26 janvier 2015 – Solennité des Saints Fondateurs de Cîteaux
Si 44, 1.10-15; Heb 11, 1-2. 8-13a; Marc 10, 24b-30

Homélie

Le passage d’Évangile que nous avions à la messe d’hier (3ème dimanche ordinaire B), nous décrivait l’appel par Jésus de ses quatre premiers disciples. Aux deux frères Simon et André qui sont en train de jeter leurs filets dans la mer il dit simplement : « Suivez-moi » -- littéralement : « venez derrière moi », en grec opiso mou, ce qui est une expression qui revient souvent en Marc et qui veut dire être – ou se faire – le disciple de quelqu’un. Puis Jésus appelle les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean qui abandonnent aussitôt leur barque avec leur père et ses ouvriers et ils le suivent – littéralement « ils viennent derrière lui ».

 

Plusieurs fois dans l’Évangile Jésus explique très clairement les conditions à remplir par quiconque veut être son disciple.  Au jeune homme riche il dit : « Va, vend tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens, suis-moi. »

 

Un jour qu’il annonçait sa propre croix et que Pierre voulut s’opposer à ce projet il rappela à Pierre les exigences du disciple : « Passe derrière moi, lui dit-il. Ce qui veut dire : « ne te mets pas en travers de mon chemin ; sois mon disciple, suis-moi ». Et il expliqua de nouveau : « Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

 

C’est de ces exigences dont nous parle aussi le passage d’Évangile que nous venons de lire. Jésus lui-même en avait donné l’exemple lorsqu’il avait quitté sa Galilée, sa maison, sa famille pour venir se mettre à la suite de Jean-Baptiste. Jean avait alors dit : « Il y en a un qui me suit, c’est-à-dire un de mes disciples, qui est plus grand que moi... » Jésus en donnera surtout l’exemple lorsqu’il prendra sa propre croix pour y mourir.

 

C’est pour suivre le Christ – et le Christ pauvre – que nos Pères de Cîteaux avaient quitté leurs familles pour se faire moines, et puis, qu’ils avaient quitté la vie monastique traditionnelle de Molesmes pour une suite du Christ plus radicale dans le désert de Cîteaux.

 

À leur époque, le monde féodal avait atteint un certain sommet de développement. L’Église, avec la réforme grégorienne, jouissait d’une grande autorité et exerçait un pouvoir sur la société. La vie monastique, avec la grande réforme de Cluny, connaissait aussi ses heures de grandeur.  Mais, à la même époque un mouvement de renouveau soufflait partout dans le peuple de Dieu chez les laïcs autant, sinon plus que dans la hiérarchie et les monastères, appelant à un retour à l’idéal de communauté de l´Église primitive et à une plus grande simplicité. On aspirait à la pauvreté évangélique.  C’est dans ce mouvement que s’insérait la fondation de Cîteaux.

 

De nos jours, un type de société qui depuis quelques siècles a engendré un admirable développement mais aussi créé de grandes inégalités, de l’injustice et de la misère est à bout de souffle. Un peu partout s’exprime le désir d’une humanité plus juste, d’une Église plus pauvre. Le charisme de Cîteaux y trouve plus que jamais sa place.

 

Aux Vigiles de ce matin, nous avons lu un passage d’une lettre adressée par le pape cistercien Eugène III au Chapitre Général de l’Ordre – de son Ordre leur rappelant ce choix et les mettant en garde contre la tentation de grandeur et de puissance.  Aujourd’hui nous pourrions relire la lettre adressée par le pape François – un jésuite à l’esprit franciscain – à tous les consacrés lors de l’ouverture de l’année pour la vie consacrée.  Il nous y invite à vivre dans l’espérance et à témoigner de notre espérance en repensant à nouveau notre charisme dans le contexte de l’Église et du monde d’aujourd’hui.

 

Aux moines et aux groupes d'orientation contemplative François recommande « de se rencontrer, ou bien de se relier de manières plus variées pour échanger les expériences sur la vie de prière, sur comment grandir dans la communion avec toute l'Église, sur comment soutenir les chrétiens persécutés, sur comment accueillir et accompagner ceux qui sont en recherche d'une vie spirituelle plus intense ou qui ont besoin d'un soutien moral ou matériel ».

 

Au cours de cette Eucharistie, demandons au Seigneur de nous éclairer, individuellement et communautairement, sur la façon de répondre à cet appel, puisque c’est là notre façon de suivre le Christ.

 

 

Armand Veilleux

 

 

Homélies pour la même solennité, les années précédentes :

 

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