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26 janvier 2017 – Solennité des Saints
Fondateurs de Cîteaux
Homélie
Les communautés monastiques qui, comme la nôtre de Scourmont, appartiennent
à l’Ordre cistercien fêtent aujourd’hui la solennité des trois Fondateurs de
Cîteaux – et donc de l’Ordre cistercien.
Le texte du Livre de Ben Sirac le
Sage, que nous avons entendu comme première lecture de cette célébration
eucharistique nous invitait à faire mémoire de ces personnages glorieux que
sont nos ancêtres. Robert, Albéric, Étienne et leurs compagnons, qui furent les
fondateurs de Cîteaux, sont nos ancêtres dans la vie monastique. C’est à travers eux qu’a été transmise aux
générations suivantes et qu’est parvenue jusqu’à nous la vision particulière de
la vie monastique qui a trouvé son expression dans le Cîteaux primitif.
On attribue généralement l’expansion
rapide et assez phénoménale de Cîteaux durant les premières décennies de son
existence au charisme de saint Bernard et au grand nombre de vocations. Il y a
évidemment beaucoup de vrai dans cette affirmation ; mais on peut aussi
considérer que la réussite de toutes les premières fondations de Cîteaux et
celle de Clairvaux en particulier, est un tribut à la qualité de formation que
toutes ces jeunes recrues ont reçue à Cîteaux, lorsqu’ils y sont entrés. Le
jeune chevalier Bernard, inquiet et un peu fantasque, ne serait jamais devenu
saint Bernard s’il n’avait eu de tels maîtres.
Lorsque Bernard et ses jeunes
compagnons sont entrés à Cîteaux, ils n’ont certainement pas trouvé un
programme de formation bien structuré avec une série de cours et une liste de
professeurs. On ne leur a pas donné une
liste de livres à lire et des examens à préparer ou des mémoires à
rédiger. Ils ont trouvé une communauté. Cette communauté était petite, même très
petite selon les standards de l’époque. La plupart des moines étaient âgés ; Robert avait plus de 70
ans ; Étienne et Albéric pas beaucoup moins. Ils n’ont pas trouvé un
programme de formation, mais quelques moines formés par la Parole de Dieu et une longue expérience de la vie
monastique, et capable de transmettre les valeurs qui les faisaient vivre.
Heureux ceux qui croient à l’amour
Le refrain du Tropaire que nous avons
chanté hier soir, aux Premières Vêpres de la Solennité de nos Fondateurs, ainsi
qu’aux Laudes de ce matin, disait : « Heureux ceux qui croient à
l’amour ; le Seigneur est leur partage ». Ce texte est tout à fait bien choisi, puisque
nos Pères, les Fondateurs du premier Cîteaux, ont considéré leur vie
communautaire comme une « schola
caritatis », une école où l’on apprend à aimer.
Le
dialogue de Jésus avec ses disciples, que nous venons d’entendre dans la
lecture de l’Évangile, suit celui qu'il venait d'avoir avec le jeune homme
riche qui lui avait demandé ce qu'il fallait faire pour avoir la vie
éternelle. Jésus avait rappelé à ce
jeune homme les principaux commandements de la Loi et ce dernier avait répondu
qu'il les avait pratiqués depuis sa jeunesse. Jésus l'avait alors regardé avec
tendresse: "Jésus le regarda et
s'éprit à l'aimer", dit Marc. Il
l'avait alors appelé au détachement radical de ses richesses et le jeune homme
était parti tout triste. Le regard de
Jésus – qui s'était d'abord posé sur le jeune homme riche – se pose alors sur
tous ceux qui l'entourent et il fait cette remarque: "Comme il sera difficile à ceux qui ont
des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!". C'est alors qu'aux disciples déconcertés
Jésus répète, cette fois d'une façon plus absolue : "Comme il est
difficile d'entrer dans le royaume de Dieu", et il utilise cette image
fort suggestive du chameau devant passer par le trou d'une aiguille.
Jésus pose alors son regard sur ses
disciples [c'est la troisième fois que son "regard" est mentionné
depuis le début du récit] et il leur révèle le message central de ce
récit: "Pour les hommes, c'est
impossible, mais non pour Dieu : car tout est possible à Dieu". Il est très important de remarquer que c'est
précisément dans ce contexte que chacun des trois Évangiles synoptiques place
la promesse du centuple, faite par Jésus à ceux qui ont tout quitté pour le
suivre. Le message est que tout est
grâce; tout est œuvre de Dieu. Une vie
de détachement et de pauvreté radicale, si généreuse et authentique soit-elle,
ne peut mériter la vie éternelle. Tout
est grâce. Si nous avons répondu à
l'appel de Dieu et sommes venus au monastère, et si nous sommes fidèles à nos
engagements monastiques, il n'y a qu'une explication; c’est que "tout est
possible à Dieu".
Et chaque fois que nous connaissons
des moments difficiles, aussi bien dans notre cheminement communautaire que
dans notre vocation personnelle, rappelons-nous cette vérité : « tout
est possible à Dieu ».
Armand
Veilleux
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