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octobre 2016 28ème dimanche “C”
2R 5-14-17; 2 Tm
2,8-13; Lc 17,11-19
Homélie
Le thème des lectures de dimanche
dernier était la foi (“Si vous aviez la foi, gros comme une graine de moutarde,
vous diriez à cet arbre ‘déracine-toi et va te planter dans la mer’ et il vous
obéirait”). Aujourd’hui les lectures de la Parole de Dieu nous parlent d’une
dimension de la foi ou, si vous préférez, d’une conséquence de la foi : la
guérison. La première et la troisième lectures nous parlent toutes deux explicitement
de guérison -- et de guérison obtenue par la foi.
Dans la première, nous voyons Naaman,
un officier de l’armée syrienne, et donc un étranger, qui vient en terre
d’Israël pour se faire guérir de la lèpre par Élisée, le prophète de Dieu. Après sa guérison, il veut récompenser le
prophète, mais Élisée refuse, car il sait fort bien qu’il n’est d’aucune façon
l’auteur de cette guérison. Il n’a servi
que d’intermédiaire à l’action de Dieu. Alors le Syrien demande de pouvoir emporter chez lui un peu de terre
d’Israël afin de pouvoir offrir un culte au Dieu d’Israël.
Dans l’Évangile nous voyons dix lépreux guéris – guéris
parce qu’ils ont cru. Les dix ont cru et
ont donc tous été guéris par leur foi, et cependant un seul a pensé à revenir
pour rendre grâce. Comme Naaman, c’était
un étranger. Il était Samaritain. Luc,
qui est le seul évangéliste à nous offrir ce récit, insiste sur ce fait. Ce qui l’intéresse c’est d’abord ce que
demandent les lépreux et ensuite les paroles de Jésus lors du retour du Samaritain,
qu’il appelle « cet étranger ». C’est d’ailleurs l’unique fois où ce
mot étranger (allogenes) apparaît dans le
Nouveau Testament. À cet étranger, ce Samaritain, pour qui aller se montrer aux
prêtres d’Israël n’avait pas de sens, Jésus manifeste un grand respect. Cet
étranger veut se prosterner en se jetant à terre devant Jésus comme un
serviteur ou un esclave devant son maître, pour lui rendre grâce. Mais Jésus n’accepte pas cette attitude de
serviteur et lui dit de se relever : « Relève-toi », lui dit-il.
Dieu, qui a créé l’être humain à son image attend qu’il se tienne droit debout
devant lui, dans toute sa dignité de fils ou de fille de Dieu.
Ces deux récits, celui du Livre des
Rois, concernant Naaman le Syrien et celui de l´Évangile, peuvent nous servir
aussi de bonne occasion pour nous interroger sur notre attitude à l’égard des
« étrangers », nous souvenant que Jésus lui-même est venu à nous
comme un étranger. De plus, chacun de nous est Naaman et chacun de nous est
l’un des lépreux guéris par Jésus. Sommes-nous celui qui est revenu rendre grâce, ou l’un des neuf autres ?
Si nous avons un peu de connaissance
de nous-mêmes, nous savons que nous sommes tous des êtres blessés. Nous portons tous avec nous notre poids de
blessures. Celles-ci peuvent être
superficielles, comme elles peuvent être profondes. Elles peuvent être de caractère physique,
psychologique ou spirituel. Nous avons
peut-être été blessés durant notre enfance, ou quand nous étions de jeunes
adultes, ou plus tard. Nous avons connu des échecs de divers ordres dans notre
vie. Et, en plus de tout cela, nous
avons évidemment les blessures de nos péchés.
Jésus nous offre la guérison de toutes
ces blessures. En réalité, nous n’avons
pas à attendre qu’il vienne accomplir en nous un miracle, car nous avons tous
en nous-mêmes une force capable de guérir toutes nos blessures. Ce pouvoir de guérison que nous portons en
nous, c’est le Christ qui habite en nos coeurs. Ce pouvoir de guérison a besoin d’être libéré, activé ; et il l’est par
la foi. Or, la foi est produite lors
d’une rencontre personnelle avec le Christ lui-même ou parfois avec un messager
du Christ, un prophète.
Non
seulement nous devons être attentifs à reconnaître les messagers que Jésus nous
envoie, mais nous sommes tous appelés à être les uns pour les autres un
prophète comme Élisée le fut pour Naaman, et donc appelés à être source de foi
et de guérison les uns pour les autres.
En réalité cette grâce de guérison
arrive si souvent dans nos vies, que nous n’y portons souvent pas suffisamment
d’attention. Comme les neuf lépreux de l’Évangile, nous oublions la plupart du
temps de revenir dire « merci », et d’offrir à Dieu notre louange et
notre adoration.
Au cours de cette Eucharistie rendons
grâce à Dieu de s’être fait, en Jésus, le médecin de tous nos maux et
blessures, et de nous avoir délivrés de nos péchés. Demandons-lui aussi, à Lui
qui s’est fait un étranger parmi nous, de nous donner des attitudes de
compassion à l’égard de tous les étrangers ou réfugiés parmi nous.
Armand Veilleux
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