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19 mars 2014 – Fête de saint Joseph
2Sam 7, 4...16; Rom. 4,
13...22; Mat 1, 16-24
H O M É L I E
L’une des conséquences
du développement de la psychologie à notre époque est que nous sommes devenus
très attentifs à tous nos états intérieurs, les scrutant et les
analysant parfois à l’extrême. Plusieurs grands écrivains modernes, en particulier les poètes et les
romanciers s’adonnent longuement à décrire leurs propres états intérieurs ou
ceux des personnages de leurs créations. Or la Bible dans son ensemble, aussi bien l’Ancien que le Nouveau
Testament, ne s’attarde guère à décrire les états intérieurs des grands
personnages de l’Histoire du Salut. Au
contraire l’Écriture Sainte décrit essentiellement des événements -- des
événements salvifiques.
C’est sans doute pourquoi,
chaque fois que, dans l’Écriture Sainte, on veut décrire la perception que
quelqu’un a de sa mission personnelle, ou une décision relative à cette
mission, ou un tiraillement intérieur préalable à l’acceptation de cette
mission, tout cela est toujours décrit comme un événement, une action, une
intervention.
La perception que Marie
eut de sa mission au moment où elle atteint sa maturité physique et spirituelle
et l’acceptation totale qu’elle en fit est décrite avec les images de l’apparition
d’un ange. La prise de conscience
qu’eurent plusieurs prophètes, à un moment précis de leur vie, de leur mission
personnelle est souvent décrite avec l’image d’un songe (qui est tout autre
chose qu’un simple rêve). C’est ainsi qu’est décrite dans l’Évangile que nous
venons de lire, la prise de conscience que fait Joseph de sa mission face à
Marie et à l’enfant qu’elle porte.
Les prises de conscience que font les
femmes et les hommes de la Bible de leur mission dans le plan de Dieu sont
presque toujours vécues comme la réception non seulement d’une mission, mais
d’une promesse. En fait, les trois lectures que nous venons d'entendre nous
présentent une longue chaîne de témoins reliés entre eux par la même promesse
qui se retransmet de génération en génération. L'Epître aux Romains nous renvoie à la promesse faite à Abraham d'une
descendance nombreuse. Abraham et Joseph
ont ceci en commun que la paternité leur est donnée alors qu'ils s'y
attendaient le moins: à Abraham la paternité selon la chair alors que lui et sa femme sont
avancés en âge; à Joseph la paternité
selon l'esprit alors qu'il n'a pas encore pris pour épouse sa fiancée,
Marie. Pour l'un et pour l'autre, c'est
une surprise. L'un et l'autre acceptent
dans la foi le message qui leur est donné. L'un et l'autre, chacun à sa façon, est notre père dans la foi.
Le chaînon entre Abraham et Joseph est
David, à qui est promis non pas simplement une descendance nombreuse, comme à
Abraham, mais un descendant qui lui succédera sur son trône. Lorsque Jésus naît, il est au sens le plus
profond, le "fils de la promesse", puisqu'il accomplit les promesses
faites à Abraham, à David et à Joseph. Tous trois sont nos pères dans la foi, car chacun de nous est aussi un
fils ou une fille de la promesse, dans la mesure où le Christ est engendré en
nous et que nous sommes engendrés dans le Christ.
Je disais, au début, que
la Bible ne s’attarde jamais à décrire les états intérieurs des grands témoins
de l’Histoire du Salut. De même elle ne
décrit pas les expériences mystiques qu’ils ont pu avoir. Lorsqu’elle décrit leur prière, y compris
lorsque les Évangiles décrivent la prière de Jésus, il s’agit toujours de
paroles exprimant l’acceptation de leur mission. La parole de Marie est très
simple : Fiat. La parole de Jésus
l’est tout autant : « Que ta volonté soit faite ». Celle de Joseph est en quelque sorte encore
plus simple. Elle est tout simplement
action. Joseph ne réponds rien à l’ange,
mais comme dit l’Évangile dans cette phrase d’une beauté et d’une simplicité
incroyable : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange
du Seigneur lui avait prescrit ».
La qualité de notre vie
spirituelle et de notre prière réside dans ce que nous faisons.
Armand VEILLEUX
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