Homélie pour les funérailles de ma soeur Alice

Lac Etchemin, Québec, 25 juin 2016

 

Cher Patrick, chers sœurs, frères et amis,

          J’ai retrouvé il y a quelques temps une photo d’Alice, encore grande adolescente, penchée sur le puits qui se trouvait près de la maison du grand rang de Ste-Justine, où nous avons vécu notre première enfance. Alors que tous ses frères et ses sœurs étaient encore à l’âge de jouer et de s’amuser, Alice était déjà à leur service.  Sur cette photo elle déposait sans doute dans le puits, ou en retirait, la crème du dernier écrémage.

          J’aime cette photo parce qu’elle exprime bien qui était Alice. Une personne toujours prête à servir et à se dévouer. Très jeune elle dut aider notre mère lorsque celle-ci devint jeune veuve avec plusieurs enfants dans les années difficiles de la grande Crise économique des années 30. Pour nous tous, ses sœurs et ses frères, elle fut une présence discrète, aimante et toujours prête à servir.  Cette situation au service de nous tous, fit qu’elle n’eut pas l’occasion de faire des études avancées, dont elle aurait certainement été aussi capable qu’aucun d’entre nous. Elle aurait aimé faire des études, mais accepta sans le moindre sentiment négatif cette situation qui l’avait mise très jeune dans une situation de service des autres. Nous lui devons tous beaucoup.

          Dans l’Évangile Jésus disait à ses disciples qu’il était venu non pas pour être servi, mais pour servir. C’est là une dimension essentielle de la vie chrétienne, que nos parents nous ont enseignée à travers leur vie.  Et à ce titre, Alice nous a donné un bel exemple de vie chrétienne, et, bien sûr, un exemple d’humanité.  Elle aimait ce qu’elle faisait et aimait les personnes pour qui elle le faisait. En conséquence, elle tenait à bien faire tout ce qu’elle avait à faire, et à tenir dans un était aussi impeccable que possible tout ce dont elle avait la responsabilité.

          L’âge et la diminution de ses forces impliquèrent pour elle un dépouillement graduel et douloureux de tout l’environnement dont elle avait pris soin avec tant d’attention et d’amour. Elle n’a jamais caché à quel point ce dépouillement était douloureux pour elle. Elle l’a vécu à la fois avec douleur, vérité et courage. La mort a été, évidemment, le dernier grand dépouillement.

          La foi simple et profonde qui animait sa vie – la même foi qui nous réunit dans cette célébration – nous donne la certitude que sa vie n’est pas terminée, mais qu’elle est entrée dans une nouvelle phase et qu’elle vit dans une profonde communion d’amour avec Dieu qui, en Jésus-Christ, s’est fait l’un de nous pour nous servir. Cette même foi nourrit en nous l’espérance de nous retrouver un jour tous ensemble dans la joie éternelle avec elle et tous ceux qui nous ont été et nous sont chers ici-bas.

 

Armand Veilleux

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Alice, décédée à 91 ans, laisse dans le deuil six de ses frères et sœurs encore vivants, son époux Patrick avec qui elle a vécu 65 ans de vie conjugale, et de nombreux enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, etc.

 

 

 

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