, la
seconde caractéristique du sel est qu’il se dissout dans le reste de la nourriture
et qu’il agit d’une façon imperceptible. Ainsi fait le sel dans la pâte de l’humanité. Père Christian de Chergé,
du monastère de Tibhirine, disait qu’il voulait être un grain de sel dans le
sol et le peuple d’Algérie. Désir qui
fut exaucé.
La lecture d’Isaïe est peut-être la
meilleure explication de ce que signifie être la lumière du monde et le sel de
la terre. Cette lecture appartient à un
contexte où le prophète réagit contre une forme de culte qui serait coupé de la
pratique de la charité et de la justice. Et il conclut: Partage ton pain
avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui
que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. ALORS ta lumière
jaillira comme l'aurore. Et un peu
plus loin, il ajoute: Si tu fais
disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si
tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du
malheureux, ALORS ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera
comme la lumière de midi. C’est
ainsi que les Chrétiens sont appelés à être la lumière du monde, plutôt que par
de pompeuses processions, conférences et démonstrations du genre.
Nous sommes appelés à être le sel de la
terre et la lumière du monde en traduisant dans notre vie de tous les jours
avec les personnes qui nous entourent le message d’amour de Jésus. Le Pain de Vie que nous allons recevoir à la
Table du Seigneur est ce qui nous donne le pouvoir et la force d’être fidèles à
une telle mission.
Armand Veilleux
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