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1 mai 2016 - 6ème Dimanche de Pâques "C"
Actes 15, 1-2.22-29; Apoc.
21, 10-14.22-23; Jean 14,23-29.
Homélie
Lorsque
nous voulons assurer quelqu'un que nous ferons vraiment quelque chose que nous
avons promis de faire, nous disons facilement : "Je te donne ma
parole". Par ailleurs, en d'autres
occasions, nous exprimons la même idée par une expression apparemment
contradictoire. Nous disons "Je garderai ma parole". Donc, paradoxalement, "donner sa
parole" et "garder sa parole" signifient la même chose. Dans un cas comme dans l’autre, il y a un
engagement à faire ce que nous avons promis de faire. Notre parole a créé un
lien entre nous et la personne à qui nous avons promis quelque chose.
Nous
touchons ici à la signification profonde de la parole et à son rôle dans les
relations humaines. La parole établit
une communion entre les personnes. La
parole vraie fait partie de la personne qui parle, et elle continue de faire
partie de celle-ci alors même qu'elle est reçue et assumée par la personne qui
la reçoit, et qu'elle fait désormais partie également
de cette personne. La parole est donc à
la fois donnée et gardée alors même qu'elle est reçue. À l’opposé, une parole
qui n'est pas vraie reste séparée de chacune des deux personnes concernées et
est une chose morte.
Quand je
donne ma parole, je me donne moi-même et une communion est établie entre moi et
la personne à qui je la donne.
Dieu, dit
saint Jean, nous a tellement aimés qu'il nous a donné sa Parole. Il l'a donnée et il l'a tenue ou gardée. Il nous a donné son Fils, sa parole
consubstantielle, qui est demeurée en son sein, alors qu'elle est devenue
nôtre. Elle est venue parmi nous, elle s'est fait chair et est devenue notre
nourriture de Vie.
Les propos
de Jésus que nous venons de lire étaient en fait sa réponse à une question de Jude
: "Comment te manifesteras-tu à nous et non au monde". La réponse de Jésus fut : « Si quelqu’un
m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et,
chez lui, nous nous ferons une demeure ». Ainsi, tout comme Jésus est la Parole du Père,
uni à lui dans l'Esprit d’amour ; de même, si nous recevons sa Parole et la
gardons, nous serons unis à Lui et à son Père de la même façon. Non seulement
un lien s’établira entre lui et nous, mais il fera chez-nous sa demeure.
Le substantif « demeure » et le verbe « demeurer » sont très importants dans l’Évangile de Jean. Une demeure n’est pas simplement un lieu où l’on réside en passant, même pour une période assez longue. Une chambre d’hôtel n’est pas une « demeure »; ni même la chambre d’hôte dans la maison d’un ami. Une « demeure » est le lieu où l’on demeure en permanence. C’est notre enracinement dans le temps et l’espace. Pour nous, moines, le monastère est notre demeure. Et il est intéressant que le mot grec utilisé par saint Jean, lorsqu’il parle de demeure est le mot monè. Or, dans la langue grecque des premiers siècles aussi bien que dans le grec moderne, monè est l’un des mots pour désigner un monastère. Nous pourrions donc traduire la parole de Jésus, avec un peu d’humour : « « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons un monastère… »
Cette
union de charité qui nous unit à Dieu et nous unit donc aussi les uns aux
autres est la façon dont Jésus, en tout temps se manifeste au monde -- à
travers nous.
Puissions-nous
toujours vivre entre Chrétiens, et au sein de chacune de nos communautés
chrétiennes, de telle sorte que tous puissent dire en vérité : "Voyez
comme ils s’aiment » : Ainsi Jésus
continuera de se manifester à nous et au monde.
Armand VEILLEUX
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