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9 juillet 2017 --
14ème dimanche "A"
Za 9,9-10; Rm 8,9.11-13; Mt
11,25-30
H O M É L
I E
L'Évangile
que nous venons de lire comprend quelques points de contact avec le Magnificat
de la Vierge Marie, qui sont très intéressants et extrêmement révélateurs.
Tout d'abord,
Jésus rend gloire à son père d'avoir révélé aux "petits" ce qu'il a
caché aux savants et aux sages. Puis il
invite chacun à prendre son joug sur ses épaules et à devenir son disciple car,
dit-il, "Je suis doux et humble de coeur".
Les petits,
les humbles, ont une place toute spéciale dans l'Évangile. Le Père a pour eux un amour
préférentiel. Marie est l'une d'entre
eux, et elle le proclame au début du Magnificat: "Mon âme exalte le Seigneur... car il
s'est penché sur la petitesse de sa servante." Le mot grec utilisé ici (tapeinôsin) est traduit différemment dans les diverses traductions
de la Bible: humilité, petitesse, humble condition. Or, c'est l'adjectif correspondant que Jésus
utilise dans l'Évangile d'aujourd'hui lorsqu'il dit qu'il est doux et
"humble" (tapeinos) de
coeur. Et c'est encore le même mot que
Marie utilise plus loin dans son Magnificat, lorsqu'elle dit que le Seigneur a
renversé les puissants de leurs trônes et exalté les "petits", les
humbles (tapeinous).
Lorsque Jésus
rend gloire à son Père pour avoir révélé aux petits les choses cachées aux
sages, les petits dont il parle sont ses disciples. Et ils n'étaient pas de naïfs enfants. Ils étaient des hommes adultes qui
connaissaient les façons de faire du monde: Matthieu, le collecteur d'impôts, savait faire de l’argent; Jude, le
Zélote, connaissait l'art de la guérilla; Pierre, Jacques et Jean étaient des
pêcheurs qui savaient guider leur barque sur le lac et jeter le filet. Ils avaient tout abandonné pour devenir des
disciples de Jésus. Lorsque celui-ci les
invite -- et nous invite -- à la simplicité du coeur, il ne nous invite pas à
une attitude enfantine ou à un type enfantin de spiritualité. Il nous invite à une forme très exigeante de
pauvreté du coeur. Il nous invite à le
suivre comme disciples et donc à abandonner toutes nos sources de sécurité, et
spécialement notre soif de pouvoir, de la même façon que ses disciples avaient
tout abandonné pour le suivre.
La première
lecture, du livre de Zacharie, décrit le Messie venant non pas comme un roi
puissant sur son cheval, mais comme un simple et doux sauveur assis sur un
âne. Paul, le sage et puissant
Pharisien, qui fut renversé sur le chemin de Damas, apprit la voie de l'humilité
et de la petitesse, et il la décrivit comme la vie selon l'esprit, distincte de
la vie selon la chair.
La grande
caractéristique de l'enfant est son impuissance. L'enfant peut être, à sa façon, aussi
intelligent, aimant, etc. qu'un adulte. Mais parce qu'il n'a pas encore accumulé de connaissances, de
possessions matérielles et de relations sociales, il est dépourvu de
pouvoir. Dès que nous devenons adultes,
nous voulons exercer pouvoir et contrôle: sur nos propres vies, sur les autres
personnes, sur les choses matérielles, et parfois même sur Dieu. C'est à cela que Jésus nous demande de
renoncer lorsqu'il nous demande d'être comme de petits enfants.
Un exercice
utile de connaissance de soi pourrait être d'examiner les diverses formes sous
lesquelles s'exprime, dans les divers aspects de notre vie, notre soif de
pouvoir, et comment nous défendons ce pouvoir. Contemplons alors notre Seigneur qui est venu non pas comme un roi
puissant sur son trône, mais comme un prophète humble et sans pouvoir, sur un
âne.
Regardons
aussi la petitesse de sa très sainte servante, sa mère, et avec elle, chantons
avec une joie et un espoir renouvelés: "Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les
humbles". Et puissions-nous, un
jour, chanter tous ensemble durant les siècles des siècles: "Béni soit le Dieu d'Israël, car il a
regardé la petitesse de ses serviteurs."
Armand
VEILLEUX
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