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décembre 2019 – Fête de saint Jean
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Jean 1, 1-4 ; Jean 20,2-8
H
o m é l i e
C’est à la joie que nous invite saint Jean dans sa
première lettre, dont nous avons lu le début comme première lecture.
Si nous voulions faire de
l’exégèse pointue, nous pourrions nous demander si l’auteur de cette lettre, ou
de l’apocalypse ou même de l’Évangile de Jean est vraiment l’apôtre Jean, le
disciple bien-aimé qui reposa sur la poitrine de Jésus à la dernière Cène et
qui se trouva, fidèle, avec Marie, au pied de la croix. Cela n’a pas d’importance en réalité, car ce
que tous ces écrits nous transmettent c’est la foi des Églises d’Asie
évangélisées par l’apôtre Jean. Que les
textes, dans leur forme définitive aient été écrits par lui ou par ses
disciples, cela n’a guère d’importance. Ils transmettent son message.
L’un des aspects les plus
frappants de l’Église primitive, c’est la grande diversité que l’on peut
constater entre les Églises locales, ayant chacune une identité propre et une
sensibilité religieuse distincte. Il y a
même une grande différence entre les Églises de Palestine, de Syrie et d’Asie,
d’une part, toutes sous l’influence de la pensée johannique et, d’autre part,
tous les pays – disons, en gros, de l’Empire Romain – sous l’influence de
Paul. Il est bon que, tout de suite
après avoir célébré la naissance du Messie, ce soit le message des Églises
d’Asie que nous entendions en cette fête de saint Jean.
Dans les deux textes que
nous avons entendus, nous percevons un aspect important de la prédication
chrétienne primitive, qui n’est pas un enseignement sur les vérités de la foi, ni même – pourrait-on dire – un enseignement sur le Christ,
mais tout simplement la transmission d’une expérience. Et cela est tout à fait dans la ligne de la
prédication de Jésus lui-même. Jésus n’a
pas fait de grandes leçons de théologie morale ni même de théologie
dogmatique. Il nous a dit simplement
qu’il avait un Père ; et il s’est efforcé de nous faire comprendre à
travers plusieurs paraboles, qui était son Père, puis il nous a dit que son
Père et lui étaient unis dans un lien d’amour qu’il a appelé l’Esprit Saint, et
il nous a dit que nous étions invités à entrer dans ce même réseau d’amour et à
devenir nous aussi un avec Lui, son Père et l’Esprit Saint.
Jean, dans l’Évangile
d’aujourd’hui ne fait rien d’autre. Il
veut tout simplement nous transmettre non pas des idées ni des exhortations
moralisantes, mais simplement son expérience : « ce que nous avons
entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe
de vie ». Et il nous dit tout
bonnement qu’il le fait pour que SA joie soit complète. Ce qui nous fait comprendre que notre joie à
nous aussi sera complète lorsque nous partagerons avec nos frères et nos
soeurs, et, à travers notre vie, avec le monde entier, notre propre expérience
du Christ.
Pour l’Évangile que nous
avons entendu, c’est aussi la dernière phrase, qui retient notre
attention : « Il vit et il crut ». C’est lapidaire. Ce qu’il vit, c’étaient des choses qui
pouvaient être décrites : des bandelettes et un morceau de linge qui avait
recouvert la face de Jésus. Ce qu’il
crut ne peut être décrit. Il crut tout
simplement. C’est à dire que sa
confiance et son amour pour le Christ retrouvèrent toute leur intensité.
Nous sommes facilement
préoccupés de la joie des autres ; mais nous ne pouvons communiquer que
celle que nous avons. Alors, comme
l’apôtre Jean, partageons tout simplement à travers notre vie notre propre
expérience de l’Enfant de Bethléem : ce que de Lui nous avons vu, entendu,
touché dans nos vies. Et faisons-le tout
simplement – je dirais presque égoïstement – pour que notre joie soit complète. Et
si notre joie est vraie, elle sera contagieuse !
Armand Veilleux
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