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26 janvier 2015 – Solennité des Saints
Fondateurs de Cîteaux Homélie
Le passage d’Évangile que nous avions
à la messe d’hier (3ème dimanche ordinaire B), nous décrivait
l’appel par Jésus de ses quatre premiers disciples. Aux deux frères Simon et
André qui sont en train de jeter leurs filets dans la mer il dit
simplement : « Suivez-moi » -- littéralement : « venez
derrière moi », en grec opiso mou, ce qui
est une expression qui revient souvent en Marc et qui veut dire être – ou se
faire – le disciple de quelqu’un. Puis Jésus appelle les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean qui abandonnent aussitôt leur
barque avec leur père et ses ouvriers et ils le suivent – littéralement
« ils viennent derrière lui ».
Plusieurs fois dans l’Évangile Jésus
explique très clairement les conditions à remplir par quiconque veut être son
disciple. Au jeune homme riche il
dit : « Va, vend tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens,
suis-moi. »
Un jour qu’il annonçait sa propre
croix et que Pierre voulut s’opposer à ce projet il rappela à Pierre les
exigences du disciple : « Passe derrière moi, lui dit-il. Ce qui veut
dire : « ne te mets pas en travers de mon chemin ; sois mon
disciple, suis-moi ». Et il expliqua de nouveau : « Si quelqu’un
veut venir derrière moi, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et
qu’il me suive ».
C’est de ces exigences dont nous parle
aussi le passage d’Évangile que nous venons de lire. Jésus lui-même en avait
donné l’exemple lorsqu’il avait quitté sa Galilée, sa maison, sa famille pour
venir se mettre à la suite de
Jean-Baptiste. Jean avait alors dit : « Il y en a un qui me suit,
c’est-à-dire un de mes disciples, qui est plus grand que moi... » Jésus en
donnera surtout l’exemple lorsqu’il prendra sa propre croix pour y mourir.
C’est pour suivre le Christ – et le
Christ pauvre – que nos Pères de Cîteaux avaient quitté leurs familles pour se
faire moines, et puis, qu’ils avaient quitté la vie monastique traditionnelle
de Molesmes pour une suite du Christ plus radicale dans le désert de Cîteaux.
À leur époque, le monde féodal avait
atteint un certain sommet de développement. L’Église, avec la réforme
grégorienne, jouissait d’une grande autorité et exerçait un pouvoir sur la
société. La vie monastique, avec la grande réforme de Cluny, connaissait aussi
ses heures de grandeur. Mais, à la même
époque un mouvement de renouveau soufflait partout dans le peuple de Dieu chez
les laïcs autant, sinon plus que dans la hiérarchie et les monastères, appelant
à un retour à l’idéal de communauté de l´Église primitive et à une plus grande
simplicité. On aspirait à la pauvreté évangélique. C’est dans ce mouvement que s’insérait la
fondation de Cîteaux.
De nos jours, un type de société qui
depuis quelques siècles a engendré un admirable développement mais aussi créé
de grandes inégalités, de l’injustice et de la misère est à bout de souffle. Un
peu partout s’exprime le désir d’une humanité plus juste, d’une Église plus
pauvre. Le charisme de Cîteaux y trouve plus que jamais sa place.
Aux Vigiles de ce matin, nous avons lu
un passage d’une lettre adressée par le pape cistercien Eugène III au Chapitre
Général de l’Ordre – de son Ordre leur rappelant ce choix et les mettant en
garde contre la tentation de grandeur et de puissance. Aujourd’hui nous pourrions relire la lettre
adressée par le pape François – un jésuite à l’esprit franciscain – à tous les
consacrés lors de l’ouverture de l’année pour la vie consacrée. Il nous y invite à vivre dans l’espérance et
à témoigner de notre espérance en repensant à nouveau notre charisme dans le
contexte de l’Église et du monde d’aujourd’hui.
Aux moines et aux groupes
d'orientation contemplative François recommande « de se rencontrer, ou
bien de se relier de manières plus variées pour échanger les expériences sur la
vie de prière, sur comment grandir dans la communion avec toute l'Église, sur
comment soutenir les chrétiens persécutés, sur comment accueillir et
accompagner ceux qui sont en recherche d'une vie spirituelle plus intense ou
qui ont besoin d'un soutien moral ou matériel ».
Au cours de cette Eucharistie,
demandons au Seigneur de nous éclairer, individuellement et communautairement,
sur la façon de répondre à cet appel, puisque c’est là notre façon de suivre le
Christ.
Armand Veilleux
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Homélies pour la même solennité, les années précédentes :
1999
--- français
2000
--- français
2002
--- français
2003
--- français
2006
--- français
2007
--- français
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