13 octobre 2016 – Dédicace de l’église de l’abbaye de Chimay

1R, 8 22-23. 27-30 ; Ap 21,1-5a ; Jn10, 22-30

 

Monition :

 

Nous célébrons ce soir, après les 1 ères Vêpres, la solennité de la dédicace de l’église de cette abbaye de Notre-Dame de la Paix à Chimay. L’église dans laquelle nous célébrons cette eucharistie a été consacrée le 13 octobre 1925. Mais c’était la même date où avait été consacrée l’église de Gomerfontaine où la communauté avait été fondée en 1207, il y a donc plus de huit siècles.  Cette consécration avait eu lieu en 1266. C’est donc aujourd’hui le 750ème anniversaire de la dédicace de l’église de cette communauté de Chimay, qui existe depuis plus de huit siècles, avec une brève interruption de neuf ans au moment de la Révolution française et un certain nombre de déménagements. Saint-Paul-aux-Bois fut l’un des lieux où la communauté se fixa pour un certain temps après sa restauration et avant d’arriver à Chimay.   Nous sommes heureux d’avoir parmi nous ce soir des représentants de Saint-Paul-aux-bois parmi nous ce soir pour célébrer avec nous, et nous leur souhaitons la bienvenue.

 

 

Homélie

 

Chères Soeurs et Frères,

 

          Comme saint Bernard le rappelait dans presque chacun des sermons qu’il donnait lors de l’anniversaire de la Dédicace de l’église de Clairvaux, ce que nous célébrons lors de l’anniversaire d’une Dédicace, ce n’est pas l’église de pierres (« Dieu n’a cure des pierres », disait-il), mais plutôt la communauté qui s’y réunit chaque jour. Ce que nous célébrons ce soir, ce dont nous rendrons grâce à Dieu, c’est la communauté qui vit présentement ici à l’abbaye de Chimay. Évidemment nous rendons grâce aussi pour toutes les générations de moniales qui servent le Christ en cette communauté depuis plus huit siècles, d’abord à Gomerfontaine depuis 1207 jusqu’à la Révolution, puis, depuis la Révolution, à St-Paul-aux-Bois, puis Fourbechies et enfin Chimay.

 

          En empruntant les paroles du roi Salomon (que nous avons entendues dans la première lecture), disons au Seigneur : « Sois attentif à la prière de [tes] serviteurs et à [leur] supplication… Que tes yeux soient ouverts nuit et jour sur ce Temple, ce lieu dont tu as dit : Là sera mon nom ». Et, dans notre service de Dieu en ce Temple, inspirons-nous de l’exemple de Jésus rapporté par saint Jean dans le passage d’Évangile que nous venons de lire.

 

          Jésus est dans le Temple de Jérusalem, au moment où l’on célébrait l’anniversaire de la dédicace du Temple, tout comme nous célébrons aujourd’hui la dédicace de cette église. C’était l’hiver – tout comme, de nos jours, la saison que connaissent l’Église et plusieurs de nos communautés monastiques (au moins en Occident), c’est un peu l’hiver, même si le Pape François a apporté avec lui un souffle de printemps.  Jésus ne cherche pas un feu extérieur près duquel se blottir ; il se réchauffe à partir de sa propre chaleur intérieure, en marchant vigoureusement de long en large dans le Temple.  Sa singularité attire, et on se groupe autour de lui. On lui demande une parole : « Dis-nous clairement qui tu es.  Si tu es le Messie, dis-le clairement ».  Jésus n’a rien à leur dire en paroles.  Tout ce qu’il avait à leur dire il l’a déjà dit par ses actions et sa vie.

 

          Tout cela est rempli de leçons pour nous.  Et l’une de ces leçons est que nous devons refuser de céder aux demandes, de nous justifier nous-mêmes, de justifier notre style de vie ou encore de justifier l’Église et même de l’annoncer.  Nous n’avons pas à annoncer l’Église ; nous n’avons pas à annoncer la vie monastique ou de faire de la publicité à son sujet.  Nous avons tout simplement à annoncer le Christ.  Tout le reste n’est que moyen au service de cette annonce.  Et nous avons à l’annoncer tout simplement par notre vie, par l’authenticité de ce que nous vivons. 

 

          Jésus termine en disant : « ... personne ne peut rien arracher de la main du Père.  Le Père et moi, nous sommes UN. » C’est pour cela que Jésus est capable d’être, comme le disait la Lettre aux Hébreux, « le médiateur d’une alliance nouvelle ».  Il est médiateur par son sang répandu pour nous ; et ce sang, « parle plus fort que celui d’Abel ».

 

          Nous vivons dans un monde où, en diverses parties du globe, beaucoup de sang est répandu de nos jours, parfois même au nom de la religion.  Et chaque fois qu’une personne humaine est tuée par une autre, c’est Abel qui est de nouveau tué par Caïn, et le sang d’Abel crie vengeance.  Mais le sang du Christ, dit la Lettre aux Hébreux, crie plus fort que le sang d’Abel, plus fort que le cri de vengeance.  Son langage est celui de l’Unité.

 

          Si nous voulons être fidèles à Celui qui nous a réunis, soyons, nous aussi, de toutes les façons qu’il nous est possible de l’être, des médiateurs/médiatrices, des agents d’unité, des bâtisseurs de ponts et de passerelles (face à ceux qui construisent des murs), par notre vie encore plus que par nos paroles.

 

 

Armand VEILLEUX

 

 

 

 

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